L’Oeil du Monde, La Roue du Temps tome 1, de Robert Jordan
Quatrième de couverture :
C’est la Nuit de l’Hiver dans la contrée de Deux-Rivières et, en ce soir de fête, l’excitation des villageois est à son comble. C’est alors qu’arrivent trois étrangers comme le jeune Rand et ses amis d’enfance Mat et Perrin n’en avaient jamais vu : une dame noble et fascinante nommée Moiraine, son robuste compagnon et un trouvère.
De quoi leur faire oublier ce cavalier sombre et sinistre aperçu dans les bois, dont la cape ne bougeait pas en plein vent…
Mais, quand une horde de monstres sanguinaires déferle et met le village à feu et à sang, la mystérieuse Moiraine devine qu’ils recherchaient quelqu’un : pour les trois amis l’heure est venue de partir. Car la Roue du Temps interdit aux jeunes gens de flâner trop longtemps sur les routes du destin…
La Roue du Seigneur des Anneaux du Temps
Après cette brève esquisse de la tumultueuse publication de la saga de « La Roue du Temps » en France (qui mériterait un article à elle toute seule…), venons-en donc au fait : « La Roue du Temps » (on parle quand même d’une saga emblématique du genre fantasy !) c’est bien ou pas ? Ben c’est pas mal mais c’est pas non plus transcendant. En fait, si on a « Le Seigneur des Anneaux » en tête, on a déjà une bonne vision de ce qui nous attend dans ce premier tome car on a parfois l’impression d’un copié-collé un peu trop voyant. Jugez plutôt : une prophétie, une quête, un groupe de jeunes paysans se retrouvant pourchassés par les serviteurs d’un seigneur du Mal non incarné (à la manière d’un Sauron qui n’apparaît jamais directement), ce groupe se retrouvant mené par un personnage magicien qui en sait beaucoup (Moiraine/Gandalf, même combat), puis séparé en plusieurs petits groupes, etc… Oui la structure de ce roman est très similaire à celle de son illustre ancêtre, mais pas seulement car on peut aussi retrouver des similitudes dans certaines péripéties, telle le passage de la rivière Taren qui fait furieusement penser à celui du bac de Chateaubouc par les hobbits…
Mais comme référence, il y a pire, et si la surprise n’est pas vraiment au rendez-vous, Robert Jordan maîtrise suffisamment son récit en sachant parfaitement où il souhaite aller pour que le roman se laisse lire assez facilement… sans éviter certaines longueurs malheureusement, notamment vers le milieu du récit ou le schéma village – auberge – nuit – attaque – fuite devient un peu trop redondant… Alors soyons clair : ce n’est pas l’intrigue de ce roman qui le rend intéressant mais plutôt tout ce qu’il y a autour. Le monde de « La Roue du Temps » est vaste, son histoire est longue et complexe et l’auteur utilise ces éléments à bon escient, en ne donnant que quelques éléments sacrément intrigants au lecteur pour que ce dernier soit appâté et ait hâte d’en savoir plus. Bien évidemment, il reste encore des tonnes de choses à découvrir mais il y a ici suffisamment d’éléments auxquels se raccrocher pour celui ou celle qui aime les univers complexes.
Un autre point intéressant, c’est le manichéisme pas si manichéen que ça. Bien sûr il y a un Grand Mal qu’il faut combattre, mais certaines factions pourraient bien avoir leur propre agenda, ou tout au moins un point de vue radical sur certains points. Sans doute des éléments que Robert Jordan ne manquera pas d’utiliser dans les volumes suivants. En revanche, et c’est dommage quand on écrit de la fantasy dite « épique », l’auteur semble avoir un peu de mal à « emballer » son récit et faire faire frissonner le lecteur. N’est pas Gemmell qui veut… Mais là encore, précisons qu’il ne s’agit que du premier tome, et que pour les batailles rangées à haute dose d’héroïsme, il va falloir patienter. Et d’ailleurs, tout espoir n’est pas perdu, il suffit de lire le prologue assez renversant pour s’apercevoir que Jordan a sans doute gardé de grands moments pour plus tard. Pour autant, même si les choses s’accélèrent sur la fin, on ne peut pas dire non plus que ce soit véritablement palpitant…
En conclusion, soyons honnête, c’est quand même un peu mou du genou. C’est sans doute un roman que j’aurais apprécié différemment si je l’avais lu à quinze ans. C’est long et lent, avec pas mal de défauts qui auraient pu être évités (nombreuses redites, des moments trop copie-carbone du « Seigneur des Anneaux »…) mais ça je le savais avant de commencer ma lecture. Alors certes, ce n’est que le premier tome, Robert Jordan prend la temps d’installer son univers, ses personnages, mais utiliser 900 pages pour ça avant d’enclencher (ou pas…) la surmultipliée dans les (nombreux ! Quatorze au total tout de même, de presque mille pages à chaque fois !!) volumes suivants, ça me gêne un peu aux entournures. Mais il reste toujours ce petit quelque chose, ce sentiment de n’avoir qu’à peine mis les pieds dans un monde immense, à l’histoire, la géopolitique, la géographie complexes. Et ça, pour un amateur de worldbuilding travaillé, ça n’a pas de prix.
