Au-delà du gouffre, de Peter Watts

Quand on parle de hard-SF contemporaine, on entend souvent revenir les mêmes noms, notamment Greg Egan, Stephen Baxter et quelques autres dont Peter Watts. « Au-delà du gouffre » est un recueil de nouvelles sans équivalent anglo-saxon, une bonne introduction à un auteur qui n’est certes pas des plus prolifiques mais qui a su se faire une place dans ce secteur très exigeant de la SF. Il était donc temps que je me penche sur l’oeuvre de Watts avec ce recueil conçu conjointement par Quarante-Deux et les éditions du Bélial’.

 

Quatrième de couverture :

Peter Watts est né en 1958 à Calgary, dans la province canadienne de l’Alberta. Titulaire d’un doctorat en biologie et ressources écologiques, spécialiste des fonds marins et de la faune pélagique, il produit aujourd’hui la plus exaltante des sciences-fictions contemporaines, quelque part entre les nébuleuses Greg Egan et Ted Chiang, non loin de la galaxie Ken Liu, là où soufflent les vents cosmiques, dans le cœur vibrant des étoiles, en plein sense of wonder, en pleine sidération… Sans équivalent réel en langue anglaise, architecturé avec le plus grand soin, le présent recueil achève d’installer Peter Watts au firmament des créateurs de vertige et des prospecteurs d’idées fabuleuses — une supernova.

 

Un auteur à l’aise sur Terre, en mer ou dans l’espace

Seize nouvelles, deux postfaces et une bibliographie sont au sommaire de ce pavé bien consistant. On y verra un Peter Watts capable d’écrire le plus vertigineux sense of wonder cosmique mais aussi d’anticiper et d’analyser des évolutions technologiques plus « proches » de nous (au moins géographiquement quand l’action se passe sur le plancher des vaches) et d’en tirer les conséquences, fussent-elle des plus néfastes. On ne nage donc pas toujours en plein bonheur avec les récits de Peter Watts, mais on en ressort toujours stimulé intellectuellement. Une fois n’est pas coutume, j’ai pris des notes au cours de ma lecture, ce qui me permet donc de dire quelques mots sur chacun des textes ici présents, réunis par les concepteurs du recueil (Ellen Herzfeld et Dominique Martel, les deux têtes pensantes derrière « Quarante-Deux » qui bénéficient donc de leur collection bien à eux créée à retardement au sein des éditions du Bélial’, collection qui compte les trois recueils de Greg Egan (« Axiomatique », « Océanique » et « Radieux ») mais aussi « La ménagerie de papier » de Ken Liu, « Danses aériennes » de Nancy Kress et donc ce « Au-delà du gouffre » de Peter Watts) en six parties distinctes. Attachez votre ceinture, on va voir du pays !

 

La première partie, non titrée, est composée de cinq récits offrant des points de vue décalés, des visions « obliques » (ou éclairées, c’est selon) sur des éléments qui prennent ainsi une toute autre allure.

  • Les choses

Cette première nouvelle du recueil est une réappropriation du film « The thing » de John Carpenter. Mais cette fois-ci, les événements du long-métrage sont présentés du point de vue de la chose. Et c’est à une intéressante analyse d’une forme de vie radicalement différente (aussi bien biologiquement que mentalement) que se livre ici Peter Watts. Mettant en avant son instinct de survie (et donc sa dangerosité pour les hommes puisque les deux espèces, trop différentes, ne peuvent se comprendre…

On notera que la chose qualifie les humains de « cancer pensant », ce qui, du point de vue de notre planète, n’est peut-être pas si éloigné de la réalité…), ce texte sur l’alterité (dangereuse altérité pour le coup…) fait mouche (ah pardon, on parle de Carpenter ici, pas Cronenberg… 😀 ). Avec en prime, pour prolonger la conclusion du film (que j’ai donc vu pour l’occasion avant de lire la nouvelle car honte à moi je ne l’avais jamais fait avant), une chute proprement terrifiante.

  • Le Malak

Récit qui nous donne le point de vue d’un drone militaire, doté d’un Intelligence Artificielle avancée. Intelligente, c’est à dire capable de prendre des décisions en fonction des circonstances ou d’éléments extérieurs, mais pas consciente. La machine idéale en somme, froide, calculatrice, efficace.

