Batman v Superman : l’aube de la justice, de Zack Snyder

Posted on 28 mars 2016

Enfin l’univers DC Comics prend un peu d’ampleur, pour tenter de combler le retard abyssal sur son concurrent Marvel qui a lui installer son propre univers de façon efficace depuis plusieurs années. Et il est peut-être là le problème de ce « Batman v Superman » signé Zack Snyder : la volonté d’aller vite pour construire un univers étendu en marche forcée (le titre du film est transparent sur ce point : il s’agit ici de mettre en place les prémices de la Justice League). Et du coup, la production a décidé de mettre plein de choses dans ce film. Sans doute trop.

** Attention, cette critique est bourrée de spoilers, vous êtes prévenus ! **

 

Batman v Superman - 4

 

Mais reprenons depuis le début. Il y a de bonnes idées, comme celle de démarrer quelques mois après la fin du « Man of steel » du même Zack Snyder. Le film rembobine d’ailleurs quelque peu pour nous montrer l’impact que la destruction massive de la ville a eu sur Bruce Wayne. Et tant qu’à parler de Bruce Wayne, on n’hésite pas non plus à nous refaire encore une fois vivre le traumatisme de son enfance (quelqu’un n’était pas encore au courant ?). Bref, le combat Superman/Zod a laissé des traces et une certaine dose d’amertume chez quelques personnes, dont l’héritier de la fortune Wayne, qui considère que voir une créature aux pouvoirs aussi immense est un danger pour l’humanité. Il est d’ailleurs l’auteur de cette magistrale punchline (un grand moment !) :

« À Gotham, on a de mauvais souvenirs de monstres déguisés en clown. »

 

Batman v Superman - 9

 

De son côté, Superman n’est pas non plus fan des méthodes limite douteuses de l’homme chauve-souris. Et entre les deux se trouve un Lex Luthor qui souhaite mettre la main sur, devinez quoi ? Tadaam ! De la kryptonite bien sûr ! L’éternel marronnier des films « Superman », le seul élément capable de l’affaiblir revient une nouvelle fois sur le devant de la scène. La kryptonite est vraiment la faiblesse de Superman, dans tous les sens du terme : physiquement bien sûr, mais aussi scénaristiquement tant on nous fait le coup à chaque fois… Les motivations de Luthor ne sont malheureusement jamais clairement explicités, le personnage en devenant du coup un peu creux, vous savez, comme dans la pub, méchant parce queeeeeee.

 

Batman v Superman - 10

 

Mais bref… Tout cela c’est déjà pas mal, mais si en plus on ajoute l’arrivée de Wonder Woman, l’apparition même furtive de Flash, Cyborg, Aquaman à travers des dossiers détenus par Luthor, puis une nouvelle destruction massive avec un cataclysmique Doomsday (tiens, ils ont recyclé un troll du « Seigneur des anneaux » ?), là ça commence à faire beaucoup. Oui, la volonté de fonder un univers partagé est évidente, mais le faire de cette manière, en remplissant ce film ras la gueule de personnages que l’on a pas encore présentés et qui auraient pu l’être plus tard dans d’autres films au lieu d’encombrer une intrigue inutilement complexifiée par un montage qui ne lui rend pas honneur me fait dire que la production est tombée dans le piège du « vouloir trop en faire au détriment d’une intrigue limpide ».

 

Batman v Superman - 1

 

Car malgré ce qu’on nous avait vendu, le duel Batman/Superman n’est pas aussi central qu’annoncé, jetant rapidement (enfin rapidement, façon de parler, le film dure 2h30, et prend son temps avec une looooongue exposition faite de multiples courtes scènes, là encore un souci de montage) aux orties ce qui aurait fait tout le sel d’une telle confrontation (un Superman déifié face à un Batman border-line, deux façons de procéder radicalement opposées même si elles sont orientées vers un but commun, il y a là une vraie matière qui aurait pu justifier à elle seule un film plus court sans le côté Luthor/Doomsday…).

