Ce qui relie, Spire tome 1, de Laurent Genefort
Quatrième de couverture :
« Soudain, un avenir semé d’ennemis s’imposait à elle. Pour survivre, elle devait se cuirasser. Si leur Compagnie tombait au premier coup porté, c’est qu’elle ne méritait pas de naître. »
Lorsque leur vaisseau s’écrase sur Arrhenius, Lenoor et Hummel découvrent une colonie sous-développée, éloignée des grands axes interstellaires, dédaignée par les lignes principales. Une fois guéris, reconnaissants envers les colons, les deux pilotes repartent.
Mais plus rien n’est comme avant car une idée poursuit désormais Lenoor. Un projet génial autant que dangereux et difficile à mettre en œuvre : monter une compagnie de transport interstellaire indépendante !
Ainsi naît la Spire, alliance de rêveurs visionnaires et de casse-cou sans peur, prêts à tout pour relier entre elles les planètes des Confins. Mais son acte de naissance ne s’écrira pas sans heurts : alertées, les grandes compagnies déploieront toute leur puissance pour empêcher son essor. Luttes intestines, ligues et trahisons : un chemin semé d’embûches attend les navis de la Spire, véritables aventuriers des étoiles !
Space-Fedex !
Laurent Genefort m’a confié lord du festival Rue des Livres à Rennes (lors duquel j’ai acheté et fait dédicacer le roman) qu’il avait pris beaucoup de plaisir à écrire ce roman. Bien souvent, ce plaisir pris par l’auteur est communiqué au lecteur. Et c’est bien le cas ici, quand bien même le roman est assez différent de ce que j’imaginais.
Car j’avoue que je m’étais mis dans la tête que ce roman allait être un truc bien touffu, avec un background bien velu, une sorte de manuel économique sur comment monter sa société de transport inter-stellaire. Bon, j’exagère un peu, et si Laurent Genefort a eu cette idée en tête (j’avoue que je n’en sais rien), il a vite dû se dire (et à raison) que ce serait une lecture absolument indigeste. Du coup, il a préféré s’orienter sur du pur space-opera d’aventures, sans renier le côté « je monte mon entreprise » mais cet aspect, qui reste important puisque c’est quand même le coeur de cette future trilogie, ne devait pas empiéter sur le plaisir de lecture. Et de ce point de vue, c’est tout à fait réussi, le récit étant un vrai page-turner de SF populaire, assez court (300 pages), nerveux, entraînant. Tout à fait dans l’esprit des space-operas édités par Critic (tels « Arca » ou « Sitrinjeta »).
On a donc deux personnages, Lenoor, chargée d’évaluer le potentiel économique des planète situées dans les Confins, et Hummel, un pilote de vaisseau, qui s’écrasent sur une planète. Ils sont secourus et soignés par les humains vivant sur place, mais déjà une idée germe dans leur tête : créer une société de transport qui ne s’occupe que des planètes des Confins, là où les autres sociétés de ce genre ne s’occupent que rarement d’elles et toujours à leur désavantage économique. « Ce qui relie » est donc le récit des débuts de cette entreprise (la Spire), avec ses joies, ses peines, ses succès et ses déboires. On a donc droit à différentes étapes de la vie de cette entreprise, avec en prime un vrai suivi narratif et une belle fluidité d’écriture, pas simplement quelques épisodes significatifs mais détachés les uns des autres. Les personnages sont solides, bien campés, et on se prend rapidement d’amitié pour eux (pour ce qui est des trois principaux : Lenoor, Hummel, Cornelis, les autres ayant droit à moins de « temps d’antenne »), tout comme on sent justement « ce qui les relie », alors qu’au fil du temps l’entreprise prend de l’importance (il est d’ailleurs amusant de voir qu’en fin de volume on a droit à ce qui ressemble à un listing du personnel navigant, des vaisseaux de l’entreprise, et des planètes avec laquelle la Spire a signé un contrat, à ne consulter qu’à la fin du roman bien sûr).
Bien sûr, quelques moments marquants surnagent, de ceux qui marquent la vie d’une entreprise et ses employés. Cela va de la tentative d’intimidation des concurrents qui la prennent de haut à la véritable tentative de destruction, en passant par certains choix cornéliens qui l’obligent à prendre parti dans un conflit étranger. L’ingérence franche face au poids de la conscience… Tout ne sera pas facile, ne se fera pas sans perte et sans accroc, mais j’ai trouvé que le ton du roman, finalement résolument optimiste, était vraiment rafraîchissant, et ça fait du bien.
