Elantris, de Brandon Sanderson
Quatrième de couverture :
Il y a dix ans, la sublime cité d’Elantris, capitale de l’Arélon, a été frappée de malédiction. Ses portes sont désormais closes et nul ne sait ce qui se passe derrière ses murailles. Kae est devenue la première ville de l’Arélon. Quand la princesse Sarène y arrive pour épouser Raoden, l’héritier de la couronne, on lui apprend qu’il vient de mourir. Veuve d’un homme qu’elle n’a jamais vu, Sarène choisit pourtant de rester à la cour, et tente de percer le mystère d’Elantris…
Elantris est le premier roman publié de l’auteur du cycle des « Fils-des-Brumes », Brandon Sanderson, également choisi pour terminer le cycle de « La Roue du temps » après le décès prématuré de l’écrivain Robert Jordan.
L’avant Mistborn
Il est agaçant ce Brandon Sanderson. Agaçant parce qu’il a plein d’idées mais qu’on s’aperçoit en creusant un peu qu’il recycle pas mal de choses, agaçant parce qu’il a plein d’imagination mais que sa narration est tellement « mécanique » qu’on peut voir les dés rouler sous certains des événements de ses récits, agaçant parce que malgré une certaine noirceur des situations, il ne peut s’empêcher de nous servir des romances-guimauve très gentillettes. Agaçant parce que malgré ses défauts, je n’arrive pas à ne pas apprécier ses textes. C’était le cas avec le trilogie « Fils des brumes », c’était le cas avec « Légion » (mais pour ce dernier, le bilan était très largement positif), c’est à nouveau le cas avec « Elantris ».
Paru en 2005 en VO, « Elantris » est le premier roman de l’auteur. Ayant lu la série « Fils des brumes » auparavant, je ne peux m’empêcher de faire la comparaison. Ce qui saute aux yeux, c’est l’impression que « Elantris » n’a été qu’un brouillon pour la saga publiée ensuite. Un monde qui s’est effondré, un groupe de résistants qui complotent pour faire chuter une monarchie, une jeune femme qui va devoir apprendre à se fondre dans la noblesse, ce qui passe notamment par quelques bals pas forcément masqués, une magie mystérieuse qui cache des choses bien plus puissantes que ce que l’on imagine et qu’un des personnages va devoir maîtriser, etc… Tous ces éléments se trouvent dans « Elantris »… et dans « Fils des brumes » ! Sauf que là ou le premier sait se tenir en un seul volume (800 pages tout de même), l’autre s’étale sur trois tomes. Ainsi, « Fils des brumes », avec l’expérience acquise avec « Elantris », semble avoir maximisé les qualités de celui-ci (souvenons-nous du très bon premier tome)… mais aussi ses défauts (un tirage à la ligne indécent dans le deuxième tome).
« Elantris » se permet donc d’offrir ici un récit d’une belle amplitude, dynamique, mettant en avant des tractations politiques intéressantes, sans céder à l’action facile (même si la fin ne lésine pas sur les moyens). Oh, l’aspect mécanique de la narration de Sanderson reste bien présent, les poncifs qu’on dirait issus d’un jeu vidéo sont bien là (le héros qui débarque dans un monde dangereux, commence à se faire des alliés, rallie à sa cause certains de ses ennemis, avant de commencer à « construire » sa propre forteresse…), un peu de niaiserie par moment (l’héroïne féminine, pourtant d’un caractère bien trempé, qui se lamente de finir vieille fille…), un style pas toujours convaincant (les personnages ont la fâcheuse manie de « se tapoter la joue »), des événements que l’on sent parfois venir de loin, bref, Sanderson fait du Sanderson. Et c’est tant mieux et dommage à la fois. Car il sait construire un univers, mais j’aimerais tellement qu’il sorte de ces redondances parfois vraiment désolantes.
