Le sultan des nuages, de Geoffrey A. Landis
Quatrième de couverture :
L’humanité a colonisé le système solaire au bénéfice de consortiums privés omnipotents régnant sur les transports spatiaux. Et ce jusqu’à la plus infernale des planètes, Vénus, dans l’atmosphère létale de laquelle flottent de stupéfiantes cités volantes, véritables miracles de technologie high tech. Plusieurs milliers d’entre elles sont sous la coupe d’un seul et même individu, Carlos Fernando Delacroix Ortega de la Jolla y Nordwald-Gruenbaum, le sultan des nuages, qui n’entrera en pleine possession de son héritage qu’une fois marié, et dont l’immense pouvoir attire toutes les convoitises. Pour David Tinkerman et le Dr Léa Hamakawa, scientifiques récemment arrivés de Mars en vue d’une expertise, les forces souterraines à l’œuvre autour du jeune satrape vont vite s’avérer plus mortelles que Vénus elle-même…
« Les récits de science-fiction ne sont pas avares en idées brillantes. Dans le cas de Landis, la brillance des idées est renforcée par la force émotionnelle de ses textes. Il écrit sur la science et le monde scientifique avec un humanisme saisissant. » Gardner Dozois
« Le Sultan des nuages », finaliste du prix Nebula, est lauréat du prix Theodore Sturgeon 2011.
Dans le ciel de Vénus
Vénus est un enfer ! Des températures démentielles, une pression atmosphérique colossale, s’y installer est une pure illusion. Mais dans ses nuages en revanche… À la bonne altitude (une cinquantaine de kilomètres), on y trouve des températures plus convenables et une pression plus supportable. Encore faut-il pouvoir y faire flotter quelque chose. Et c’est ce qu’a réussi à faire l’humanité avec ces cités flottantes, merveilles de technologie, véritables petit paradis au-dessus d’un enfer invivable. La plupart de ces cités vénusiennes appartiennent à un seul et même homme, Carlos Fernando Delacroix Ortega de la Jolla y Nordwald-Gruenbaum (!!), le fameux « sultan des nuages », héritier d’une longue lignée d’hommes et de femmes d’affaires avisés. Les travaux du Dr Léa Hamakawa sur la terraformation de Mars l’intéressent et il décide donc d’inviter cette dernière (accompagnée du plus pragmatique technicien David Tinkerman) sur une de ces cités fantastiques, Hypatie.
La découverte in situ de cette cité est un joli moment d’émerveillement SF. Un brin hard-SF mais pas trop pour expliquer comment tout cela est possible, c’est surtout l’occasion de se sentir transporté dans un ailleurs typiquement SF dans lequel on se sent pourtant comme chez soi (pour les plus chanceux !) ou sur un lieu de vacances idyllique (et il faut voir les loisirs qu’il est possible d’y pratiquer : le « kayak vénusien » a quelque chose de terriblement grisant !). Et puis, on découvre petit à petit toute l’étrangeté de ce monde, notamment sur le plan des mœurs. Cette « tresse » (au lecteur de découvrir de quoi il s’agit) est un concept surprenant qui ne manque pas de poser questions par rapport à notre mode de vie et des limites à ne pas franchir. Après la hard-SF, on a donc là un petit soupçon pas désagréable d’anthropologie.
Et puis vient la face sombre de ce paradis, ce qui se trame en coulisse. Car tout le monde ne semble pas être d’accord avec la mainmise du « sultan » sur la majeure partie des cités vénusiennes. Après la hard-SF et l’anthropologie, c’est le côté enquête/thriller qui fait son apparition. Hard-SF + anthropologie + thriller en à peine 100 pages, c’est bien évidemment qu’aucun de ces aspects n’est réellement approfondi (après tout nous sommes dans une novella !), il y aurait sans doute beaucoup à ajouter sur ces plans, à l’image d’une conclusion un peu expéditive (qui tient ceci dit tout à fait son rang de point d’orgue du récit par la surprise qu’elle amène) mais qui ne manque pas de mettre en relief la cupidité sans limites (mais ingénieusement scientifique !) des puissants. SF donc, mais forcément d’actualité.
Au final, « Le sultan des nuages » (traduit par Pierre-Paul Durastanti et illustré comme de juste par Aurélien Police) est un bon récit de SF, proposant différentes saveurs (hard-SF, anthropologie, thriller) mélangées dans un récit court et efficace. Seule la conclusion m’a semblé un peu rapide, ce qui ne m’a pas empêché d’y prendre du plaisir. A lire.
Lire aussi les avis de Xapur, Apophis, Nebal.
Critique rédigée dans le cadre des challenges « S4F3s3 » de Xapur et « Summer Star Wars Rogue One » de Lhisbei.
