Le guide Howard, de Patrice Louinet
Quatrième de couverture :
Écrit par Patrice Louinet, un des plus grands spécialistes au monde de Howard, ce guide regorgeant d’informations inédites explore les multiples facettes d’une oeuvre riche, tord le cou aux derniers préjugés, et nous donne mille et une raisons de le (re)lire encore et toujours.
L’arbre Conan ne doit pas cacher la forêt des oeuvres de Howard
Sur le même mode que « Le guide Lovecraft », « Le guide Howard » a donc pour mission de présenter l’oeuvre et la vie de Robert E. Howard à qui souhaiterait en savoir plus sur l’auteur texan, en allant bien au-delà du célèbre personnage de Conan qui a trop souvent tendance à éclipser le reste de l’oeuvre de son oeuvre. Pour ce faire, en plus d’une introduction qui donne le ton (Patrice Louinet, l’auteur de ce guide, est un des spécialistes mondiaux de Howard, réhabilitateur de l’auteur/objet du présent guide, et à ce titre ne mâche pas ses mots sur certains sujets « sensibles »), le guide est divisé en onze chapitres.
Pour faire dans le synthétique, Patrice Louinet a décidé de jouer avec des chiffres ronds. Ainsi, le premier chapitre bat en brèches dix idées reçues sur R.E. Howard, pour aborder l’auteur avec quelques a priori trop souvent ancrées dans la tête du public. Ensuite, place à vingt textes primordiaux « qu’il faut avoir lus ». C’est évidemment éminemment subjectif, mais cette liste a la bonne idée de piocher dans les différents recueils parus (chez Bragelonne) pour ne pas se limiter à des choses trop connues et/ou classiques (il y a du Conan bien sûr, mais pas seulement, loin s’en faut), en plus d’avoir le bon goût de ne pas spoiler le contenu des textes retenus (contrairement au « guide Lovecraft »…). Puis vient la classique biographie, succincte mais appréciable compte tenu du fait que la vie de Howard est nettement moins connue que celle de Lovecraft (de mon point de vue du moins). On repart ensuite sur les textes de Howard avec vingt autres textes importants puis quelques mots sur dix autres, approchés de manière quelque peu humoristique (y compris sur des textes ratés !).
Puis on s’intéresse enfin à Conan de manière plus approfondie. Car certes, si Conan est un peu l’arbre qui ne doit plus cacher la forêt des autres personnages imaginés par Howard (Kull, Solomon Kane, Bran Mak Morn, Cormac Fitzgeoffrey, Steve Costigan, et bien d’autres qui n’ont rien à envier à Conan en terme de qualité et d’intérêt), il reste malgré tout un personnage iconique, sans doute celui par lequel de nombreux lecteurs abordent pour la première fois l’oeuvre de Howard. Il est donc logique de lui accorder un chapitre, découpé en dix sujets précis. On retourne ensuite à Howard (oui, la structure du guide aurait peut-être mérité d’être moins faite d’allers-retours entre l’oeuvre et l’auteur…) avec sept (mais où sont donc les chiffres ronds ?) sujets particuliers qui n’entraient pas dans le chapitre biographique, trop général pour ces points précis. On attaque ensuite l’inévitable chapitre sur les adaptations de Howard, dans différents médias : cinéma bien sûr (l’occasion de préciser que jamais Howard n’a été correctement adapté, toujours ses personnages (Conan la plupart du temps…) ont été transformés…), mais aussi télévision, BD, jeux, jeux vidéo. Les derniers chapitres reviennent sur quelques thèmes plus généraux autour du Texan, avec différentes personnes orbitant autour de lui, et notamment le couple de Camp, qui a énormément altéré les récits de Conan (et faussé l’image de Howard lui-même dans une biographie largement (et volontairement…) dans l’erreur) dans un but purement mercantile, loin de tout respect artistique. Patrice Louinet n’y va pas de main morte, à juste titre. On trouve ensuite quelques paragraphes issus des échanges de courrier entre Howard et Lovecraft (trop sortis de leur contexte pour être vraiment pertinents), puis un dernier chapitre intitulé « Lire sur Howard » (en français, en anglais, fanzines, internet…).
En complément des volumineux et érudits recueil parus chez Bragelonne, ce « guide Howard » poursuit donc la « résurrection littéraire » de Robert E. Howard (pour reprendre l’expression de la quatrième de couverture). Ce n’est sans doute qu’un début, car si l’essentiel de ses textes est maintenant disponible en français dans une forme respectueuse du travail de Howard (l’essentiel mais pas la totalité…), il reste sans doute encore beaucoup à faire et à dire sur l’homme et son oeuvre. Largement de quoi faire une belle monographie, pourquoi pas. Voire une belle biographie, suivez mon regard… 😉 En attendant, ce guide rempli tout à fait son rôle d’introduction à Howard en offrant un point de vue large couvrant l’essentiel de sa vie et de son oeuvre. Mieux, il donne vraiment envie de se lancer (ou de reprendre, dans mon cas personnel) dans la découverte de l’oeuvre de R.E.H. Yapluka !
Lire aussi les avis de Nebal, Xapur, Nicolas Soffray, Kwamé Maherpa, Vincent Degrez, Monsieur Scientas’Hic, Apophis, Loïc Di Stefano.
Critique publiée dans le cadre du challenge « Summer Short Stories of SFFF, saison 5 » par Lutin82.
Un peu normal que Howard soit bien moins connu. Ses thématiques sont assez états-uniennes (l’homme fort qui s’élève grâce à ses qualités physiques notamment) contrairement à celles de Lovecraft plus universelles. D’ailleurs, si Howard a été trahi par le cinéma, il n’y a même pas de cinéma pour Lovecraft (mais du jeu vidéo pour le coup).
C’est sans doute en partie vrai, mais ce n’est pas valable pour tous ses personnages. Pour Conan oui (du moins en partie, puisque Conan étant un vrai nihiliste, il n’a aucun « plan de carrière » et devenir roi n’est pas un aboutissement en soi, sans parler de ce qu’il pense de la civilisation…), pour d’autres comme Bran Mak Morn ou Solomon Kane ça l’est moins. Mais Conan étant encore une fois l’arbre qui cache un peu tout le reste… 😉 Ceci dit, la plupart doivent utiliser la force de leur bras à un moment ou un autre… 😀
Il y a aussi sans doute un effet de genre : l’horreur lovecraftienne commence à obtenir ses lettres de noblesse (ça fait même débat parmi les afficionados de la Pléiade, c’est dire !), la fantasy (ou les récits historiques) parfois brutale de Howard, aussi bien écrite soit-elle, n’en est pas encore là.
Je ne pense pas que ce soit un effet de genre. Ce n’est pas le genre horrifique qui est mis à l’honneur mais les thématiques développées qui sont pour le coup complètement uniques dans la littérature et continue d’irriguer la littérature plus générale.
Oui sûrement. Le fait que la littérature de Lovecraft est unique est incontestable. En tout cas qu’il est l’initiateur de ce type de littérature et que ses (très) nombreux suiveurs n’ont pas son talent, malgré quelques belles réussites.
Chouette. Il faudrait que je le lise, celui-là aussi. Et il faudrait que je relise Howard parce que c’est trop génial. 🙂
Si je n’avais pas un planning de lecture surchargé, je me serais jeté sur un autre recueil de Howard. Mais il va falloir que je patiente un peu… 😉