Un roman solide, facile d’accès, plein d’aventures, toujours situé dans l’univers que Laurent Genefort développe depuis longtemps (celui des « Portes de Vangk », comme « Omale » et « Lum’en », mais il n’y aucun prérequis pour lire ce roman-ci), dans une ambiance plutôt positive mais dont la conclusion nous montre bien que les premières vraies dissensions internes commencent à apparaître, tandis que loin dans l’espace d’étranges et dangereux objets célestes pourraient bien jouer un rôle, d’autant que le titre du second volume annonce déjà une certaine noirceur (« Ce qui divise », tout le contraire de ce premier tome donc). A suivre, et j’en serai.
Ça me donne vraiment envie de le lire ! Du coup là natation se déroule sur plusieurs années dès le premier tome ?
Est-ce qu’on retrouve des questionnements éthiques et morales au fil des pages ? C’est ce qui m’avait plu, notamment, dans lu’m’en.
Natation sur plusieurs années c est quand la narration prends l eau….
Lol yogo. 😀
La narration se déroule en effet sur plusieurs années dès ce premier volume, avec un focus sur certains événements importants de la vie de la Spire.
Oui il y a des questionnements, notamment quand certains équipages font escale sur des planètes dont les gouvernements font des actions disons contestables. Mais de manière globale, c’est moins approfondi que dans Lum’en.
Merci El Maki de relever ! Cela dit, une natation sur plusieurs années, faut tenir
Merci pour les précisions Lorhkan, je vais me laisser tenter
J’avoue que c’est pas bien de se moquer des copains… mais c’est tellement tentant ! Tout comme la chronique 😉
Sans urgence mais pourquoi pas…
C’est très sympa à lire en tout cas. 😉
Aha! Ca c’est une critique qui me plait… avec fedex en sous-titre, rien de tel pour attirer vivement ma curiosité!.
Space opera sans prétention excellent pour se dégourdir les neurones. C’est bien cela?
Et c’est bien fait, je suis donc convaincue et je crois que je vais finalement me laisser tenter!
Merci 🙂
Oui c’est cela. Après, c’est toujours un peu péjoratif de dire sans prétention, car j’imagine que l’auteur a quand même la prétention de divertir son lecteur. Et de ce côté là, c’est réussi.;)
On n’est pas dans un pensum philosophique pesant, c’est du space-opera d’aventure et ça fait du bien. D’ailleurs, comme je sais que tu aimes ce genre d’aventures « légères », tu devrais t’intéresser aux space-operas publiés chez Critic, je pense que tu as de quoi trouver ton bonheur. 😉
« une sorte de manuel économique sur comment monter sa société de transport inter-stellaire. » -> C’est le genre de chose que j’aimerai bien lire. 🙂
Pourquoi pas, le risque étant d’oublier le côté narratif de la chose. Mais ça pourrait me plaire aussi. 😉
Je viens de l’acheter à Paris et je l’ai commencé illico !
« Space-Fedex », c’est tellement l’esprit ^^
Cool, j’espère que ça te plaira. 🙂
De toute façon Laurent Genefort = <3
C’est un peu ça oui ! 😀
Oui carrément, Genefort est génial ! Il mérite d’être davantage connu, et s’il était traduit en anglais (on est bien d’accord qu’il ne l’est pas ?) il pourrait réussir dans le monde anglo-saxon. Je l’ai entendu dire en conférence qu’il ne pensait pas marquer la littérature de la SF, qu’il serait oublié comme tant d’autres. C’est peut-être vrai, mais ce serait vraiment dommage.
J’avoue que je ne sais pas s’il a été traduit en anglais, mais je ne crois pas.
Il pourrait avoir du succès oui, mais j’attends de lui un vrai space-opera ultra ambitieux, un truc à la David Brin ou Alastair Reynolds. Là clairement, il ne serait pas oublié.
Ça m’intéresse mais on verra quand j’aurai fini Omale… Qui est en pause depuis plusieurs mois.
C’est différent d’Omale, ici on est vraiment dans du space-opera d’aventure.
Omale, c’est plus du planet-opera un peu « rétro » (au vu des technologies disponibles, mais je n’ai lu que le premier volume).
Je l’ai terminé il y a peu et je viens de terminer ma chronique. J’avoue que pour ma part je suis moins emballé, j’ai trouvé l’intrigué traité de façon trop simpliste avec des évolutions trop faciles à mon goût. 300 pages ça reste court pour traiter 50 ans d’une société.
En fait, Laurent Genefort a écrit ici du space-opera « light », assez proche des space-operas pulp de l’âge d’or. C’est à rapprocher des « Ferrailleurs de l’espace » de Eric Brown paru au Bélial’ : c’est de l’aventure, le côté hard-science est inexistant, c’est du Firefly, c’est de la lecture d’évasion sans prétention. Ça fait bien le job je trouve. 😉
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