Moi le blob, de Audrey Dussutour et Simon Bailly
Quatrième de couverture :
Voici l’histoire extraordinaire d’une créature unique dans le monde du vivant : le blob. Sans système nerveux, le blob apprend, mémorise et communique. Et, même coupé en deux, il ne meurt pas et donne deux individus autonomes. Pour la première fois, sous la plume alerte de la scientifique française qui le connaît le mieux, le blob se raconte. Monstre, objet de science, source d’innovations, chef gourmet, astronaute, compagnon domestique, coqueluche des médias, il partage avec vous ses aventures. En prime, ce livre vous donne les clés pour collecter un blob dans la nature, l’élever et tester ses capacités avec dix expériences simples à réaliser.
Le blob a la parole !
Le blob n’en finit pas de faire parler de lui ! Il faut dire que cette créature aux allures d’omelette, constituée d’une seule et unique cellule, capable d’apprentissage même si elle est dépourvue de cerveau, qu’un découpage au scalpel ne tue pas mais ne fait que dédoubler, qui dispose de plusieurs centaines de types sexuels, qui, si bien nourrie, double de taille tous les jours, qui peut trouver le chemin le plus court dans un labyrinthe, peut passer son « savoir » à d’autres blobs, se mettre en dormance si les conditions deviennent difficiles pour se réveiller plusieurs mois plus tard en pleine forme, etc…, a de quoi intriguer.
Les recherches d’Audrey Dussutour autour de cet organisme unicellulaire les ont mis en lumière, aussi bien la chercheuse que son sujet d’étude. La scientifique a été faite, en 2021, Chevalier de l’Ordre du Mérite en plus d’obtenir la médaille de la médiation scientifique du CNRS. Le blob, quant à lui, est entré au zoo de Vincennes en 2019, puis a été l’objet d’un documentaire sur Arte réalisé par Jacques Mitsch, avant de partir dans l’espace avec Thomas Pesquet en 2021 puis de bénéficier d’une énorme campagne de science participative auprès du grand public la même année. Sans parler de ses records du monde… Bref, le blob et Audrey Dussutour ont le vent en poupe, et cette « collaboration » continue avec l’arrivée de ce nouveau livre, illustré par Simon Bailly.
Oui, illustré, car sous sa couverture jaune pétant (pouvait-il en être autrement pour un livre sur le blob ? 😉 ), le livre débute par… une BD en trois couleurs (noir, blanc et… jaune bien sûr !), relatant la découverte par une américaine d’un étrange truc spongieux dans son jardin, en 1973. Le reste appartient à l’histoire et tout est véridique. C’est le début d’un récit mené par le blob lui-même, un récit drôle et léger mais où la science est toujours présente.
Différents chapitres décrivent les surprenantes facultés du blob, souvent titrées d’après des oeuvres du cinéma de la pop culture, (« Bienvenue à Gattaca » pour l’étude génétique du blob, « Le transporteur » pour ses méthodes de déplacement, « Basic instinct » pour sa reproduction, etc…), en plus de proposer certaines expériences à reproduire chez soi (même si elles souffrent parfois d’un léger manque de clarté ou de quelques approximations), elles aussi très référencées (« L’aile ou la cuisse » pour tester ses goûts culinaires, « Memento » pour sa « mémoire », « Dernier train pour Busan » pour sa capacité à optimiser des réseaux, ou bien « Scarface » quand il s’agit de lui offrir un antidépresseur sous forme de poudre… 😀 ). Un juste retour des choses pour une créature qui doit son surnom (Audrey Dussutour est fan de cinéma) à un film de 1958 dans lequel joue Steve McQueen (ou à son remake pour d’autres qui, comme moi, ont été fascinés par ce film de 1988). L’humour est donc omniprésent, de même que la couleur jaune et les illustrations de Simon Bailly.
