Noon, la première ou dernière, de L.L. Kloetzer
Quatrième de couverture :
Les Courses ! Le meilleur moment de l’année, celui où toute la cité de la Toge noire vibre de voir s’affronter les cavaliers des Verts, des Blancs, des Noirs et des Rouges. Derrière chaque couleur, les partis se rassemblent, on se passionne, on joue gros ! Le peuple grogne, les dirigeants vacillent sur leurs sièges, les opportunistes se frottent les mains, les cavaliers favoris jettent de pleines poignées d’argent à leurs admirateurs, leurs chevaux sont adulés comme des dieux. Ajouter une grosse dose de sorcellerie à tant de fureurs, est-ce vraiment une bonne idée ? Qui se cache derrière les tablettes de malédiction et les vers-pièges ? Noon, notre jeune sorcier récemment établi en ville pour y faire commerce de magie, ferait peut-être mieux de se contenter de missions faciles, comme protéger ce prince mingol, plutôt que de s’intéresser à un sujet aussi politique qui le jettera à coup sûr dans les intrigues du palais. À ce sujet, Meg, sa disciple, et Yors, leur garde du corps, sont enfin d’accord : patron, oubliez tout ça, c’est trop gros pour nous ! Mais le maître du soleil noir n’en fait jamais qu’à sa tête…
Enquête rythmée et fantastique, sombre parfois, « La Première ou dernière » est la deuxième aventure (indépendante de la première) de Noon, sorcier libre, curieux, décalé, cherchant l’équilibre et la justice dans un monde pesant.
Chèvre, épidémie, manigances et course de chevaux
Noon est de retour ! Précisons d’emblée qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu le roman précédent pour apprécier « La première ou dernière », puisque les romans sont indépendants. Le premier permettait de comprendre comment Noon (avec son garde du corps Yors et sa jeune disciple Meg) avait réussi à s’établir dans la Cité de la Toge Noire en se jouant (ou plutôt en restant éloigné) de certaines règles ancestrales, le deuxième le verra mêlé à d’étranges évènements alors qu’une partie de l’orientation politique de la cité se joue dans une course de chevaux qui fait très nettement penser au palio, comme dans les rues de Sienne. Coup du sort et apparitions (et disparitions…) magiques vont semer le trouble alors que différents éléments se lient et posent un réel problème pour l’équilibre de la cité : conflit politique, désordre social, début d’épidémie funeste, arrangements maritaux, manigances mortelles, utilisation trop « légère » d’objets magiques, etc…
Noon, Yors et Meg se retrouvent au milieu de cet imbroglio apparemment inextricable, et il faudra bien toute la puissance de la magie obscure de Noon, sorcier toujours aussi socialement décalé (at aux motivations profondes restant finalement bien mystérieuses) mais efficacement secondé dans le monde réel par Yors, narrateur du roman qui a déjà bien roulé sa bosse, et la jeune Meg pour se sortir de cet épineux panier de crabes. Les pouvoirs de Noon, écrits en italique, restent toujours aussi évocateurs d’un étrange monde au soleil noir, où les morts côtoient les vivants, sous différentes formes, et où il faut se méfier des créatures que l’on croise (comme dans « Noon du soleil noir », Fritz Leiber n’est jamais loin avec ce Vieux Père au Sept Yeux…).
Les différents fils narratifs s’entremêlent et les nombreux personnages croisés (nombreux au début, tant les Kloetzer ne lésinent pas sur le nombre de victimes collatérales de toutes les magouilles et autres tentatives plus ou moins heureuses d’effacer d’éventuelles traces…) aboutissent à un volume relativement épais (400 pages, à comparer aux 270 du roman précédent) pour ce type de récit tout droit issu de la sword & sorcery la plus pure. L’intrigue est plutôt complexe, mais le couple Kloetzer connait son affaire et les choses s’éclaircissent au fil du texte pour parvenir à quelque chose de finalement fort limpide, ce qui ne semblait pas gagné au début
Et donc, entre machinations mortelles et enquête auprès de différents partis, « La première ou dernière » se révèle être un régal du début à la fin. Cette fantasy urbaine (au sens littéral) médiévale vous ferre dès son introduction pour ne plus vous lâcher jusqu’à ce que vous ayez découvert le fin mot de l’histoire. Plutôt malin narrativement (et très agréablement écrit) avec un Yors qui décrit les faits au lecteur, qui bouche les trous « à rebours » là où il y en a, voire qui imagine un brin comment les choses se sont passées, tout en jouant sur le décalage avec cet étrange personnage un peu « hors-sol » qu’est Noon, les Kloetzer nous montre toute leur science du récit qui se suit avec un énorme plaisir.
Parsemé de nombreuses illustrations d’un Nicolas Fructus toujours aussi inspiré (s’il rempile à chaque volume, on ne pourrait que très fortement souhaiter un grand livre illustré en couleurs…), « La première et la dernière » s’avère donc être un cran au-dessus du premier volume. Et s’il clôture son arc scénaristique, il ouvre à nouveau la voie à un troisième volume que l’on ne peut qu’attendre frénétiquement, eu égard à la qualité des deux romans parus jusqu’ici. Alors oui, je ne manquerai par de plonger dans « Le désert des cieux », dès sa parution. En attendant, chers lecteurs et lectrices, laissez-vous happer, aux côtés de Noon, Yors et Meg, par la Cité de la Toge Noire, la Ville aux Mille Fumées, cité qui pue, cité qui tue, mais cité à l’indéniable personnalité et au pouvoir d’attraction étourdissant.
Lire aussi l’avis de Gromovar.
C’est bon signe une série qui s’améliore de tome en tome. Ça donne encore plus envie de lire le tome 1 !
C’est bon signe en effet. Souhaitons que ça continue. Tu imagines si la série fait 10 tomes, avec une amélioration constante ? On va tenir le lièvre du siècle à la fin ! 😀
Jette-toi sur le tome 1, c’est de la bonne. 😉
Aaah tu m’avais convaincue avec ta chronique du premier roman, mais j’avais, comme d’habitude, oublie l’existence dudit roman. Merci pour ce rappel. Ça a l’air super.
Oui, je te le conseille fortement. Dans le genre sword & sorcery, c’est du très bon. 😉
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