Star Trek Discovery, saison 2
Le lancement d’une nouvelle série Star Trek, douze ans après la dernière saison de la série « Enterprise » fut un évènement majeur du monde de la SF à la télévision. « Star Trek Discovery » était donc un pari, à la fois « safe » et osé. Osé car relancer la franchise à la télévision après une telle coupure c’était un peu se lancer dans le vide sans savoir si le public allait suivre une saga qui par certains aspects pouvait avoir vieilli pour le public d’aujourd’hui, et « safe » car les récents films au cinéma, s’ils n’ont pas eu le succès attendu (compte-tenu de l’investissement qu’ils ont nécessité), ont tout de même montré que le succès n’était pas hors de portée.
Encore fallait-il ne pas se planter. Et ce n’était pas gagné en plaçant la série si proche chronologiquement de la série originale des années 60 (c’est à dire une dizaine d’années avant celle-ci). Problèmes de cohérence, de continuité, d’évolutions technologiques des effets spéciaux, la chose n’était pas simple à gérer. Il faut ajouter à tout ça la volonté de la production de se différencier sur le plan du design. Ainsi, le showrunner désigné pour lancer cette nouvelle série, Bryan Fuller, avait des idées bien arrêtées. Il a tenu absolument à relooker les Klingons (physiquement mais aussi architecturalement comme en témoignent leurs vaisseaux très différents de ce nous connaissions), au mépris de tout ce qui avait été fait dans les séries précédentes, y compris en termes de justification pour les différents changements de design. Concernant les vaisseaux de la Fédération, il tenait absolument à exclure les nacelles rondes, ce qui là encore va à l’encontre du design des vaisseaux de l’époque (même si au fond ce n’est pas très important). Mais après tout pourquoi pas ? Sauf que Bryan Fuller a quitté la production en octobre 2016, trop tard pour remanier ce qui avait déjà été programmé. Il fut remplacé par un duo, Gretchen J. Berg et Aaron Harberts, épaulés par Akiva Goldsman et Alex Kurtzman en tant que producteurs exécutifs (ce dernier ayant travaillé sur les récents films « Star Trek » de 2009 et « Star Trek Into Darkness » de 2013). Goldsman n’est pas revenu pour cette deuxième saison suite à un clash avec les scénaristes durant la production de la première, puis Berg et Harberts se sont faits virés en cours de production de la deuxième saison pour de gros dépassements de budget et des comportements inappropriés envers le staff des scénaristes. Résultat ? Alex Kurtzman s’est retrouvé seul à la barre, à la fois en tant que producteur mais aussi en tant que patron des scénaristes de la série.
** Attention, à partir d’ici, je spoile A MORT !! **
Difficile dans de telles conditions d’instaurer une réelle identité. Et c’est bien ce qui arrive à cette deuxième saison après la bonne surprise que fut la première malgré les difficultés signalées au-dessus dues à son positionnement chronologique très proche de la série originale. Car elle donne un peu l’impression de vouloir revenir sur certains choix des créateurs qui ne sont aujourd’hui plus de la partie. Ainsi les Klingons redeviennent plus proches de ceux que les séries précédentes avaient présentés, avec un détail capillaire justifié de manière sans doute un peu capillotractée justement… Le nouveau design de leur vaisseau est abandonné sous l’égide de leur nouvelle chancelière L’Rell pour revenir vers un design plus classique avec notamment l’instauration du croiseur D7 (remis au goût du jour comme il se doit, à la manière de l’Enterprise qui apparaît à la fin de la première saison) comme ossature de la flotte. Certains personnages semblent aussi revenir sur leurs choix qui pouvaient paraître étranges, je pense notamment à Ash Tyler et son souhait de partir avec L’Rell sur Qonos, et même dans le cas le plus extrême la production donne l’impression de revenir sur une erreur (la mort de Hugh Culber). Bref, tout ça sent un peu la remise sur le droit chemin, parfois un peu aux forceps.
Continuant sur le schéma feuilletonesque de la saison précédente (chose inhabituelle pour une série Star Trek mais devenu quasi obligatoire pour une série moderne), « Discovery » part malgré tout ici sur une nouvelle intrigue, avec l’insistance de la production sur le fait que tous les problèmes de continuité et les mystères non résolus le seraient à l’issue de cette saison (parmi les principaux : pourquoi le mode de déplacement surpuissant du vaisseau Discovery n’existe plus dans les séries se déroulant chronologiquement après celle-ci, et pourquoi Spock ne fait jamais mention de sa demi-soeur Michael Burnham là encore dans les séries consécutives). Et… c’est bien le cas. Est-ce réalisé de manière satisfaisante ? C’est moins sûr, mais l’essentiel est fait malgré tout, et sans doute ne faut-il pas y regarder de trop près sous peine de trouver de multiples failles à cette justification disons… douteuse.
