Santiago, de Mike Resnick
Quatrième de couverture :
Sa mère était une comète, son père un vent cosmique… Ainsi parle la légende qui entoure cet insaisissable et mystérieux criminel. Sa tête a été mise à prix pour une somme qui fait rêver tous les aventuriers de la galaxie, mais personne ne l’a jamais vu.
Son nom : Santiago. Un monstre ? Un mythe ? Ou un simple mortel fait de chair et de sang ? C’est ce que Sébastien Cain, révolutionnaire déçu devenu chasseur de primes, entreprend de découvrir en compagnie de Vertu MacKenzie, journaliste sans scrupule. Lancés sur la piste de ce dangereux hors-la-loi, ils vont sillonner les planètes situées aux confins de la sphère d’expansion de l’humanité, cette fameuse Frontière peuplée de personnages pittoresques sinon toujours recommandables… pour découvrir une stupéfiante vérité.
Un western intergalactique plein de bruit et de fureur, une incursion dans la légende de nos siècles futurs, par l’auteur du magnifique Kirinyaga.
See you space cowboy
Prêt pour un « space trip » galactique ? C’est ce que propose Mike Resnick avec « Santiago », un roman bien éloigné de ses « textes africains » les plus connus mais qui ne manque pas de qualités pour autant. Le récit nous narre la recherche de ce fameux Santiago, personnage à la fois connu comme étant le hors-la-loi le plus recherché de la galaxie et mystérieux car insaisissable et dont il n’existe aucun portrait… Au détour d’une rencontre dans une taverne d’une planète de la Frontière Interne (proche du coeur de la galaxie, en opposition à la Frontière Externe), Sebastien Rossignol Cain, chasseur de prime renommé, tombe par hasard sur ce qui pourrait s’avérer être une piste et se laisse convaincre de partir à la recherche du criminel. De fil en aiguille, il croisera dans sa quête de nombreux personnages hauts en couleur, s’alliera à certains, se fera trahir par d’autres, aura de la concurrence, alors que la piste se resserrera. Mais de quoi donc accouchera le « mythe » Santiago ?
Le roman nous offre donc une sorte de virée à travers la galaxie, à mesure que Sebastien Cain (mais pas seulement, le texte s’intéressant aussi à d’autres personnages, eux aussi en quête du même Santiago, pour différentes raisons) accumule les indices le rapprochant de l’objet de sa recherche. Rythmé par les vers écrits par un certain Orphée Noir, poète ayant rédigé une vaste oeuvre sur les grandes figures de la Frontière Interne, chaque chapitre s’intéresse plus particulièrement à un personnage, qu’il soit à la recherche de Santiago ou bien qu’il ne soit qu’une étape dans la recherche effectuée par un autre personnage.
Sous des airs de roman policier qui ne dévoile ses indices aux protagonistes que parcimonieusement, le récit finit par se rapprocher du western grâce à son ambiance bien particulière et cette notion de « Frontière » typique d’un Far West devenu galactique et dans laquelle se réfugient les hors-la-loi, là où la Démocratie (la civilisation en somme, avec ses règles, son gouvernement, et son désir d’étendre son « espace vital » au risque de faire quelques victimes collatérales) n’a pas encore pu étendre son influence. Une zone colonisée mais qui reste à la fois une zone dangereuse et une zone où tout est possible. L’American Dream version spatiale, le Far West à l’échelle de la galaxie.
Et s’il n’y a certes pas de duels au pistolaser dans des rues balayées par un vent sableux, mais les tavernes et les personnages très typés et même parfois over the top abondent, et cette galerie de personnages (nombreux !) est un énorme atout pour le roman. Comment en effet rester de marbre devant HommeMontagne Bates, qui porte si bien son nom ? Ou bien devant le tragique cyborg Schussler ? L’appétit féroce du Père Williams ? La froideur de l’Ange ? Bref, on se délecte de ses rencontres surprenantes, parfois amusantes, parfois émouvantes, parfois tragiques, dans une accumulation où tout est lié.
Le récit est mené de main de maître, toujours très rythmé, très dynamique, avec des dialogues remarquables de répartie, et jamais Mike Resnick ne laisse les longueurs s’installer, malgré les plus de 500 pages bien tassées du roman.
