Retour sur Titan, de Stephen Baxter
Quatrième de couverture :
Année 3685. L’humanité a essaimé à travers le Système solaire et un nouvel âge d’or s’offre à elle. Une renaissance qui doit beaucoup à un homme, Michael Poole, ingénieur brillant dont les inventions ont joué un rôle crucial dans l’expansion humaine. Mais Poole voit plus grand. Plus loin. Or pour cela il lui faut des ressources à la mesure de sa démesure — une manne qu’il pourrait bien dénicher sur Titan, l’un des derniers lieux encore inexplorés du Système. Quitte à s’aventurer dans les entrailles glacées du satellite de Saturne… et y découvrir l’impensable.
Une plongée sur Titan, plus approfondie qu’avec Huygens !
Titan, on connait. Enfin, un peu, notamment grâce à Huygens, l’atterrisseur qui nous a permis d’un peu mieux comprendre ce gros satellite (le deuxième plus gros du système solaire, plus gros que la planète Mercure). Stephen Baxter nous y convie à nouveau, non sans auparavant nous donner à voir le destin de Huygens à la surface du satellite de Saturne dans l’introduction de ce « Retour sur Titan ».
Nous sommes en 3685, et l’ingénieur Michael Poole a permis à l’humanité, grâce à la maîtrise des trous de vers, de s’étendre dans le système solaire. La porte des étoiles n’est plus très loin… Mais tout cela a un coût, et rentabiliser ces installations n’est pas une mince affaire. Sans parler d’aller plus loin et de sortir du système solaire… Le trou de ver donnant sur Saturne n’offre ainsi pas un intérêt suffisant pour être exploité, voire tout simplement utilisé. A moins que Titan, qui offre d’énormes ressources potentielles, ne devienne exploitable. Mais pour cela, il faudra prouver qu’elle n’abrite pas de vie intelligente, ce qui nécessite de l’explorer alors que c’est interdit par la loi. C’est là que Michael Poole, accompagné de son père et de deux autres complices, met sur pied un plan audacieux mais aussi un peu (beaucoup !) border-line, à base de chantage sur un agent de la loi corrompu (qui se trouve être le narrateur du texte).
Alors oui, clairement, les personnages mis en scène par Baxter ne sont pas des anges. Ils sont même au départ (et à la fin, sauf peut-être pour l’un d’eux) plutôt détestables. Baxter ne montre pas ici une belle facette de l’humanité… En revanche, il montre avec une éblouissante maestria les beautés cachées de l’univers avec cette plongée sur Titan, qui n’est pas sans rappeler la plongée offerte par Arthur C. Clarke dans l’atmosphère de Jupiter dans sa longue et excellente nouvelle « Face-à-face avec Méduse » (nouvelle que Baxter a prolongé avec Alastair Reynolds dans leur roman « Les chroniques de Méduse »). Mais plus qu’une simple plongée dans l’atmosphère suivi d’un a-Titan-issage, Stephen Baxter, sur un mode très Jules Verne (une sorte d’hommage qu’il avait déjà effectué, plus ouvertement encore, avec son roman « Anti-glace »), met en place un « voyage extraordinaire » avec découvertes de formes de vie « exotiques » (c’est à dire non basées sur le carbone), présentation d’un environnement proprement stupéfiant (océans d’éthane, cryovolcans, etc…) suivi d’un mélange de « Vingt mille lieues sous les mers » et « Voyage au centre de la Terre » dans une exploration d’un océan d’ammoniaque situé sous la croûte de Titan… Ça ne s’arrête pas là mais en dire plus serait un crime de lèse-sense of wonder…
Baxter nous donne donc ici une hard-SF qui décoiffe ! Précise, documentée, sacrément dépaysante voire même vertigineuse (notamment à la fin), on lui pardonnera une narration somme toute très classique, voire même une exposition un peu scolaire. L’avantage c’est que l’auteur nous prend par la main, et qu’il ne nous lâche plus. Résultat : le lecteur n’est jamais perdu, et même les explications scientifiques, bien que riches et complètes, sont amenées de manière claire, jamais assommante. Seuls les personnages du récit manquent un peu de richesse (en plus d’être détestables on l’a dit), mais c’est une (malheureuse…) constante en hard-SF, et ils s’effacent devant le contexte présenté par Baxter sans que finalement cela ne nuise vraiment au récit, à condition bien sûr d’être client de ce genre de texte…
Appartenant au « Cycle des Xeelees » (vaste corpus constitué de nombreux romans et nouvelles, un article d’Erwann Perchoc en donne un bref aperçu), « Retour sur Titan » peut tout à fait s’apprécier de manière indépendante (comme je l’ai fait puisque je n’ai rien lu d’autre sur ce cycle), même si on perd certainement quelques références (notamment à la fin, c’est une évidence). C’est en tout cas sans doute le texte le plus « hard-SF » de la collection, un cran au-dessus du « Sultan des nuages » et de « Cookie Monster » (de cernier n’ayant rien de spatial), nettement plus axé science que « Cérès et Vesta » (qui joue plus sur le côté social), et c’est surtout un superbe voyage sur un corps étranger.
Lire aussi les avis de François Schnebelen, Anudar, Feyd Rautha, Yogo, Nebal, Gromovar, Lune, Lutin82, Artemus Dada, Apophis, Blackwolf, Nicolas, Célindanaé, Sophie, Mira, Fantastinet, Anouchka, Oriane, Herbefol.
Entièrement d’accord avec toi : quel voyage !!
Et la découverte d’une biologie et d’une géologie extraordinaire.
Un voyage qu’on n’oubliera pas de sitôt… C’est de la belle hard-SF, scientifique et dépaysante, ébouriffante même !
Et un Egan compréhensible, ca marque ! 😉
Je lirais quand même Diaspora quand il sortira. lol
Moi aussi, même si j’appréhende un peu Egan sur la forme longue… On verra bien !
Ha ça pourrait m’intéresser alors au vu de ce que tu en dis. Je l’offre à mon beau-père demain, je le lui emprunterai peut-être.
Facile à emprunter, rapide à lire, et des étoiles plein la tête ! 😉
Pour le coup, même si j’ai aimé, je pense que cette novella aurait eu plus de succès sur moi en connaissant l’univers : ce n’est que partie remise !
C’est sûr qu’avec une connaissance approfondie des personnages, ça aurait peut-être une saveur supplémentaire mais je n’ai pas trouvé ça très gênant ici, l’univers « plus grand que ce qui nous est présenté dans cette novella » n’étant pratiquement pas abordé (sauf à la fin, mais on peut un peu deviner le fin mot de l’histoire…).
Dans ma PàL, faut juste que je l’en sorte. Je pense qu’il plairait bien à Monsieur celui-là en plus ^^.
L’espace, frontière de l’infini… 😉
Un space-opera plein de sense of wonder et vernien dans son approche, ça ne se refuse pas !
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