La voie des rois, de Brandon Sanderson
Quatrième de couverture (provenant du premier volume de l’édition française) :
Roshar, monde de pierres et de tempêtes. Des siècles ont passé depuis la chute des Chevaliers Radieux, mais leurs avatars, des épées et des armures mystiques qui transforment des hommes ordinaires en guerriers invincibles, sont toujours là. Pour elles, les hommes s’entre-déchirent. Dans le paysage dévasté des Plaines Brisées, Kaladin, enrôlé de force, lutte dans une guerre insensée qui dure depuis dix ans, où plusieurs armées combattent séparément un unique ennemi. Dalinar Kholin, chef de l’une de ces armées, est fasciné par un texte ancien appelé La Voie des Rois. Hanté par des visions des temps anciens, il commence à douter de sa santé mentale. De l’autre côté de l’océan, la jeune et ambivalente Shallan apprend la magie, et découvre certains secrets des Chevaliers Radieux…
Un (futur) truc énorme…
Avant d’attaquer la critique proprement dite, je reviens un instant sur l’édition française. « La voie des rois » (« The way of kings » en VO) est donc le premier volume de la série « Les archives de Roshar » (« The Stormlight archives » en VO). Mais c’est un gros volume. Trop gros pour sortir en un seul morceau. Le voici donc découpé en deux pour sa sortie française. Je laisse chacun juger de la pertinence de ce choix (approuvé par Sanderson et qui a même préconisé à quel endroit faire la coupure, et il faut avouer que cette coupure est judicieusement placée), toujours est-il que nous avons donc deux tomes de 750 pages pour le premier et 650 pages pour le second, pour un joli total de 1400 pages. Ça nous fait un beau bébé que j’ai choisi de critiquer en une seule fois pour respecter la tomaison originale.
De manière inversement proportionnelle à la taille du roman, je vais tenter de faire bref, car si je m’étale je pourrais en écrire des pages tant il y aurait de choses à dire sur le contexte du récit, qu’on sent pensé dans ses moindres détails par Brandon Sanderson (en même temps, vu qu’il y a travaillé plus de 10 ans, il a eu le temps de le peaufiner…^^). « La voie des rois » se déroule donc dans le monde imaginaire de Roshar, continent rocheux balayé d’est en ouest par de fréquentes et titanesques tempêtes qui ravagent tout sur leur passage. Les hommes, la faune et le flore se sont bien sûr adaptés à ces conditions difficiles, c’est d’ailleurs un premier bon point pour l’auteur qui développe un étonnant écosystème à la fois exotique et fascinant.
Roman polyphonique, « La voie des rois » place en tête d’affiche trois personnages principaux : Dalinar Kholin, un Haut-Prince général d’une armée luttant contre un ennemi coupable d’avoir assassiné le roi d’Alethkar (la plus puissante nation du continent) et frère de Dalinar, Kaladin, un ancien soldat trahi devenu esclave à la solde d’une autre armée luttant contre ce même ennemi, et Shallan, une jeune femme qui a mis au point un dangereux stratagème pour éviter la ruine de sa famille. On suit donc ces trois personnages et au fil de leur histoire on découvre petit à petit l’Histoire de ce monde, sa (ses) religion(s), son passé mythique (voire mythologique), et bien sûr, fantasy oblige, sa magie. Mais que ce soit l’un ou l’autre de ces éléments, n’imaginez pas tout savoir à l’issue de ce roman, beaucoup de choses restant dans l’ombre (en même temps, l’auteur a prévu dix tomes…).
La partie mythologique par exemple, mise en scène dans un prologue très intriguant, ne se dévoilera ensuite que par petites touches au fil des conversations ou des découvertes des personnages. La magie ensuite, qui tout d’abord absolument ébouriffante dans un remarquable premier chapitre (et qui semble partager quelques points communs au moins dans ses effets avec celle de la trilogie « Fils des Brumes »), se fait ensuite mystérieuse et plus complexe qu’il n’y paraît, notamment car elle semble avoir plusieurs manifestations bien différentes.
Mais alors, tant de mystères au bout de 1400 pages ? Oui, il faut bien avouer que des longueurs, il y en a. Beaucoup diront certains. Et pourtant, à aucun moment je ne me suis ennuyé, même si plus d’une fois l’action avance peu, même si la situation des personnages paraît bien trop statique par moment. Si on ajoute à ça que deux des trois personnages se situent quasiment au même endroit tout au long du roman (et que donc on est loin de l’aspect « guide touristique » qui apparaît trop souvent en fantasy), on imagine bien que ça ne bouge pas beaucoup. Certes. Mais quand Brandon Sanderson décide de dévoiler un peu son jeu et de mettre un peu l’action au premier plan, croyez-moi ça dépote (aaaaah, la bataille de la Tour ! J’en vibre encore !) ! Et ce n’est qu’un début, car les personnages se découvrent à peine, et j’ose à peine imaginer ce que tout cela pourra donner quand ils dévoileront leur plein potentiel.
