Life is strange
Une fois n’est pas coutume, je vais parler d’un jeu vidéo. Mais pas n’importe quel jeu, non non non. Je vais parler d’un jeu qui est directement entré dans mes panthéon personnel des chefs d’oeuvre du genre. « Life is strange », puisque c’est de lui qu’il s’agit, sorti en cinq épisodes durant l’année 2015 et développé par les français de Dontnod, m’a en effet marqué de la plus belle des manières. Le qualifier simplement de jeu vidéo est par ailleurs un peu réducteur. Aventure graphique, quasi-film interactif, ou pour faire anglophone « narrative & interactive drama », le choix est vaste.
« Life is strange » est un jeu mettant en scène Max Caulfield, une jeune fille qui revient sur le lieu de son enfance pour étudier la photographie dans une prestigieuse école. Elle y retrouvera son amie d’enfance, Chloe Price, qu’elle n’a pas revue depuis quelques années, et découvrira également qu’elle a l’étrange capacité de remonter le temps. Elle finira par s’intéresser à la disparition d’une autre étudiante, Rachel Amber, quelques mois auparavant.
Pour en parler, je vais faire mon fainéant, et reprendre les publications Facebook que j’avais faites à son propos à chaque épisode. Vous allez voir que la progression de l’intrigue et la découverte des personnages m’a rendu… dithyrambique !
- Episode 1
Je viens de commencer le jeu « Life is strange« . Les personnages sont crédibles, soignés, ça fait plaisir à voir.
La BO semble canon (Syd Matters, José Gonzalez…).
Bref, ça sent le jeu marquant.
- Episode 2
Fin de l’épisode 2 de « Life is strange ».
Je suis choqué.
Mais c’est bien, le jeu n’hésite pas à placer le joueur dans des situations délicates, il faut assumer ses choix, sans possibilité de revenir en arrière. C’est dur mais ainsi va la vie.
- Episode 3
Fin de l’épisode 3 de « Life is strange ».
Le genre de fin qui ne surprendra pas un amateur de SF, mais bon sang c’est le grand huit émotionnel avec ce jeu.
Et au-delà de ces fins d’épisodes remarquablement marquantes, le reste fonctionne aussi à merveille : les personnages notamment sont crédibles et touchants, et leurs interactions vraiment convaincantes, avec forcément Max et Chloe en tête, cette dernière étant vraiment un personnage phare. Je crois que j’adore.
- Episode 4
Fin de l’épisode 4 de « Life is strange ».
Et boom, prends ça dans la figure ! 😲
Après la fin terriblement perturbante (culpabilisante ?) de l’épisode 3, l’épisode 4 en rajoute une couche. Cette fois, on passe en mode thriller avec un cliffhanger de dingue.
Mais auparavant, on est passé en mode détective et on parvient enfin à assembler les pièces du puzzle (littéralement) de ce qui se passe sur le campus de Blackwell, mais aussi en mode « time traveller » avec toutes les conséquences dramatiques que cela amène.
Des choix difficiles, des émotions fortes, des drames, et une tonne de réflexion sur la jeunesse, la vie étudiante, le suicide, le harcèlement, le handicap, et j’en passe. Avec des personnages en faux-semblant, toujours au coeur du jeu, et qui font sa force.
Ce jeu est dingue, ce jeu est grand, ce jeu est exceptionnel.
- Episode 5
Deux mois. Il m’aura fallu presque deux mois pour m’atteler à l’épisode 5, l’épisode final de « Life is strange ». Peut-être une peur inconsciente de quitter ces merveilleux personnages que sont Max Caulfield et surtout Chloe Price ? Allez savoir…
Mais voilà, après le cliffhanger de fin de l’épisode 4, je ne pouvais pas en rester là éternellement. Et donc voilà. Fin. J’en chiale.
Très peu de gameplay (tant mieux, c’est parfois bancal de ce côté-là, comme une scène d’infiltration un peu lourdingue) dans cet épisode qui joue avec le temps de manière très onirique (ou cauchemardesque plutôt), nous faisant vivre et revivre les évènements sans jamais parvenir à une conclusion satisfaisante. Un épisode fait comme une manière d’insister tout ce qui a précédé (ayant fait passer du temps depuis l’épisode 4, j’ai énormément apprécié cet effet de nostalgie sur tout ce qu’on a vécu avec Chloe lors d’un cheminement dans le noir vers la lumière, scène après scène), insistant sur les conséquences de nos choix, les bons comme les mauvais, les moments de joie comme les moments de peine intense.
Certes, nos choix au cours du jeu n’impactent pas LA décision finale. Une décision que je me suis refusé à prendre (j’ai fait les deux fins l’une à la suite de l’autre). La fin, la seule vraie fin, c’est qu’il faut quitter ce jeu, ces personnages, ces situations qui, forcément quand on a un peu vécu, trouvent toujours à un moment ou à un autre une résonance avec ce que l’on a vécu. Alors oui, à la fin, les larmes coulent, pour différentes raisons.
« Life is strange » est plus qu’un jeu, « Life is strange » est une vie, la vie de Max Caulfield et Chloe Price (et de bien d’autres autour d’eux), mais aussi quelque part, la vie du joueur.
