Zapping VOD, épisode 37
Ghost in the shell, de Mamoru Oshii
Tous ceux qui s’intéressent à la SF ont noté la sortie de du film « live action » « Ghost in the shell » avec Scarlett Johansson (et la polémique sur le white-washing hollywoodien sur laquelle je ne reviendrai pas ici). L’occasion était trop belle pour ne pas se replonger dans le film d’animation d’origine, sorti en 1995 (tout ce temps, déjà !…), réalisé par Mamoru Oshii et basé sur le manga de Masamune Shirow. Un film que j’avais déjà vu lors de sa sortie, un film qui m’avait plus qu’impressionné mais duquel je gardais, du haut de mes 16 ans à l’époque, peu de souvenirs (hormis une musique fascinante), et l’impression d’une intrigue compliquée.
Et ce revisionnage montre donc que parfois il ne faut pas hésiter. Car j’ai changé, j’ai muri, et même si en 1995 je reconnaissais déjà les grandes qualités de ce film que je n’ai jamais oublié, je pense à nouveau avoir pris une belle baffe aujourd’hui. L’intrigue, compliquée ? Pas vraiment, et disons surtout qu’elle n’est qu’un prétexte pour insister sur le fond. Car ce fond, ce message… est d’une limpidité exemplaire et, allant droit au but, sans fioritures, est encore aujourd’hui sacrément marquant. Bien sûr, 22 ans après, de l’eau a coulé sous les ponts, ces réflexions sur les intelligences artificielles, la vie, ce qui définit le vivant (la mémoire ? La reproduction ? La mort ?), les réseaux, l’émergence d’une entité autonome, etc… ont été reprises de multiples fois (avant comme après le film d’ailleurs) en littérature comme au cinéma. Il n’empêche, c’est fluide, c’est limpide, c’est efficace.
Et sans céder à la facilité d’en faire un film d’action, Mamoru Oshii a su prendre son temps. 1h20 seulement pourtant, mais le film sait s’accorder des pauses, des moments de calme, de silence. Cinématographiquement parlant, le film donne aujourd’hui encore une bonne leçon à un paquets d’oeuvres plus modernes. Et cette musique !… Aaaaah, cette musique… Kenji Kawai a fait un travail absolument exceptionnel, qui va bien au-delà des chants que personne parmi ceux qui ont vu le film n’ont oubliés, ces chants hypnotiques qui magnifient la scène d’introduction, la balade dans la ville et le générique de fin.
Bref, ce film reste aujourd’hui encore extrêmement marquant, influençant de nombreux longs métrages après lui (comment ne pas penser à « Matrix » par exemple ?). Culte.
Ghost in the shell 2 : Innocence, de Mamoru Oshii
Suite du premier « Ghost in the shell », « Innocence » se devait de faire plus fort, plus intelligent, plus beau. Pari pas vraiment tenu. Pour ce qui est de faire plus beau, à l’époque de sa sortie c’était peut-être réussi, mais curieusement c’est moins le cas maintenant, la faute à un recours trop récurrent à l’animation 3D qui, 13 ans après (le film est sorti en 2004), a mal vieilli. Hé oui, la technologie évolue vite, et ça se voit. Alors que côté animation « traditionnelle », là oui, on sent une montée en qualité, les décors sont superbes, l’animation est nickel. Sur le plan cinématographique, rien à redire bien sûr, Oshii n’a rien perdu de son immense talent.
Plus intelligent ? Oui et non. Mamoru Oshii a dû se sentir obligé, après le coup de maître du premier film, d’aller plus loin. Sauf qu’à trop vouloir en faire, il s’est un peu perdu en chemin, entre dialogues pas toujours limpides, philosophie un peu pesante et références qui pleuvent (il suffit de consulter la page Wikipedia)… Si on y ajoute quelques transitions un peu rapides, on obtient un résultat un peu bancal, qui a vite fait de perdre le spectateur (dans la deuxième partie du film). Pourtant, cette réelle volonté d’approfondir son discours amène une nouvelle fois de nombreux sujets de réflexion : dérive technologique, puissance des multinationales, horreurs de la nature humaine, statuts des robots humanisés (la réflexion finale de Batou est d’ailleurs particulièrement éloquente sur ce point alors que le spectateur, « naturellement », pense avant tout aux être humains, un joli contrepoint très frappant), même si d’autres oeuvres se sont entre temps emparées de ces sujets, le film n’étant donc plus totalement à l’avant-garde. Dommage également (mais c’est logique scénaristiquement) que le Major Kusanagi, charismatique au possible dans le premier film, ne soit plus de la partie même si j’aime beaucoup Batou également. Enfin, ne soyons pas trop négatif, le dernier quart du film, certes assez orienté sur l’action (ce qui n’est pourtant pas « l’essence » du film), est extrêmement efficace et tendu.
Esthétiquement remarquable, techniquement parfois perfectible, narrativement un peu brouillon même si toujours thématiquement brillant, « Ghost in the shell 2 » ne parvient donc pas à atteindre la pureté filmique de son illustre aîné, mais il reste tout de même une oeuvre remarquable, à même de figurer parmi les grands films cyberpunks.
