Un Voyageur en Terre du Milieu, mon cahier de croquis de Cul-de-Sac en Mordor, de John Howe
Quatrième de couverture :
Elle a été cartographiée, schématisée, les voyages de Bilbo et Frodo, décortiqués, tracés à la règle. Pourtant, la Terre du Milieu demeure un espace sauvage. Pour chacune des routes où J. R. R. Tolkien nous a emportés, il existe mille chemins encore inexplorés.
Un voyageur en Terre du Milieu, c’est une excursion à travers le monde de Tolkien qui permet non seulement de visiter les lieux au centre de ses histoires, mais d’explorer ceux qui s’étendent par-delà la colline ou au-delà de notre horizon. Nous découvrons des batailles d’un autre âge, devenu quasi légendaire à l’époque du « Seigneur des Anneaux », des royaumes perdus et des mythes anciens, et tous ces endroits qui ne sont jamais qu’entrevus : de lointains domaines du Nord et des terres au-delà des mers.
Des dessins d’allure spontanée côtoient les réflexions de l’artiste au contact des livres de Tolkien : ici, le dessinateur pose un temps ses crayons afin de peindre en mots les êtres et les paysages qui l’ont inspiré. Il revient également sur son expérience des plateaux de tournage aux côtés de Peter Jackson, réalisateur de la trilogie du « Seigneur des Anneaux » et de celle du « Hobbit ». Réunissant l’œuvre conceptuelle produite pour le cinéma, l’art tolkienien qui l’a fait connaître, et des dizaines de nouvelles peintures et esquisses exclusives à cet ouvrage, « Un voyageur en Terre du Milieu » raconte le périple singulier d’un artiste à travers le paysage merveilleux de l’œuvre-monde de Tolkien.
Attention les yeux !
John Howe et J.R.R. Tolkien, c’est une longue histoire d’amour. L’illustrateur canadien, maintenant domicilié en Suisse, est en effet, à travers ses nombreuses oeuvres, l’un de ceux qui ont le mieux mis en valeur la Terre du Milieu depuis de nombreuses années. Il a évidemment franchi un cap sur le plan de la notoriété en occupant le poste (partagé avec un autre grand, Alan Lee) de directeur artistique des deux trilogies (« Le Seigneur des Anneaux » et « Le Hobbit ») de Peter Jackson. On retrouve donc beaucoup de ce qui a été vu à l’écran dans ce livre qu’on peut qualifier d’artbook. Mais un artbook un peu particulier puisque s’il propose bien sûr quelques illustrations colorées (évidemment superbes), il présente avant tout des crayonnés, des croquis, comme l’indique son sous-titre.
Mais alors, quels crayonnés ! Bon, j’avoue, je suis un grand amateur de ce genre de croquis, une approche entre un tracé pris sur le vif et le dessin plus « complet », plus fini. Donc, quand un livre me propose du John Howe, de la Terre du Milieu et du crayonné, je suis déjà à moitié conquis avant même d’avoir soulevé la couverture…
Et j’ai envie de dire que le reste n’est qu’une formalité. Découpé selon différentes thématiques (une introduction, un prologue, 13 chapitres et une postface plein d’anecdotes sur le tournage des films), « Un Voyageur en Terre du Milieu » fait étalage de tout le talent de John Howe. Balayant une grande partie de l’histoire de la Terre du Milieu (certains éléments du fabuleux « Silmarillion » (et je pèse mes mots : je ne cesserai jamais de répéter que le grand chef d’oeuvre de J.R.R. Tolkien, c’est bel et bien « Le Silmarillion », grâce en soit donc rendue à son défunt fils Christopher de l’avoir fait éditer après la mort de l’auteur), et donc des Premier et Deuxième Âge, sont abordés), tout en faisant, et c’est bien normal, la part belle aux deux romans phares de Tolkien puisque le développement artistique s’est surtout concentré sur cette période avec les deux trilogies cinématographiques, le livre donne l’impression au lecteur de se balader aux côtés de John Howe, s’arrêtant ici ou là au gré des envies de l’illustrateur, et offrant au lecteur la possibilité de regarder par-dessus l’épaule de Howe pendant qu’il crayonne tranquillement ici un personnage, là un paysage, ou bien encore différents objets.
Et c’est donc un plaisir de tous les instants. L’impression de revenir dans un univers que l’on connaît, que l’on aime, dont les créatures et les personnages n’ont plus de secrets, tout comme les lieux sûrs et les autres moins recommandables. John Howe s’attarde sur tout cela, à sa manière, à la fois fugace et précise. On lui reconnaitra des talents particuliers sur tout ce qui est architecture, intérieure comme extérieure, vaste ou plus intime. Son sens du détail, même en crayonné, fait véritablement merveille. Le Comté ou les réalisations des nains (Khazad-Dûm dans la Moria bien sûr, mais aussi la splendide façade de Belegost) en sont des exemples frappants. Mais le reste est aussi un pur ravissement. La structure de ses illustrations, son jeu avec l’éclairage (bon sang, le Gouffre de Helm, renversant !!)… Splendide !