 

Batman v Superman - 2

 

Mais bon, je râle, je râle, mais il y a aussi de bons côtés. Notamment un Ben Affleck qui fut tant décrié à l’annonce de engagement dans le personnage de Batman. Et je dois dire qu’il fait fichtrement bien le boulot en incarnant un Batman aigri, amer, un peu âgé et qui pourrait, en fonction de ce vers quoi les producteurs se tourneront à l’avenir, donner corps à un Batman type Franck Miller dans « The dark knight returns ». Il n’a rien à envier à la prestation de Christian Bale, dans un style différent, et a tout à fait les épaules pour porter son personnage dans le style sombre des films précédents. Une bonne surprise, et j’ai hâte de voir ce qu’un film « Batman » en solo pourrait (pourra, certainement. 😉 ) donner. Seul bémol, une certaine lourdeur qui apparaît nettement dans une scène d’action en particulier, alors qu’une autre est bien plus réussie (et semble sérieusement inspiré des scènes de combat des derniers jeux vidéo). Étrange… Et je dois avouer que le Batman en armure, ce n’est pas non plus forcément celui que j’aime le plus, mais bon, on peut comprendre sa volonté de se « blinder » quand on s’attaque à l’homme d’acier.

 

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Henry Cavill reste fidèle à lui-même par rapport à « Man of steel » (que j’avais bien aimé) même s’il a évidemment moins de temps d’écran que précédemment. Amy Adams en Lois Lane est là aussi mais un peu sous-utilisée, toujours dans le rôle d’une journaliste/enquêtrice pugnace. L’autre bonne surprise du film est Gal Gadot en Wonder Woman. Le personnage est bien amené (même s’il n’apparaît que peu) et plein de promesses pour l’avenir, et c’est évidemment l’occasion de rassembler à l’écran la fameuse « Sainte Trinité » de l’univers DC. On trouve également Jesse Eisenberg dans la peau d’un Lex Luthor quelque peu désaxé. Je suis un peu réservé sur sa prestation pleine de tics et loin du Lex Luthor plein d’assurance et de froide détermination que je m’imaginais, peut-être à tort. Quant à Jeremy Irons, il incarne un Alfred Pennyworth qui semble pourtant plus tenir du Lucius Fox bricoleur (joué dans les films de Christopher Nolan par Morgan Freeman) que du majordome que jouait fort bien Michael Caine.

 

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Je ne peux pas ne pas parler de l’aspect technique du film qui bien sûr, vu le budget colossal (250 millions de dollars tout de même) montre toutes sortes de choses stupéfiantes et époustouflantes, à base de destruction de ce qui passe à portée de caméra. Gros bémol quand même sur le combat final qui vire au déluge pyrotechnique totalement illisible. C’est d’ailleurs amusant de voir un Batman légèrement en retrait, comme dépassé par les événements, ou bien est-il finalement un reflet du spectateur qui ne sait plus ce qui se passe à l’écran et ne sait donc plus où il doit intervenir…

 

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On a donc là un film qui n’est pas foncièrement mauvais, mais qui a tout de même du mal à tenir debout à trop vouloir en donner aux spectateurs, à cause aussi d’un montage pas à la hauteur et d’enjeux dramatiques trop vite envoyés aux oubliettes (et pourtant le ton y est, tant DC et Warner semble vouloir aller à fond dans la direction d’une ambiance « dark ». Ne cherchez pas d’humour dans ce film, contrairement aux Marvel, il n’y en a point.). On en oublie l’aspect humain, ce sur quoi les films de super-héros ont pourtant le plus de choses à dire. Dommage, l’occasion était pourtant belle mais reste à moitié manquée. Un truc un peu bordélique quoi, à l’image de cette trop longue chronique.^^ Ceci dit, j’ai comme l’impression que cet ambitieux blockbuster a pour lui, malgré ses nombreux défauts, de vouloir amener du fond là ou un « Avengers 2 » en manque singulièrement (mais peut-être le prochain « Civil War » changera-t-il la donne sur ce point côté Marvel ?). La guerre DC/Marvel est donc vraiment lancée sur le front cinématographique, mais il serait peut-être temps que Zack Snyder passe la main et donne la possibilité à l’univers DC de prendre forme avec d’autres réalisateurs, peut-être moins « bankables » mais pouvant inculquer un peu de sang neuf.

 

Batman v Superman - 3

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Batman v Superman - affiche

 

  
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