La grande aventure Lego, de Phil Lord et Chris Miller
Alors là, changement de ton total avec ce grand nawak, un « what the fuck » assumé, délirant, drôlissime, et plaisant autant pour les parents que pour les enfants. Je ne l’ai regardé que d’un oeil, m’occupant de ma fille en même temps (j’ai dû louper quelques blagues et références parce que ça fuse à 100 à l’heure !), mais ce fut malgré tout un vrai petit plaisir.
Il y a du second degré un peu partout, l’humour fonctionne vraiment bien (si on est dans le trip évidemment), l’animation est un joli tour de force, et l’hommage (gentillet tout de même) au pouvoir de la créativité est évidemment tout à fait dans le ton de l’univers Lego.
Pas grand chose de plus à en dire, on ne regarde pas ce film pour son fond philosophique mais plutôt pour passer un bon moment, entre rire et clins d’oeil assumés. Super-héros (Batman est absolument hilarant !), western, licorne, Star Wars, tout l’univers pop-culture/geek des 25-45 ans est là, on s’amuse (l’équipe créative du film aussi et ça se sent), mission accomplie haut la main !
Wow, à vivre en concert, ça doit être quelque chose ! Tu as eu l’occasion de voir ça en vrai ?
Merci pour cette découverte Gilles. 😉
Pas vu en vrai… mais j’aime bien les ciné-concerts. Mon dernier c’était Meet the Feebles.
Ah tiens, je n’ai pas vu le film, je le note sur mon calepin. 😉
Mon seul ciné-concert (mais c’était plutôt un vrai concert d’ailleurs, il n’y avait pas d’images de films), c’était celui de Hans Zimmer. Ça faisait plaisir de retrouver certaines mélodies bien connues (si on aime l’emphase de Zimmer…).
J’aimerais bien voir un vrai ciné-concert avec le film à l’arrière et l’orchestre qui joue la partition.
Et bien, je sais quoi regarder ce sior. Grâce à toi ce sera, Ghost 1&2.
Merci
Bon visionnage alors ! 😉
Tiens justement, je me suis fait les versions 1985 et 2017 de Ghost in the Shell ces jours-ci…
1995 plutôt 😉
Pour la version 2017, je vais devoir patienter quelques mois… 😉
Mais c’est qu’il donne l’envie de se visionner tout cela le petit homme jaune.
Ha mais faut pas hésiter, y a du très bon là dedans ! 😀
Complètement d’accord avec toi sur le premier Ghost in the shell. Je l’ai revu avant d’aller voir celui de cette année, je l’ai trouvé beaucoup plus intéressant (et tout ça en 1h20). Le nouveau n’est pas mauvais mais beaucoup plus lisse.
Il faudra que je jette un oeil au 2e anime un jour…
Sinon le premier film Lego est vraiment sympa. J’ai été un peu moins convaincue par celui sur Batman qui va vraiment trop vite niveau rythme.
Je n’ai pas encore vu le film « live action », j’attendrai la sortie DVD/Blu Ray pour ça, et ce que les gens en disent autour de moi me laisse penser que l’ambition du film d’animation a été sérieusement revu à la baisse… Reste un beau spectacle visuel. C’est déjà pas mal mais où est passée la substantifique moelle ?
Je regarderai peut-être le film Batman lors d’une prochaine après-midi avec ma fille. Si ça fuse encore plus, ça va devenir compliqué à suivre ! 😀
Je n’ai pas vu Ghost in the Shell avant de voir le film qui vient de sortir. Ça me manque. Il faudrait que je rattrape.
Lol ta remarque « on ne regarde pas ce film pour son fond philosophique » sur le film Lego. J’ai été tellement étonnée par celui sur Batman qu’il faudrait que je rattrape celui-ci. C’est vrai que ça fuse en tout cas, dans Batman j’ai dû louper la moitié des références.
Pas revu ou pas vu du tout ? Si c’est le dernier cas, il faut que tu le rattrapes, même plus de 20 ans après il reste vraiment hyper intéressant !
Ah non mais le film Lego, c’est un truc assez fou, très drôle, irrévérencieux juste ce qu’il faut, très référencé geek, plein de second degré, je ne l’attendais pas sur ce terrain là. Surpris. En bien. 🙂
« Une musique fascinante et une intrigue compliqué »
Pareil lol. Mais du coup il faut vraiment que je me le revois 🙂
Alors re-regarde le, tu le verras sans doute différemment. Et tu te prendras sans doute une belle claque car c’est vraiment un grand film. 😉
Tellement d’accord sur le premier Ghost in the Shell (pas vu le 2). Celui de 2017 est très dispensable, surtout si tu n’as pas l’occasion de le voir sur grand écran (il est très joli).
La pureté du propos du premier Ghost in the Shell est frappante. C’est moins le cas dans le deuxième…
Je ne verrai pas le film au ciné, ce sera rattrapage à la maison… Du coup, s’il est moins intéressant, je pourrais faire autre chose en même temps ! 😀