Mais je garde espoir. « Légion » était vraiment bon… et vraiment court ! Gageons que ses romans ultérieurs (car « Elantris » et « Fils des brumes » ne sont que ses premiers textes publiés), du genre « La voie des rois » pour le dernier paru, effacent ses défauts pour enfin faire fructifier les grandes qualités de créateur d’univers de Sanderson. En attendant, je me garderais bien de cracher dans la soupe, car malgré l’apparente sévérité de cette critique, j’ai passé un bon moment avec « Elantris ». Rien d’inattendu certes, mais les pantoufles ça a parfois du bon.
Lire aussi les avis de Flo, Philippe, Gromovar, Catherine Loiseau, Elise, Fashion Victim, Lelf, Ça sent le book.
Pas le meilleur Sanderson, en effet, l’histoire est un peu décousue par moment, mais ça reste de la bonne fantasy. Pour ma part, mes préférés sont les fils-de-brume (notamment le 3ème tome), et Warbreaker (j’ai eu un gros coup de coeur pour le personnage de Lightsong, ça reste un de mes personnages préférés).
Je n’ai pas lu « Warbreaker » mais j’en ai l’intention, de toutes façons, Sanderson m’embarque à chaque fois, malgré ses défauts, et je ne dis pas non à un autre sympathique voyage.^^
Il faudrait que je retravaille mes critiques un peu trop positives de la trilogie Fils-des-Brumes, parce qu’autant je trouve le premier tome très bon (voire excellent), autant le deuxième est quand même une bluette d’une longueur exubérante… Le troisième, d’une ampleur cosmico-cataclysmique relève le niveau sans retrouver la « grâce » du premier. Mais ça reste une aventure fort sympathique dans l’ensemble.
haha, c’est vrai qu’on entend rouler les dés parfois. C’est une chronique très juste, je trouve.
J’ai relu ce que j’avais écris dessus il y a longtemps. J’ai eu l’impression d’avoir été assez soft.
Merci. 😉
Personnellement, c’est avec la trilogie « Fils-des-Brumes » que j’ai l’impression d’avoir été un peu trop gentil, même si je n’oublie pas que le premier tome est très réussi.
J’avais beaucoup apprécié le premier tome de Fils des Brumes, il faudrait que je continue un peu de lire ses oeuvres, un jour 🙂
Le premier et le meilleur des trois. Ceci dit le troisième est sympa, avec un dénouement d’une ampleur assez folle. Dommage qu’il faille en passer par un deuxième tome vraiment poussif par moments…
Il est agaçant… et c’est une bonne chose alors 🙂 Se tapoter la joue ? Genre « brave personne » ? Mais oui, les pantoufles ont parfois du bon.
S’il pouvait garder ses qualités tout en effaçant ses défauts, ce serait encore mieux, car on tiendrait là un auteur plus que remarquable !
Ca viendra peut-être, avec sa nouvelle saga « Les archives de Roshar » ?
Se tapoter la joue, c’est surtout un tic pour réfléchir intérieurement ou en discutant. Mais c’est un peu trop systématique.
Oui les pantoufles c’est agréable, on sait sur quoi on va tomber, mais on sait aussi qu’on va aimer ça.^^
Vu comment je tolère la fantasy en ce moment, je vais passer mon chemin (mais j’ai bien noté son nom pour quand j’aurais une envie de bonne vieille fantasy bien rutilante ^^). Par contre j’ai lu deux tomes de sa série « jeunesse » Alcatraz, j’en garde un excellent souvenir (et pas du tout parce qu’il met en scène des bibliothécaires maléfiques qui dominent le monde ^^)
Ceci dit, on évite quand même elfes gentils et orcs méchants, Sanderson ne fait pas ce genre de fantasy.
Ce qu’il écrit se lit très bien, même si certaines redondances sautent aux yeux.
Si tu as l’occasion, le premier tome de la trilogie Fils-des-brumes vaut le coup (mais c’est une trilogie, et la suite est moins bonne), mais surtout, si tu tombes sur Légion, fonce !
Bon, donc, si je me fie à ton goût, je vais laisser « Elantris » de côté (j’ai lu et aimé « Fils-des-Brumes ») tant que je n’ai pas de temps « à perdre » et je vais plutôt voir du côté de « Légion ». C’est noté ! Merci.
[…] Autres critiques : Lorhkan (Lorhkan et les auvais genres) […]