Et finalement, l’auteur finit dans la dernière partie par donner une tournure un peu plus politique à son texte, dans une manière que l’on peut à la fois voir comme très humaniste (la défense des opprimés) ou bien très américaine (l’ingérance d’un gouvernement central trop puissant), mais qui, quelle qu’en soit la lecture qu’on en fait, donne un attrait supplémentaire au texte, à défaut d’être très originale (ni très surprenante quant au pourquoi du comment final).
En définitive, même si on ne mettra pas ce « Santiago » au même niveau que d’autres textes plus ambitieux de Resnick, on ne pourra que saluer à nouveau le talent d’un auteur qui savait toucher à bien des genres avec succès. « Santiago » le montre bien, et mérite largement aujourd’hui encore d’être lu. Et une chose est sûre : je n’en ai pas fini avec Mike Resnick, oh que non !
Lire aussi les avis de Baroona, Li-An.
Critique écrite dans le cadre du challenge « Summer Star Wars – The Mandalorian » de Lhisbei.
Hum, j’ai bien oublié le bouquin alors je me contenterai de mon avis de l’époque – sympa mais pas génial. (et merci pour le lien).
Dans l’absolu ce n’est en effet pas « génial », mais c’est très sympa. Parfait pour l’été. 😀
Je suis triste de n’avoir pas pu faire à l’époque un billet digne de ce nom – enfin, un chouïa plus maîtrisé quoi – pour ce livre, parce qu’il le mérite carrément. C’est vraiment un pur plaisir à lire, aussi bien que ce qu’on peut imaginer en pensant « western galactique ». ^^
Tout à fait, c’est un vrai plaisir de lecture. Le roman mériterait vraiment une réédition, parce que j’ai l’impression qu’il est plus ou moins indisponible en neuf…
Ahah merci d’avoir mentionné un « pistolaser » dans ta chronique: je dois traduire « blaster » dans un roman et je me ronge les ongles à choisir entre 1/ garder blaster en anglais, 2/ parler de « pistolet laser » ou de « pistolaser » et 3/ mentionner une fois « pistolet laser » ou « blaster » puis dire simplement « elle brandit son arme et fit feu ».
Bon en tout cas le roman a l’air chouette, je l’avais raté chez Baroona donc merci pour la découverte!
Ah, les joies de la traduction, et les écueils rencontrés sur des termes en apparence simples, en tout cas pour un certain public… Encore faut-il qu’ils soient compréhensibles aussi pour tous les autres… En tout cas, perso je ne tranche pas à ta place, mais j’aime bien le terme « pistolaser » même s’il a côté désuet (c’est peut-être ce qui fait son charme d’ailleurs). Tout dépend du type d’oeuvre que tu traduis… Bref, bon courage ! 😀
De rien pour la découverte ! 😉
« Pistolaser » irait pas mal car c’est une ambiance western… Mais après en avoir discuté avec des amis, je pense que je vais laisser « blaster » et mettre un mot à l’éditrice pour qu’elle tranche. ^^
Et elle tranchera pour pistolaser. 😀
Suspense!!
Insoutenable ! 😀
C’est le seul roman de l’auteur que j’ai lu et j’ai beaucoup aimé ce space-western ! Même si c’est loin et que je n’ai pas beaucoup de souvenirs…
Le reste de son oeuvre est tout sauf négligeable ! 😉
Une bonne lecture estivale donc ? ^^
Absolument ! 🙂
Super roman, effectivement, j’y pense très souvent 😉 J’ai encore plus aimé Le Faiseur de Veuves, et plus plus plus Le Faiseur de Veuves 2 😉
Hé bien je note les deux « Faiseur de veuves » alors, forcément (il y en a même trois d’ailleurs !).
Reste à les trouver maintenant, parce qu’ils n’ont pas été réédités depuis trèèèèèès longtemps…
Ah oui, mais le 3e, j’en ai vraiment entendu du mal, du coup, je ne l’ai pas lu 😉
Pour trouver les bouquins neufs ou d’occasion, même ceux qui ne sont plus édités depuis longtemps, un petit lien qui peut bien aider :
https://www.chasse-aux-livres.fr/search?query=le+faiseur+de+veuves&catalog=fr
Ah super, je ne connaissais pas ce site de comparaison de prix d’occasion, c’est très pratique, merci ! 😉
Ça fait les prix du neuf aussi (mais donc + ou – 5% du prix éditeur, pour rester dans le cadre de la loi Lang de 81) 😉
Parfait ! 🙂