Projet Dernière Chance, de Andy Weir
Quatrième de couverture :
Ryland Grace est le seul survivant d’une expédition spatiale de la dernière chance. S’il échoue, c’est le sort de l’humanité et la Terre tout entière qui sera en péril.
Mais pour l’instant, il ignore tout de cela. Il ne se souvient même pas de son propre nom, et encore moins des objectifs de sa mission. Il sait seulement qu’il est resté en sommeil très, très longtemps. Et il vient de se réveiller pour découvrir qu’il se trouve à des millions de kilomètres de chez lui, avec deux cadavres pour toute compagnie.
Ryland se rend compte peu à peu qu’il doit faire face à une tâche impossible. Filant à travers l’espace, il lui faut trouver la clé d’un mystère scientifique insondable… et combattre un fléau qui laisse présager l’extinction de notre espèce.
Alors que chaque minute compte et que des années-lumière le séparent de l’être humain le plus proche, il est seul pour relever cet incroyable défi…
Mais l’est-il vraiment ?
« Un livre qui aurait ravi Robert A. Heinlein et Isaac Asimov. » George R.R. Martin
« Le meilleur roman d’Andy Weir à ce jour… et le seul de tout ce que j’ai lu récemment que je suis certain de pouvoir recommander à tout lecteur en sachant qu’ils vont se régaler. » Brandon Sanderson
Seul sur Mars dans l’espace
Vous avez lu « Seul sur Mars » ? Alors vous savez comment fonctionne « Projet Dernière Chance ». Parce que c’est un peu « on prend les mêmes et on recommence ». Le(s) personnage(s) change(nt) bien sûr, mais pour le reste c’est presque du copié-collé : un astronaute, seul, qui doit se débrouiller avec lui-même et sa science pour se sortir d’une situation a priori totalement inextricable. Une nouveauté : le personnage principal, Ryland Grace, est amnésique. Un moyen bien pratique (et bien artificiel narrativement parlant même si c’est justifié dans le récit…) permettant à Andy Weir de garder le suspense et de dévoiler le pourquoi du comment au fil de son récit, grâce à des flashs qui reviennent à la mémoire, souvent très opportunément, de notre astronaute. Et comme dans « Seul sur Mars », le protagoniste coincé dans son vaisseau, seul au milieu de nulle part, garde une certaine forme d’optimisme avec un humour pince-sans-rire, peut-être le moyen de tenir le coup.
Donc oui, on peut presque dire que sur ce coup-là, Andy Weir frôle la fainéantise… D’autant que, avec sa manière très particulière de mettre l’accent sur la moindre de ses actes, en décrivant tout ce qu’il fait ou presque, la sensation de déjà vu s’accompagne d’un certain ennui devant un récit qui, même s’il sait se dévoiler progressivement pour entretenir le mystère, avance bien doucement.
Et Andy Weir a beau, heureusement, pimenter un peu son texte avec un vrai changement de direction vers le premier tiers (dont je ne dirai rien, si la quatrième de couverture ne fournit que très peu d’indices sur l’intrigue c’est qu’il y a une bonne raison à cela), les choses avancent tellement doucement (et en même temps, ça semble assez réaliste) que j’ai eu un peu de mal à aller jusqu’à la première moitié.
Et puis les choses prennent enfin forme (peut-être de manière pas tout à fait réaliste pour le coup…), et Weir emballe enfin son récit qui devient alors un vrai page-turner. Dans ma volonté de respecter le mystère du roman, je vais rester très évasif, mais les actions qui se mettent alors en place autour du personnage de Ryland Grace deviennent intéressantes, prenantes, avec des enjeux colossaux tout autant qu’intimes. Il y a une forme de beauté dans ce que met en scène Andy Weir, avec même quelques moments poignants, en plus d’être, à nouveau comme dans « Seul sur Mars », un vrai plaidoyer pour la science et la méthode scientifique, un élément toujours bon à prendre en ces temps de défiance et de complotisme anti-science.
On pourra également saluer, au fur et à mesure que les choses se dévoilent, une volonté de l’auteur de ne pas (trop) américano-centrer son texte, avec une collaboration réellement internationale chapeautée par une femme néerlandaise qui fait passer sa mission, aux enjeux monumentaux, avant tout le reste, y compris les aspects les plus contestables.
L’auteur offre ainsi aux lecteurs une grande et belle aventure spatiale, qui se permet même d’offrir un brin de sense of wonder (malheureusement trop souvent atténué par l’humour léger de Ryland Grace qui désamorce trop rapidement le potentiel merveilleux de ce qu’il a sous les yeux. Andy Weir n’est pas encore un poète de la physique et de l’espace comme pouvait l’être un Arthur C. Clarke…).
Une fois passé le ventre mou du deuxième quart du texte, il est bien difficile de le lâcher. Weir sait mener un roman, sait captiver son lecteur. Il ne lui reste plus qu’à varier un peu sa technique narrative parce que malgré le côté palpitant de ce roman, je ne peux m’empêcher de penser qu’il est vraiment passé à l’orange. Un de plus et c’est le carton rouge. En attendant son prochain récit, profitez donc de ce « Projet Dernière Chance », il a (presque) tout pour vous envouter.
Lire aussi les avis de Gromovar, Feyd Rautha, Le Chien Critique, Lianne, Yogo.
« Un de plus et c’est le carton rouge » : ou alors un de plus et c’est le début d’un Seul-dans-l’espace Universe ? ^^
Et sur trois romans édités, il en a déjà déjà deux adaptés ou sur le point de l’être au cinéma. Donc potentiellement un cinematic-universe ! 😀
Enfin un avis qui n’est pas dithyrambique… je suis entièrement d’accord avec la première partie de ta chronique sauf que pour moi cela n’a jamais pris. Ca ressemble en effet trop à Seul sur Mars et Andy Weir se répète également à l’intérieur de ce roman, la même logique, le même schéma. Pas très original mais probablement très vendeur pour Netflix ou autres…
Absolument pas original en effet. Le copié-collé est flagrant.
Et même si les évènements changent par rapport à « Seul sur Mars » (encore heureux, alors que les héros des deux romans me semblent parfaitement interchangeables…), ils n’ont rien non plus d’original en SF. Mais bon, si on doit chercher l’originalité à tout prix, ça va devenir compliqué.
Donc pas très original non, mais très cinématographique en effet, et l’assurance pour l’auteur d’avoir un revenu conséquent sans avoir besoin de changer sa recette, c’est sans doute tout bénef’ pour lui.
Mais pour moi ça a fini par fonctionner malgré tout, c’est sans doute le principal, même si ça ne s’est pas fait sans mal. Je crois quand même que je ne pourrais pas lui pardonner un nouveau roman basé sur ce principe. Et je comprends donc tout à fait ton ressenti moins « permissif » que le mien (et je te linke du coup, j’avais oublié… 😉 ).
Je le lirai s’il croise ma route, en gardant tes réserves à l’esprit.
Visiblement, de nombreux lecteurs ont été moins sensibles à ce qui s’apparente pour moi à des « faiblesses », alors tout est possible pour toi. 😉
Un pitch (l’astronaute amnésique) qui en évoque bien d’autres. Pas sur que le compliment de Georges R R Martin soit incitatif
Le mot de Martin c’est pour attirer les férus de science, en s’appuyant sur les grands noms (mais anciens…) du genre. Ca ne fonctionne pas sur toi ? 😀
[…] avis : Apophis, Chien Critique, FeyGirl, Lohrkan, Le […]