Mais revenons au début de cette nouvelle saison. On nous annonce donc des mystères résolus, une continuité sauvegardée et justifiée, et cela passe bien sûr par des personnages communs à « Discovery » et la série originale (communément abrégée par l’acronyme « TOS » pour « The Original Series »). Et donc, badaboum, on ne peut pas y échapper : Spock. Qui prend son temps pour se montrer. Un peu trop sans doute, la série tirant vraiment sur la corde en lui faisant la chasse pendant de trop nombreux épisodes (il n’arrive que dans le septième, la saison en comportant 14…). La série ayant de plus une volonté de mettre énormément de choses dans ses épisodes, elle donne trop souvent l’impression de s’éparpiller en n’approfondissant pas ses thématiques et en allant souvent trop vite pour tout faire tenir dans les 45-50 minutes que dure un épisode (bon sang que les personnages parlent vite !). Mais heureusement, ici ou là, survit un fond typiquement trekien, malheureusement trop rare dans cette série : la découverte de mondes inconnus. Ainsi l’épisode 2 (« New Eden ») avec enfin une vraie « away team » pour découvrir une planète, ou bien l’épisode 6 (« The sound of thunder ») qui nous entraîne sur le monde natal de Saru (épisode qui par ailleurs est très clairement connecté au troisième Short Trek « The brightest star », tout comme l’est le Short Trek « Runaway » avec l’épisode 13 « Such sweet sorrow, part 1 »).
Ceci dit, si la « mécanique Star Trek » semble avoir vécu, ça ne fait pas de « Discovery » une mauvaise série, bien au contraire. Car elle capitalise tout de même sur son immense univers développé par les séries et les films, et se permet même de faire du fan-service efficace. Avec Spock bien sûr, même s’il n’est pas le principal concerné par ces appels du pied vers « TOS » (car le Spock de « Discovery » est encore bien différent de celui de « TOS », le basculement se faisant en fin de saison). Car c’est le capitaine Pike qui vole la vedette à tous les autres personnages. J’avais beaucoup aimé le capitaine Lorca de la première saison, très différent (et pour cause…) des autres capitaines bien connus (Kirk, Picard, Sisko, Janeway, Archer…). Mais là, clairement, Pike c’est autre chose. Christopher Pike c’est une présence et un charisme high-level ! Pike, c’est une autorité douce, un pote-capitaine mais pas trop quand même, juste ce qu’il faut pour qu’il suscite le respect, l’amitié, la confiance et l’admiration. Il était brièvement cité dans la première saison comme l’un des meilleurs capitaines de Starfleet, cette deuxième saison le prouve de manière éclatante. On connait bien sûr son destin dans « TOS », mais il n’avait en fait que très peu de présence à l’écran (uniquement dans le vrai-faux pilote (censé, lui, se dérouler avant « Discovery ») et dans le double épisode « The menagerie »). Cette fois, il est sur le devant de la scène et l’acteur Anson Mount lui donne corps de la plus belle des manières. Et côté fan-service, on est servi puisque les références à « TOS » sont bel et bien là, de manière parfois vibrantes (la déjà fameuse scène du « time crystal »… qui est en même temps une possible incohérence puisque le futur vu par Pike étant défini comme inéluctable, il est évident que le conflit en cours se finira de manière positive, à moins de considérer que son destin ne se joue avant la fin de la guerre. Question de point de vue). Une réussite évidente qui a même mené à une pétition demandant à la chaîne CBS (propriétaire de la franchise à la télé) de développer une série annexe axée sur Pike. Je ne serais pas contre du tout…
Le reste du casting, désormais bien installé (hormis Spock donc, tout récent ici), fait le job même s’il est toujours regrettable d’avoir si peu de « tranches de vie » de l’équipage, le personnel de navigation-communication étant trop peu mis en avant (à un exception près, le cyborg Airiam qui est un peu plus développé durant un épisode… avant de mourir à la fin de celui-ci, mais c’est un laps de temps trop court pour susciter l’émotion. Installer une vrai complicité entre le spectateur et les personnages annexes prend du temps, la mort d’Airiam est donc marquante bien sûr mais pas déchirante). C’est sans doute un point qui mériterait d’être développé, mais qui demande du temps (et l’aspect feuilletonesque de la série n’aide pas à prendre ce temps qui demanderait des épisodes centrés sur différents personnages, par exemple comment Detmer a accepté ses implants craniens et oculaires suite à la bataille du début de la première saison…) . Et « Discovery », malgré ses seulement 14 épisodes par saison (à comparer aux 24 épisodes saisonniers de « The next generation » et ses 7 saisons), serait pourtant bien avisée d’en accorder un peu. Et d’ailleurs, les Detmer–Owosekun–Rhys–Bryce (auxquels on peut ajouter les plus développés