Rockyrama – Voyage Galactique, une traversée imaginaire dans l’univers de Dune
Quatrième de couverture :
Rockyrama vous embarque pour un voyage vers la planète Arrakis, à la découverte d’un monument de la SF. Retour sur l’oeuvre-monde de l’immense Frank Herbert. ainsi s’ouvre la porte des étoiles, un chemin vers l’infini et les contrées obscures de mondes inconnus. Ainsi commence… le Voyage Galactique.
Une introduction à l’univers littéraire et cinématographique de Dune
Sur 64 pages, il parait difficile de balayer tout le spectre d’une saga comme « Dune », surtout si on s’attaque au versant littéraire comme cinématographique. Et ce n’est pas ce que tente ce numéro spécial de la revue Rockyrama. Il s’agit plutôt ici d’aborder l’oeuvre en douceur, sans plonger dans des détails scientifiques comme dans la parution du Bélial’, et sans tenter d’être exhaustif (si tant est qu’il est possible de l’être…) comme peut le faire le mook paru récemment. Une approche qui fait oeuvre de synthèse, vraisemblablement plutôt à destination des non-connaisseurs qui trouveront ici un ouvrage leur permettant d’avoir une première approche d’un univers qui a infusé dans bien des domaines, en insistant notamment sur les adaptations cinématographiques, tout en lui apportant quelques éléments d’analyse.
A ce titre, le sommaire est assez exemplaire. On commence avec un court article biographique sur Frank Herbert (on constatera qu’il n’insiste pas sur les mêmes détails que le même article dans le mook : rien sur les liens père-fils ici, rien non plus sur la carrière politique de l’auteur). Puis on aborde l’héritage de « Dune », au cinéma bien sûr (avec un focus sur l’adaptation manquée de Jodorowsky, adaptation qui a malgré tout largement essaimé), mais aussi télévision, jeux vidéo, et d’autres licences moins évidentes comme « Warhammer 40K » (à titre personnel je dirais pourquoi pas pour les navigateurs, à la limite pour les mondes agricoles, en revanche le reste…).
Place ensuite à l’artiste britannique dont les oeuvres illustrent l’ensemble de ce numéro (à quelques exceptions près), Alex Jay Brady, pour un entretien assez classique (parcours, influences, références, rapport à « Dune », etc…) mais intéressant. J’en profite pour saluer le talent de l’artiste, ses oeuvres sont très singulières, loin d’un aspect réaliste qu’on a trop souvent tendance à rechercher avant tout mais le résultat, parfois très « plastique-numérique » et parfois très « toiles », est toujours très évocateur et non dénué d’un certain « sense of wonder ». C’est parfois assez radical mais ça ne peut pas laisser indifférent.
On aborde ensuite le coté cinématographique de l’oeuvre de Frank Herbert, avec le « Jodorowsky’s Dune » dont la dream team (les fameux « guerriers spirituels » du réalisateur chilien) laisse rêveur autant que circonspect, un entretien avec Chris Foss, artiste faisant partie de l’aventure Jodorowsky (avec quelques illustrations présentées, seules exceptions à l’omniprésence d’Alex Jay Brady), et bien sûr un article sur l’adaptation réussie cette fois (quoique… 😀 ) de David Lynch, un article qui montre que le cinéaste semble avoir été un peu dépassé par l’ampleur du projet mais qui, bizarrement, passe sous silence le fait qu’il ait fini par carrément le renier. Etrange.
Enfin, deux articles d’analyse sur le texte de Frank Herbert, l’un revenant sur « l’esthétique du désert » (couleurs, sons, musiques, temps, le tout dans un article bien sourcé, puisant entre autres chez « Lawrence d’Arabie »), l’autre sur « la géopolitique de Dune », s’appuyant à nouveau sur « Lawrence d’Arabie » (et c’est un peu dommage de voir les deux articles sur l’aspect littéraire de l’oeuvre utiliser la même source, donnant l’illusion d’un texte un peu mono-référencé), pour un résultat pertinent même si les spécialistes n’apprendront rien (mais comme dit plus haut, ce n’est pas le but). On pourrait quand même regretter, vu le public visé, de ne pas trouver un vrai condensé clair et concis de l’intrigue pour donner envie, les éléments-clés de celle-ci se retrouvant dispatchés ici ou là, mais aussi que certains grands thèmes du roman ne soient qu’à peine effleurés (ou bien « par la bande »), tel le côté écologique ou bien la collusion politique-religion.
Au final, on a donc là, malgré quelques manques ici ou là, une belle introduction à l’oeuvre de Frank Herbert, touchant autant le texte que les adaptations, sans oublier l’apport que « Dune » a pu apporter à de nombreux domaines. Ce numéro spécial (plutôt un livre qu’un numéro spécial d’ailleurs, puisqu’il n’est dispo qu’en librairie), au maxi-format magazine, avec couverture cartonnée et papier épais, par ailleurs richement illustré (parfois en pleine page ou même en double pages) par les oeuvres d’Alex Jay Brady (et quelques autres de Chris Foss) si particulières et typées mais malgré tout marquantes, atteint son but : faire découvrir « Dune » à un public qui n’en a qu’une vague notion. Nul doute qu’après la lecture de cet ouvrage, sans en devenir un spécialiste, il en aura une vision plus éclairée.
Moi je dis qu’il vaut mieux qu’il lise le bouquin. Mais après avoir lu le bouquin, il en aura une vision précise, non ?
Evidemment. Mais pour ceux qui ont peur de se fader 600 pages et qui veulent quelques infos (y compris au sens large, sur l’influence du texte d’Herbert, ses adaptations, etc…) avant de s’engager, c’est une intro intéressante, même si tout n’y est pas.
J’ai lu un Rockyrama il y a quelque temps, mais je n’ai pas accroché. Je jetterai un coup d’œil à celui-ci s’il croise mon chemin, mon copain l’achetant parfois…
Je t’avoue que je ne connaissais la revue que de nom jusqu’ici…