Car on sent que Brandon Sanderson a décidé de verser dans la fantasy épique, en donnant tout son sens à ce dernier mot, quand bien même il prend un peu trop son temps. Oui, on touche du doigt ce que tout joueur de jeu vidéo d’action-RPG type « Diablo » a ressenti quand il cherche du « loot » : objets légendaires, check, personnages surpuissants, check, montée de niveau, check. Le potentiel pour la suite est assez grandiose, même si la mécanique sandersonienne ne surprend plus vraiment. Qui a lu « Fils des Brumes » sentira à l’avance les éléments propres à renverser les convictions des personnages : certains peuples (tous humains, pas de nains, d’elfes ou autres créatures humanoïdes) ont sans doute encore bien des secrets, la magie ne s’est pas encore pleinement révélée, certains personnages ne sont sans doute pas ce qu’on pense d’eux, et l’Histoire officielle n’est sans doute pas ce que l’on en dit.
Mais peu importe. Sanderson a lancé un truc énorme, ou du moins qui a tout pour le devenir. Certes pas sans défaut (certains personnages plus intéressants que d’autres, la taille du roman peut effrayer et les longueurs de ce volume d’introduction en laisseront peut-être quelques uns sur le bord du chemin, ce que je ne peux que comprendre, 1400 pages pour une introduction c’est sans doute légèrement too much), on sent tout de même toute la générosité d’un auteur qui livre une oeuvre réfléchie dans ses moindres détails, une oeuvre qui se veut marquante. Elle ne l’est pas encore mais je prends date et je suis sûr que dans quelques années on en parlera comme d’une référence de la littérature de fantasy. En attendant, j’attends le tome 2 (enfin 3 et 4 pour l’édition française) avec une grande impatience !
J’ai lu les deux pavés, et c’est vrai qu’à l’issue du premier j’étais assez emballée. Toute la construction mythologique de cet univers est remarquable. J’ai adoré les petites manifestations différentes et bien dosée. Les phrénes sont excellentes.
On ressent bien la fantasy épique que veut construire Sanderson – un de mes auteurs adoré. Malgré tout, Shallan est assez gonflante et ce sont les parties où je me suis ennuyée. Trop long à mettre en place. Le palais où elle s’abrite avec sa cible, touché par des tempêtes et des vents violents, m’a fait penser à la Horde du contrevent de Damasio.
Pour le second tome, j’ai trouvé beaucoup, beaucoup de longueur, j’ai eu le sentiment que notre auteur cherchait à atteindre un record de pages au détriment de son intrigue. Et je crois que j’ai pris en grippe Shallan.
Bref, cela ne m’empêchera pas de me jeter sur World of radiance.
Belle chronique, je n’avais pas fait le rapprochement avec les jeux de style Diablo et ses nombreux loots, et c’est excellent et judicieux!
Merci
Désolée pour la longueur… 😉
(je te mets en lien sur mes 2 chroniques)
Shallan est un peu en retrait oui, c’est dommage parce que paradoxalement son intrigue est très importante : c’est par elle que les informations sur le monde de Roshar, son passé, ses légendes, sa magie, sont données au lecteur.
Et il y a des longueurs, mais pour moi plutôt du côté de Kaladin. Entre ses flashbacks et son évolution qui se fait assez lentement, c’est parfois assez longuet. Ceci dit, et c’est tout le talent de Sanderson, il y a toujours un petit quelque chose pour raccrocher le lecteur, et en définitive je ne me suis jamais ennuyé.
J’ai pensé à Diablo, mais pas à la Horde… Comme quoi, les références des uns et des autres… 😉 Pourtant j’adore la Horde, et ces tempêtes peuvent y faire penser, effectivement. Bien vu.
Je me jetterai aussi sur la suite, qui paraîtra courant de cette année si j’ai bien suivi. Cette saga a tout pour devenir passionnante !
Pour les liens avec d’autres chroniques, j’avoue avoir été assez fainéant sur ce coup : lister chez chaque blogueur deux chroniques sur des romans qui par ailleurs ont eu pas mal de succès sur la toile, ça m’a un peu découragé, du coup je n’ai listé personne. Je sais c’est mal… ^^
Oh my god, dans quoi tu t’es engagé Xd
Dans un truc de fou. Mais c’est pas de ma faute, c’est celle de Brandon (ouais, je l’appelle Brandon… ^^ ).
En lisant ton introduction, j’ai souri. 10 volumes, 20 années. Une série qui n’est décidément pas faite pour moi qui essaie de canaliser les lectures. Mais la plume de Sanderson est tellement tentante 😉
20 ans, ça laisse largement le temps d’intégrer cette série parmi tout plein d’autres lectures.