mais eux aussi systématiquement présents sur le pont ou presque Pike–Saru–Burnham–Tilly et Stamets côté ingénierie) sont sur le pont H24 ? Les équipes doivent pourtant tourner, ce que montrait très bien là encore la série « The next generation » avec des enseignes régulièrement différentes à la navigation par exemple. Signalons également l’arrivée cette saison de Jett Reno, une ingénieure qui a une manière de s’exprimer bien à elle (la réponse qu’elle donne à Saru dans le dernier épisode, j’adore !). J’aime beaucoup l’humour qu’elle apporte, entre cynisme et réponses cinglantes, apportant un contrepoint efficace à l’univers parfois un peu aseptisé de la série, de manière un peu moins pesante que celui de Tilly, trop omniprésent en début de saison. Et donc Spock bien sûr. C’était casse-gueule mais Ethan Peck s’en sort bien, aidé par un personnage qui n’est pas encore le Spock de « TOS » auquel il peut donc, de manière malgré tout très vulcaine, lui apporter sa touche personnelle. Son évolution est bien menée, et la fin de la saison, avec ses adieux à sa soeur, ouvre de belle façon sur sa curiosité naturelle envers ce qui est/sera son opposé. C’est un doigt pointé vers le James T. Kirk de « TOS » ou je ne m’y connais pas…
Côté réalisation, la série fait partie du top du genre. CBS a ouvert son portefeuille, et ça se voit (on parle de 8.5 millions de dollars par épisode en moyenne, soit un budget de 100 millions pour une saison, à comparer aux 90 millions de la saison 8 de « Game of thrones » qui ne comprend que 6 épisodes, on est donc clairement dans une des séries les plus chères de l’histoire). Tout est léché, visuellement impressionnant, le summum étant atteint avec le tout dernier épisode, épique comme jamais Star Trek ne l’a été. Un pur bonheur visuel.
Scénaristiquement, comme je l’ai dit plus haut, la série veut trop en faire, du moins en première moitié de saison avec en plus cette malheureuse manie de ne pas prendre en compte les conséquences (ou de ne pas s’y intéresser) des évènements « annexes » d’un épisode à l’autre (dans l’épisode 5, le Discovery voit sa coque rongée dans le monde multicolore des champignons du spore drive puis dans l’épisode suivant le vaisseau se porte comme un charme, ou bien dans l’épisode 6 les actes de l’équipage bouleversent totalement une société planétaire (monde natal de Saru qui plus est, pas n’importe lequel donc…) sans plus d’informations sur les conséquences que cela si ce n’est une légère référence dans le tout dernier épisode…). Mais une fois que les différentes intrigues se regroupent ou que certaines sont closes, le scénario se resserre pour offrir une deuxième moitié de saison haletante. On pourrait toujours trouver quelques incohérences de ci de là mais le fait est qu’on se laisse facilement emporté dans le flot des évènements jusqu’à un final grandiose, jouant ouvertement (et efficacement là encore) du fan service pour nous sortir du grand spectacle. Tout est regroupé pour un grand feu d’artifice à faire frissonner les fans de la franchise. Et même si le dernier épisode ne parvient pas lui non plus à éviter quelques incohérences (le but de faire partir Burnham en emmenant le Discovery dans le futur (très bel effet visuel d’ailleurs, cette manière d’altérer l’espace au voisinage d’un trou de ver était très réussi) était de mettre la sphère hors de portée de Control, mais Control est « mort » avant le départ du vaisseau. Peut-être on aurait pu se calmer un peu et réfléchir à l’intérêt d’un tel acte si l’ennemi n’est plus (ok, il reste le « problème » de la sphère…) ? D’ailleurs, une IA comme Control se trouve intégrée dans un seul et même personnage ? On aurait pu penser qu’une IA de ce type est plutôt du genre « distribuée »… Quant aux sept signaux qui ont lancés la saison, les sept qui sont arrivés en même temps dans l’épisode 1, on n’en parle plus ?), ni à faire le lien de manière totalement satisfaisante avec « TOS » (cette façon de poser un voile sous peine de trahison tout ce qui concerne la « time suit » ou le Discovery est un peu forcée, même si on peut sans doute féliciter la production de ne pas avoir cédé à une altération de la ligne temporelle à la manière déjà faite dans l’excellent épisode « Yesterday’s Enterprise » de « The next generation », ce qui aurait purement et simplement effacé ce qui a été fait depuis deux ans… Quant au fait que Spock ne parlera jamais de sa demie-soeur, n’oublions pas qu’il a fait de même avec son demi-frère Sybok, et il ne peut de toutes façons, de fait, plus se permettre de dire qu’elle a disparu avec le Discovery, donc motus…) force est de constater que la continuité est bel et bien celle que l’on connait, la fin de l’ultime épisode donnant clairement les clés à Pike et à l’Enterprise pour aller là où personne n’est jamais allé… du moins au 23ème siècle !