Un texte qui met le doigt sur les donneurs d’ordre qui se défaussent (toujours dans le même sens, c’est à dire en contrevenant parfois aux décisions de la machine lorsqu’elle décide d’annuler son attaque, mais jamais ne remet ses décision d’attaquer en cause) sur une machine pilotée par des algorithmes de calculs censée la rendre intelligente. Interrogation sur les dommages collatéraux (et leur « coût ») au cours d’une guerre, sur l’éveil à la conscience d’une machine et des conséquence de celle-ci, ce texte, très froid et analytique (mais c’est voulu, c’est le drone qui s’exprime) est glaçant mais réussi.

  • Ambassadeur

Un premier contact entre un vaisseau lancé par l’humanité (qui a essaimé dans de multiples systèmes) et un étrange appareil extraterrestre en forme de tronc d’arbre vire à la catastrophe : le simple message de bienvenue reçoit comme réponse une annihilation quasi-totale des systèmes informatiques du vaisseau. Dès lors, il faut fuir, par bonds successifs, un peu au hasard, à la « Battlestar Galactica », ou au Protocole Cole dans le jeu vidéo « Halo ». Sauf que le vaisseau a décidé de ne pas lâcher sa proie.

Alors oui, nous ne sommes pas seuls. Et les autres peuvent être très agressifs. Et très évolués. L’univers semble être un ring de boxe dans lequel seul les plus « méchants » peuvent survivre. Une vision martiale et effrayante qui répond à sa manière au paradoxe de Fermi : c’est la loi de la jungle, seul les plus forts survivent, les plus faibles disparaissent avant même d’avoir pu répondre au paradoxe…

Avec un petit côté Arthur C. Clarke sur cette humanité (pourtant évoluée, en témoigne le pilote du vaisseau qui n’est plus totalement humain, ou disons plutôt « post-humain ») dépassée par des puissances extraterrestres au-delà de son imagination, le texte, avec son joli twist final, fait mouche. Mais c’est pas la joie. Encore.

  • Nimbus

Les nuages sont devenus vivants, et se vengent, à leur rythme (avec tempêtes, cyclones, etc…), d’une humanité qui n’a pas pris soin de son environnement. Cet étonnant postulat, qui ne manque pas de charme, nous donne un texte assez noir (c’est le thème du recueil ? 😀 ) sur une famille qui tente de survivre aux éléments donc, mais aussi aux aléas familiaux que Peter Watts nous fait découvrir à travers plusieurs flashbacks.

Et la fin est à l’avenant : tragique, fataliste même. Pas un grand texte sans doute, le prétexte SF n’est guère qu’un prétexte, ce qui en soi n’est pas nécessairement problématique, mais le reste du récit ne retient pas l’attention, les personnages par exemple ne prenant pas la place de l’élément SF trop fin pour soutenir la nouvelle à lui seul.

  • Le second avènement de Jasmine Fitzgerald

Une femme est arrêtée suite à la mort de son époux, dont le cadavre git dans la cuisine de la maison du couple, ventre ouvert de bas en haut à l’aide d’un couteau de cuisine. Un mari certes cancéreux en phase terminale, mais qui n’avait pas mérité ça. Son épouse, Jasmine Fitzgerald, sans nier être la coupable, affirme pourtant avoir eu la volonté de le « réparer ». Myles Thomas, psychologue, sera chargé d’étudier son cas afin de déterminer si elle est apte à être jugée par un tribunal en toute connaissance de cause. Une analyse qui pourrait bien lui ouvrir l’esprit sur d’autres horizons…

Un récit bien mené, qui prend le temps de développer le personnage de Jasmine Fitzgerald, oscillant entre folie et lucidité, avec ses moments de tristesse, de doute, et ses moments d’intense lucidité. Chercheuse dans le domaine de la relativité générale, elle est loin d’être idiote, et s’appuyant sur une théorie de Franck Tipler, elle semble voir un monde différent. Avec une belle fin vertigineuse bien comme il faut, c’est à nouveau une belle réussite.

 

La deuxième partie, « Eriophora », est composée de trois récits liés puisque consacrés aux voyages du vaisseau du même nom.

