Le problème à trois corps, de Liu Cixin
Quatrième de couverture (A NE PAS LIRE !!!!) :
La SF chinoise nous parvient enfin
Qui sait, peut-être faut-il, d’une certaine manière, remercier les sad puppies et les rabid puppies, ces groupes que l’on qualifiera de conservateurs pour rester polis, sans qui un fort mouvement d’opposition ne se serait peut-être pas créé, ce qui n’aurait pas mené à la victoire de Cixin Liu (ou Liu Cixin si on veut rester « à la mode chinoise », avec le nom de famille en premier) dans la catégorie du meilleur roman au Prix Hugo, ce qui n’aurait donc sans doute pas mené à sa traduction en France ? Toujours est-il que la SF chinoise arrive enfin chez nous, alors que des voix de plus en plus nombreuses s’élevaient, regrettant une trop grande représentation de la SF anglo-saxonne dans le paysage SF global.
Et donc, « Le problème à trois corps » de Cixin Liu, dont il faut saluer l’effort de traduction directement du chinois alors qu’il aurait été plus facile (et honnêtement, pas forcément moins qualitatif) de reprendre la traduction anglaise de Ken Liu (aucun lien de parenté), débarque enfin, auréolé d’une très bonne presse.
Et puisqu’il ne faut pas lire la quatrième de couverture (vous ne l’avez pas fait, hein ?), voici le pitch en deux ou trois mots, ce qui n’a rien de simple puisque, à la décharge de l’éditeur, les trames narratives sont nombreuses et situées à différentes époques. Mais tentons. La Révolution Culturelle, période synonyme de cabale un peu trop systématique basée sur de simples soupçons d’action anti-révolutionnaire. C’est ce qui arrive à Ye Wenjie, la fille d’un physicien tué à cette période (comme tant d’autres, la Chine dilapidant ainsi sa richesse scientifique). Sa « porte de sortie » : travailler dans une station de communication gouvernementale dont le but reste obscur et sans espoir d’en sortir un jour… Quelques dizaines d’années plus tard, plusieurs scientifiques se suicident sans grande explication autre que le mot laissé par l’une d’entre eux : « La physique n’a jamais existé et n’existera jamais ». Tous ces scientifiques semblent liés d’une manière ou d’une autre à une étrange association de chercheurs, association que Wang Miao, physicien spécialisé en nanomatériaux, est chargé (par une organisation militaire) d’infiltrer. Ces militaires lui font d’ailleurs bien comprendre que la guerre a commencé, et que c’est l’humanité entière qui est concernée…
Je m’arrête là pour ne pas en dévoiler plus que nécessaire, le plaisir de la découverte étant un élément non-négligeable du roman, d’où l’absurdité de la quatrième de couverture (vous ne l’avez pas lue, hein ?). Plaisir de la découverte donc, alors que le roman abat ses cartes à un rythme plutôt tranquille, du moins au début. Le lecteur avance un peu dans le brouillard, à l’image des protagonistes d’ailleurs. Pour autant, la lecture reste toujours un vrai plaisir, le suspense étant suffisamment bien entretenu pour que jamais l’ennui ne s’installe.
Il y a de la science (un peu, tout à fait accessible au début, puis beaucoup et virant résolument hard-SF sur la fin, en utilisant de manière assez fascinante le concept des dimensions spatio-temporelles de la physique quantique, tout un programme, même si cela manque parfois de quelques éclaircissements. De même , le titre du roman n’est pas là pour rien), il y a de la bonne fiction (avec une base historique intéressante, tournée vers la Chine, et avec un point de vue chinois sur l’Histoire, ce qui change un peu du sempiternel point de vue occidental), il y a des personnages intéressants (Ye Wenjie notamment, cette femme à l’histoire personnelle riche et terrible à la fois, moteur de tout ce qui se passe dans le roman, et dont les actes et les motivations découlent directement de cette histoire, les autres personnages restant malheureusement un peu plus en retrait), il y a une dimension politique et écologique non négligeable, il y a des trames narratives surprenantes (un jeu de réalité virtuelle avec un air de « Le monde du fleuve » dans ce rassemblement de célébrités, même si ces parties frôlent un peu la redondance), bref, c’est à un roman très riche que nous avons à faire ici.
