Le retour des Anges, de Mitchel Scanlon
Quatrième de couverture :
L’Hérésie d’Horus a commencé. Après le désastre d’Isstvan III, un vaisseau isolé fuit vers Terra, pour apporter la nouvelle à l’Empereur. S’il peut survivre jusque là. Alors qu’Horus rallie ses frères à sa bannière, les Emperor’s Children orchestrent leur propre chute… tandis que leur Primarque est entraîné à un acte si vile qu’il marquera son âme à jamais. Et sur le monde lointain de Caliban, les Dark Angels découvrent les secrets qui diviseront leur légion pour les millénaires à venir.
Cet omnibus rassemble trois romans et douze illustrations de l’Hérésie d’Horus, la série phare de la Black Library :
La Fuite de l’Eisenstein par James Swallow
Fulgrim par Graham McNeill
Le Retour des Anges par Mitchel Scanlon
Une novella aurait suffi…
Alors donc, pourquoi le tome 6 après la lecture du tome 4 ? Pour plusieurs raisons. D’abord, je savais que ce volume est indépendant et n’a que très peu (voire pas du tout en fait) de rapports avec les évènements narrés dans les romans précédents. Ensuite, j’aime beaucoup les space marines du chapitre des Dark Angels et justement ce roman leur est dédié. Et enfin parce que ce texte a une réputation absolument catastrophique au sein de la communauté des fans de « Warhammer 40 000 », c’était donc peut-être une manière d’en finir au plus vite avant de repartir sur quelque chose de plus qualitatif… Oui, catastrophique, à un point tel que l’on n’a quasiment pas revu Mitchel Scanlon au sein de la Black Library depuis la sortie de ce roman, il est donc possible que l’éditeur n’ait pas non plus vraiment apprécié ce que l’auteur lui a proposé (mais je l’admets, je ne fais que supposer)… En tout cas, pour les fans c’est clair : il fait pour beaucoup partie des pires romans de « L’Hérésie d’Horus ».
Déjà il part avec une originalité qui, finalement, joue contre lui : durant, disons, 75% du roman, le lecteur n’a pas ce qu’il est venu chercher, c’est à dire une intrigue liée à l’Hérésie d’Horus dans un futur décadent ou de gros space marines bien balaises et suréquipés se battent autant contre de vilains extraterrestres ou démons que contre leurs propres frères loyalistes ou rebelles (selon le point de vue). Surtout que depuis la trahison d’Isstvan III (vue dans « La galaxie en flammes » et revue dans « La fuite de l’Eisenstein »), on est vraiment entré dans le vif du sujet. Mais là, avec « Le retour des Anges », surprise, on repart loin en arrière, avant même la venue des légions de l’Empereur sur la planète Caliban pour venir « récupérer » le primarque Lion El’Jonson, égaré ici après la dispersion des primarques (ces surhommes appelés à diriger les légions de space marines) aux quatre coins de la galaxie (un élément entrevu, sans doute de manière distordue, dans « Les faux dieux », et une des raisons du basculement d’Horus).
Et donc, sur la planète Caliban, essentiellement forestière, sur laquelle les humains sont dispersés dans de nombreux villes et villages très peu technologiques et sous le menace constante de monstrueuses bêtes géantes et très agressives, on trouve des ordres de chevaliers, dont l’essentiel de la mission consiste à protéger la population de ces vilaines bêtes, voire, sous l’égide de Lion El’Jonson, à les éliminer massivement, purement et simplement, histoire d’être tranquille une bonne fois pour toutes, sans doute au prix d’un changement de paradigme au sein de cette population pourtant très axée sur la tradition (y compris au sein de ces ordres, d’où un conflit interne larvé qui ne pourra que prendre de l’ampleur ultérieurement, amplifié par de funestes évènements).
