Pierre-Fendre, de Brice Tarvel
Quatrième de couverture :
Un immense château…
On n’y entre pas plus qu’on n’en sort. On y naît, on y vit, puis on y meurt. Un monde clos de murailles infranchissables, chapeauté d’un éteignoir de grisaille. Certains ont l’illusion d’un nid somme toute douillet, d’autres ragent d’habiter une prison. Dulvan et son ami Garicorne appartiennent à ces derniers. Sans savoir ce qu’est vraiment le Grand Dehors, ils aspirent à en percer les mystères et rêvent d’une existence tout autre. Mais, pour ce faire, il convient de faire tomber l’enceinte géante, c’est-à-dire se rendre dans la salle-territoire de l’éternel hiver afin d’arracher la Sommeilleuse à ses songes. Comme le racontent les vieux récits, l’énigmatique endormie est-elle cependant bien une déesse dont les errances oniriques ont fait que le château et tout son contenu soient devenus réalité ?
Parce qu’elle ne peut supporter l’idée de perdre son frère, Aurjance quittera son cher royaume du printemps pour se lancer à la poursuite du jeune homme. Quant à Murgoche, la peu recommandable sorcière, elle n’entendra pas se laisser flouer par deux foutriquets.
Château-monde
Brice Tarvel n’est pas un débutant, loin s’en faut. Et s’il ne fait pas partie de auteurs francophones les plus cités lorsque l’on parle de littératures de l’imaginaire, il reste tout de même un auteur prolifique, entre de nombreux scénarios de bandes-dessinées et des romans parus chez différents éditeurs (on lui doit par exemple la continuation des aventures de Harry Dickson, personnage popularisé par Jean Ray, ou de Bob Morane, créé par Henri Vernes). Et le revoici donc sur le devant de la scène avec « Pierre-Fendre », paru chez les Moutons Électriques.
Imaginez un gigantesque château, dans lequel chaque pièce a la taille d’un royaume. Des royaumes ceinturés par de hautes murailles et recouverts d’un lointain plafond. Mais des royaumes tout de même, immenses, dans lesquels les hommes et les femmes naissent, vivent et meurent. Tout irait pour le mieux s’il n’était pas venu à l’idée d’un couple de jeunes garçons de découvrir ce qui se cache dans le « Grand Dehors ». Et pour cela, il faut aller réveiller la Sommeilleuse, celle qui dort dans la salle de l’éternel hiver et dont, selon la légende, les rêves devenus réalité donnent corps à ce château.
Le pitch de départ fait bien envie. Le contexte est original avec cet énorme château composé de pièces démesurées qui ne sont rien d’autres que de vastes régions dominées par une saison particulière. Viridis, pays dans lequel vivent les héros du roman, est un printemps éternel (alors que Chaloir étouffe sous un « soleil » écrasant, que Feuille-Sèche est le royaume de l’automne où tout est humidité et que Pierre-fendre est donc le royaume de l’hiver). On y vit correctement, les citoyens sont plutôt contents de leur sort. Sauf les intrépides que sont Dulvan et son ami (et amant) Garicorne qui se sont mis en tête de découvrir l’extérieur du château, risquant par là même de détruire ce dernier et toutes les vies qu’il abrite. Une décision qui inquiète la soeur de Dulvan, Aurjance, partie avec son amie Farille à la poursuite de son frère. De son côté, la sorcière Murgoche n’a pas du tout l’intention de voir sa petite vie bien rodée et pas désagréable se voir chamboulée à cause de la décision irréfléchie d’un sale gosse.