Car pour ce qui est du Discovery, on peut dire qu’il aura donc fallu deux ans à la production pour s’apercevoir que s’intégrer juste avant une série qui a lancé la franchise, c’est quelque chose de complexe, pesant et délicat à gérer. Du coup, on envoie tout ce petit monde au 32ème siècle (tiens tiens, ça ne vous rappelle un certain Short Trek ?), et on a les mains libres pour faire à peu près ce qu’on veut. La troisième saison de « Discovery » sera donc celle qui se passera chronologiquement la plus loin dans le futur. C’est plutôt excitant, le vaisseau Discovery sera donc un nouveau Voyager, non plus géographiquement mais temporellement (sans désir de retourner d’où il vient cette fois, sauf peut-être pour Georgiou qui est partie avec le vaisseau mais qui aura droit à sa propre série sur la Section 31. Mais à quelle époque ?). Et plus que tout, il ne pourra qu’y être question de découverte et d’exploration dans une époque totalement inconnue. Un renouveau complet de la série mais totalement adapté à la philosophie Star Trek, avec des possibilités à peu près illimitées. Et le vaisseau Discovery n’aura du même coup jamais aussi bien porté son nom… Bref, rendez-vous est pris pour une troisième saison qui sera forcément pleine de surprises. D’ici là, si tout va bien, la nouvelle série centrée sur Jean-Luc Picard aura déjà commencé…
/!\ /!\ /!\ /!\ /!\ Je spoile en commentaire /!\ /!\ /!\ /!\ /!\
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Ton article tombe à pic, on a pu voir le final hier soir ! 😀
Et quel final ! Comme tu dis probablement l’un des plus épique de star Trek !
Concernant la saison complète, je partage totalement ton ressenti.
C’est parfois brouillon, ça part dans tous les sens et certaines conséquences sont totalement ignorés (le coup de Kaminar me fait un peu halluciner, dans le genre non mais la directive première c’est seulement quand ça nous arrange et puis démerdez-vous) mais malgré tout j’ai beaucoup aimé et c’était vraiment très sympa à suivre.
Je crois qu’on est tous d’accord pour Pike, cet homme incarne la fédération à lui tout seul, et dans le genre, la détermination et le sacrifice de Cornwell étaient je trouve réussi aussi.
Spoke, j’avais très très peur qu’ils nous ressorte Sylar que je trouve très mauvais dans le rôle. Son demi-sourire perpétuel de méchant de seconde zone m’agace au plus haut point ^^ du coup j’ai été très agréablement surpris par le nouvel acteur, mais perturbé par son visage glabre à la toute fin XD
Au final c’est vrai que si on creuse on pourrait dire qu’ils se raccrochent aux branches comme ils peuvent pour les soucis de continuité, mais peu importe ça fonctionne suffisamment pour moi et j’ai hâte de voir cette saion 3 libérés de ces contrainte de temporalité 🙂
Oui hein, ça envoie du lourd ce dernier épisode ! 🙂
Oui le coup de Kaminar où on on fait exploser la société (pour le bien des Kelpiens, mais pas pour celui des Ba’uls, ça semble « moral » vu ce qu’il se passe, mais c’est vite oublié que c’était l’inverse quelques siècles auparavant, donc c’est potentiellement une planète qui peut vite devenir un gros panier de crabes, mais non, on zappe…) est assez étonnant. On sait bien depuis longtemps que la Directive Première n’existe que pour être outrepassée, c’est même tout l’intérêt de la chose, mais le fait de ne pas s’intéresser aux conséquences potentielles, c’est l’opposé de l’idéal prôné par Starfleet…
Pike a marqué la saison de son empreinte, c’est sûr. Une seule saison et pourtant une telle présence. Je serais surpris que CBS ne capitalise pas sur ce personnage. D’ailleurs Anson Mount n’a pas fermé la porte… 😉 Cornwell était aussi un personnage intéressant. Dommage que son côté « personnel » n’ait pas été développé depuis la première saison (et sa liaison avec Lorca), mais c’est tout le problème de la série, le traitement des personnages secondaires est trop léger, ils n’ont pas assez de temps pour s’exprimer… Quant à son sacrifice, j’avoue que ce truc de la torpille non explosée dont on se débarrasse avec un sas manipulable que d’un côté est un moyen « facile » pour inclure un sacrifice dans un épisode qui réclame de l’héroïsme…