« Life is strange » est un putain de chef d’oeuvre.
Voilà, je ne vois pas trop quoi ajouter. J’en suis encore tout retourné. Le jeu n’est pas parfait : quelques facilités narratives ici ou là, techniquement en retrait même si artistiquement c’est très réussi (les sentiments sur les visages passent vraiment bien, par contre la synchronisation labiale est à la ramasse…), un gameplay parfois bancal, mais bon sang, le reste… Ces personnages ! Plus encore que Max Caulfield, incarnée par le joueur, Chloe Price est absolument extraordinaire ! Un personnage attachant comme rarement, émouvant comme jamais et qui va me rester en mémoire un bon bout de temps… Et j’en profite pour citer Hannah Telle et Ashly Burch, les deux actrices qui donnent vie (par la voix) à Max et Chloe de manière admirable, Ashly Burch ayant d’ailleurs été fort justement récompensée d’un Golden Joystick Award.
Les choix que le jeu impose au joueur (jouant sur les choix moraux, impliquant émotionnellement le joueur et donnant envie de revenir en arrière pour voir leurs conséquences sur un terme plus ou moins long, même si j’aime jouer sans filet : mon aventure, ma vraie aventure, c’est celle que je fais « sans me retourner », d’ailleurs le jeu pousse à assumer ses choix), les cliffhangers de fin d’épisode (le choc de l’épisode 2 dont je ne suis toujours pas remis, le retournement de l’épisode 3 et les conséquences dans l’épisode 4, jusqu’aux terribles extrémités (et la difficile thématique qui va avec) vers lesquelles elles emmènent le joueur, le twist final de l’épisode 4…), les thèmes brassés par le jeu, parfois durs, qui prennent aux tripes (encore une fois cet épisode 4…) mais toujours abordés de manière très fine et pleine d’émotion (j’ai un paquet de scènes qui me restent en tête et ne sont pas prêtes d’en sortir), tout m’a marqué. Jusqu’à une fin… poignante, qu’elle que soit l’issue, et qui montre à quel point l’attachement du joueur aux personnages est fort.
Accompagné d’une BO de grande classe (signée Jonathan Morali, l’homme derrière le groupe Syd Matters, et piochant également parmi quelques noms d’importance tels José Gonzalez, Mogwai, Angus & Julia Stone, Amanda Palmer…), musique par ailleurs souvent (attention, je sors un gros mot !) intradiégétique (c’est à dire qu’elle est intégrée à la narration, entendue par les personnages) ce qui accentue l’immersion, « Life is strange » est, pour moi et malgré quelques défauts, un jeu d’une grande justesse, d’une belle sensibilité et qui sait se faire régulièrement bouleversant, jusqu’aux larmes. Un jeu qui a du coeur. Oui, disons-le, c’est un pur chef d’oeuvre de jeu narratif. Et même sans doute un chef d’oeuvre tout court. Inoubliable.
J’y ai joué il y a quelques mois et je ne sais plus trop à quel moment du jeu je mes suis dit : « voilà, en fait il n’y a pas de bonnes ou mauvaises décisions, tu fais tes choix selon ta conscience et tu assumes ». Cela m’a rendu le reste du jeu plus « simple » parce que ce n’était plus un jeu justement (dans le sens où tu essaies de maximiser ton score). Je ne peux que féliciter les développeurs pour leurs talents.
Est-ce que tu as regardé les bonus vidéos qui parle du making-of ? J’ai trouvé cela très instructif aussi.
Depuis j’hésite à m’intéresser aux suites de peur d’être déçu…
C’est exactement ça, il n’y a pas de bonnes décisions, il faut simplement assumer ses choix et leurs conséquences. C’est pour ça que revenir en arrière (en reprenant une sauvegarde), voire refaire une nouvelle fois l’aventure ne m’intéresse guère : l’aventure, mon aventure, je l’ai déjà faite et elle est terminée. Bon, à la rigueur, on pourrait voir ça comme une uchronie personnelle… 😀
En tout cas, ce sentiment m’a pris à la toute fin de l’épisode 2. Jusqu’ici je me disais c’est bon c’est un jeu, ça va forcément bien aller. Sauf que non, ça n’a pas été sur les bons rails que j’imaginais, et j’en suis resté coi. J’ai échoué, mais c’était uniquement de ma faute (à cause de trop de légèreté de ma part peut-être ?), à moi d’assumer.
Tu as raison de féliciter les développeurs, ils le méritent bien.
Non, je n’ai pas vu les vidéos de making-of… Mais ça m’intéresse grandement, ça se trouve où ?
Pour les suites, je crois que je vais m’intéresser à « Before the storm », on y retrouve Chloe quand même, même si je vais avoir BEAUCOUP de mal à me faire au changement de voix (puisque les doublages ont été faits pendant une mouvement social, l’actrice n’est pas la même)…
Quant à « Life is strange 2 », les personnages sont différents, mais les premiers échos sont excellents, donc j’attends de voir. Mon problème va être plutôt technique : mon Mac a plus de sept ans, il ne va pas réussir à le faire tourner (et de toutes façons pour le moment, il n’est pas dispo sur ce système…).