  • L’île

Amateurs de sense of wonder, vous allez être servis ! Dans un vaisseau spatial, l’Eriophora, dont la mission, depuis des millions d’années, est de créer des trous de ver pour permettre à une humanité qui s’est transformée de multiples façons de conquérir les étoiles, nous suivons Sunday, une femme tout juste réveillée avant un nouveau « chantier ». L’IA du bord sait très bien se débrouiller seule en temps normal. Si Sunday a été réveillée, c’est qu’il y a un problème. Et en effet…

Wouahou, « L’île » envoie du lourd ! De la hard-SF de la plus belle eau ! Mêlant altérité, IA (celle du vaisseau faisant d’ailleurs penser à celle de la nouvelle « Le Malak »), conflit humains-machines, doté d’une ambiance absolument superbe (digne d’un « Alien », sans l’Alien, en tout cas pas le même genre) avec cette immensité spatiale et cette solitude de Sunday qui ne peut se tourner que vers l’IA du vaisseau ou bien… son fils dont elle ne connaissait même pas l’existence, reprenant d’une manière différente la thématique déjà apparue dans la nouvelle « Ambassadeur » (voir ci-dessus), « L’île » est un texte magistral, lauréat d’un Prix Hugo 2010 bien mérité.

Cerise sur le gâteau, c’est vraiment bien écrit pour de la hard-SF (avec un impeccable Pierre-Paul Durastanti à la traduction), j’en veux pour preuve une introduction à tomber qui vous met directement la tête dans les étoiles. Seul bémol, une conclusion peut-être un brin obscure… Mais le reste, je répète, wouahou !

  • Éclat

Après le texte précédent, difficile de revenir sur Terre. C’est pourtant ce que nous propose « Éclat » puisqu’il fait office de préquelle, des millions d’années avant « L’île » avec la jeunesse de Sunday avant le départ de l’Eriophora. Moins prenant, moins convainquant, « Éclat » apporte une certaine épaisseur au personnage de Sunday, mais en avait-elle vraiment besoin ? En l’état, ce texte ne me paraît pas pleinement satisfaisant, manquant d’une ligne directrice claire.

  • Géantes

Retour sur l’Eriophora avec un nouveau chantier qui ne se passe pas comme prévu. Et pour cause puisque le vaisseau semble se diriger tout droit vers l’étoile du système visé. La manœuvre envisagée pour se sortir de ce mauvais pas (dont je ne dirai rien pour en préserver la surprise) ne pourra que faire naître un énorme sense of wonder dans la tête du lecteur. Avec toujours en filigrane cette guerre larvée entre les humains et l’IA du vaisseau (qui ne semble pas être seule contre tous…), « Géantes » densifie à nouveau ce mini-univers constitué de ces trois nouvelles (en français en tout cas puisque l’auteur a écrit un autre récit, « The freeze-frame revolution », dont on espère voir la traduction arriver par ici). Il reste sans doute beaucoup de choses à en dire…

 

La troisième partie, non titrée elle non plus, s’intéresse de près à la religion, ou plutôt à la foi de manière plus générale, sous différentes formes (et jamais à son avantage…).

  • Un mot pour les païens

Ambiance « Warhammer 40000 » avec ces soldats à la foi chevillée au corps qui traquent les parias à coup de lance-flammes… Dans un futur indéterminé, Peter Watts nous décrit l’être humain comme une coque de chair qui ne fait que répondre à des stimuli ou impulsions électriques/chimiques/magnétiques. Un texte qui s’intéresse à l’humain avant tout, loin du spectaculaire et du sense of wonder de la partie précédente. Ça fonctionne mais ça reste globalement moins emballant.

  • Chair faite parole

Là encore, ce sont les stimuli qui mènent les êtres humains. Un chercheur s’intéresse aux derniers instants des êtres vivants, humains ou non. Son épouse, dans un lit d’hôpital depuis une dizaine d’années est peut-être à l’origine de cette fascination. Sur le même mode que le texte précédent, Peter Watts nous décrit les réactions des être humains de manière très analytique, presque chimique. L’explication du chercheur sur les derniers instants des êtres qu’il étudie n’en reste pas moins fascinante… et glaçante. Et non, ça ne respire pas vraiment la joie ici non plus…

  • Les yeux de Dieu

Un scanner futuriste situé ici dans un aéroport permet de découvrir les « pulsions » intimes des personnes qui embarquent. La narrateur souhaite assister à l’enterrement d’un prêtre qu’il connait depuis son enfance. Texte assez bluffant, « Les yeux de Dieu » brasse de multiples thématiques : société de surveillance et de contrôle, bienfait ou non d’une sorte de « police prédictive » (et donc la question de savoir si les pensées suffisent pour être jugé coupable, sans passage à l’acte, et donc sans victime (ce qui ne peut être qu’un bonne chose n’est-ce pas ?)), charge sans concession contre la religion et les dérives de ses acteurs, etc… D’une remarquable concision (et donc d’une efficacité redoutable), ce texte est un des grands récits du recueil.

