Star Trek The Next Generation, saison 7

Posted on 24 mai 2021

Et voilà, toutes les bonnes choses ont une fin (une expression qui ne doit ici rien au hasard) : voici que, après une longue interruption, j’arrive au bout de mon visionnage complet de la série « Star Trek The Next Generation ». Ce fut long (7 saisons, 178 épisodes), globalement très bon, parfois mauvais, parfois absolument excellent, et comme pour toutes les séries au long cours, le fait d’arriver au bout donne le sentiment de quitter des personnages, ici un équipage, que l’on avait l’impression de connaître, presque comme des amis (quitter ? Pas tout à fait, puisque quelques films continuent avec ce même équipage, j’en parlerai ultérieurement). Un petit pincement au coeur oui, mais surtout le sentiment du devoir accompli, qui fut avant tout un grand plaisir, malgré quelques faux pas.

 

 

Je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, la série, après deux premières saisons poussives, avait trouvé un rythme, une identité bien à elle mais dans la droite lignée de la vision de Gene Roddenberry (créateur de la saga, décédé en août 1991 pendant la production de la cinquième saison de la série), qui l’on conduite à des niveaux remarquables, la saison 6 étant l’une des plus notables. Cette saison 7, le chant du cygne, réussit-elle à être la cerise sur le gâteau, pour partir au sommet de sa gloire et en toute beauté ? Hé bien… Pas vraiment. Cette septième saison donne malheureusement un peu trop souvent l’impression que tout avait été dit et exploré auparavant, que la créativité de la production n’était plus vraiment au rendez-vous, que le tour de la question avait été fait. Ça tourne toujours, mais un peu à vide, sans passion, ni pour les scénarios, ni pour les acteurs, ni pour les spectateurs. Non pas que ce soit la saison de trop, mais à l’évidence il fallait s’arrêter là, alors que la saga prenait déjà un tournant important avec la deuxième saison de « Deep Space Nine » diffusée en parallèle et l’arrivée de « Voyager » moins d’un an après la fin de « The Next Generation ». Star Trek vivait toujours, on était même au sommet de la vague, mais « The Next Generation » avait donné tout ce qu’elle pouvait, et le moindre de ses succès n’était pas d’avoir remis la franchise sur le devant de la scène, et avec brio.

 

 

Alors c’est vrai que ça ronronne pas mal dans cette dernière saison. Pourtant, la série continue de tenter des choses, en continuant de faire évoluer ses personnages, mais rien ou presque ne fonctionne vraiment totalement. Il y a heureusement des exceptions, comme le passé de Riker avec son ancien capitaine (« The Pegasus », l’un des sommets de cette saison), la relation PicardCrusher qui prend une tournure à la fois différente et clarifiée (notamment dans le très bon « Attached »), une révélation étonnante concernant Deanna Troi (dans le pas terrible « Dark page »), un approfondissement des liens familiaux de Geordi La Forge (pas passionnant « Interface »), une étonnante et ma fois plutôt intéressante relation TroiWorf qui en reste malheureusement à l’état de projet plus ou moins oublié (dans « Parallels » ou bien « All good things… »), un retour sur la parentalité de Worf (« Firstborn ») ou bien sa relation avec son frère d’adoption (« Homeward », nouvelle exploration des limites de la Prime Directive qui interdit à la Fédération d’intervenir dans les sociétés qui n’ont pas encore atteint l’espace) et la classique exploration de l’humanité de Data (« Descent, part 2 », « Phantasms », « Inheritance ») avec plus ou moins de succès (pour le personnage comme pour le spectateur). Picard lui-même n’est pas en reste avec la possibilité de le voir endosser le rôle de père dans un pas tout à fait convaincant « Bloodlines ». Des trucs intéressants donc, mais aussi de nombreux passages ou épisodes complets que l’on regarde un peu trop en mode automatique en faisant autre chose en même temps…

 

 

Puisqu’il s’agit de la dernière saison, il faut aussi faire revenir quelques personnages récurrents, pour un dernier passage, voire un adieu. Là encore, c’est plus ou moins réussi. Parfois il ne s’agit que d’un nouveau passage pour se rappeler au bon souvenir des spectateurs (Reginald Barclay, Alexander Rozhenko), parfois il s’agit de clore un chapitre de la vie du personnage (Wesley Crusher dans le sympathique « Journey’s end » ou Ro Laren, personnage que j’aime tout particulièrement, dans le superbe « Preemptive strike », un épisode dont le regard final de Picard dit tout, un moment qui restera gravé dans ma mémoire pour longtemps. Et quel dommage que le personnage de Ro Laren ne réapparaisse pas plus tard dans la saga, elle avait toute sa place dans « Deep Space Nine » mais l’actrice Michelle Forbes  a refusé…).

