Monsieur Merlin, de Arnauld Pontier
Quatrième de couverture :
« Derrière la brume, il n’y a très exactement plus rien, Monsieur Merlin. Et vous vous demandez sans doute comment c’est possible ou, ce qui revient au même, comment on a pu en arriver là. Comment et pourquoi. Eh bien, je vous appelle pour répondre à ces questions. »
D’aucuns savent qu’un simple coup de téléphone peut bouleverser l’existence. Il suffit d’un échange, d’une conversation, pour que le quotidien prenne soudain une toute nouvelle direction. D’autant plus quand la voix dans le combiné vous annonce qu’elle appelle du futur.
Après nous avoir fait voyager « Sur Mars » et des millénaires après la disparition de l’humanité dans « Dehors, les Hommes tombent », Arnauld Pontier nous conduit cette année dans les méandres du temps et de l’espace. Avec sa novella « Monsieur Merlin, ou la certitude de l’illusion », il explore pour nous les structures enchevêtrées du paradoxe et de la réalité, démêlant peu à peu le vrai du faux dans un magnifique hommage à l’œuvre du philosophe des sciences Étienne Klein. L’occasion que beaucoup attendaient de se replonger dans la prose exigeante et délicate d’Arnauld Pontier, et dans sa façon bien à lui d’aborder la science-fiction en maître horloger des mots.
Lost in time
« Monsieur Merlin » débute simplement : l’homme qui donne son nom au récit reçoit, dans un futur indéterminé, un coup de téléphone d’un homme qui prétend l’appeler depuis l’avenir et désireux de s’assurer que Merlin fasse tout ce qu’il a déjà fait pour que le futur advienne. Mais est-ce vraiment le but de l’interlocuteur de Merlin, alors qu’il semble en savoir beaucoup sur le temps ? Et quelle est donc cette brume qui entoure le logement de Merlin et qui l’empêche d’aller au-delà de 500 mètres ?
Courte novella (90 pages), « Monsieur Merlin » tient plus de l’expérience de pensée que d’un réel récit narratif centré sur les aventures temporelles de son protagoniste. Car d’aventures il n’y a point. Il s’agit plutôt ici de réflexions philosophico-scientifiques tentant de tordre le coup à la notion préconçue que nous avons du temps, cherchant à démontrer que l’écoulement (la flèche du temps) n’est pas toujours dirigé dans le même sens et que causes et effets ne sont pas toujours liés de la manière qui nous paraît la plus logique.
Pour avoir déjà écouté quelques conférences d’Etienne Klein, je savais que les théories qu’il développe ont tendance à provoquer quelques nœuds au cerveau. « Monsieur Merlin » ne déroge pas à la règle, car si par bonté d’âme Arnauld Pontier nous offre un chapitre de clarification pour contextualiser ce qui se cache derrière tout ça (qui rappelle d’ailleurs une actualité toute récente), il n’en reste pas moins qu’il n’est pas évident de démêler l’écheveau des évènements vécus par Merlin. Peut-être via une deuxième lecture ? Et on va dire que se perdre dans le temps est pleinement dans la thématique. 😉
Arnauld Pontier s’est notamment inspiré des ouvrages « Les tactiques de Chronos » et « Le facteur temps ne sonne jamais deux fois » d’Etienne Klein et là est sans doute la clé du texte : celui-ci étant une illustration des théories du scientifique sur le temps, avant d’avoir la pratique, ou un « cas d’usage », il faudrait déjà avoir la théorie pour comprendre pleinement de quoi on parle. Sans doute un manque de mon côté, et une incitation à aller voir de quoi il retourne…
En tout cas, après l’espace (« Sur Mars ») et le temps (« Monsieur Merlin »), je me demande bien ce qui reste à Arnauld Pontier à explorer dans les domaines les plus pointus de la physique… La matière ? Allez chiche ! 😀
Lire aussi les avis de Yogo, le Chroniqueur, Le chien critique.
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