Alors oui, c’est long, c’est lent, mais je retournerai sans doute dans le monde de « La Roue du Temps ».
Lire aussi les avis de Goupil, Thomas Riquet, Superluciole, Glorfindel.
Critique écrite dans le cadre du challenge « Pavé de l’été 2016 » de Brize.
Intéressant tout ça ! (Je ne l’ai pas lu à cause de la longueur de la chose, faut du courage pour s’y mettre…)
Je ne sais pas si j’irai au bout de la saga, mais au moins j’aurais essayé ! 😀
ça fait vraiment parti des saga que j’ai envie de découvrir à l’occasion mais il faut du courage pour se jeter dedans ^^
Du courage, et beaucouuuuup de temps. En même temps, le dernier tome ne sortira qu’en 2022 chez Bragelonne, ça en laisse un peu, du temps. 😉
Ha bah je vais essayer de me mettre à jour pour la sortie du dernier ^^
Est-ce qu’on aura la fin du trône de fer avant la sortie vf du dernier tome de la roue du temps ? ^^
Ca te laisse 6 ans ! 😀
Pour le Trône de fer, si Martin veut encore écrire deux tomes (7 et 8), possible que ça n’arrive qu’après…
J’aime bien ce que tu dis au sujet de la découverte progressive d’un monde, au travers des éléments fournis au fur et à mesure par l’auteur, car c’est une des choses que j’apprécie beaucoup dans ce type de lecture, que ce soit de la fantasy ou de la SF.
Tu dois apprécier les cycles longs et les mondes complexes alors ? Celui-ci ne déroge pas à la règle des cycles à rallonge : le monde est intéressant, mais il y a aussi des longueurs… J’y reviendrai tout de même avec le tome suivant. 😉
je me demandais si j’allais un jour me lancer dans cette saga… tu m’as donnée de solides arguments pour une décision claire : non.
Merci de cette critique éclairante!
Voilà, ça c’est fait ! De rien ! 😆
Bon courage dans cette grande aventure ! (moi j’aurais plus le courage de me lancer dans une telle saga)
Je ne sais pas si j’irais au bout, j’ai peur de me lasser, sauf si ça devient vraiment épique, prenant, etc… On verra bien !
Bigre, tu n’as pas froid aux yeux de te lancer là-dedans ! La saga m’intéresse mais j’attendrai gentiment que l’ensemble sorte en français (en même temps ce n’est pas comme si je manquais de lectures).
C’est un premier contact sans forcément « l’obligation » d’aller au bout… Je verrai au fil du temps et des tomes, j’ai peur que les longueurs ne finissent pas m’achever. Mais le monde imaginé par Jordan est alléchant, c’est pour moi un atout de poids.
Ah je suis très heureuse de voir que certaines personnes se lancent dans cette saga que j’adore ! Je comprends ton ressenti pour les longueurs, Robert Jordan a tendance à prendre son temps (ça se ressent beaucoup au début de la saga, faut bien mettre en place le tout), mais pour ma part, je trouve génial de pouvoir passer l’intégralité de mon après-midi dans le canapé, bouquin en main ! Et cet univers est tellement riche…. ll me tarde que tout soit (enfin) traduit en français !
Alors vu ce qui m’arrive en ce moment du côté familial, je vais avoir du mal à passer l’intégralité de l’après-midi sur un bouquin, mais je pense continuer à lire la saga, à un rythme plutôt tranquille. De toute façon, à moins que les choses ne s’accélèrent vraiment, je ne crois pas qu’enchaîner les tomes soit une bonne solution de lecture (bon je dis ça mais si je deviens accro, ça risque d’être différent… 😉 ).
J’ai fini le tome 3 cet été et je compte poursuivre 🙂
C’est bon signe si tu es convaincu. 😉