Zapping cinéma et VOD, épisode 49
Le premier « Rio » fut une excellente surprise, fort appréciée par toute la famille, parents comme enfant. Nous avons donc tenté la suite, malgré la mise en garde d’Acr0. Clairement, nous aurions dû l’écouter. Tout est moins bon. Le scénario tarde à démarrer, c’est confus, il n’y a pas de ligne directrice, ça s’éparpille, etc… Bien sûr c’est joli, très joli même, avec explosions de couleurs dans la jungle, etc… Mais ça ne fait pas tout. Et comme le film finit par ennuyer sérieusement, nous ne sommes même pas allés au bout. Même notre fille n’était pas attentive alors qu’elle était plutôt captivée par le premier film. Alors si même elle le dit… Le verdict est donc sans appel : « Rio 1 » c’est top, « Rio 2 », c’est naze.
J’ai raté « Get out », le premier film de Jordan Peele, mais à la faveur de places gratuites, nous sommes allés voir son deuxième, « Us ». Et que dire… Quel étrange film, qui ne sait pas vraiment sur quel pied danser… Oui, on est clairement dans un film d’horreur/épouvante, et Peele n’hésite pas à jouer avec certains codes du genre (tout en en évitant d’autres, les jump scares étant à peu près absents), mais il s’étire sans doute un peu trop et manque d’impact, ce que le genre réclame pourtant. Et quand on bascule enfin, après une longue introduction qui ceci dit ne manque pas d’intérêt, dans le coeur du film, à savoir l’horreur, on se trouve étonnés devant ce long-métrage qui désamorce trop souvent les situations horrifiques par un humour frôlant parfois l’absurde. C’est sans doute voulu, mais ça a eu le don de me sortir du film à plusieurs reprises. J’aurais préféré aller franchement dans le potache, ou vraiment dans l’horreur, mais cette oscillation constante m’a dérangé.
Pour le reste, le fond du film est intéressant, les gens qu’on oublie, qu’on ne veut pas voir (trop bien installés dans nos petites vies bien réglées que nous sommes) mais qui pourtant auraient un réel pouvoir sur les classes supérieures s’ils s’unissaient, etc… Sans oublier un aspect racial évidemment important, exacerbé par les tenues portées par les « autres », rappelant des tenues de prisonniers. Mais là encore, alors que ce film aurait pu (dû ?) verser dans la parabole, on trouve vers la fin une somme d’explications (quelque peu abracadabrantesques…) ne laissant guère de mystère et donnant donc au film une vraie substance qui ne lui convient pourtant pas. Il aurait sans doute fallu en dire moins pour paradoxalement mieux illustrer son propos.
Déception donc, mais j’y ai tout de même vu un fond intéressant, ce qui me donne surtout une belle envie de voir enfin « Get out », qui a d’ailleurs bien meilleure presse que ce « Us ».
Alors là, on touche à quelque chose de très personnel, d’où notre envie à Madame et moi de regarder ce film FRANÇAIS (c’est suffisamment rare pour être signalé…). Nous sommes des parents adoptants, ce film parle de l’adoption, est-il besoin d’en dire plus ? « Pupille » nous permet donc de suivre le tout début de la vie d’un bébé dont la mère biologique a accouché sous X. En parallèle, on suit également le parcours (du combattant, on ne le dira jamais assez) d’une femme pour accéder à l’adoption d’un enfant qu’elle ne pourra pas avoir de manière naturelle.
Et que dire d’autre si ce n’est que ce film est d’une exceptionnelle justesse ? Tout y est conforme à la réalité, telle que nous l’avons vécue. Du côté des futurs parents donc, on y trouve les travailleurs et travailleuses du Conseil Départemental qui font passer les besoins de l’enfant (et c’est bien normal) avant tout le reste, le long parcours de l’agrément pour les futurs parents adoptants, l’attente, la longue, très longue attente, les doutes, puis la rencontre, qui éveille en nous bien évidemment de vifs souvenirs. Le film explore toutes les facettes de l’adoption, on y voit donc également ce que vit l’enfant, avec sa naissance sous X, son placement en famille d’accueil, son suivi par les services de l’Aide Sociale à l’Enfance, jusqu’à l’adoption définitive. Et tout un tas d’autres détails (qui n’en sont d’ailleurs absolument pas) tout à fait véridiques.