Agréablement surpris par Spock aussi, et là pour le coup, le fait de ne pas avoir le Spock bien connu de tous était bien vu de la part de la production. Ça permet de le voir différemment. Et comme toi, ça m’a fait tout bizarre de le voir sans barbe avec la coupe au bol. 😀
La production s’est intégrée comme elle a pu à la continuité (et à cause des changements de staff réguliers, j’ai l’impression que ça a été pensé un peu au dernier moment, en tout cas pas prévu comme ça au départ, ce qui explique ce « rattrapage aux branches »), mais l’essentiel est là : on va pouvoir aller en saison 3 là où personne n’est jamais allé, et ça c’est cool ! 😉
Concernant la Directive Première, je dirais plutôt que, si on prend en compte l’ensemble des séries et films ST, elle existe pour montrer le dilemme moral du Capitaine qui sait que humainement parlant, la meilleure chose à faire serait de l’outrepasser, mais qui sait aussi que légalement et éthiquement parlant, il ne doit / peut pas.
Oui c’est ça, la Directive Première est intéressante d’un point de vue narratif dès qu’on « joue » un peu avec elle, qu’on hésite sur un vrai dilemme moral mettant en « péril » l’engagement du capitaine auprès des règles de Starfleet. TNG l’a fait plusieurs fois, tout comme d’autres séries Star Trek.
Ici, sur ce qui a été fait avec Kaminar, la réflexion a été plutôt courte sur le sujet, et la série ne s’est jamais intéressée aux suites d’un bouleversement sociétal enclenché par l’intervention du Discovery, c’est quand même dommage…
Super critique, très riche, merci beaucoup ! De mon côté, cette deuxième saison ne m’a pas bousculé plus que cela. Pire, elle a parfois usé de ma patience.
Déjà je ne suis pas fan du côté « feuilletonesque » de cette nouvelle mouture. Et en te lisant, il m’est apparu pourquoi : si on met de côté les luttes internes au niveau de la réalisation/production, c’est je crois parce qu’il y a trop peu d’épisodes et ils cherchent à en mettre trop dans chaque, beaucoup trop. Au-delà même des petites incohérences d’un épisode à l’autre, on se retrouve avec des situations interpersonnelles en mode « je t’aime, moi non plus » sans plus de développements que cela. L’exemple d’Ash qui passe littéralement du coq à l’âne (et même s’il y a évidemment une explication) est assez éloquent pour moi. En tant que spectateur moi ça me fait (au mieux) bizarre mais lui a l’air d’être relativement serein de ce drastique changement de situation. Et les autres personnages, c’est à peu près pareil : « ah tiens, t’es de retour en fait ? Et sinon ça smoothe ? Tiens tu t’es taillé un peu la barbe ? Sympa ! » Bon, on va le regarder de travers pendant une petite demi-heure quand même, histoire de marquer le coup, mais voilà.
Et pareil, à force de vouloir trop en mettre partout, on se retrouve avec des trucs étranges et peu cohérents du type « et si on avait cette discussion de 5 minutes vachement importantes, et vachement émouvantes, alors que le capitaine vient de dire que la grosse bataille allait arriver dans… « là, tout de suite » ? »
Des exemples comme cela, on en a à la pelle et j’ai senti qu’il fallait que je fasse une pause avec cette saison quand j’ai commencé à mettre les nouveaux épisodes pour m’endormir…
Je pense que ces deux premières saisons se résument à ce que tu indiques, à savoir « qu’il aura donc fallu deux ans à la production pour s’apercevoir que s’intégrer juste avant une série qui a lancé la franchise, c’est quelque chose de complexe, pesant et délicat à gérer » ; tu aurais pu rajouter même qu’il aurait été bienvenue qu’ils réfléchissent clairement à chaque élement pour faire le raccord et pas juste aux (très) grandes lignes
histoire d’éviter les grosses ficelles pour faire du lien.
