Star Trek : Prodigy, saison 1, première partie
Encore une nouvelle série Star Trek ! Dans sa nouvelle d’élargir au maximum le public de la fameuse franchise de SF, la Paramount a donc lancé une nouvelle série d’animation, cette fois plutôt orientée vers une audience jeune. Exit donc le ton décalé et l’animation 2D de « Lower Decks », il faut quelques chose d’à la fois plus « sage », plus adapté à un public jeune, et aussi plus clinquant, plus « moderne ». « Star Trek : Prodigy », série créée par Kevin et Dan Hageman dont la première saison de 20 épisodes a été scindée en deux parties (la première vient de se terminer, la deuxième partie sera diffusée plus tard dans l’année), devient donc la première série de la franchise Star Trek a bénéficié d’une animation 3D (ou images de synthèse, appeler ça comme vous voulez).
Qui dit public jeune dit personnages « adaptés », c’est un peu devenu la règle. Et donc dans « Prodigy » les personnages sont un groupe de jeunes extraterrestres retenus prisonniers, dans le Quadrant Delta (donc loiiiin de l’espace de la Fédération) sur une planète-prison dont le « gestionnaire » (nommé The Diviner) semble être à la recherche de quelque chose de bien précis, un quelque chose sur lequel le groupe de gamins va tomber par hasard : un vaisseau ultra-moderne de la Fédération, l’USS Protostar. La fine équipe va s’en emparer pour fuir la prison, provoquant l’ire du Diviner et de son fidèle lieutenant, un Terminator-like nommé Drednok (oui, c’est nom qui fait peuuuuuur… 😀 ).
Et on retrouve donc Dal, le héros, jeune gamin d’une race inconnue, un peu rebelle (oui, oui, c’est trèèèèès original…), aux réactions souvent irréfléchies (j’ai régulièrement eu envie de le baffer, mais heureusement son comportement évolue au fil des épisodes) et qui fera office de capitaine du vaisseau. On a aussi Rok-Tahk, une jeune et timide Brikar, dont le contraste entre son caractère et son physique et pour le moins frappant, Jankom Pog, un Tellarite gaffeur, Zero, une entité énergétique qui se sert d’un petit exosquelette pour interagir avec le monde physique, Murf, une sorte de blob tout mignon et indestructible, et Gwyn, la fille du Diviner, au départ prise en otage mais que le comportement de son père va choquer et lui faire intégrer l’équipe à part entière.
Tous cela est très mignon, très choupi même parfois, et on se rend vite compte que la série a visé juste quant au public visé. Mais alors, y a-t-il un intérêt quand on n’est pas dans la cible ? Hé bien, de manière étonnante, oui. Car « Prodigy » n’est pas construite sur le modèle narratif de « Lower Decks » par exemple, et si certains épisodes tournent autour d’une histoire qui se conclut après les 20 minutes règlementaires, c’est bel et bien la trame globale qui donne le ton. Et cette trame globale ne manque pas d’intérêt, s’insérant dans un espace relativement de l’univers Star Trek (le très éloigné Quadrant Delta), tout en élargissant l’univers temporel de la saga (« Prodigy » se passe en 2383, soit deux ans après « Lower Decks » et cinq ans après « Voyager », seul « Picard » se situe plus loin dans le temps, en 2399, si on fait bien sûr exception de « Discovery » située bien plus loin, au 32ème siècle).
Toutes sortes de questions liées au « lore » de Star Trek se posent lors de la vision de « Prodigy ». Que fait un vaisseau comme le Protostar dans le Quadrant Delta ? Pourquoi a-t-il été abandonné ? Qu’est devenu l’équipage et son capitaine qui rappellera quelques souvenirs aux fidèles de Star Trek ? Ce ne sont que quelques questions parmi pas mal d’autres, alors que la série ne manque pas de poser quelques dilemmes intéressants, y compris éthiques, notamment en regard des méthodes de la Fédération sur les « premiers contacts » avec d’autres civilisations et les conséquences de ceux-ci.
Nouveaux vaisseau, nouveau mode de déplacement (le « proto-warp », nettement plus rapide que le traditionnel « warp drive »), et nouveaux personnages donc. Mais pas seulement, car comment un groupe de gamins pourrait-il diriger un vaisseau spatial d’une civilisation avec laquelle ils n’ont jamais eu aucun contact ? Avec une aide extérieure bien sûr, quoique extérieure ne soit pas le terme exact. En effet, c’est l’hologramme de Kathryn Janeway (capitaine de l’USS Voyager de la série du même nom, faut-il le rappeler), intégrée au Protostar, qui leur apportera toute l’aide nécessaire. Une manière de combler aussi bien le jeune public que les « vieux de la vieille ».
Les références à l’univers de Star Trek sont en effet multiples, parfois discrètes (Zero, dont on a déjà vu un autre représentant de la race dans un épisode de la série originale), parfois amusantes (l’addiction de Janeway au café), parfois évidentes (l’épisode bien nommé « Kobayashi » dans lequel Dal s’entraîne à la fameuse mission du Kobayashi-Maru avec un illustre équipage venu de différentes époques, et dont les répliques ont été directement tirées d’épisodes ou de films où chaque personnage intervient). De même, certains thèmes sont classiques (le premier contact), voire même éculés (le temps, mais abordé d’une manière originale, une référence à un épisode bien précis de « Voyager »), mais la plupart du temps efficacement utilisés.
Et puis on en arrive au dernier épisode, mais là, chuuuuuut. Mais quand même, on ne peut pas être amateur de Star Trek sans ressentir un petit quelque chose. Sachez donc que oui, « Prodigy » finit par devenir tout à fait captivante. Je n’aurais pas parié là-dessus, mais j’attends déjà avec impatience la suite de cette saison. Techniquement, sans être éblouissante, notamment sur des visages assez simples, elle propose malgré tout quelques très belles scènes, notamment sur les points de vue larges. Ce n’est certes pas tout à fait au niveau d’une série n’animation comme « Arcane », mais ça fait le job de très belle manière. En somme « Prodigy » est un peu le « Rebels » d’une autre fameuse saga de space-opera, capable de fédérer nouveaux venus et connaisseurs. Souhaitons-lui le même succès.
Chouette chouette. Merci pour cet avis sur un millième truc Star Trek que je ne découvrirai probablement jamais. (J’en peux plus, je passe mon temps à écrire ce genre de chose sur tous les blogs! Aaargh!)
Ha ben si je devais compter le nombre de fois où je me dis « tiens ça m’intéresse mais je n’aurai pas le temps », je crois que je serais arrivé à 1 256 895 784 562 687 548 965 784 125 874… 😀
Pareil! 😀