Cthulhu Dark Arts Tarot
Il y a quelques mois, j’avais participé au financement participatif du « Cthulhu Dark Arts Tarot » sur Kickstarter, avec la promesse d’un jeu de tarot grand format dans l’univers de Lovecraft. La grosse boîte est arrivée en fin d’année dernière, et on peut dire que la promesse est tenue !
Alors bien sûr, on peut dire qu’il s’agit d’un énième produit dérivé sur Cthulhu et ses amis, et c’est vrai, mais quand l’objet est beau… 😉 Après, chacun verra midi à sa porte…
Bref, de quoi s’agit-il ? Comme son nom l’indique, il s’agit à la base d’un jeu de tarot, composé de quatre « enseignes » (les coupes, les épées, les deniers, les bâtons, avec dix cartes chacune, numérotées de I à X), de « figures » (les valet, cavalier, reine et roi de chaque enseigne), et d’arcanes majeurs (les 21 atouts du tarot classique plus le « fou » appelé ici le « mat »). On peut donc y jouer de manière traditionnelle (si on n’a pas peur d’abîmer les cartes…). On trouve également dans la boîte une méthode d’interprétation si on veut en faire un tarot divinatoire.
Mais ça va plus loin que ça, histoire de satisfaire l’amateur lovecraftien. Car l’épais livret (160 pages) fourni avec le jeu inclut ce dernier totalement dans la méta-histoire » lovecrafienne. Sébastien Célerin, responsable éditorial chez Bragelonne, alors qu’il traînait dans la bibliothèque d’Arkham, tomba sur un étonnant document : la reproduction de cartes et l’histoire de ce jeu, en plus de l’incroyable aventure de la redécouverte de ses différentes cartes, par un certain Isaac Jefferson, dont la mystérieuse disparition n’a jamais été résolue.
On voit déjà là la classique narration lovecraftienne : des récits enchâssés, le narrateur donnant au lecteur le témoignage d’un personnage mystérieusement disparu. Tout s’intègre naturellement dans l’univers de Lovecraft, les références sont nombreuses et la narration de l’ensemble réplique parfaitement la technique de l’auteur de Providence. Le livret nous donne donc l’histoire du jeu (de sa création par Bartolomeo Corsi dans des circonstances troubles à la Badia Fiorentina, jusqu’à son éparpillement aux Etats-Unis en passant par le procès des sorcières de Salem, le tout avec l’apparition de personnages historiques, réels ou issus des écrits de Lovecraft). On y trouve également des règles d’affrontement, le « Duellum Arcanorum », à la symbolique bien particulière…
Et bien sûr, au coeur de l’objet, il faut parler des cartes : grandes (l’équivalent d’une carte bancaire en largeur, et deux cartes bancaires en hauteur) et dorées sur la tranche, elles sont magnifiques. Le livret nous donne une description des figures et des arcanes majeurs, l’ensemble de ces derniers étant étudiés de près : description succincte, circonstance de leur découverte par Isaac Jefferson, et exploration iconographique détaillée.
C’est ainsi qu’on s’aperçoit que chacune d’entre elle est bardée de détails signifiants. Il faut prendre le temps de s’y attarder, le travail est remarquable. L’étude iconographique (j’en donne un exemple ci-dessous) permet d’approfondir et d’expliciter ce qu’on y voit, le parallèle avec le monde lovecraftien n’en étant que plus évident.
Pour revenir à des considérations plus terre-à-terre et moins lovecraftiennes, on a donc là un « objet dérivé » que je trouve remarquable (accompagné pour l’occasion de 4 pins, de 14 planches sur papier cartonné, regroupant les figures de chaque enseigne et dix d’arcanes majeurs en grand format, d’un sac en tissu, le tout dans une belle boîte cartonnée avec attache magnétique). Le travail artistique fourni par Førtifem est remarquable, pour peu qu’on adhère au style. Maxime Le Dain, sur le plan narratif, a fait un magnifique travail d’invention tout autant que de mimétisme pour que l’ensemble se fonde de manière naturelle dans l’univers créé par Lovecraft. Le résultat est donc tout à fait convaincant : magnifique, intelligemment référencé, et sans doute un peu indicible et non-euclidien ( 😉 ); c’est un objet à posséder pour tout amateur de Lovecraft et de son univers.
« Alors bien sûr, on peut dire qu’il s’agit d’un énième produit dérivé sur Cthulhu et ses amis » –> Oui, c’est ce que j’ai pensé ^^ Cela dit, je suis plutôt sensible aux produits dérivés – pour qui sait quelle raison, les lovecrafteries sont les seules à m’exaspérer –, et celui-ci a l’air bien fait. Je vais en signaler l’existence à un copain qui pourrait aimer. Tu as prévu de l’utiliser, concrètement? Tu joues au tarot?
J’ai pas mal joué au tarot quand j’étais au lycée, donc ça commence à dater (25 ans quoi, hum… 😀 ), mais juste parce que ça nous permettait de passer le temps en attendant la reprise des cours l’après-midi.
Hors de question que j’y joue avec ce jeu-là, j’aurais trop peur d’abimer les cartes ! 😀 Donc non, comme je ne pratique pas non plus la divination, je pense que ça restera un jeu « d’exposition ». Quoique je ne m’interdis pas d’essayer le « duellum arcanorum » dont les règles sont mentionnées dans le livret. Mais il faudrait mettre les cartes sous blister pour les protéger… 😉
Je vois, c’est l’objet tellement beau qu’on ne l’utilise pas vraiment, genre argenterie de famille ^^ Mais enfin ça fera une déco classe si tu sors les cartes sur la bibliothèque!
C’est tout à fait ça ! 😉