Noon du soleil noir, de L.L. Kloetzer
Quatrième de couverture :
Cela se passe dans la plus grande ville du monde connu. La Cité de la toge noire, la Ville aux mille fumées, donnez-lui le nom que vous voulez, vous y êtes déjà allé, vous y retournerez. Surplombée par le palais du Suzerain et les temples de l’allée des dieux, port maritime autant que fluvial, elle grouille de marchands, de prêtres, de voleurs. On y respire les parfums de pays lointains et la puanteur de la misère. C’est là qu’est né, c’est là que survit Yors, ancien mercenaire devenu un peu philosophe par la force de l’âge et des choses. Mais la sagesse ne nourrit pas son homme et Yors n’a plus un sou en poche quand commence notre histoire. C’est par hasard qu’il va se mettre au service d’un jeune homme, un étranger venu faire des affaires en ville. Pas n’importe quelles affaires : de la sorcellerie. Nul ne l’ignore, les sorciers sont des crapules malhonnêtes, des vendeurs de malédictions, des préparateurs de potions aux doigts sales… Courtois, un brin naïf, certain d’être le meilleur dans sa partie. Il s’appelle Noon, et son emblème est un soleil noir…
Fafhrd Yors et le Souricier Gris l’Oiseau Noir
Fritz Leiber a marqué de son empreinte le genre de la « sword & sorcery » avec son fameux « Cycle des Epées » (encore un fameux cycle que je n’ai pas lu en entier…) et son duo emblématique, Fafhrd et le Souricier Gris. Le couple Kloetzer semble faire partie des admirateurs de ce cycle, « Noon du soleil noir » est là pour le prouver. Hommage appuyé (et assumé), le roman met en effet en scène deux personnages (tiens tiens), l’un plutôt massif (tiens tiens) et un brin philosophe nommé Yors, l’autre plus frêle (tiens tiens), pratiquant la magie (tiens tiens), venant faire des affaires en ville et qui donne son nom au roman, Noon. Une ville jamais nommée autrement que par ses surnoms : la Cité de la Toge Noire (tiens tiens), la Ville aux Mille Fumées…
Bon, il serait malvenu de relever toutes les similitudes entre « Noon du soleil noir » et le « Cycle des Epées », car si elles sont nombreuses, elle n’empêchent pas le roman d’avoir une vraie identité. Grâce à ses personnages notamment : Yors et Noon font forcément penser à leurs alter egos « leiberiens » mais ils n’en sont pas des copies conformes. Noon est doté d’un bon fond mais semble un peu naïf, même s’il possède de réelles capacités magiques, alors que Yors ne montre pas ses muscles à la première occasion, il est d’ailleurs déjà un peu sur le retour, cabossé (il boîte) par la vie soldatesque.
Leur rencontre fortuite à l’entrée de la ville (Noon veut s’installer tandis que Yors est en manque d’argent et cherche donc à se faire engager) va les mener à d’abord se faire une place dans un « secteur d’activité » qui demande de graisser certaines pattes bien placées, puis ensuite à enquêter sur un bijou disparu réclamé par une belle jeune femme. Les choses ne seront pas aussi simples que les deux acolytes le pensaient et leur aventure les amènera, comme de juste en sword & sorcery, à croiser dieu maléfique, créatures étranges, cultes infâmes, magie pernicieuse et potions salvatrices, en plus d’être confrontés à la trahison, le mensonge, ou les alliances de circonstance, le tout en évitant toutefois le rocambolesque outrancier.
Tout cela fait vivre au lecteur une aventure courte et très rythmée, parsemée d’humour (le récit est conté par un Yors un rien blasé…), même si le statut de départ du texte (une nouvelle) se fait parfois sentir puisque certains éléments, densifiant le texte et « l’univers » des deux héros, rallongent un peu la sauce (tout en restant extrêmement agréables, c’est à souligner), d’autant que le récit ne s’emballe (et le puzzle ne se met en place) qu’assez tardivement.
Reste au bout du compte deux personnages (et même un peu plus…) éminemment sympathiques sur lesquels il nous reste beaucoup à apprendre et qu’on a hâte de revoir (ce qui est d’ores et déjà programmé, le contraire aurait d’ailleurs été étonnant et décevant au vu des dernières pages), une ville marquante que l’on aimerait connaître un peu plus en profondeur (alors que les illustrations de Nicolas Fructus, nombreuses, en donnent déjà un superbe premier aperçu et contribuent largement à l’identité unique du roman), une plume très agréable et évocatrice, à la fois simple et raffinée sans jamais sombrer dans la surenchère « pour faire genre », et une aventure ô combien plaisante qui, on l’espère, ne marque que le début du « Cycle de l’Oiseau Noir » (ce nom n’est pas copyrighté ! 😀 ) du couple Kloetzer.