Comme toi la fin de l’épisode 2 m’a retourné et comme toi j’ai échoué et comme toi encore, je n’ai pas eu envie de revenir en arrière et recommencer. Les développeurs ont vraiment fait fort pour parvenir à un tel résultat !
Pour le making-of, je l’ai trouvé en DLC gratuit via Steam. Je suppose que l’on peut les trouver autrement puisque gratuit… je chercherai par curiosité.
Ok, je n’ai pas fait attention à ce que proposais Steam, je vais aller voir, merci. 😉
J’ai terminé l’épisode 1 il y a bien 2 ans, et depuis je n’y ai pu rejoué car j’ai du changer de PC, sauvegardes perdues tout le bordel. Mais je me rappelle que ça avait été fascinant de jouer à ce jeu même si je trouvais que le rythme était assez lent. Par contre, tu joues à ça quand y a personne autour de toi pour être sûr de bien tout suivre sinon c’est mort lol. Ton retour me donne envie d’y rejouer (mais je suis trop sur ma partie de Football manager en ce moment lol). Merci d’avoir partagé ton expérience, ça change des lectures 😀
Le rythme est plutôt lent oui, mais c’est au bénéfice des personnages.
Et oui, il faut absolument être dans sa bulle pour y jouer, sinon ça ruine l’ambiance.
Il faut que tu trouves du temps pour t’y remettre, ça vaut vraiment le coup (en même temps, vu ce que je viens de mettre dans l’article, je peux difficilement dire le contraire).
Ça change des lectures, mais le jeu n’est pas si éloigné d’un roman, c’est juste qu’il est plus interactif. Pour le reste, les personnages n’ont rien à envier à ceux d’un roman (ce qui n’a rien d’étonnant puisque chez DontNod on retrouve Alain Damasio, Stéphane Beauverger, Léo Henry, Sabrina Calvo, le défunt Jacques Mucchielli…).
Je dois avoir l’épisode 1 dans un coin, faut que je me penche dessus un jour…
Oh que oui, faut pas le laisser passer celui-là !
Woh. Belle chronique, ça respire la passion !
(et bravo pour avoir placé « intradiégétique », c’est classe. =P)
J’ai clairement été passionné, emporté par ce jeu. Ça a été une superbe expérience.
Merci pour la classe, je n’en suis pas peu fier. 😀
Faut absolument que je le fasse ce jeu !
Ha mais clairement, tu ne peux décemment pas passer à côté de ce jeu ! Allez hop, tu sais ce qu’il te reste à faire. 😉
C’est quand même très tentant tout ça. L’épisode un est gratuit sur Steam actuellement, du coup, go pour un test !
Voilà, une belle occasion de se lancer. 😉
Ouais, une sacrée baffe dans la cheutron comme disent les jeunes d’il y a longtemps. J’ai beaucoup aimé ce titre et je vois que non seulement tu as bon goût en termes de bouquins, mais tu fais aussi dans le vidéoludique de qualité. Quel talent, quelle classe !
Tu me connais, je suis l’incarnation du bon goût, quel que soit le domaine. 😀
Bon, je suis un peu à la traîne sur Life is Strange, ça date quand même de presque quatre ans. Tu as sans doute déjà dû jouer à Before the Storm, voire même commencer Life is Strange 2. Et ça donne quoi tout ça ?
Ben pas du tout mon jeune ami ! Je n’ai fait que le « premier » Life is Strange. Je suis complètement à la rue. Une sombre histoire de boulot de feignasse, tu sais, nous les profs, on fout rien alors on a tellement d’activités annexes qu’on a même plus le temps de jouer. Si c’est pas malheureux.
Plus sérieusement, Before the Storm comme le début de LiS 2 sont de ma liste de trucs à faire rapidement, mais là, Red Dead Redemption 2 est sorti, du coup, je suis un peu occupé. ^^
Bonnes Utopiales à toi ! Un jour, j’irai.
La vie sociale et professionnelle, l’ennemie du gamer… 😀 Si même les profs ne trouvent plus le temps de jouer, où va le monde ?
Red Dead Redemption 2 ? C’est quoi ce truc, jamais entendu parler… 😉
Oui un jour tu iras, et on se rencontrera enfin. 😀
Votre discussion sur le Discord m’a mis la puce à l’oreille, forcément il fallait que je vienne voir d’encore plus près ce qu’il en est de ce jeu.
Tu le vends bien. Plus que bien même. Life is strange semble avoir pas mal de qualités que je recherche dans un jeu, et notamment des personnages forts, un scénario impliquant des choix qui amènent de l’émotion, etc
Je crois bien qu’il va supplanter ceux qui attendent depuis quelques temps que je me mette dessus.
Merci d’avoir attiré mon attention dessus 🙂
Mais de rien ! 😉
J’espère surtout qu’il te plaira autant qu’à moi, et qu’il te marquera de la même façon. En attendant tes impressions, bon jeu, et profite bien de chaque instant. 😉