Et si elle atteint le niveau de qualité que je lui pressent, ça va être bon. 😉
Il faudra que j’y jette un oeil un jour (mais pour le moment j’ai pas la place pour un monstre pareil xD). M. Vert a dévoré ces deux premiers tomes en tout cas !
M. Vert est un homme de goût.
Lire ces deux grosses parties m’a pris deux semaines… de vacances ! 😀
Halàlà ça a l’air énorme dans tous les sens du mot. (Mais non non non je ne songe pas à lire ça, trop gros, trop interminable, il me faudrait six mois de chômage. XD)
Énorme oui. C’est un qualificatif qui lui convient bien et de bien des manières.
Après, c’est sûr que ce n’est pas prêt d’être terminé ! 😀
Ta chronique me replonge dans ma lecture, et je dois dire… Que j’adore 😀 J’avais passé un moment hors du temps avec ces deux premiers volumes, et il me tarde grandement de lire la suite 🙂 Pour être honnête, j’ai acheté Words of Radiance en anglais, mais… Je n’ai jamais eu le courage de m’y plonger ‘_’
Oui, le monde est tellement bien pensé (même si on est loin d’avoir tous les détails) qu’on s’y plonge et on est vraiment ailleurs pendant la lecture.
J’ai hâte de lire la suite, ça arrive cette année.
Le lire en anglais après avoir commencé en français, ça ne me semble pas évident de prime abord, il y a tellement de néologismes que faire toutes les correspondances doit compliquer les choses…
Moi qui avait déjà trouvé Fils des Brumes bien trop long… Je fais l’impasse sur ce cycle !
Bien trop guimauve surtout ! 😀 mais faut avouer que le premier tome était super efficace, et le dernier assez cataclysmique !
Je laisse donc le bénéfice du doute à l’auteur pour ce nouveau cycle, qui commence très bien. Espérons qu’il ne tombera pas dans les mêmes travers. Je suis optimiste. 😉
Je suis un peu perplexe pour le coup : Fils-des-brumes était chouette sans être un coup de coeur, et je crains un peu (beaucoup) que ça soit de la fantasy trop classique pour me plaire vraiment… Tu penses que ça peut le faire pour des gens qui ont déjà lu beaucoup de fantasy ?
« Fils des Brumes » n’était pas un coup de coeur pour moi non plus (quoique, le premier tome…).
C’est vrai que par certains côtés, « les archives de Roshar » ont comme un lien de parenté avec « Fils des Brumes ».
Est-ce de la fantasy classique ? D’une certaine manière oui : de la magie, des combats, des personnages au destin qu’on devine extraordinaire, etc… Mais d’un autre côté, l’auteur semble vouloir aller au-delà de ça, en proposant quelque chose de marquant. Marquant sur le plan épique (je pense que les volumes suivants vont vraiment détonner !), marquant aussi sur le plan des personnages qui sont bien plus travaillés que les classiques « ados qui répondent à une prophétie ». La magie nous réserve encore bien des surprises, de même que l’histoire du monde. Un monde original d’ailleurs, qu’on a à peine effleuré dans ce premier tome.
Je peux me tromper, mais je pense que ce cycle a tout pour marquer le genre fantasy. En tout cas il en a le potentiel et j’espère que Sanderson ne me décevra pas…
Maintenant est-ce qu’il pourrait te convenir ? Bonne question ! J’hésite à te dire de tenter le coup, parce que tenter le coup sur 1400 pages, c’est un peu gros ! 😀 Mais quand même, je le redis, ça sent le truc énorme cette saga, sur tous les plans 😉
A toi de voir. 🙂
Dis donc, tu me donnerais presque bien envie de le lire ce roman trop épais et à la trame, ma foi, très classique.
Ah mais il vraiment bon ! Et la suite arrive en mai, encore avec deux gros volumes (encore plus épais que les deux présentés ici d’ailleurs !).
Si tu n’as pas peur des pavés, tente ta chance ! 😉
Il y a un aspect certain « de cape et d’epee » avec ce premier tome par l’existence des Chevaliers Radieux et toutes les batailles qui en decoulent. Ils sont des etres mythiques qui protegeaient les humains avant de les abandonner. Ils ont laisse leurs epees et armures. Au nombre de dix, elles sont perpetuellement convoitees par les souverains.
Interprétation intéressante.
Ca me rappelle que je commence à accumuler un retard conséquent sur cette série…
[…] Lorhkan – […]
[…] Lorhkan – […]
[…] Acro, Blackwolf, L’ours Inculte, Lorkhan, Bouchon des bois, Phooka, […]
[…] aussi l’avis de : Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres), Lutin82 (Albédo) : tome 1 et tome 2, Bouchon des bois (Les lectures de Bouch’), Phooka […]