La survie de Molly Southbourne, de Tade Thompson
Quatrième de couverture :
Qui est Molly ? Une jeune femme frappée de la pire des malédictions, morte dans l’incendie de son domicile… Et pourtant là. Semblable mais différente. Qui est cette Molly ? Certains veulent la voir disparaître. D’autres brûlent de la capturer, de percer à jour les secrets de sa nature étrange.
L’objet d’enjeux qui la dépassent, voilà ce qu’est Molly. Condamnée à fuir, à tenter de survivre. Avant de peut-être, enfin, apprendre à vivre…
Une série qui ne Molly pas…
La fin de la novella qui a ouvert ce qu’il faut maintenant considéré comme une série (un troisième tome est d’ailleurs prévu par Tade Thompson) était pour le moins marquante. Et là, pour aller plus loin, je suis quand même bien obligé d’en parler.
** Attention donc, je vais spoiler la fin de « Les meurtres de Molly Southbourne » à partir d’ici, soyez donc prévenus ! **
Et donc, Molly n’est plus, vive Molly ! Ou du moins une molly, qui va tenter de prendre la relève de Molly et devenir Molly. Là, pour comprendre cette phrase, il est évident qu’il faut avoir lu « Les meurtres de Molly Southbourne » mais si vous avez passé l’avertissement au-dessus, on va considérer que c’est le cas.
Et donc, cette deuxième novella, en changeant le personnage de Molly pour la faire devenir une nouvelle Molly avec les mêmes règles que précédemment, prenait le risque de la redite. Tade Thompson a eu l’intelligence d’éviter cet écueil en changeant les règles du jeu avec sa nouvelle M(m)olly qui n’a pas les mêmes caractéristiques que la précédente, même si pour d’évidentes raison de discrétion et de vie quotidienne, elle va tenter de marcher dans les pas de sa prédécesseuse. Ainsi, on retrouve une nouvelle Molly qui connaît l’histoire de l’ancienne Molly, qui connaît les règles qu’on lui a inculquées, mais qui a décidé de ne pas les suivre. Et donc, là ou la Molly « Prime » s’astreignait à un mode de vie très « cadré », une nécessité de par sa nature, la nouvelle Molly fait plutôt dans la rébellion : pas de suivi des règles, une vie plus ou moins dissolue, nombreux actes de contestation d’une quelconque autorité, etc…
Et si elle agit ainsi c’est aussi parce qu’elle n’est pas atteinte par la « malédiction » qui affligeait la Molly Prime : son sang ne crée pas de nouvelles mollys. En revanche, des apparition de mollys, il y en a, mais cela se passe dans sa tête. On a donc une molly contrainte de vivre dans les pas d’une autre, à travers une histoire qu’elle connaît mais qu’elle n’a pas vécu, et il en découle une sorte de paranoïa schizophrénique qui perpétue ces apparitions de mollys qui sont au coeur de cette série, mais sur un tout autre plan.
Ainsi donc, « La survie de Molly Southbourne » est à la fois très similaire aux « Meurtres de Molly Southbourne » dans le fond (un personnage qui se cherche, tente de trouver sa voie en fonction de ce qu’elle est et de ce qu’elle doit affronter) mais aussi très différent sur la forme (les réactions des deux Molly presque radicalement opposées).
Du côté de l’écriture, Tade Thompson reste dans la même veine : c’est rythmé, assez sec, tendu. Et toujours un peu sanglant (voire bien gore dans une scène très… salissante vers la fin !).
En parallèle, l’auteur développe un peu le contexte science-fictif de sa série avec notamment quelques nouvelles rencontres qui promettent beaucoup, mais pourtant, un peu comme dans le premier volume, je dois avouer que même si cela un ajoute un élément de mystère qui permet d’accrocher à une intrigue avec certains enjeux du type manipulations biologiques-armes secrètes militaires, ce n’est pas l’aspect le plus réussi du texte. J’imagine que les réponses définitives viendront avec le troisième tome. Wait and see.
En attendant, ne boudons pas notre plaisir avec cette « Survie de Molly Southbourne » qui rebat joliment les cartes distribuées dans « Les meurtres de Molly Southbourne » et dresse à nouveau un beau portrait d’une jeune femme complexe et perturbée (et comment ne pas l’être vu sa situation ?) forcée d’avancer dans une vie dont elle n’a pas vécu l’origine. A lire, à dévorer même, en espérant que le troisième tome ne tarde pas trop.
Lire aussi les avis de Yogo, Gromovar, Vert, Feyd-Rautha, Anne-Laure, Ombre-Bones, Xapur, TmbM, Anouchka, Célindanaé…
Je reprendrai volontiers la conclusion de cette chronique.
J’avais essayé de faire une chronique « teaser » sans dévoiler l’histoire :
https://mediotopia.com/bibliophile/la-survie-de-molly-southbourne-tade-thompson/
Pas facile de ne pas dévoiler l’histoire, du moins pour le tome précédent… D’habitude j’essaie de la faire, mais là c’était trop compliqué ! 😀
Ce tome 3 est en effet long à venir. J’espère que ce sera à la hauteur de nos attentes.
Ah oui ! Ce serait dommage de rater le dernier…
« (tirée de l’édition intégrale en deux volumes chez Folio SF) » : enfin, « intégrale » ; mais je ne savais pas qu’ils avaient fait ça, c’est assez marrant de publier un format poche en poche ; c’est déjà sorti ?
Ah zut, les ravages du copié-collé… 😀
Je corrige ! 😉
Intéressant. Ta chronique me fait penser au Poids du cœur, le deuxième roman de Rosa Montero sur Bruna Husky. Elle aussi, elle a un peu des doubles. Et elle a « une histoire qu’elle connaît mais qu’elle n’a pas vécu », avec les souvenirs qui lui ont été implantés… 🙂 Bon, je dis ça, mais les deux romans n’ont rien à voir, de ce que je comprends sur ceux de Tade Thompson.
Alors effectivement ça n’a pas grand chose à voir, mais ton parallèle est intéressant puisqu’il y a des thématiques communes entre cette novella de Tade Thompson et le roman de Rosa Montero que j’avais beaucoup aimé (mais pour lequel ma mémoire me fait un peu défaut, je l’avoue…) : https://www.lorhkan.com/2016/05/26/le-poids-du-coeur-de-rosa-montero/ 😉
T’inquiètes, j’ai bien lu ta chronique sur le Poids du cœur (en long, en large et en travers, comme celle de Tigger Lilly; ça m’aide à être plus à l’aise quand je lis en espagnol, vu que je ne comprends pas l’intégralité de ce que je lis ^^). Mon billet sort demain et tu es en lien dedans. J’ai adoré. C’est parce que je l’ai lu tout récemment que j’ai fait le rapprochement entre ce roman et ce que tu dis ici à propos de Molly.
Ah je comprends mieux ! 😉
Un bon souvenir de lecture que ce « Poids du coeur », ça me fait penser qu’il faudrait que je lise la troisième aventure de Bruna Husky un jour.
Je ne sais pas si mon article t’a aidée, je suis parfois assez évasif sur l’intrigue des livres dont je parle mais merci pour le lien ! 😉
J’attends toujours le tome 3 moi aussi !
(et merci pour le lien)
Nous sommes légion ! 😀
(et de rien 😉 )
Ouiiiiiiiii vivement le tome 3 !
Nous sommes d’accord ! 😀
[…] du Chroniqueur – Les Notes d’Anouchka – Le RêvéLecteur Tisserêve – Lorhkan – […]