Plein gaz, de Stephen King et Joe Hill

Posted on 24 mars 2025
Un rapide crochet sur une petite nouvelle écrite par les King père et fils, ou plutôt Stephen King et Joe Hill pour garder le nom de plume de ce dernier (qui ne tente donc pas de profiter de l’effet « fils de »). Une collaboration pour le plaisir et pour rendre hommage à la nouvelle « Duel » de Richard Matheson (célèbre pour l’adaptation qu’en a fait Steven Spielberg en 1971 pour la télé puis en 1973 pour la version cinéma).

 

Quatrième de couverture :

Dans le Nevada, un gang de motards, anciens du Vietnam et d’Afghanistan, sillonne les routes désolées. Errance, trafic, violence, la bande n’a rien de dociles enfants de choeurs. Lorsqu’ils sont pris en chasse par un camion fou, tout porte à croire que c’est pour les éliminer jusqu’au dernier. Commence alors une chevauchée impitoyable. La ruse, le risque, la vitesse ne suffiront pas. Non, le seul moyen pour ne pas mourir : ne jamais ralentir…

 

Un camion contre dix motos

Les intrigues de la nouvelle de Matheson et de celle-ci sont très similaires (pour le texte ici présent, se référer à la quatrième de couverture est bien suffisant pour voir de quoi il retourne) même si pour ajouter un peu de nervosité et de sang, on passe d’un représentant de commerce chez Matheson à un gang de motards chez King/Hill qui s’éloigne d’un règlement de compte à base de trafic de métamphétamine qui a mal tourné. L’occasion de présenter, avant les faits dramatiques constituant le cœur de la nouvelle, un background pour pas mal de personnages du texte, parfois dressé à grands traits (Doc, Lemmy, Peaches, Clarke), parfois avec un peu plus de détails (Vince le chef du gang et son fils Race, les deux personnages principaux), et d’ajouter un peu d’épaisseur au récit.

Pour le reste, cette nouvelle de 70 pages fait hurler les moteurs, sans que cela soit son unique raison d’être, le texte ne se résumant pas à une simple course-poursuite entre un camion et des motos puisque la place est assez largement, dans un premier temps, donnée aux personnages et à la situation qui les a menés là où ils se trouvent. Il y a une logique dans tout ça et dans le déroulé des faits, et les auteurs en usent très bien. Ceci dit, une fois la « course » lancée, père et fils ne font pas dans le détail et les dix bikers de départ ne resteront pas dix bien longtemps, avec à la clé pour le lecteur quelques descriptions sanguinolentes de leur brutale rencontre avec le camion.

« Plein gaz » (« Throttle » en VO, parue en 2010 dans une anthologie consacrée à Richard Matheson puis arrivée en France (sans le reste de l’anthologie…) chez JC Lattès en 2014 puis chez J’ai Lu en 2015) porte donc bien son nom et on sent que les auteurs se sont faits plaisir. Et même s’il n’est pas évident de savoir qui a écrit quoi (en tout cas j’en suis bien incapable à part éventuellement quelques détails ici ou là comme le fait d’annoncer à l’avance un évènement, un tic bien connu de King), le résultat donne un récit nerveux lancé pleine balle à la tête du lecteur. Pas un récit majeur, mais un bel hommage efficace.

 

  
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