Allez, entrez au cœur de la Cité de la Toge Noire et faites connaissance avec Yors et Noon du soleil noir, vous ne vous ennuierez pas un seul instant !
C’est déjà une belle réussite si ça plaît à quelqu’un qui apprécie Leiber. Reste à voir si ça plaira aussi à quelqu’un ne l’ayant jamais lu – moi, en l’occurrence. Mais comme ce sont les Kloetzer, et vu ce que tu en dis, j’ai confiance.
Leiber ou pas, au fond c’est surtout de l’excellente fantasy type « sword & sorcery ». Le fait est que ça se lit tout seul. Connaître Leiber et faire le lien, c’est un petit plus, pour voir la référence et la filiation, mais honnêtement c’est une vraie lecture plaisir si on n’est pas allergique à ce type de fantasy. C’est fun, c’est amusant (ce n’est pas non plus de la fantasy humoristique hein !), on ne s’ennuie pas une seconde. 😉
Je n’ai pas lu Leiber mais je suis tellement convaincue que c’est ma came que tu m’as convaincue que ce bouquin est ma came aussi ^^
Mais c’est carrément ta came, de la sword & sorcery qui fleure bon les récits de la vieille époque. Du pur divertissement qui fait mouche. Même sans connaitre Leiber. Jette toi dessus (sur Noon je veux dire, enfin le roman, parce que pour Leiber c’est trop tard… 😀 ) ! 😉
Puisque je l’ai lu, je vais y aller de mon commentaire. Agréable à la lecture, pas aussi squizzieux que du Leiber, illustrations de Fructus décevantes en ce qui me concerne, et j’ai plutôt vu des références à Sherlock qu’à Leiber. Puisque tu as trouvé le deuxième tome supérieur, j’essaierai de le trouver pas cher (ou me le faire offrir) pour me faire une idée définitive sur la question.
Sqizzieux, j’aime beaucoup ! 😀 Et au-delà de ça, peut-être que la cité de Noon n’a pas la même dangerosité que Lankhmar, pas la même « présence », aussi bien positive que négative, malgré des tentatives de proposer une certaine géographie avec différents quartiers, etc… Mais il n’y a que deux romans, ça viendra peut-être avec le temps.
Pour Fructus, on ne peut pas nier que son style est reconnaissable entre mille, et donc particulier. Perso j’aime beaucoup sur le côté architectural (que l’on peut voir à l’oeuvre de manière plus éclatante encore dans « Kadath, le guide de la cité inconnue », « Jadis » ou bien « Gotland ») , un peu moins en ce qui concerne les personnages.
Des références à Sherlock peuvent être relevées en effet, ne serait-ce que dans le duo entre un Yors assez terre-à-terre, pragmatique et la tête sur le épaules, et un Noon nettement plus « perché », en dehors du monde.
Oui, j’ai trouvé le deuxième un ton au-dessus : les présentations sont faites, on peut aller vers des intrigues plus complexes. 😉
Ben en ce qui concerne Fructus, j’ai trouvé ses dessins très « années 80 » et donc assez génériques pour un vieux comme moi. Ça m’a assez perturbé parce que j’adore l’idée de livre illustré assez mal vu en France (enfin de nos jours) alors que ça permet de créer de beaux objets – avec évidemment le désavantage de « polluer » l’imaginaire. J’ai même hésité à proposer mes services mais je ne sais pas si Le Bélial en fait beaucoup.
Et oui, très Sherlock avec une simili Mrs Hudson en sus.
Clairement, les illustrations dans un livre, c’est un peu quitte ou double… Si les lecteurs n’accrochent pas aux illustrations proposées, ça dessert le roman. Et aussi, comme tu le dis, pour l’imagination. A un point tel qu’il est maintenant difficile de se représenter les lieux du Seigneur des Anneaux par exemple autrement que via le prisme Howe/Lee…
Je n’ai pas ta culture de l’illustration, donc je ne saurais pas dire si ça fait « années 80″, mais je les aime bien malgré tout ces illustrations.
Il y a quelques livres illustrées au Bélial », tous avec Nicolas Fructus je crois. 😀
Les jeunes voient Howe/Lee (ou les films). Moi j’ai lu ça bien avant et autant te dire que la couv pourrie du Livre de Poche ne faisait pas obstacle à l’imagination.
Mais quand c’est beau, un livre illustré c’est un vrai trésor. Il y a des éditeurs/galeristes BD qui s’y mettent en ce moment.
Quand c’est pourri, on oublie pour se faire sa propre image. 😀
Mais quand c’est de qualité, comme avec Howe/Lee, ça marque un peu plus, forcément. 😉
D’accord avec toi pour les livres illustrés, ce sont pour la plupart de superbes objets.
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