Les yeux du dragon, de Stephen King

Posted on 10 mars 2025
Pourquoi « Les yeux du dragon » ? Pour une raison simple : dans l’optique de m’attaquer au cycle de « La tour sombre », je me suis vaguement renseigné sur ce qu’il faut avoir lu de l’œuvre de Stephen King pour pleinement apprécier les nombreux liens que ce cycle-phare tisse avec de nombreux autres récits de l’écrivain du Maine. Il se trouve que « Les yeux du dragon » est parfois considéré comme se déroulant avant « La tour sombre » et que c’est donc un prélude intéressant. Après lecture, j’ai comme l’impression que tout cela reste extrêmement ténu mais le roman reste sympathique grâce à ses qualités intrinsèques, à condition d’être conscient qu’on n’est pas ici dans un King « classique ».

 

Quatrième de couverture :

Il était une fois un roi qui vivait dans le royaume de Delain avec ses deux enfants. Dans ce royaume tout le monde parlait de Peter, le futur roi, le fils aîné de Roland. Mais un homme se demandait comment s’assurer que Thomas, le cadet, soit couronné à la place de son frère. Cet homme, c’était Flagg, le magicien du roi…

 

Le King règle ses contes

Car oui, « Les yeux du dragon » est bel et bien un conte, que King a écrit pour sa fille de 13 ans (à l’époque de son écriture, c’est-à-dire en 1984) qui ne s’intéressait alors pas à ses récits de monstres et autres joyeusetés typiquement kingiennes. Il commence d’ailleurs comme tel, « Il était une fois… », et ses personnages principaux se composent d’un roi, d’un prince et d’un conseiller-magicien crès crès méchant (nommé Flagg, il est là le lien essentiel avec « La tour sombre ») parce que dans un conte pour enfants il faut un méchant crès-crès-méchant-qui-veut-tout-détruire-juste-parce-qu’il-est-crès-crès-méchant.

La différence avec la plupart des récits de King saute aux yeux : le nombre de personnages est limité, ils figurent tous plus ou moins des archétypes assez monolithiques (le héros au cœur pur, le frère mal-aimé qui va tendre vers le mal, l’homme de loi très droit un peu obtus qui va prendre conscience de certaines choses, le serviteur dévoué, le méchant-crès-crès-méchant, oui je sais je l’ai déjà dit 😉 , etc…), les ressorts de l’intrigue, par ailleurs elle-même assez succincte (un prince enfermé à tort pour le meurtre de son père le roi, sous les manigances d’un conseiller crès-crès… (oui bon ok 😀 ), le dit vilain magicien profitant de son emprise sur le petit frère du prince pour placer celui-ci sur le trône, en parfait homme de paille, l’intrigue tournant bien sûr autour du fait de faire éclater la vérité et de rétablir le prince sur le trône qu’il a toujours mérité), n’ont rien de surprenant, et surtout (même si l’écrivain a récidivé plusieurs fois depuis (voire même avant si on tient compte des nouvelles qui composent les différents chapitre du récit « Le pistolero », premier livre du cycle de « La tour sombre »), de manière bien plus complexe) il s’agit d’un vrai monde de fantasy, à savoir un monde secondaire qui n’a rien à voir avec le nôtre.

Alors c’est vrai, les choses sont simples, certains évènements du récit arrivent parfois de manière bien pratique, certaines coïncidences, voire même ficelles, sont un peu grosses, mais on peut fort bien considérer que cela fait partie des règles du jeu d’un conte, de même que le contenu du récit qui est en somme un pur récit d’aventure et la manière de le présenter au lecteur avec de très nombreux chapitres très courts, dynamisant constamment l’histoire. King adapte sa plume au lectorat cible et même si on parvient toujours à discerner certains de ses tics d’écriture (dans sa manière de présenter à l’avance certains évènements par exemple), il faut bien constater (et c’est un argument supplémentaire pour souligner la qualité de son écriture, qui sait se faire simple sans être simpliste, avec toujours le but (atteint) d’accrocher son lecteur) qu’il réussit fort bien à se mettre au niveau, sans jamais être ennuyeux, avec en plus quelques facéties narratives comme cette manière de régulièrement s’adresser au lecteur en cassant le quatrième mur, chose là encore relativement commune dans un conte.

On pourrait considérer que tout cela et très classique et très manichéen, pourtant King y introduit certaines subtilités, certaines nuances qui donnent un peu plus de substance au récit, le rendant moins propret qu’un simple conte. Certains éléments et descriptions feraient même déconseiller le roman à des lecteurs trop jeunes… King reste King, et s’il tente de chasser le naturel, il revient vite au galop… 😀 J’ajouterais également que, années 80 obligent sans doute, ce récit reste quand même extrêmement masculin (à peine deux personnages féminins, une reine d’abord qui meurt en couches rapidement, puis Naomie (du nom de la fille de l’auteur) qui donne un rapide coup de main et finira par se marier…), ce qui peut étonner pour un roman que Stephen King a au départ écrit pour sa fille.

Pour le reste, « Les yeux du dragon » est un roman qui se lit vite et bien, sans demander une grande concentration, c’est un récit assez nettement différent du reste de la bibliographie de l’auteur mais qui apporte son lot de satisfactions et que je ne regrette absolument pas d’avoir relu. Oui car je l’avais déjà lu durant mon adolescence mais je n’en avais absolument plus aucun souvenir (si ce n’est celui de l’avoir lu ! 😀 ). Et je me rapproche donc encore un peu plus de « La tour sombre »… 😉

 

Lire aussi les avis de Alys, Sometimes a book, Les pipelettes en parlent, Temps de livres

 

  
FacebooktwitterpinterestmailFacebooktwitterpinterestmail