Étant « émotionnellement impliqué » de par notre vécu, j’ai personnellement regardé ce film avec un oeil finalement assez analytique, en comparant sans cesse avec notre situation. Étonnamment, les différences sont très peu nombreuses, ce qui renforce encore plus son impact. Ayant en plus le bon goût de ne juger personne et de ne jamais céder au pathos (en tout cas pas plus que ce que la situation, fort logiquement, n’implique), « Pupille » vaut certainement tous les documentaires du monde sur le sujet. À peine pourrait-on regretter une pseudo-possibilité de romance qui n’apporte rien au film et n’a pas grand chose à y faire. Pour le reste autant être clair, c’est remarquable de bout en bout. Et c’est comme ça que ça se passe en vrai, vraiment.
Énième rappel qu’il vaut mieux considérer que les suites de dessins animés n’existent pas, les exceptions qualitatives étant tellement rares…
Je ne pense pas voir « Pupille » un jour, mais je note dans mon esprit qu’il est juste dans ce qu’il dit, c’est toujours intéressant et appréciable.
Je ne sais pas s’il faut mettre toutes les suites dans le même panier, mais là clairement, on peut éviter celle-ci.
J’ai bien conscience que « Pupille » est totalement hors du champ habituel de ce blog et donc n’intéressera probablement pas grand monde passant par ici, mais étant directement concerné, je ne pouvais pas ne pas en parler et indiquer qu’il est absolument juste. 😉
Ça alors. En voyant l’affiche de Pupille, j’ai imaginé un énième truc sur l’émerveillement de la parentalité, le genre de chose que je fuis parce que je ne prévois pas d’avoir d’enfant, moi, et qu’on te renvoie généralement une image très négative de ce type de (non)projet. Quelle surprise, donc, en lisant ton avis, tant sur le contenu du film que sur ta propre expérience! J’en ai sûrement une vision totalement naïve et déconnectée de la réalité mais je trouve l’adoption formidable et je tiens en très grande estime les personnes qui adoptent. Qui sait, je regarderai peut-être ce film un jour s’il croise mon chemin, merci pour la découverte!!
Ho, ça me touche, merci. 😉
L’adoption est quelque chose de très particulier, et aussi très long et difficile. Vu de l’extérieur, on peut facilement en avoir un image déformée, voire carrément fausse. Étonnamment, le film « Pupille » a tout bon du début à la fin, sans en rajouter dans l’émotionnel et sans porter de jugement sur personne (mère biologique, travailleurs sociaux qui peuvent paraître « détachés »). Et même s’il s’agit avant tout d’un film, c’est sans doute lui que je mettrais en avant pour illustrer le processus de l’adoption dans son entièreté, plus qu’un documentaire.
Merci pour le rappel de voir Pupilles, je l’avais repéré lors de sa sortie ciné et pas pris le temps d’aller le voir !
C’est le genre de film qui n’a guère de bénéfice à être vu au ciné, une petite séance tranquillou à la maison c’est tout aussi bien ! 😉
Tu me diras ce que tu en auras pensé. 😉
Tu présentes trois films que je n’ai pas vus et n’ai pas du tout l’intention de voir mais c’est très instructif, merci.
Concernant Pupille, il y a peu j’ai écouté un épisode du podcast Transfert qui parle du sujet, raconté du point de vue de la mère. C’était assez secouant (et je me place dans la même catégorie qu’Alys : je ne souhaite pas d’enfant). Si jamais ça t’intéresse, il s’agit de l’épisode intitulé « apprendre à être mère ».
« Us » divise, certains son déçus (comme moi), d’autre adorent, pour son fond social notamment. Personnellement, s’il est intéressant de ce côté-là (et même sans doute important), ça ne suffit pas à en faire un bon film. Mais qui sait, tu pourrais peut-être l’apprécier…
Merci pour l’info sur le podcast, je vais écouter ça. 😉
J’ai vu Pupille et, comme toi, je l’ai trouvé juste, sans pathos outre mesure. Ce que tu soulignes si bien c’est qu’il ne porte pas de jugement sur les uns ou les autres, il n’invite pas à en porter sur les protagonistes de l’histoire. Juste à accepter ce qu’ils sont et font.
J’ai donc été touchée par le sujet et les interprétations de chacun.e
Pas vu Us, mais Get out oui. Un bon film mais je crois avoir soulevé les sourcils à 1 ou 2 reprises :p
Oui « Pupille » est dans le vrai, tout en restant très sobre, et ça fait du bien. Tout le monde y a mis du coeur, en cherchant à se rapprocher au maximum de la vérité, et le résultat est à la hauteur des efforts.
Je note définitivement « Get Out » dans les films à voir. 😉