  • Hillcrest contre Velikovski

Amusant (et grinçant) petit texte faisant le résumé d’une affaire judiciaire opposant la famille d’une femme croyante et décédée peu après avoir vu une exposition sur les pseudosciences (notamment la partie sur l’effet placebo et la guérison par la foi alors qu’elle a elle-même été diagnostiquée d’un cancer incurable mais était toujours en pleine forme quelques années plus tard, grâce, selon elle, à une croix offerte par sa soeur) au propriétaire de cette même exposition, accusé de « homicide par négligence ».

Vu de France, c’est sans doute un texte assez typiquement américain, sur les dérives de la Justice. Mais les questions soulevées sont intéressantes : que vaut la vérité face à la foi ? Et plus précisément, exposer la vérité scientifique à des personnes croyantes (et fragiles) est-il répréhensible ? Corollaire : la vérité est-elle condamnable ? En ces temps où le créationnisme revient en force, la question prend tout son sens…

  • Ephémère (avec Derryl Murphy)

Évolution technologique, simulation de vie numérique et vie à deux vitesses sont au coeur de cette nouvelle mettant en scène une petite fille au comportement presque suicidaire. Ses parents sont désemparés devant des réactions qu’ils ne comprennent pas. C’est un récit poignant que nous donnent Peter Watts et Derryl Murphy.

Parfois dur (on ne peut que se mettre à la place des parents), c’est aussi l’occasion de s’interroger sur ce qui est le mieux pour les enfants, même si cela doit passer par un sentiment de perte totale et une impression de ne rien contrôler. Il faut dire qu’entre une vie numérique pleine et entière et une vie physique limitée, le choix n’est peut-être pas si complexe… Il n’empêche que les faits décrits par Watts et Murphy restent spectaculairement déstabilisants. Un texte maîtrisé et marquant.

 

La quatrième partie, « Echopraxie », c’est constitué que d’une seule nouvelle qui s’insère dans l’univers composé des deux romans « Vision aveugle » et « Echopraxie ». Petite précision : je n’ai lu ni l’un ni l’autre alors que l’introduction du recueil précise que le texte « bénéficie d’une révision préalable de « Vision aveugle ».« …

  • Le colonel

L’humanité est à un tournant. Visiblement elle n’est plus seule dans l’univers, et une sorte de post-humanité, constituée de millions de cerveaux fonctionnant en réseau (des « ruches ») est en train de la supplanter. Nous suivons ici Jim Moore (père de Siri Keaton, l’un des personnages principaux du roman « Vision aveugle ») qui va tenter d’utiliser les uns pour lutter contre les autres. A moins qu’il ne soit lui-même la victime dans un jeu d’échec dont il n’est qu’un vulgaire pion.

Me voilà rassuré : cette nouvelle fonctionne très bien toute seule même si je ne doute pas qu’elle puisse prendre une saveur particulière en lisant « Vision aveugle ». Toujours est-il qu’elle utilise de nombreux thèmes hard-SF et le fait de très belle manière. Entre post-humanisme, premier contact, humanité « mono-cerveau » dépassée, définition de la mort pour un organisme de type « ruche » (quand on tue une ruche, on tue un seul individu ou plusieurs formes de vie incomplètes ?), c’est un récit passionnant. Difficile de ne pas avoir envie d’embrayer sur « Vision aveugle » et « Echopraxie »

 

La cinquième partie, « Starfish », est quant à elle liée à la trilogie « Rifteurs » de Watts. Je me dois à nouveau de préciser que je ne l’ai pas lue…

