Le temps fut, de Ian McDonald
Quatrième de couverture :
Bouquiniste indépendant, Emmett Leigh déniche un jour un petit recueil de poèmes lors de la liquidation de la librairie d’un confrère. Un recueil, Le Temps fut, qui s’avère vite d’une qualité littéraire au mieux médiocre… En revanche, ce qui intéresse Emmett au plus haut point, c’est la lettre manuscrite qu’il découvre glissée entre les pages de l’ouvrage. Pour le bouquiniste, tout ce qui peut donner un cachet unique et personnel à un livre est bon à prendre. Il se trouve ici en présence d’une lettre d’amour qu’un certain Tom adresse à son amant, Ben, en plein cœur de la Seconde Guerre mondiale. Remuant ciel et terre – et vieux papiers – afin d’identifier les deux soldats, Emmett finit par les retrouver sur diverses photos, prises à différentes époques. Or, la date présumée des photos et l’âge des protagonistes qui y figurent ne correspondent pas… Du tout.
Le temps fut, il sera de nouveau
« Le temps fut » fait l’effet d’une histoire douce et plaisante, qui déroule son récit tranquillement, sans volonté d’impressionner le lecteur avec des effets spectaculaires ou un style particulièrement notable. Cette phrase, qui pourrait être considérée comme un élément plutôt négatif, reflet d’un récit sans grande saveur, doit pourtant être prise comme ce qu’elle décrit réellement : une douceur.
Douceur d’une belle histoire d’amour au beau milieu de la Seconde Guerre Mondiale et qui va se voir bouleversée par de troublants effets temporels. Des effets qui vont également troubler un bouquiniste de notre temps qui met la main du un recueil de poèmes intitulé « Le temps fut » dans lequel il trouve une lettre d’amour manuscrite adressée à Ben et signée d’un certain Tom. Curieux, notre sympathique bouquiniste tente de mener l’enquête, une enquête qui va le mener bien plus loin que ce qu’il imaginait en découvrant différentes photos de Tom et Ben à différentes époques sans que l’âge des deux hommes ne reflète les années passées…
A partir de là, Ian McDonald s’amuse à dérouler son récit dans un cadre réaliste, en mêlant croyances locales, vieilles légendes, théorie du complot et sciences dures. Ainsi, le principe d’incertitude d’Heisenberg et la physique quantique côtoient l’incident de Rendlesham, le mystère de Shingle Street ou bien le sort du 5ème bataillon de Norfolk durant la Première Guerre Mondiale, en ancrant le tout dans des lieux très réels (que le lecteur s’amusera à mettre en image grâce à Google). Une sorte de gloubiboulga qui aurait pu paraître indigeste mais que Ian McDonald utilise avec talent pour en faire un récit à la fois doux, mystérieux et fascinant.
Alors c’est vrai, « Le temps fut » n’est pas un récit temporel qui va vous retourner le cerveau. Il ne joue pas avec toutes sortes de paradoxes propres à faire travailler vos neurones, non plus qu’il ne fait dans le spectaculaire, le côté réellement temporel du récit se jouant plutôt hors cadre, l’essentiel du texte se situant avant tout sur l’enquête que mène le bouquiniste d’une part, et sur les premiers instants amoureux de Ben et Tom. Deux récits parallèles que leur issue respective sur le plan personnel va finir par opposer, avant de les réunir à nouveau d’une certaine manière.
Par ailleurs, toujours dans ce qui semble être une volonté d’éviter le spectaculaire, le récit laisse en suspens un élément dont le lecteur (et le personnage concerné) connait à l’avance et avec certitude l’avènement prochain. Un élément que le lecteur un minimum attentif aura deviné depuis bien longtemps, une autre preuve que Ian McDonald n’a à aucun moment écrit « Le temps fut » pour surprendre son lectorat mais plutôt pour écrire une simple et belle histoire d’amour à travers temps (impeccablement traduite par Gilles Goullet), sans esbrouffe, une histoire que le lecteur va découvrir en même temps qu’Emmett tente d’en démêler l’écheveau. De ce point de vue, sans qu’il puisse être qualifié de chef d’oeuvre, le texte, tout à fait taillé pour être adapté sur grand écran, atteint largement son objectif.
Lire aussi les avis de Gromovar, Lune, Yogo, Feyd Rautha, Baroona, Anne-Laure, Nicolas, Dionysos, Boudicca, Soleilvert, BadTachyon, Tachan, Xapur, Célindanaé, Lianne, Yossarian, Acr0, Vert, Yuyine, Lullaby, Artemus Dada, Elhyandra…
Critique écrite dans le cadre du challenge « #ProjetOmbre » de OmbreBones.
Je suis globalement d’accord avec tout ce que tu en dis. Malheureusement, alors que je m’attendais à grandement l’apprécier pour tout ça, sa simplicité en tête, je ne me suis jamais attaché aux personnages. =( Mais ça reste tout à fait correct, c’est certain.
Parfois, l’appréciation d’une oeuvre se joue à peu de choses, et même si est conscient de ses qualités intrinsèques, ça ne marche pas toujours. Dommage (surtout pour toi du coup…).
J’ai beaucoup aimé cette simplicité : c’est frais et joliment écrit.
Difficile de comparer les titres UHL tellement les novellas sont différentes mais celle-ci fait partie de mes préférées.
Simple et beau, c’est ça.
C’est vrai qu’il y a de tout dans cette collection, et le plus souvent de grande (ou très grande) qualité. Je n’y mettrai peut-être pas ce texte dans ma top-list, mais j’ai quand même passé un très bon moment.
Ca aussi c’est sur ma liste longue comme le bras de choses à lire !
Ah toi aussi tu as le bras long ? 😆
Bien aimé ce récit aussi. Comme tu dis rien de spectaculaire mais une histoire touchante (et plein d’amour pour les vieux livres *-*)
Alors on est raccord. 😉
Simple et très beau, une lecture qui m’a conquise ^^
C’est le sentiment qui ressort oui. Même impression, même appréciation que toi. 😉
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