Et on suit le personnage de Zahariel, sur plusieurs années, depuis son entrée en tant que novice dans un de ces ordres de chevaliers, le plus important sur Caliban d’ailleurs, sobrement nommé « L’Ordre » (ouais, le brainstorming a été très limité… 😀 ), jusqu’à son intronisation au poste tant convoité de chevalier. Ainsi, durant les deux bons premiers tiers du roman, le texte se présente tout simplement comme un roman de, disons-le, fantasy, une énième version d’un roman d’apprentissage, de passage à l’âge adulte, avec épreuves à franchir (ces fameuses bêtes bien sûr), etc… Du classique ultra classique, déjà vu mille fois et à l’intérêt somme toute assez limité quand au départ on veut lire un roman situé dans le 30e millénaire…
Ceci dit, ça se lit facilement malgré un style utilitaire qui donne l’impression de lire un Livre Dont Vous Êtes Le Héros, mais ça n’offre absolument AUCUNE surprise. Tout y est, depuis la relation fraternelle qu’on sent dériver en rivalité (mais qui ne va pas jusqu’au bout du thème, puisqu’à l’évidence on y reviendra dans un volume ultérieur, il faudrait voir à ne pas avancer trop vite quand même, souvenons-nous que cette série s’étale sur 54 tomes !), jusqu’aux exploits qui font de la recrue Zahariel (personnage fade au possible, bien loin des Garviel Loken et Nathaniel Garro vus dans les romans précédents) un chevalier promis aux plus grands honneurs. Donc c’est du déjà vu (et forcément trop long puisqu’on devine tout à l’avance), et ce n’est pas ce qu’on souhaite lire en ouvrant un roman « Warhammer 40 000 ». La pilule aurait pu passer si on avait eu un bon roman de fantasy, mais même pas…
Et puis, enfin les space marines débarquent avec leurs manières très martiales et antipathiques, et viennent « illuminer » Caliban avec la dictature la vision de l’Empereur et les perspectives de la Grande Croisade censée réunir l’humanité dispersée dans la galaxie, offrant enfin des perspectives à la hauteur de l’ambition de Lion El’Jonson, ce surhomme à l’évidence trop à l’étroit sur cette planète. On passera sur la destruction de l’environnement forestier de Caliban à coup de machines qui rasent/coupent/nivellent, qui ne gène pas grand monde, et le véritable changement de paradigme pour une société dont les antiques légendes s’avèrent être vraies, et le passage en deux temps trois mouvements d’un pseudo moyen-âge féodal à une technologie spatiale qui n’a l’air de bouleverser personne… Mais bon, au moins on retombe dans le dernier quart du roman sur ce qu’on est venu chercher : un roman de space marines… qui s’avère être, lui aussi d’un classicisme absolu avec une planète gentille mais pas si gentille qu’il va falloir faire entrer dans le rang à coup de bolters et de bombe psychique. Bon, il faut bien être conscient que ce roman est une introduction au background des Dark Angels, et qu’il n’aborde que les premières graines de ce qui fera la spécificité de cette légion et son implication dans l’Hérésie d’Horus.
Mais du coup c’est long, très long (une peu comme cet article en fait… 😀 ), même si, encore une fois, ça se lit facilement d’un oeil avec la télé allumée… Honnêtement, au vu du déroulé des évènements et de cette intrigue prévisible au possible étirée au maximum, on aurait largement pu faire de ce roman une novella sans y perdre au change. Au moins on serait allé droit au but sans perdre trop de temps. En l’état, on a effectivement un roman poussif, trop long (mais avec une fin plus qu’expéditive et pas très explicite, voire même incompréhensible ?!), aux personnages fadasses, sans surprise et totalement déconnecté des évènements présentés dans les volumes précédents. C’est sans doute ça qu’on appelle un roman dispensable. Seuls les complétistes (comme moi ? 😀 ) y trouveront leur compte, et encore… Allez, revenons dans le droit chemin et repartons sur le tome 5… 😉
Lire aussi l’avis de Nebal.
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