Et nous voilà donc entraînés à la suite de ces personnages qui vont vivre chacun de leur côté tout un tas d’aventures rocambolesques. Brice Tarvel ne manque pas d’imagination, on sent bien que son château et son fonctionnement ont été bien réfléchis. Là où la bât blesse, en tout cas pour moi, c’est que le roman n’invente rien en dehors de son contexte de départ. « Pierre-Fendre » n’est finalement rien d’autre qu’un roman de fantasy comme on en a vu tant, confrontant ses héros à bien des dangers, les séparant en trois « communautés » (suivez mon regard…), avant que tous se réunissent dans un grand final. Un monde étonnant, des créatures étranges, amusantes ou dangereuses, rien de neuf sous le soleil. Je grossis un peu le trait certes, mais vous voyez le topo…
C’est dommage parce que l’auteur fait preuve d’une belle imagination, mais trop de classicisme dans la narration et l’intrigue ne peut que desservir un roman qui évolue dans un genre qui ne peut plus se contenter de singer ses illustres ancêtres. Soyons honnêtes, le roman se lit bien, certains personnages pétillent (Murgoche en premier lieu, pleine de gouaille ravageuse, ainsi que d’autres seconds rôles, alors que les autres personnages principaux sont assez fades malheureusement…), la plume est belle (usant régulièrement de mots issus du vieux français) mais il n’y a au final pas de quoi se relever la nuit (ce que je n’ai donc pas fait). Et ce n’est pas une conclusion en forme de semi-pirouette qui pourra satisfaire le lecteur avide d’en savoir plus sur ce « Grand Dehors ».
Un roman sympathique sans doute pour qui a envie d’un « simple » roman de fantasy, prêt à lui pardonner une narration vue et revue, au ton par ailleurs très « young adult ». Mais sans doute pas de quoi satisfaire un lecteur avec un peu de bouteille. Quant à lui consacrer un émission de radio, le mystère demeure (ceci dit, l’auteur a une carrière suffisamment riche pour remplir l’heure radiophonique).
Lire aussi les avis de Emaginarock, Sophie, Zaphrina Makichan, Célindanaé.
Bon, tu me rassures dans le sens où ce n’est pas « mauvais », juste… commun. C’est dommage, mais ça se lira quand même 🙂
Non ce n’est pas mauvais, c’est juste pas très original dans son déroulé.
Et le côté young adult, ce n’est pas du tout mon truc. 😉
Le concept a l’air sympathique mais du coup je vais pas le mettre dans mes priorités ^^
Oui le concept de départ est sympa, mais finalement ça n’amène pas tant de choses que ça. Et puis la fin est décevante.
Je suis d’accord avec toi sur le fait que le roman est assez classique dans sa narration. Mais j’ai bien aimé l’univers et les personnages. La fin par contre m’a un peu déçue.
L’univers est sympa mais au-delà de la surprise de la découverte du début, ça n’amène pas grand chose de plus. Après tout, c’est comme si les personnages changeaient de région au cours d’un grand voyage, et rencontraient différentes peuplades/créatures/dangers. Comme n’importe quel roman de fantasy en fait.
Et pour les personnages, heureusement qu’il y a Murgoche, sinon l’ennui m’aurait tué je crois. 😀
Et je te rejoins sur la fin, décevante.
J’avais oublié de te linker, c’est maintenant chose faite ! 😉
C’est curieux, mais le pitch me donne une impression de déjà vu sans que j’arrive à dire quoi précisément.
Rien ne me vient à l’esprit de manière précise non plus, c’est sans doute un amalgame de plein d’influences diverses.
Oh, la couv me faisait de l’oeil. Mais c’est vrai qu’il en ressort du pitch et de ton billet une grosse impression de déjà lu. Je pense avoir un peu de bouteille, et je suis surtout en recherche de textes plus matures et plus différents. ET puis, je viens de donner avec du classique.
Pas sûr en effet que tu y trouves de quoi te satisfaire, trop convenu, trop classique…
J’hésitais un peu avec celui-ci : la critique de Célindanaé m’avait donnée envie mais j’avais justement peur que ce soit trop classique. Merci donc pour cet article, je vais passer pour cette fois 🙂
De rien, si ça peut aider quelques lecteurs à faire leur choix… 😉
Se méfier toujours, même des meilleurs… François est quand même parvenu à me faire lire une deuxième fois Puertolas alors que j’avais un mauvais souvenir de la première.. et cette fois, c’est bien fini !
Si ça trouve François Angelier a vraiment adoré ce bouquin, et c’est d’ailleurs tout à fait son droit.
Moi par contre… Chacun ses goûts ! 😉
En fait c’est le Château de Franz Kafka à l’envers 😀
Dommage, le postulat de départ est marrant, mais le ton risque de me déplaire.
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