Le chasseur et son ombre, de George R.R. Martin, Gardner Dozois et Daniel Abraham
Quatrième de couverture :
Ramon Espejo est un dur à cuire, un homme qu’on ne pousse à bout qu’à ses risques et périls. L’ambassadeur européan en a fait l’amère expérience et l’a payé de sa vie, contraignant Ramon à s’enfuir. Pour échapper à la police, celui-ci s’enfonce au cœur d’une région encore inexplorée de la planète São Paulo et fait une découverte qui pourrait avoir des répercussions à l’échelle de la galaxie. Il est alors entraîné bien malgré lui dans une course-poursuite d’un genre très particulier.
Un roman d’aventure intelligent et surprenant écrit par une triade d’écrivains dont le talent n’est plus à démontrer, comptabilisant à eux trois un nombre de prix record.
Joseph Conrad à l’envers
Oui, six mains pour écrire ce roman, ce n’est pas rien. Six mains et non des moindres d’ailleurs. On ne présente bien sûr plus George R.R. Martin. Daniel Abraham a un parcours un peu plus chaotique en France puisque qu’il est l’auteur de la série « Les cités de lumière » mais aussi de la série « La dague et la fortune » sous le pseudonyme Daniel Hanover et également de la saga « The expanse » avec son camarade et assistant de George R.R. « Il est partout ! » Martin, Ty Franck (les deux auteurs partageant donc le pseudo James S.A. Corey). Quant à Gardner Dozois, peu connu par chez nous, il est, en plus d’être un auteur reconnu outre-Atlantique, un anthologiste et rédacteur en chef de magazines renommé (et accessoirement fidèle ami de devinez qui ?… George R.R Martin bien sûr !).
Tout ça pour dire qu’on n’a pas affaire ici à des amateurs mais à des auteurs chevronnés. Et quand il décident d’écrire une histoire de SF, on peut s’attendre à quelque chose qui vaut le détour. Et même si ce roman ne peut prétendre réinventer la roue et être une oeuvre incontournable du genre, on sent le métier des auteurs à travers cette machine bien rodée.
Car en effet, avec cette histoire d’un homme qui, pour fuir les forces de l’ordre de la planète sur laquelle il vit suite à un « malencontreux accident », décide de s’enfoncer dans les terres inexplorés pour tenter de découvrir des filons de minerais le temps de se faire oublier, on tient là un récit haletant, une histoire bien huilée, presque formatée (mais dans le bon sens du terme) pour plaire à un public désireux de se changer les idées avec un roman d’aventures. Il y a certes quelques originalités (la planète est habitée par des colons hispaniques, d’où de nombreux mots issues de la langue de Cervantès, un apport plus gadget qu’autre chose) mais rien qui justifie de crier au génie.
Et puis l’aventure prend un tour singulier, avec une étonnante rencontre, un twist bien amené, et une reconsidération de l’identité du personnage avec la nécessité de descendre le fleuve pour rejoindre la civilisation (d’où l’inversion avec le roman de Joseph Conrad, « Au coeur des ténèbres »). C’est plutôt bien vu, bien écrit, et pas dénué de réflexions intelligentes sur ce qui fait l’identité d’un homme (ses actions ? Son histoire ? Sa façon d’être ?). Certes, les rythme en pâtit quelque peu, mais si c’est pour tirer de ce roman d’aventures un degré d’intérêt supplémentaire, moi je ne dis pas non.
Je me garderai bien de déterminer qui a écrit quoi, toujours est-il qu’il faut bien constater qu’ici l’alchimie entre les trois auteurs a bien fonctionné, et que l’on tient là un roman divertissant et plus intelligent que ce que la quatrième de couverture pouvait laisser penser (surtout avec avec un personnage principal, Ramon Espejo, du genre gros bras, bourru, impulsif et qui sent fort sous les bras). Une bonne pioche !
Lire aussi l’avis de Gromovar, Efelle, Julie, Sylvain Bonnet, LegoLegitisLegimus, Sandrine.
Portée par mon enthousiasme à l’époque où je lisais « Le Trône de fer », j’ai aussi lu ce roman. Je ne m’en souvenais pas précisément, si ce n’est qu’il m’avait déçu. Je retourne donc lire mon billet de 2008 et je lis : « pas besoin d’être trois pour écrire un roman qui reste à la surface d’un sujet potentiellement passionnant »…
Par contre j’ai beaucoup aimé « Riverdream », du même Martin tout seul et avant le trône.
C’est marrant ces différentes façons de ressentir les choses. Moi je trouve le sujet plutôt bien exploré toutes proportions gardées), même si ça reste avant tout un roman d’aventures. Pour l’étude de l’humain, on trouvera sans doute plus approfondi ailleurs. 😉
Du coup, je te linke, je n’avais pas vu ton article.
Merci. A ma charge, j’étais à l’époque peut-être trop « Trône de fer ».
Ceci dit, je ne lis plus aujourd’hui « Le trône de fer », tout ça (adapatation, buzz…) m’a éloignée doucement de cette fascinante série… je crois que je suis snob et que j’aimais quand on était trois à la lire 😀
Malgré tout le buzz qui est fait autour de la saga et la masse du grand public qui ne jure que par « Game of thrones », il faut bien constater que la saga littéraire du « Trône du fer », c’est un truc vachement bien fichu (reste à voir comment l’auteur va se dépatouiller de ces noooooooombeux fils narratifs, il a l’air d’avoir du mal, la preuve le tome 6 a encore été repoussé…).
Je comprends que cet engouement massif puisse saoulé un peu (moi même d’ailleurs…), mais quand c’est bon il faut quand même le dire.
‘Spèce de snobinarde ! 😀
Je le garde en tête pour une lecture divertissante (et puis on est bien partis pour avoir toute la bibliographie de Martin à la maison de toute façon ^^).
C’est un peu pareil chez moi, à force je vais finir par tout avoir. ^^
Un bon roman pulp garantissant du divertissement, on est d’accord.
Oui, tout à fait.
Un bon roman écrit à six mains, avec du Martin dedans, ça donne envie quand même ! Quand j’aurais diminué ma Pile à Lire suffisamment, peut-être … :=)
Dans tes objectifs de l’année. Je te le rappellerai en 2017. 😉
Intéressant ! Mais le commentaire de Sandrine m’incite à la prudence. Si j’y vais ce sera vraiment dans l’idée de lire du divertissement. Enfin j’irai de toute façon un jour, Martin quoi.