Le temps du mépris, Le sorceleur tome 4, de Andrzej Sapkowski
Quatrième de couverture :
L’heure n’est plus à l’entente cordiale entre les rois et les magiciens. Dans le pays du sorceleur, quelque chose se trame, qui va tourner au drame. La jeune Ciri, élevée pour devenir sorceleuse, se retrouve au coeur des rivalités.
Qu’attend-on d’elle ? Quelle est sa destinée ? L’assemblée générale des magiciens dévoilera les intrigues et révélera les traîtres. Qu’adviendra-t-il de Ciri, objet de toutes les convoitises ? Geralt de Riv, désormais lié à cette enfant comme un père à sa fille, sera-t-il capable de la sauver ?
Le tournant de la série littéraire ?
J’ai eu donc, presque cinq ans plus tard, envie de me remettre à lire cette série. Mais bon, cinq ans c’est long et ma mémoire m’a fait défaut. Et je n’avais pas envie de lire des fiches wiki ou autres résumés glanés ici ou là sur le net pour me remémorer tel ou tel détail. Je n’ai donc pas fait dans la demie mesure : j’ai tout relu ! Oui, les trois premiers tomes déjà lus, et j’ai enchaîné avec ce quatrième volume. Première constatation : ma relecture s’est très bien passée et a confirmé l’excellent niveau des deux premiers volumes, en plus du grand talent de dialoguiste de Sapkowski. Le troisième tome (premier vrai roman mais qui, de par son découpage, conserve presque une structure de recueil de nouvelles), « Le sang des elfes », est agréable aussi même s’il prend son temps et prépare un certain nombre de choses, notamment ce qui advient dans ce quatrième tome, « Le temps du mépris » qui, lui, ouvre les vannes de la guerre et des trahisons.
Donc oui, les graines semées dans le tome 3 finissent ici par éclore et les évènements se précipitent. Andrzej Sapkowski, toujours dans son style assez typique qui fait passer de nombreuses informations au détour de personnages de passage (on retiendra ici le premier chapitre avec le messager Applegatt), commencent à abattre ses cartes, faisant sauter par la même occasion le statu-quo qui faisant tenir son univers en équilibre. Le chapitre 3 montre bien le panier de crabes que représente la Confrérie des Mages, entre luttes d’influence, gamineries (ou comment montrer que tout l’équilibre repose entre les mains d’ego démesurés contenus dans des têtes de gamins), et menaces à peine voilées. Et tout volera en éclat dans un évènement qui demandera au lecteur quelques efforts pour raccrocher les wagons et se souvenir de qui est allié avec qui au sein de quel royaume, etc… Pas facile à suivre mais c’est un tournant majeur de l’intrigue, et peut-être même de la saga entière qui s’affiche ici.
Et au-delà de cet évènement très local mais aux retombées très générales, les différentes forces (notamment armées) du continent, sous le contrôle des rois et reines politiciens, continuent de bouger, et là encore c’est l’explosion puisque l’Empire de Nilfgaard n’est plus seulement une menace mais bel et bien une force d’invasion qui semble être inarrêtable. À moins que… Car il reste un élément dont personne ne sait de quel côté il va pencher. Cet élément c’est Ciri, objet de toutes les convoitises, que cela soit pour être mariée (de force bien sûr) ou bien plus (terriblement) pragmatiquement être tuée.
C’est une nouvelle démonstration de l’importance de Ciri dans cette saga et peut-être même les prémisses de son avènement comme en étant bel et bien le personnage principal. Et si dans le roman précédent elle était le personnage central du dernier chapitre (accompagnée de Yennefer), ici ce sont les deux derniers chapitres (sur les sept qui forment le roman) qui lui sont entièrement consacrés. Séparée du reste des personnages, de manière classique dans un récit de fantasy pour une sorte de mise à l’épreuve qui verra éléments symboliques (et prophétiques) succéder aux périls environnementaux et lui permettre à nouveau de « grandir » un peu plus après son apprentissage à Kaer Morhen dans le tome 3, Ciri va devoir se débrouiller, forger de nouvelles alliances pour survivre et tirer son épingle du jeu. Parfois de manière pour le moins dérangeante, avec un élément assez malvenu (en tout cas sans doute pas nécessaire de la part de Sapkowski), sur lequel je ne m’étendrai pas…
Et il est symptomatique qu’arrivé à cet étape de ma chronique (c’est à dire presque la fin, rassurez-vous ! 😀 ) je n’ai toujours pas dit un mot de Geralt. Il faut dire que ce n’est pas vraiment lui qui mène le jeu ici (il est même contraint de faire appel à certains de ses contacts, Codringher et Fenn, sorte de Lone Gunmen à la sauce X-Files et mieux informés que lui). Il est plutôt balloté par les évènements, entre un sorcier énigmatique (à l’évidence commandité par un plus puissant encore) qui le traque, un autre qui lui propose une alliance dans ce qu’il faut bien considérer comme le camp du mal (mais y a-t-il à l’échelon politique un vrai camp du bien ?) notamment vis à vis de ce qu’il compte faire de Ciri, et les bouleversements qui se produisent à l’échelle du continent, et il a bien du mal à suivre une ligne directrice claire (au-delà du fait, bien sûr, de protéger Ciri). Malgré tout toujours aussi charismatique, Geralt va sans doute devoir mettre les bouchées doubles dans le volume suivant, maintenant qu’il a les mains libres pour le faire.
A suivre donc, avec le volume 5, « Le Baptême du feu ». Toujours aussi intéressante et accrocheuse, la saga du « Sorceleur » ne manque pas de qualités, avec un aspect social non négligeable (sur les conflits raciaux notamment, entre les humains et les autres races). Et cette fois je ne compte pas attendre cinq ans pour attaquer la suite (parce bon, relire 4 tomes avant, non c’est bon, j’ai déjà donné ! 😀 ).
Lire aussi les avis de L’Ours Inculte, LadyLivre, Kiriitiblog, Les pages qui tournent, Livre sa vie, Le capharaüm éclairé…
« les mains d’ego démesurés contenus dans des têtes de gamins » est une image osée. J’ai entrevu la première saison de la série sans m’y intéresser outre mesure.
Osée ? Pourquoi ?
J’ai bien aimé la série mais je suis en retard, je n’ai pas vu la troisième saison…