Ceci étant dit, il y a quand même des trucs vraiment sympas. Et, à nouveau à ta lecture, je me rends compte que ce qui m’a plu surtout c’est tous les éléments de fan service ; notamment l’épisode sur la planète de Suru m’a un peu réconcilié avec Discovery. Mais à part ce genre de choses… Je m’étais dit que j’irai pas jusqu’au bout mais ton enthousiasme me pousse quand même à (au moins) aller jeter un oeil sur les quatre derniers épisodes. À voir si la troisième saison me réanime un peu…
Merci ! 😉
Ah mais en fait tu n’as pas regardé cette saison entièrement ? J’ai spoilé la fin alors… C’est dommage parce que ce qu’elle implique pour la saison aurait mérité d’être découvert par toi-même…
Le côté feuilletonesque est inévitable maintenant. Ou presque, des séries comme « Philip K. Dick’s Electric Dreams » ou bien la nouvelle itération de « The Twilight Zone » sont restées, de par leur nature-même, sur des épisodes indépendants. Et c’est vrai que 14 épisodes pour gérer une histoire disons plutôt dense, ça laisse peu de place aux personnages. Pour Ash, ça ne me dérange pas trop, la fait qu’il possède la mémoire de Voq fait qu’il est forcément « instable » d’une certaine manière. Ce que lui propose Starfleet en fin de saison est du même coup plutôt surprenant… Le retour de Hugh Culber d’entre les morts n’a pas l’air de faire trop de vagues en revanche. Allô ? IL ETAIT MORT QUOI !!
Mais oui, le rythme est parfois un peu… spécial ! Ça va souvent trop vite et parfois ça discute alors bon, il y a des choses plus urgentes à traiter. Mais c’est le lot de plein de séries, les tunnels explicatifs/justificatifs sont parfois difficiles à placer.
Mais il y a plein d’autres choses qui, pour moi, ont pris le pas sur les défauts, notamment la deuxième moitié de la saison qui met enfin de côté la trop longue recherche de Spock et la pseudo-justification de pourquoi il vaudrait mieux arrêter l’utilisation du spore drive (et tout le WTF du « monde des champignons »…). L’intrigue se resserre, ça se fluidifie et tout court à un final dantesque. Ce qu’il est d’ailleurs !
Alors oui, tu peux tenter le coup pour les derniers épisodes, ça mène à une saison 3 vraiment très différentes des deux premières. 😉
Ghhh, tellement de choses à dire!!
Je n’ai pas tellement ressenti l’évolution de Ash et le retour de Hugh comme des retours sur les choix de la saison 1. Par contre, cette résurrection n’a pas été tellement exploitée, c’était quand même ÉNORME comme truc et c’est passé comme une lettre à la poste… J’ai plus ressenti une déconnexion totale entre l’intrigue principale de la première saison et celle de la deuxième. Mais je crois avoir lu quelque part (page Wiki? tes propres remarques sur Facebook?) que la série avait été envisagée, au début, comme une série anthologie, avec des saisons totalement indépendantes les unes des autres, ce qui expliquerait mon ressenti.
Bien sûr, j’ai moi aussi adoré Pike, le grand atout de cette saison. Il est TOUT ce dont on peut rêver. Michael a été un peu trop torturée par ses problématiques familiales, Georgiou n’a pas été exploitée à son maximum, Saru est resté en retrait, Tilly me semble avoir progressivement disparu dans le fond… Mais Pike a été très bien mené. Pour la petite histoire, j’ai (re)regardé The Menagerie, dans lequel Pike est certes un perso positif mais a aussi un côté « gros bras » et « tombeur » qu’on ne nous a pas resorti dans Discovery.
L’ingénieure cynique a aussi été très bien gérée.
Concernant Airam, je suis totalement passée à côté, j’avais trop peu vu son personnage pour m’y attacher.
Concernant le « final grandiose »: OUI, tellement OUI, je me suis retrouvée à Minas Tirith là!!!
Hmm, concernant Control, je n’ai pas trop compris pourquoi ils poursuivent leur plan d’envoyer le Discovery dans le futur alors que Control est à bord, ce serait un peu chaud de se retrouver dans l’avenir avec lui/elle, non? Ils misent fort sur Georgiou pour se débarrasser de lui/elle…?