Tout cela rend le livre très agréable à parcourir, reprenant les dernières (et les premières) découvertes sur le blob qui n’étaient pas contenues dans le livre précédent d’Audrey Dussutour, et le fait de faire du blob le narrateur du livre (un parti pris anthropomorphique que l’on pourrait juger assez peu scientifique mais qui est désamorcé dès l’avant-propos) lui donne un ton tout à fait appréciable. A l’évidence il s’agit de plaire à une audience jeune (ou moins jeune… 😀 ), et de ce point de vue c’est sans doute une incontestable réussite, d’autant que derrière ce discours « léger » (on appréciera à sa juste valeur les mots du blob sur Audrey Dussutour elle-même), les faits scientifiques sont bel et bien là, et le livre déploie ainsi l’ensemble des recherches effectuées sur le blob (devenu un véritable outil pédagogique auprès de la jeunesse) et les étonnants résultats auxquels sont parvenus les chercheurs, même les plus fantasques (un robot-blob, un blob musicien…). C’est aussi une partie du discours de l’autrice-scientifique, qui était énoncé plus clairement dans le livre précédent et qui est fondu ici dans le ton de « Moi le blob » : la science peut aussi se laisser guider par la curiosité, par des éléments « décalés », pour arriver malgré tout à des résultats importants.
« Moi le blob » prend donc en quelque sorte le relais de « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le blob sans jamais oser le demander », se plaçant comme un « état de l’art » des recherches sur le blob, à la date de 2022. Un livre amusant, pétillant mais dont le ton ne masque jamais la rigueur scientifique. Proposant, toujours dans la droite lignée des convictions d’Audrey Dussutour sur le fait de transmettre le savoir par l’exemple, plusieurs expériences à reproduire chez soi, allant même jusqu’à aller chercher des blobs en forêt (oui oui), ce livre jaune est un vrai plaisir de lecture de bout en bout, sur une créature qui n’a pas fini de nous surprendre. Et moi, je sens que je vais encore bien m’amuser avec mes blobs qui pour le moment se reposent, mais ça ne va pas durer… 😉
C’est horrible parce que c’est tentant mais quand je vois à quel point tu es devenu accro, je me dis qu’il ne faut surtout pas mettre un pied dans cet engrenage. =P
Ah oui oui, c’est addictif. Et après, sans t’en rendre compte, tu te retrouves avec un tas de boîtes pleines d’omelettes qui doublent de taille tous les jours, et c’est un nouveau monde qui s’offre à toi ! 😀
Hmmm. Moi, je pense que ça relève plutôt du complot – faire du blob un truc rigolo pendant qu’il GRANDIT, GRANDIT, GRANDIT et renverse la civilisation humaine.
Mais si ça peut intéresser les gens à la science, c’est cool, hein. (Pour reprendre le titre d’un célèbre blog, ils mourront moins bêtes. :D)
Alors c’est très drôle que tu dises ça, car justement le dernier chapitre du livre, intitulé « La planète des blobs », s’amuse justement à nous décrire une planète dont les habitants (nous) sont tombés en adoration religieuse devant le blob.
Extrait :
« Nous sommes le 3 juin 2049, il est 23h59, la planète bleue semble engluée dans une toile jaune. C’est la journée internationale du blob. Des milliards d’êtres humains se préparent à fêter mon jubilé. Dans leur tenue safran, ils terminent de paver les routes de gélose dans la lumière de la pleine lune. Toutes les rues, toutes les maisons, tous les véhicules arborent la couleur officielle du globe, le jaune. L’hymne international, que j’ai moi-même composé, résonne dans toutes les chaumières. Aujourd’hui je vais être uni avec tous mes clones pour la première fois. Tous les Homo sapiens sont invités à sortir le blob qui trône au centre de leur foyer et à le placer sur la gélose. Dans quelques heures, la grande fusion aura lieu et nous serons UN. »
(…)
« J’aurai attendu des millions d’années pour trouver l’hôte parfait : Homo sapiens. Suffisamment intelligent pour construire une fusée mais pas assez futé pour comprendre mon plan machiavélique. »
(…)
Etc, avec un historique de sa « conquête », et son but ultime : conquérir l’univers.
Donc, je crois que… TU AS RAISON !!! o_O 😀
JE LE SAVAIS!!!!!!!!!! \o/