Et puis il y a des ratages quasi complet, comme cet épisode reprenant le thème de la maison hantée avec la grand-mère de Beverly Crusher (« Sub Rosa »), le complètement barré et plus fantastique que SF « Masks » qui voit une multitude de personnalité habité « l’esprit » de Data qui aurait pu être excellent mais qui tombe totalement à plat, ou bien « Genesis » qui voit l’équipage « dé-évolué » vers des formes de vie primitives. Non, désolé mais ça ne fonctionne pas. Certains autres proposent des idées intéressantes (comme dans « Force of nature » où une utilisation trop fréquence de la vitesse warp « endommage » l’espace et met en danger certaines civilisations, une évocation à peine masquée du réchauffement climatique mais dont la fin de l’épisode, pourtant importante, n’aura aucune conséquence par la suite…) sans convaincre pleinement.

 

 

Mais ne restons pas sur de mauvais souvenirs et tachons de ne garder que le meilleur. Comme « The Pegasus » que je cite plus haut, de même que le superbe « Preemptive strike » également cité. Le double épisode « Gambit » est également plutôt réussi, en mettant Picard et Riker dans une undercover operation, sans qu’ils soient alliés aux yeux des autres personnages. « Parallels » est relativement classique dans son exploration d’univers parallèles mais le fait extrêmement bien, en « glissant » de l’un verts l’autre de manière transparente. Très réussi.

Et puis il y a deux épisodes particuliers et particulièrement réussis. L’un, « Lower decks », parce qu’il met en scène non pas l’équipage habituel mais des enseignes, jeunes recrues de Starfleet pleines d’avenir. Chacun d’entre eux cherche à se faire une place au sein de l’équipage, alors que période d’évaluation bat son plein. En parallèle, la situation avec les Cardassiens reste délicate et une des enseignes va, à la demande de Picard, prendre d’énormes risques. C’est aussi ça l’engagement auprès de Starfleet : des risques qui aboutissent pour certains à une belle carrière et qui pour d’autres se transforment en fin tragique… Un épisode touchant, notamment à la fin, terrible car rare dans Star Trek, notamment au vu de la situation (âge, rang…) du personnage impliqué. Superbe. Et la preuve que c’est seulement en s’éloignant des personnages que l’on connait trop bien que la série parvient encore à se renouveler.

 

 

Et bien évidemment, le dernier épisode, « All good things… » (d’où ma phrase introductive). Doublant la durée habituelle d’un épisode, il apporte une superbe conclusion à la série en donnant quelques vues d’un hypothétique futur (qui n’adviendra pas) et des devenirs de chacun des personnages avant de revenir astucieusement (et à l’issue d’une haletante course-poursuite temporellement parallèle ou parallèlement temporelle faisant revenir au premier plan des personnages incontournables comme Q ou Tasha Yar…) et avec beaucoup de bienveillance à un statu-quo qui permettra à l’équipage de continuer sa vie sur grand écran. Magnifique conclusion.

 

 

Alors voilà, toutes les bonnes choses ont une fin. C’est le cas de « The Next Generation ». Tout ne fut pas parfait, mais que le voyage fut beau avec cette série qui a bien sûr vieilli sur le plan des décors et de la réalisation mais qui, avec son coeur de SF pure et d’humanisme, mérite toujours d’être vue aujourd’hui. Allons maintenant voir les nouveaux horizons cinématographiques qui se déploient devant l’équipage de l’Enterprise-D, avant d’enchaîner sur la récente série « Picard », qui développe le personnage iconique d’un capitaine qui restera comme l’un des personnages les plus marquants de la saga. Engage !

 

 

  
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