Et encore, je me retiens, je pourrais en dire beaucoup plus, mais je m’y refuse, plaisir de la découverte encore. Quelques défauts très légers (dont certains que je ne peux dévoiler sans trop déflorer l’intrigue) n’entachent donc en rien ce roman pétri de qualités. Riche, palpitant, novateur, ambitieux, différent de par son origine et son point de vue, il me tarde déjà de lire la suite. Oui, il s’agit (encore !…) d’une trilogie, mais si tous les volumes sont de la même eau que celui-ci, ce ne sera clairement plus un regret.
Lire aussi les avis de Gromovar, Cédric Jeanneret, Anudar, Ksidraconis, Apophis, Quarante-Deux, Le Fictionaute, L’Avant critique.
Je n’ai pas lu le résumé. Il faut dire qu’avec cet avertissement, on va éviter de se spoiler inutilement.
Je l’ai dans ma PAL, et je compte le lire assez rapidement. Vu les critiqus positives, je vais pas pouvoir attendre indéfiniment!!! Bref, j’ai très envie de le lire et je reviendrais dire ce que j’en pense.
Oui c’est à lire, c’est incontestablement un bon titre qui cache bien des merveilles que j’ai volontairement tues ici.
Bonne lecture ! 😉
Il va falloir que je le lise celui-là. Je prends bonne note de ne même pas retourner le livre pour échapper aux spoilers ^^.
Ah oui, vraiment je ne comprends comment une telle quatrième a pu arriver sur le livre sorti en librairie. C’est vraiment une erreur d’édition.
Je viens de lire la quatrième de couverture et me voilà tout spoilé ! Tu aurais quand même pu nous prévenir Lorhkan ! >.<
Bon, ok, je ne l'ai pas lu, merci à toi. C'est toujours une honte ce genre de chose, et parfaitement incompréhensible.
J'ai par contre un peu peur avec le passage en hard-sf : c'est une longue partie du roman ? Ça parait envisageable même si on apprécie pas particulièrement ce genre ?
L’essentiel du roman n’est pas hard-SF en tant que tel, mais il y a un passage sur la fin qui l’est vraiment. Pas très long d’ailleurs, une vingtaine de pages peut-être (je n’ai plus le roman sous la main), mais ça joue un peu avec la physique quantique. 😉 Un passage pour lequel j’ai trouvé qu’il manquait deux ou trois explications pour le lecteur lambda d’ailleurs… C’est un passage court donc, mais essentiel car c’est là que se joue une bonne partie de… je ne peux pas en dire plus ! 😀
Ça va peut-être te gêner un peu si tu es vraiment allergique à ce genre de chose, mais ce serait dommage de se priver d’un bon roman à cause de vingt pages. 😉
Merde, j’ai lu la 4e de couverture (bon, je m’en souviens plus donc ça va), ce livre me donne tellement envie (il me le faut !!)
Et ton avis qui me confirme ma décision de l’acheter : merci bien !
Ouf, parfois la mémoire courte c’est une bonne chose ! 😛
Bonne lecture, j’espère que tu vas apprécier. 😉
Dans ma PàL. A lire prochainement donc ! 😉
Yep, ça vaut le coup !
Oups, je crois avoir lu la quatrième de couverture en diagonale donc il y a des chances que je ne m’en souviennes pas vraiment. J’ai peur que ce côté hard SF ne réussisse pas à obtenir toute mon adhésion. Je me demande si je me risque ou pas dans cette série mais vous les blogopotes semblez tous conquis.
Le roman n’est pas très hard-SF, hormis un passage sur la fin qui lui l’est complètement.
Tu peux tenter le coup, au pire si ça ne fonctionne pas avec toi, tu pourras t’arrêter là (le roman se tient plutôt bien tout seul, avec quand même une fin ouverte, forcément il s’agit d’une trilogie).
Merci pour ton conseil 🙂
C’est vrai qu’elle est quand même un petit peu abusée cette 4ème de couverture, elle dévoile juste la fin :-/
(du coup je suis allée me relire pour vérifier que je ne spoilais pas trop non plus, j’en dis plus que toi, mais pas trop non plus j’espère ^^)
En tous cas, tous ces échos positifs me rappellent qu’il serait temps de me pencher sur la suite !
Je vais attendre qu’elle arrive en français, mais j’ai hâte de voir ce que la suite nous réserve, en espérant une quatrième de couverture un peu moins « spoilante ».
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