Je l’ai, je l’ai ! À peine ai-je repris le boulot que j’ai déjà mis la main dessus :3 Bon, la conclusion me fait un peu peur, tu n’es pas le seul à avoir noté la rapidité de la chose… Mais le reste à l’air tellement chouette que je prends le risque 🙂 Merci pour cette chronique qui donne envie !
Ce n’est pas un trop gros risque et même si la conclusion est rapide, le reste vaut largement l’effort. 😉
La fin est vraiment…. abrupte…et tombe à pic…C’est exact…
Je ne serai pas aussi dithyrambique que certains sur ce texte mais il est vrai que cette petite collection offre de bien belles choses, vite lues mais souvent inoubliables…
Ce n’est sans doute pas le meilleur texte de la collection mais il tient son rang de belle manière et n’a pas à rougir. Je fais confiance à l’éditeur pour nous dénicher de jolies choses, et jusqu’ici, à une ou deux exceptions près, je n’ai pas eu à la regretter.
Assez d’accord avec toi, tu fais bien de souligner la fin abrupte. C’est un bon texte, ça donne envie de lire plus d’aventures vénusiennes.
Des aventures vénusiennes, il y en a plein dans les récits pulps ! 😀
Mais c’est un genre bien différent de la rigueur scientifique ici présente. 😉
Oui, j’ai oublié de préciser, avec la rigueur scientifique et les crédibilité de ce récit.
C’est pas bien de dénigrer les pulps comme ça. D’ailleurs, je vais en parler un peu un de ces jours. 😉
Non non je ne dénigre pas ! J’ai juste une préférence pour les récits accès Hard-SF, et puis la preuve j’ai aimé le premier tome de la Hanse galactique, qui est quand même très pulp !
Ha c’est vrai, tu as un bon point. 😀
Je préfère cette fin abrupte avec le background qu’une intrigue bien ficelé mais un univers moribond. Oui je sais on pourrait avoir les deux mais sur ce format, ce n’est pas facile…
Je ferai un parallèle avec Le Regard de Ken Liu dans la même collection. Deux univers au top, une intrigue qui l’est moins mais au final un plaisir immense.
Vraiment curieux de connaitre les titres prévus en 2018…
Il faut trouver un juste équilibre, le format de la novella ne permet pas de tout développer…
Je te rejoins avec « Le regard » qui m’avait tout à fait donné satisfaction.
Pour 2018, je suis aussi très très curieux. 😉
Rien que le concept me donne envie, vivement que je le lise !
Laisse toit tenter, ça se lit vite et c’est du solide.
Je compte le lire très bientot!
J’espère qu’il me plaira autant qu’à toi!
Merci 🙂
Je pense que c’est dans tes goûts, tu devrais aimer. 😉
Comme la plupart des novellas 1h lumière, celle-ci me fait envie ! Je dis beaucoup ça ceci-dit, et lis trop peu ces temps-ci ^^. Dis-moi : est-ce que le début de cette novella ressemble à la projection d’une utopie ? Je prépare un petit topo sur la question de l’utopie en SF, et suis à la recherche de textes qui présentent une vision idéale de société. J’ai bien compris qu’ici il y avait finalement une bascule, mais estimes-tu qu’au début il y a une sorte de modèle idéal qui est exposé ?
Non je ne parlerais pas d’utopie, même au début. Plutôt d’une vraie merveille technologique mais pas d’un ensemble technologico-socio-économique où les habitants nagent dans le bonheur. En tout cas cet écosystème n’est pas ici suffisamment détaillé pour qu’on puisse le qualifier clairement d’utopie.
Intéressant ce que tu prépares, tu le diffuseras sur ton blog ?
Ok merci. Je dois en fait faire une (rapide) intervention à la bibliothèque Rilke à Paris, lors d’une rencontre avec Léo Henry et Estelle Faye, centrée sur la question de la ville. Comme je suis urbaniste, les bibliothécaires m’ont sollicité pour faire une intervention sur la ville et la SF. Et je vais prendre pour point d’entrée la question des dystopies et des utopies, qui sont souvent communes à la SF et l’urbanisme. Si jamais ça t’intéresse et que tu es sur Paris, ça se passe le vendredi 13 octobre. Voici le lien : https://bibliotheques.paris.fr/Default/doc/QUEFAIRE/27461/estelle-faye-et-leo-henry-face-a-la-ville-imaginaire
Et je prévois effectivement de ré-exploiter ça sous forme d’article sur mon blog.
C’est intéressant mais je ne suis pas sur Paris malheureusement…
Je verrai ce que tu en dis sur ton blog. Bonne préparation ! 😉
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