Dans l’avant-dernier épisode, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup trop de pathos, avec toutes ces belles déclarations d’amour et d’honneur alors que les personnages ont à peine une heure de temps devant eux…
Bon, je critique, mais j’ai adoré cette série que je trouve géniale. Elle réunit des tas de choses que j’aime et correspond au souvenir que j’ai de la série des années soixante, contrairement aux films actuels que je trouve bêtement hollywoodiens, sans aucun intérêt une fois la séance de cinéma terminée. Et j’adore ce monde très égalitaire: il y a des femmes, des homosexuels et homosexuelLEs, des noirs et des noires, des asiatiques, des extraterrestres à tous les postes et ça va tellement de soi que tout le monde s’en fout!!! Quand un homosexuel parle de son domaine de compétence, on l’écoute; quand une femme gradée donne un ordre, on obéit; etc. etc. C’est l’avenir dont je rêve, quoi.
Moi, ce qui a été fait pour Ash et Hugh, c’était presque du retcon… Mais c’est vrai que c’est malgré tout très survolé, Hugh revient quand même d’entre les morts quoi…
Tu as raison sur l’intrigue de la première saison qui n’a guère d’impact sur celle de la seconde. On en arrive même à ce que les Klingons jouent le rôle des sauveurs dans le dernier épisode. Il s’agissait certes de sauver la vie dans son ensemble, mais après une guerre on aurait pu penser que les Klingons seraient un peu en froid avec la Fédération. Ok, il y a Ash pour faire l’interface mais ça semble un peu facile.
C’est vrai, au départ, Discovery devait être une série anthologique, avec une époque différente pour chaque saison. Masi c’était le souhait de Bryan Fuller, qui a rapidement quitté la série comme je l’indique en début d’article. Ceci dit, la troisième saison va en quelque sorte rejoindre ce qu’il avait voulu puisqu’on va cahnger d’époque. 😉
Pike est LA réussite de cette deuxième saison en ce qui concerne les personnages, haut la main. Par contre il faudrait que je regarde à nouveau « The Menagerie », je ne me souviens plus de ce côté « gros bras » qui ne correspond en effet pas vraiment avec le personnage de « Discovery »…
Oui pour Jett Reno, Airiam, le final, et COntrol, on a le même avis. Sur Control ça va même à l’encontre de ce qui avait été dit quelques minutes avant dans l’épisode puisque, d’après mes souvenirs, on nous avait dit que Burnham devait s’éloigner pour éviter qu’un agent de Control ne puisse se téléporter…
Pour le pathos et les dernières déclarations, ça ne me choque pas trop, c’est d’ailleurs la même chose dans les premiers épisodes de la dernière saison de « Game of Thrones » : les derniers adieux/moments d’intilité avant… la fin !
Je te rejoins sur le fait que la série est beaucoup plus réussie que les films. Ça n’a au fond rien de très étonnant, Star Trek s’est toujours mieux porté sur le petit écran que sur le grand (même si certains films sont particulièrement réussis comme le 1, le 6, First Contact…).
C’est ça Star Trek : la différence n’existe plus. Et cette saison le montre bien. Les femmes sont d’ailleurs aux premières loges : Burnham, sa mère, l’amiral Cornwell, l’ingénieure Reno, Tilly, Po, les deux officiers de navigation Detmer et Owosekun, Georgiou… 😉
Ah tu m’apprends plein de choses sur la conception de cette saison 2, ça a l’air d’avoir été aussi épique que la saison American Gods, ça explique des choses en effet xD. Pour ma part j’ai bien aimé mais je ne connais sans doute pas assez l’univers pour avoir un avis très approfondi. Les Klingons ont un côté déco mais ça me gêne pas (j’avais du mal à apprécier les passages full klingon dans la saison 1). L’intrigue n’est pas parfaite (y’a des boucles qui bouclent pas très bien et un big bad pas brillant au final), les héros me rendent folle à s’occuper de tout dans le vaisseau (mais que fait le reste de l’équipage xD) mais rien de bien grave, on en prend quand même plein la vue et c’est plaisant d’avoir une série de ce genre à se mettre sous la dent.
C’est une série qui fait des vagues intérieurement, même si heureusement ça ne se voit pas trop extérieurement, du moins si on n’y prête pas attention.
Les Klingons font en effet plus de la figuration dans cette saison 2. Il y aurait pourtant du potentiel à explorer avec la chancelière L’Rell.
Ha, toi aussi ça te fait tiquer que ce soit le même petit groupe d’une dizaine de personnes qui fassent absolument TOUT tourner dans le Discovery ? Ce n’est absolument pas réaliste…
Mais sinon oui bien sûr, je te rejoins, cette série a des moyens, et les utilise efficacement pour nous en mettre plein la vue. 😉
Je me permets de répondre longtemps après
Dans « Voyager », on a exactement la même impression : on a un petit groupe de personnes surqualifiées (Tom est un pilote de génie, Belana est une ingénieure super forte, etc.) qui fait tout, tout seuls. Il y a quand même quelques épisodes qui nous montrent parfois d’autres personnages (mais c’est très rare : par exemple il y a un épisode consacré à des membres d’équipage « inadaptés » ; un autre montre Harry Kim qui remplace le capitaine de nuit, alors qu’il bosse déjà à plein temps de jour).