Au-delà de ses illustrations à tomber, le livre propose aussi des textes qui sont tout sauf accessoires et qui « illustrent » (haha) ce qui est représenté visuellement. Présentés de manière synthétique, ils donnent quelques explications sur ce qui est proposé au lecteur, même s’il vaut mieux déjà connaître les récits de Tolkien pour vraiment comprendre de quoi il retourne. Par ailleurs ces textes, offrant aussi quelques détails sur les inspirations ou influences de John Howe, reprennent les éléments apportés par la toute dernière traduction en date signée Daniel Lauzon (c’est d’ailleurs lui qui officie à la traduction des textes de Howe ici). Une bonne chose puisque c’est cette traduction qui fait dorénavant foi, même si certains termes feront toujours tiquer ceux qui ont grandi avec la traduction de Francis Ledoux.
Est-il besoin d’en dire plus ? A tout amateur des illustrations de John Howe ou des récits de J.R.R. Tolkien, à tout fan des films de Peter Jackson, ce livre est un indispensable (à propos duquel on n’aura que deux regrets : un format que l’on aurait souhaité un peu plus grand, et une reliure qui gêne un peu la visualisation des illustrations s’étalant en double page, à tel point qu’on aurait bien aimé une reliure suisse, suivez mon regard… 😀 ). Quant aux autres, un simple coup d’oeil devrait les convaincre que John Howe est un artiste au talent inouï.
Lire aussi les avis de Célindanaé, Aelinel, Fantasy à la carte, Plumes de Lune.
Personnellement j’ai découvert Tolkien à la fin des années 70, à une époque où il n’y avait pas toute l’imagerie associée et je dois dire que ni Howe ni les films n’ont jamais été à la hauteur de mes sensations de lecteur. Je trouve le boulot de Howe hyper planplan (et je quitte le mode Troll mais être Troll sur du Tolkien, c’est plutôt bien, non ?)
De mon côté, la découverte de Tolkien date du début des années 90, à une époque où les illustrations de ses textes commençaient à se développer. L’arrivée d’internet au milieu des années 90 m’a permis ensuite de m’abreuver des oeuvres des « trois grands » illustrateurs de Tolkien à mes yeux : Alan Lee, John Howe et Ted Nasmith, ainsi que de quelques autres.
Donc tout cela à toujours plus ou moins été imbriqué, et est devenu à peu près indissociable depuis. Ce n’est pas un hasard si Peter Jackson a fait appel à eux pour la direction artistique des films (Ted Nasmith a décliné, pour raisons personnelles) : leur travail et l’imaginaire associé étaient déjà là.
Quant à l’appréciation du travail de John Howe, on sait que l’art c’est toujours un peu subjectif… 😉
Et on peut être troll sur Tolkien, c’est presque de la mise en abyme. 😀
Dur de trouver John Howe « plan-plan », mais chacun ses goûts en matière de dessin et d’illustration. Je ne me permettrais pas un commentaire désobligeant envers un dessinateur dont je respecte le travail, même en mode troll.
C’est vrai que je pourrais m’abstenir – c’est même une de mes résolutions de l’année. Mais c’est aussi une façon de rappeler aux gens qu’un imaginaire n’est pas figé et à mon avis il y a bien d’autres interprétations de Tolkien que je trouve plus excitantes.
Non mais chacun ses goûts, par bateau ou par avion ^^, mais je trouve vraiment dur de dire de ce travail flamboyant, que j’adore, qu’il est plan-plan. A mes yeux il n’y a pas grand chose de plus dynamique.
Ah d’accord. Évidemment, de ce point de vue. Mais c’est très bien, si vous prenez votre pied avec son travail c’est ce qui compte. Le ressenti dans l’Art est très subjectif et l’important c’est de prendre du plaisir. Moi, c’est pas mon kiff 🙂
Je vais sortir une phrase-bateau : les goûts et les couleurs… 😀
Mais bon, comme Li-An est lui-même illustrateur (à moins qu’il ne se définisse autrement ? Dessinateur ?…), on peut lui accorder un regard critique qui ne manque pas de légitimité.
Mais comme il n’est jamais content… 😀
Canon, en effet!! Ahlàlà, quelle nostalgie, juste en voyant les illustrations. Je regrette réellement l’époque où je respirais Seigneur des Anneaux à temps plein.
J’ai bien envie de me replonger dans les films du coup… Pourquoi pas pendant les vacances ? Ha oui, nan attends, j’ai un film chinois méga-long à regarder d’abord… 😀
J’ai des étouaaaaaales plein les yeux!!
😀
Raah ça donne très envie ça. Et j’ai justement mon anniversaire le mois prochain…..
J’ai profité du mien pour m’acheter les trois cahiers de croquis reprenant la direction artistique des films de Peter Jackson : celui de John Howe présenté ici, et les deux de Alan Lee (qui auront aussi leur article plus tard) sur « Le seigneur des anneaux » d’abord et sur « Le Hobbit » ensuite (ce dernier est sorti récemment). Et crois-moi, je ne le regrette pas. 😉
Ce n’est pas vrai ! Je suis quelque fois content ! Par exemple… euh… Attends, je cherche et je reviens.
😆