Helstrid, de Christian Léourier
Quatrième de couverture :
Certains mondes ne sont pas faits pour l’humanité : Helstrid est de ceux-là. Des températures de -150 °C ; des vents de 200 km/h ; une atmosphère toxique. Pourtant, la Compagnie tient à exploiter ses énormes ressources en minerai, appâtant les volontaires à l’exil à grand renfort de gains conséquents. Des hommes et des femmes à l’image de Vic, qui supervise le travail de prospection et d’exploitation des machines. Un job comme un autre, finalement, et qui vaut toujours mieux que d’affronter son passé laissé sur Terre… Jusqu’à ce que le porion soit contraint d’accompagner un convoi chargé de ravitailler un avant-poste à plusieurs centaines de kilomètres de la base principale. Un trajet dangereux, mais les IA sont là pour veiller à la bonne marche des véhicules suréquipés et à la protection du seul humain embarqué. Dans pareilles conditions, tout ne peut que se passer au mieux…
« Christian Léourier est l’un des secrets les mieux gardés de la SF française. »
Pierre-Paul Durastanti – Bifrost
HELL-strid ?
La quatrième de couverture est très claire : Helstrid est une planète qui n’est pas faite pour l’homme. Des vents surpuissants, une température glaciale… C’est pourtant une planète qui offre un intérêt économique certain puisqu’elle recèle du minerai de grande valeur. Dès lors, y travailler est un dur labeur. Bien payé certes, mais tout de même. Quoique, si on met de côté les conditions climatiques, le travail n’est pas si compliqué que ça puisqu’il est effectué de manière quasi automatique par des machines pilotées par des intelligences artificielles très efficaces. Le grand inconvénient de ce job finalement, c’est que l’aller-retour Terre-Helstrid prend cinquante ans. Aller sur Helstrid, c’est donc perdre le contact avec ses proches de manière irrémédiable. Et c’est bien ce que Vic a cherché à faire, lui qui ne s’est pas remis d’une rupture amoureuse.
Et le voilà donc parti, avec un convoi de trois véhicules, ravitailler une base avancée chargée d’étudier l’intérêt économique d’une potentielle nouvelle mine. Aidé par Anne-Marie, l’IA du véhicule de tête, protectrice, avenante, un brin séductrice aussi, Vic ne risque pas grand chose. Mais une tempête se prépare. Et les tempêtes d’Helstrid sont terribles. Imprévisibles aussi, peut-être passera-t-elle au large du convoi. Ou peut-être pas… Et donc bien sûr, c’est la cata. La tempête d’abord, puis une accumulation de problèmes techniques et/ou météorologiques vont rendre le voyage beaucoup plus compliqué que prévu.
Christian Léourier a écrit ici un texte bien immersif, une sorte de huis-clos en mouvement, dans lequel Vic et Anne-Marie sont soumis à de nombreux aléas. À l’évidence, Vic n’a pas vraiment de valeur ajoutée, c’est clairement Anne-Marie qui détient les rênes du convoi. Du coup, un certain nombre de questions se posent à son sujet. Le doute reste présent tout au long du récit : les problèmes techniques sont-ils purement fortuits ? Ces IA nous veulent-elles vraiment du bien à l’humanité ? Ce voyage n’est-il pas tout simplement l’illustration du basculement de l’emprise de l’un sur l’autre ? Voire même, en poussant la réflexion encore plus loin, les phénomènes climatiques qui semblent s’acharner sur le convoi et qui n’avaient pas été observés jusqu’à maintenant n’ont-ils pas une explication planétaire d’ordre biologique ? Et qu’il n’y a pas deux forces en présence mais trois ?
L’auteur ne donne pas de solution unique à ce récit qui peut se lire sur plusieurs niveaux. Quoiqu’il en soit, peu importe les interprétations de chacun (et ces multiples possibilités sont sans doute une démonstration de la finesse d’écriture de Léourier), toutes sont sans doute valables. Et la novella est finalement un beau récit d’aventure dans un monde hostile, qui n’est pas sans rappeler un des plus beaux textes de Jack London, « Construire un feu », sur un homme qui tente lui aussi de rejoindre la civilisation alors qu’une tempête de neige fait rage.
Certes, Vic n’est pas le personnage le plus passionnant du monde, un peu trop passif pour rallier les suffrages (du moins jusqu’à ce qu’il se décide enfin à se prendre en main, ayant fait la paix avec lui-même et avec son passé), mais ses échanges avec la douce (vraiment ?) Anne-Marie sont intéressants, notamment quand ils confrontent leurs point de vue sur différents sujets, montrant une IA à la fois très logique (dans le sens « machine ») et aussi étonnamment humaine. D’une certaine manière en tout cas…
Oui, contrairement à beaucoup semble-t-il, j’ai aimé ce texte. Un texte qui propose son lot d’aventures, son lot de sentiments, son lot de difficultés, son lot d’introspection, son lot d’interprétations. Helstrid est rude, mais le voyage est beau, quelle qu’en soit sa fin.
Lire aussi les avis de Lune, Xapur, Yogo, Nicolas, Apophis, Feyd Rautha, Blackwolf, Aelinel, Célindanaé, Bad Tachyon.
Je n’avais pas conscience du fait que ce texte n’avait pas été trop apprécié. Pour ma part, j’ai beaucoup aimé car comme tu le soulignes, on ne sait pas trop sur quel pied danser et comment interpréter les événements. Et du coup, hop, toute le texte fait froid (haha) dans le dos quel que soit l’angle adopté. J’y repense encore régulièrement, et ce quelques mois après l’avoir lu.
Il me laisse à moi aussi un sentiment tenace, preuve de l’impact qu’il a eu sur moi. J’aime bien quand arrivé au bout d’une lecture, on continue à se poser des questions, on essaie d’interpréter ce qu’on a lu, etc… C’est aussi pour ça que j’aime les fins ouvertes. Et du coup, je trouve que cette novella réussit vraiment son coup.
Après, c’est vrai que les avis sont partagés. Mais nous on se comprend, c’est ça le plus important. 😉
J’avais bien aimé le voyage… même si avec le recul j’en n’ai pas beaucoup de souvenirs ! lol
Troll.
Moi c’est le contraire, j’en garde beaucoup de souvenirs. C’est sans doute ce qu’on appelle une histoire marquante. 😉
Je suis passée à côté hélas (et les analyses que j’ai lu me l’ont complètement confirmé). Pas grave, je trouverais bien d’autres choses à lire pour découvrir Léourier ^^
Ah dommage… Mais sinon oui, Christian Léourier a écrit plein d’autres choses extrêmement intéressantes, notamment le cycle de Lanmeur. 😉
Le voyage est prévu pour moi aussi, en espérant que ça fonctionne sur moi !
Je l’espère aussi, même si j’ai l’impression qu’il y a plus de déçus que de satisfaits…
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