Il faudrait pour grandir oublier la frontière, de Sébastien Juillard

Posted on 17 juin 2015
Les éditions Scylla existent enfin ! Après un financement participatif qui fut un joli succès, les premières publications arrivent enfin, avec la réédition du roman « Roche-nuée » de garry Kilworth et la novella dont il est question ici, « Il faudrait pour grandir oublier la frontière » de Sébastien Juillard.

 

Quatrième de couverture :

Y en a pas !

 

Rien ne changera jamais…

Il faudrait pour grandir oublier la frontière - JuillardC’est un peu le constat fait par l’auteur à la lecture de cette novella de moins de 100 pages. « Il faudrait pour grandir oublier la frontière » traite du conflit israélo-palestinien, dans un contexte subtilement futuriste, dans quelques dizaines d’années. Les technologies ont doucement évolué, sans que la société en soit radicalement changée. D’ailleurs, les drames se produisent toujours à l’aide de bombes ou d’attentats suicides… Sébastien Juillard parle donc du conflit, point.

Pour autant, pas besoin d’être un féru de géopolitique moyen-orientale pour saisir toute la portée de ce texte (bon, avouons-le, ça aide un peu de réviser les bases, notamment pour bien replacer tous les grands groupes d’intervenants, Hamas, Hezbollah, etc…). A travers plusieurs personnages, de Keren, une femme juive travaillant pour l’ONU, à Jawad, un palestinien de Gaza spécialisé dans la création de prothèses pour soigner les blessés du conflit, en passant par Bassem, un musulman qui n’accepte pas la paix avec Jérusalem, ou bien Marwan qui a cessé la lutte armée pour parier sur la paix et le développement économique de Gaza, l’auteur nous décrit un avenir qui a tout du présent. Les quelques nouvelles technologies, pour l’essentiel des extensions de ce que nous connaissons déjà (drones, etc…), n’étant finalement là que pour reproduire à l’infini les mêmes erreurs, quel que soit le camp.

Dans un tel contexte, nul manichéisme ici, nul parti pris, simplement des convictions différentes, et des personnes qui tentent de construire, tandis que d’autres préfèrent « déconstruire » l’adversaire. Chaque camp a ses torts, et Sébastien Juillard ne vise personne si ce n’est les hommes en général, déclencheurs de leurs propres maux. Un très beau texte, très bien écrit, dans lequel l’amertume est palpable. Une belle réussite, le tout en 111 111 caractères (le critère de cette collection).

 

Lire aussi les avis de Jae_Lou, Vert, Lune, Cyrille, Ertemel, Gromovar.

 

  
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