Zapping VOD, épisode 74, spécial Godzilla (encore)

Posted on 11 janvier 2024
Après avoir vu quelques films des origines cinématographiques de la saga « Godzilla », j’ai voulu, avant d’en regarder quelques autres, revenir sur ceux que j’avais déjà eu l’occasion de voir il y a plus ou moins longtemps, histoire de vérifier si mon avis pouvait avoir changé avec un peu plus de connaissance (toute relative…) de la dite saga. Retour donc sur trois films, dont deux avait déjà été chroniqués sur ce blog.

 

Godzilla, de Gareth Edwards

Vu au cinéma lors de sa sortie en 2014, j’avais à l’époque été assez sévère avec ce blockbuster très attendu puisque réalisé par un Gareth Edwards qui avait bluffé tout son monde avec l’excellent « Monsters » quelques années auparavant. Après un nouveau visionnage, je suis aujourd’hui plus mesuré. Le film garde de gros défauts, comme des personnages féminins très en retrait et un personnage principal bien pâle alors que son père (incarné par Bryan Cranston) qui disparaît bien trop tôt, offrait nettement plus de consistance (sans forcément que ça casse la baraque hein…). Oui, Ken Watanabe reste bien monolithique avec quasiment une seule expression sur le visage. Oui il y a d’énormes incohérences de comportement. Oui c’est un festival de l’armée américaine, très premier degré.

Pour le reste, la réalisation est effectivement au top (on se souvient du saut HALO sur une ville dévastée, que le trailer avait bien vendu), le suspense fonctionne bien tant que Godzilla reste invisible, mais même après la créature est bien mise en valeur, avec un design très respectueux de celui que de nombreux films ont fait évoluer (contrairement à la version de 1998 de Roland Emmerich comme on le verra plus bas). Les scènes de destruction envoient du lourd, et le message sur le danger atomique, la « revanche » de la Nature et la faillite de l’humanité est bien là. Alors c’est vrai que le film se prend très au sérieux, mais lui reprocher cela serait aussi oublier que le premier film était lui aussi tout à fait sérieux. Grave même (et il y avait de quoi, c’est vrai). Et puis finalement, là encore en comparaison de la version Emmerich, ce n’est pas plus mal de ne pas avoir de blagues un peu nulles…

Bref, avec le recul, ce « Godzilla » est un vrai « Godzilla », et il n’a pas vraiment à rougir de sa proposition, malgré quelques défauts bien présents. Comme quoi, ça vaut bien un nouveau coup d’oeil, puisque j’ai vraiment bien apprécié ce nouveau visionnage.

 

Shin Godzilla, de Hideaki Anno et Shinji Higuchi

Pas de changement sur ce film-ci, que j’ai vu il y a un peu plus de deux ans. Le résultat m’avait vraiment séduit, et ce fut à nouveau le cas ici. Donc je n’ai pas grand chose à en dire de plus, c’est toujours hyper efficace, le message, ou plutôt les messages du film (notamment sur la paralysie politique d’un pays confronté à une catastrophe majeure, syndrome Fukushima, ou sur la soumission du pays devant les USA, qui rappelle de douloureux souvenirs) sont  excellemment présentés, avec force et conviction. C’est un incontestable point fort, bien plus que la version de Gareth Edwards, plus timide et surtout moins « engagée » sur ce point.

C’est vrai que le design de la créature peut déranger, aussi bien sur une de ses formes primaires (la murène sous hallucinogènes) que sur sa forme (presque…) définitive, avec ces yeux ronds comme des billes, mais ça reste un détail. Les scènes de destruction sont bien là, et même si elles n’atteignent pas la perfection réaliste de la version américaine de Gareth Edwards, elles fonctionnent bien. Le film reste donc parfaitement efficace, avec un vrai message politique fort qui va bien au-delà du simple film catastrophe.

Tout juste pourrait-on lui reprocher une certaine froideur inhérente à sa manière d’aborder la catastrophe, en prenant de la hauteur ce qui empêche les personnages d’être réellement attachants (éloignés des destructions de la créature puisqu’ils n’y sont pas directement confrontés, ils cherchent plutôt une solution pour y mettre fin, entre tractations politiques, négociations diplomatiques et recherches scientifiques, il n’y a donc pas réellement d’engagement émotionnel), mais cela ne diminue guère les grandes qualités d’un film qui fait sans aucun doute partie des incontournables des films de kaiju. Du grand Godzilla.

 

Godzilla, de Roland Emmerich

Ici il s’agit pour moi d’un revisionnage d’un film que je n’avais pas revu depuis… 1998 et sa sortie au cinéma. Il m’en restait peu de souvenirs, si ce n’est un sentiment de consternation que je relativise puisque j’avais moins de vingt ans à l’époque… Il n’empêche que ce film a une réputation assez désastreuse et le moins que l’on puisse dire après ce nouveau visionnage, c’est qu’elle est loin d’être imméritée. Alors certes, niveau scénario, ça reste assez classique (pour le genre disons, sauf que c’est pétri de débilités diverses et variées), en notant que pour plaire à un public américain il semble qu’il soit nécessaire de faire débarquer Godzilla aux US (c’est aussi le cas dans la version de Gareth Edwards avec San Francisco, cette version Emmerich amenant la bête à New-York en passant par le Panama).

Le plus problématique reste qu’Emmerich a travesti Godzilla pour en faire une sorte de T-rex géant. Le design n’a ainsi plus rien à voir avec la créature japonaise et perd clairement de son impact, surtout que la volonté de la production semblait être de faire un nouveau « Jurassic Park » (sorti cinq ans plus tôt), en témoigne ainsi la scène des oeufs de Godzilla qui éclosent et offre donc au cinéaste américano-allemand la possibilité de mettre en scène plein de vélociraptors.

Il est difficile de passer outre de nombreuses incohérences (la version de Gareth Edwards paraît presque parfaite en comparaison, c’est dire !) et l’humour, souvent lourdingue, fait pschitt une fois sur deux (au moins). Et puis à trop vouloir en faire, ce qui est censé donner dans le spectaculaire à outrance finit par devenir ridicule (la poursuite en voiture sur le Brooklyn Bridge). Côté acteurs, ça n’est guère brillant non plus, et Jean Reno a dû regretter d’avoir accepté ce film plutôt que la trilogie « Matrix »

Bref, c’est pas folichon (pour dire le moins) sur le scénario, pas mieux sur les personnages, raté sur le design, la créature n’est plus vraiment Godzilla, et même si le danger nucléaire n’est pas passé sous silence, on a l’impression que la machine américaine a littéralement broyé l’ADN de la saga « Godzilla » (sans parler du fait que le Japon est quasiment exclu de l’équation, à l’exception de la courte apparition d’un rescapé japonais d’un cargo attaqué par Godzilla, alors que le sujet du film est quand même un peu leur créature bien à eux au départ) pour en faire autre chose de bien moins intéressant que l’original. Presque une sorte de nanar ultime qui n’a de « Godzilla » que le nom. Il n’y a donc pas grand chose à sauver et on peut oublier cette version sans regret.

 

  
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