Là c’est pareil : par ex. Tilly est extraordinairement intelligente et, bien que socialement un peu inadaptée, elle est super copine avec une reine(???) et en fait tout le reste de l’équipage.
J’étais super déçu quand ils ont tué Hugh, puis il est revenu. Bon, moi aussi ça me fait un peu l’effet de « ouuups, bon en fait changement de plan les gars, on va le ramener ». Il y a un peu de travail sur sa relation avec Stamets après coup, mais c’est vrai que ça reste assez léger (rien à voir avec l’évolution de la personnalité du docteur dans « Voyager » par exemple, mais effectivement, quand ça se fait sur pleins de saisons, on a le temps).
Perso au départ j’étais un peu perdu : les klingons deviennent un peu de orques, juste pour dire que vraiment ils sont trop méchants y a rien d’autre à faire que les tuer ; heureusement ça change un peu. Ils récupèrent même leurs cheveux dans la saison 2. J’aurais bien aimé aussi en savoir plus sur L’Rell. Par contre dans le dernier épisode : du coup Tyler, qui était censé être un traître tué par L’Rell (version officielle, qui fonde sa légitimité pour diriger les klingons), il revient à ses côtés sans se cacher dans le vaisseau klingon ? Ok….. Et effectivement c’est étrange que Control ne se réplique pas, façon borg. Par ailleurs, pourquoi rester dans un humain quand il ne cherche plus à tromper son monde ? Moi j’attendais qu’il s’insinue dans tous les canaux informatiques comme avec Airen (façon Battlestar Galactica : la technologie se retourne contre les humains). Bref il y a quand même beaucoup, beaucoup, beaucoup d’incohérences. Et je parle même pas de l’histoire des champignons qui relient toute la galaxie et qui à l’occasion ressuscitent les morts par vertu de frottement (oui oui).
J’ai été un peu gêné aussi par les longs échanges entre Spock et Burnham, qui discutent gentiment pendant que tout le monde est en train de crever et qu’il y a des tirs qui se perdent dans tous les coins autour d’eux. Perso j’ai pas trouvé que ça apportait grand chose. Pareil, pour la mort d’Airen : ils en font trop. Le petit moment de consternation à sa mort, c’était bien. Par contre les super funérailles et tout, c’était long.
En revanche j’ai beaucoup aimé le côté inclusif et la beauté visuelle de la série. A un moment je me suis dit : « Mais, il y a quasiment que des femmes sur ce pont ?! » (et c’était au milieu de la saison 2, quand Airen meurt et qu’on nous les passe un par un). Bon, et puis l’héroïne est une femme noire (alors qu’avec « Voyager » la plupart des critiques concernaient le fait que le capitaine soit une femme : y a un côté progressiste dans la franchise qui est assez plaisant). La musique est bien aussi. C’est juste dommage qu’au niveau du scénario ça se perde un peu dans tous les sens : j’espère que ça se tiendra mieux pour la saison 3.
Et sinon juste un mot pour dire que j’ai beaucoup aimé lire la critique de cette série sur ce blog. Enfin une critique qui va bien en profondeur et qui nous apprend des choses en la lisant. Et bien écrite, en plus. Franchement, chapeau bas ! Bonne continuation ! Suggestion de lecture en passant : la série Thraxas, de Martin Miller
Je réponds un peu tard, mais merci, voilà un commentaire qui me fait très plaisir. 🙂
Je n’y répondrai pas point par point, mais ça fait quand même plaisir de lire un avis détaillé. Donc, un grand merci pour ça. 😉
On se rejoint sur le fait qu’il y a des incohérences, que tout n’est pas parfait, mais que la série, en plus d’être progressiste (dans la lignée des Star trek précédents donc, et la prochaine saison va à nouveau apporter sa pierre à l’édifice : https://www.breakingnews.fr/star-trek-saison-3-des-personnages-transgenres-et-non-binaires-du-presque-jamais-vu-au-cinema-multimedia-81309.html), envoie du lourd visuellement et surtout envoie l’USS Discovery dans une toute nouvelle direction pour la nouvelle saison que je trouve très excitante.
J’essaierai d’être au rendez-vous pour une critique aussi approfondie en saison 3 (contrairement à la série « Picard » que je n’ai pas encore eu l’occasion de regarder…). 😉