  • Une niche

Cette nouvelle, l’une des premières de Peter Watts, a été par la suite étendue pour former le roman « Starfish », premier volume de la trilogie « Rifteurs ». Peter Watts étant biologiste marin de formation, rien d’étonnant à ce que ce récit se déroule en mer, à 3000 mètres de fond. Et après tout, entre les immensités de solitudes spatiales et les immensités de solitudes sous-marines, la différence est ténue, dans les deux cas il y aura peu de monde pour vous secourir en cas de problème (peut-être même personne pour vous entendre crier… 😉 ). Atmosphère cloisonnée, humanité « modifiée » (ici pour être plus efficace dans les grands fonds marins), dangers qui rôdent, psyché humaine maltraitée, on a ici tous les ingrédients pour mettre à mal une mission (assurer la maintenance d’une station de géothermie au bord d’un rift sous-marin) menée par deux personnes dans une station de grande profondeur. Mais le disqualifié n’est pas forcément celui que l’on croit…

Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, Peter Watts a préféré ne pas faire dans le grand spectacle (malgré un cadre qui s’y prêtait plutôt bien) pour s’intéresser à la psychologie de ses personnages. Je m’attendais à quelque chose de plus « direct », mais l’atmosphère reste particulièrement réussie. Voilà qui me donne bien envie de découvrir « Starfish ».

  • Maison

On reste dans le même univers avec le court récit « Maison » qui nous montre l’impact de la solitude extrême sur la psychologie. Le retour à un état animal, couplé à des modifications physiques adaptées à (mais aussi causées par) la vie sous-marine, en lutte avec une humanité sous-jacente, reléguée au profit d’une priorité donnée à la survie mais pourtant pas totalement oubliée. C’est à nouveau pas très réjouissant mais c’est particulièrement réussi.

 

La dernière partie est constituée de deux postfaces, l’une plutôt longue écrite par Peter Watts lui-même, l’autre, plus courte, par Jonathan Crowe (blogueur et éditeur d’un fanzine).

  • En route vers la dystopie, avec l’optimisme en colère

Le texte de Watts essaie de nous faire prendre conscience, en s’appuyant sur notre monde actuel, que ses récits ne sont pas pessimistes mais plutôt au contraire optimistes. Son argumentation tient d’ailleurs assez bien la route : notre monde étant déjà quelque peu dystopique, les personnages qu’il crée font finalement ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont, sans que cela ne soit plus noir que ce que nous connaissons déjà. Reste des contextes tout de même souvent déprimants…

On notera que Watts s’étend sur une affaire qui l’a mis aux prises avec les services douaniers des États-Unis, une affaire dont je n’avais pas connaissance mais qui semble assez hallucinante. Et fait prendre conscience d’une certaine forme d’acceptation du peuple (résignation ?) des pouvoirs démesurés des organisations censées le protéger…

  • Dieu et les machines : les nouvelles de Peter Watts

Le texte de Crowe, plus court (trop court sans doute) est plutôt dans l’analyse plus factuelle des écrits de Peter Watts. C’est un peu le genre de paratexte que j’aimerais retrouver plus régulièrement dans cette collection que j’aime voir comme une version moderne des fameux « Livres d’Or de la SF ». C’est un début, mais il faudrait un peu allonger la sauce…

 

Voilà donc un recueil tout ce qu’il y a de plus recommandable sur un auteur de hard-SF à l’aise aussi bien dans l’espace que dans les fonds marins, mais aussi dans des contextes moins spectaculaires mais toujours intellectuellement stimulants. Reconnaissons tout de même que sa façon de de faire apparaître le sense of wonder propre à la SF me fait dire qu’il est meilleur dans les récits où il met en scène des environnements « autres, que ce soit l’espace ou un rift océanique.

Sans doute une porte d’entrée idéale vers les écrits d’un auteur exigeant mais passionnant, « Au-delà du gouffre » garde cette exigence de qualité propre à la collection « Quarante-Deux ». Illustré de main de maître par Manchu (qui signe ici l’une de ses plus belles œuvres, sans doute très inspirée par le film « Interstellar » mais le résultat est proprement stupéfiant) et traduit par un cortège de pointures du genre (Gilles Goulet, Pierre-Paul Durastanti et Roland C. Wagner pour les nouvelles et la postface de Watts, Erwann Perchoc pour la postface de Crowe), ce recueil atteint pleinement son but : donner envie de découvrir Peter Watts plus en profondeur, avec la certitude de dénicher d’autres trésors.

 

Voir aussi les avis de Nicolas, Gromovar, Apophis, Le chien critique, SamuelLutin82, Feyd Rautha, Journal d’un curieux, Human after hal, Le fictionaute, Daily passion, Musiques et SF.

 

  
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