Les nefs de Pangée, de Christian Chavassieux

Posted on 1 octobre 2015
Le nouveau roman de Christian Chavassieux est le fer de lance des éditions Mnémos pour cette rentrée 2015. Proposant un étonnant récit de « fantasy opéra » dixit l’éditeur, « Les nefs de Pangée » avait déjà réussi le pari de m’attirer tout en restant bien mystérieux. Et du mystère, il faut savoir en garder tant le récit s’avère surprenant pas bien des aspects…

 

Quatrième de couverture :

Pangée, terre immense au milieu de l’océan unique, continent de terre sèche et d’embruns où vit le peuple de Ghiom, dont l’histoire, en ce jour de la dixième chasse à l’Odalim, bascule.

Les Grands de Pangée ont parlé : le monstre marin doit mourir. Pour la paix. Pour l’ordre. Pour la promesse d’une nouvelle ère faste à venir, dans ce monde rongé par les mésalliances et les guerres fratricides.

Pourtant, quand les Nefs s’engagent sur l’Océan, une seule question demeure : si la traque échoue, si l’Odalim survit, si l’union faillit, les enfants de Pangée se dévoreront-ils ? Cette dixième chasse ne serait-elle alors qu’un chant du cygne ?

Récit de guerre, légende, chronique d’un peuple, « Les Nefs de Pangée » traversent les genres et emportent avec elles le goût des explorations, des combats et des drames à grande échelle. Avec sa plume vive et sensuelle, dans des décors aux dimensions hallucinantes, Christian Chavassieux nous propose un lyrisme nouveau et un voyage, sur terre et sur mer, à la dimension d’une fantasy opéra.

 

Une épopée épique et intime

Les nefs de Pangée - Chavassieux - couverture« Les nefs de Pangée » se déroule sur… Pangée (!!) vaste et unique continent baigné par l’Unique, le grand océan. Sur Pangée vit le peuple ghiom, composé de multiples peuplades plus ou moins opposées. Mais à chaque « cycle » (plus ou mois 25 ans), tous ou presque se fédèrent autour de la Chasse à l’Odalim (gigantesque créature marine), dont l’issue détermine le devenir des années suivantes. Le roman débute avec l’échec de la neuvième Chasse, synonyme de désastres et de guerres. Les dirigeants de Basal, la plus grande ville du continent, décident donc de mettre sur pied immédiatement la construction d’une flotte d’une taille sans précédent (300 gigantesques nefs, chacune d’elles demandant environ 1000 membres d’équipage !), appelant chaque peuple à y participer, une manière d’éviter les conflits annoncés, de venger l’affront infligé par l’Odalim et de se garantir un cycle fastueux. Mais certains au sein de la caste dirigeante pourraient bien avoir d’autres idées en tête…

Voilà un roman qui a plus d’un corde à son arc ! Christian Chavassieux a de l’ambition, et n’hésite pas à nous faire voir du pays. Une géographie envoûtante, un langage étonnant, des coutumes fascinantes, l’auteur a de l’imagination et n’hésite pas à voir les choses en grand. Ainsi, la ville de Basal et son Arsenal dans lequel sont construites les fameuses nefs promises à la Chasse ont des proportions proprement titanesques ! Evasion et émerveillement garantis !

« Les nefs de Pangée » tient plus des chroniques que du simple roman. S’étalant sur une trentaine d’années, il offre un vaste panorama sur un monde bien plus étonnant encore que ce qui j’ai pu vous dire, mais je me dois d’en garder le mystère puisque tout l’intérêt est d’en faire la découverte par soi-même. Le romancier n’hésite pas à surprendre le lecteur et c’est un vrai plaisir d’aller de surprise en surprise, surtout que la plume de Christian Chavassieux est à la hauteur de l’ambition de son récit : se faisant tour à tour intimiste et absolument épique (certaines scènes maritimes sont dantesques, les batailles rangées sentent la sueur et le sang), elle se met totalement au service de l’intrigue. Un vrai plaisir de lecture ! Certes l’aspect « chroniques » amène une certaine distance avec les personnages, mais si tous ne prennent pas le lecteur au coeur, je garde quand même un souvenir ému de certains d’entre eux, de leurs actes, de leurs sacrifices.

Enfin, comment ne pas évoquer, sans toutefois trop en dire, le « malaise » dans lequel l’auteur plonge le lecteur en le mettant face à des actes cruels, sans que celui-ci ne puisse trouver un camp vers lequel se tourner (alors que d’instinct…) ? Brouillant habilement les lignes, Christian Chavassieux évite tout manichéisme en parlant de guerre, de conflit, de vengeance, de domination, d’incompréhension, de traditions et de changement. Et avec lui, on ressasse sans arrêt l’avis bien tranché que l’on pouvait avoir, sans trop savoir comment se placer. Bien joué Monsieur Chavassieux !

Pas besoin d’en dire plus, j’ai adoré ce roman de bout en bout. Peut-être est-il un peu long à démarrer (un mal sans doute nécessaire pour bien s’imprégner de ce monde étrange) mais c’est sans doute à peu près le seul défaut que je pourrais lui trouver. Tout le reste m’a fasciné, depuis ce monde dépaysant à ce panorama historique remarquable dans le fond comme dans la forme (une gageure en un seul tome !). Oui, je crois que c’est ce qu’on appelle un coup de coeur !

 

Lire aussi les avis de Gromovar, Lune, Blackwolf, Cédric.

 

  
FacebooktwitterpinterestmailFacebooktwitterpinterestmail