Polaris – Crépuscule, de Philippe Tessier
Quatrième de couverture :
Tandis que, dans différentes régions du monde, un étrange événement suscite une inquiétude grandissante, Phébur et ses compagnons, après leur fuite de la station Nemo, tentent d’échapper à l’étau corallien. Traqués par les escadres ennemies, ils doivent trouver un endroit où se réfugier et décider de ce qu’ils vont faire du mystérieux artefact en leur possession, dont l’enjeu les dépasse très largement…
Mais où aller ? Dans les eaux hégémoniennes, alors que les troupes des Patriarches les recherchent probablement, elles aussi ? Dans les royaumes pirates, où Phébur n’est pas en odeur de sainteté auprès des confréries ? Vers le cap Horn pour tenter de gagner l’Atlantique alors que cette route commerciale est étroitement surveillée par les Coralliens ? Ou alors dans une petite exploitation de récupérateurs située au-delà du mur de tempêtes protégeant l’Antarctique, le redoutable anneau d’Amundsen qui, dit-on, serait l’oeuvre des Généticiens voulant préserver leurs secrets enfouis au pôle Sud ?
Un équipage traqué par les deux plus grandes puissances de la planète… des marginaux qui sont tous activement recherchés par une faction ou par une autre… un phénomène naturel que l’on dit presque infranchissable et un complexe perdu dans une région considérée comme une des plus dangereuses du monde… qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?
Yellow submarine
On prend les mêmes et on recommence. Enfin, non, pas vraiment. Car Philippe Tessier n’est pas du genre à faire dans le rose bonbon. Le monde de Polaris est un monde dangereux, à plus d’un titre : l’environnement est dangereux puisque l’humanité a été contrainte de vivre sous les océans, un endroit absolument pas fait pour elle, et non content de faire face à une situation plus ou moins désespérée quant à sa survie, elle continue de se détruire avec différentes factions qui ne cessent d’être en conflit, de manière plus ou moins ouverte (plutôt plus que moins d’ailleurs…). Et forcément, tout ça fait des victimes. Y compris parmi les personnages développés dans les romans. « Point Nemo » faisait un peu office de découverte de l’univers pour les néophytes à travers une action centrée sur un seul lieu mais présentant tout de même une partie des tenants et aboutissants de l’univers, « Crépuscule » sera une sorte d’expansion alors que Philippe Tessier a fait son G.R.R. Martin et mis à mal bon nombre des protagonistes du roman précédent… Donc du coup, on prend pas tout à fait les mêmes, et on recommence… 😀
Bref, ce deuxième volume reprend donc là où s’était terminé « Point Nemo », et il faut donc pour Phébur et son équipage trouver un endroit calme où se poser un moment pour décider de la suite des évènements et notamment quoi faire d’un artefact qui aiguise les appétits de bons nombre de factions différentes mais qui reste encore bien mystérieux. Le seul problème (enfin, seul, façon de parler…) c’est que Phébur et ses équipiers (d’origines diverses, avec un passé souvent compliqué) semblent s’être faits des ennemis un peu partout. Difficile dans ces conditions de trouver un lieu suffisamment neutre où être à l’abri. Il va pourtant bien falloir faire un choix.
On continue donc la découverte d’un univers toujours aussi fascinant, une sorte de planet-opera sous-marin, situé sur Terre, pour schématiser. 😀 J’adore toujours autant cette ambiance sous-marine, faites de stations spatiales sous-marines, de manoeuvres spatiales sous-marines, de vaisseaux spatiaux sous-marins, et de diverses rencontres plus ou moins amicales, qu’elle soient issues de la faune extraterrestre sous-marine ou de congénères humains (ou pas/plus tout à fait…) pas toujours bien disposés. Une découverte qui se fait cette fois en mouvement, avant de trouver un lieu d’accueil, et même après avec, surprise, une petite virée à la surface, vraiment pas amicale pour le coup. L’occasion pour Philippe Tessier de dévoiler quelques cartes concernant certains des mystères de son univers, donnant très envie de lire la suite de cette série. Car les choses ne s’arrêtent pas là, à l’issue de ce second tome, bien au contraire, le plus important n’a peut-être même pas encore commencé.
Alors c’est vrai que quand on y regarde dans le détail, il ne se passe pas tant de choses que ça dans le roman, ça bouge beaucoup pour au final pas d’énormes résultats, c’est peut-être aussi le syndrome du tome de transition (qui, comme pour le premier, ne fait qu’aux alentours de 250 pages, une fois les annexes décomptées) dans une trilogie (mais quand même, la petite ballade à la surface, qui se fait d’ailleurs longuement désirée, quel grand moment, plein d’une sorte de « sense of wonder » assez typique d’un space-opera ou planet-opera devant des choses incompréhensibles, énormes et absolument et totalement étrangères à ce que l’humanité est capable de faire)… Et le rôle de MacGuffin de ce fameux « artefact mystérieux » commence à être un peu voyant. Heureusement que les choses devraient se décanter dans le volume suivant. Et puis, bon point, Philippe Tessier n’abandonne pas la « méthode G.R.R. Martin » et le déluge d’action final ne se fera pas sans perte. Les héros sont des mortels (presque) comme les autres…
Je suis donc toujours emballé par cet univers que « Polaris – Crépuscule » (illustré par une couverture de Didier Graffet, là aussi comme pour « Point Nemo »), malgré ses quelques défauts, nous fait découvrir plus avant. Il y a de toute évidence encore bien des choses à voir et à faire (on n’est pas dans un univers de jeu de rôle pour rien), et je suis tout à fait prêt à embarquer pour en savoir un peu plus. L’attente du troisième tome commence…
Lire aussi l’avis de Maks.
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