Zapping cinéma et séries TV, épisode 19
Le prestige, de Christopher Nolan
Puisque j’ai dévoré le roman, je ne pouvais pas faire l’impasse sur le film, que je n’avais pas vu jusqu’ici pour préserver le suspense du récit de Christopher Priest. Alors bien sûr, connaissant le mot de la fin, rien ne m’a véritablement surpris, mais il y a aussi un certain plaisir à découvrir comment un metteur en scène adapte un roman pour qu’il soit du meilleur effet sur le grand écran. Et pour cela, Christopher Nolan a effectué quelques changements, parfois mineurs, parfois plus importants (mais je ne les détaillerai pas ici pour ne pas spoiler), mais toujours à bon escient me semble-t-il.
Avec ce film, Nolan reste encore assez éloigné de l’emphase qui caractérise ses films suivants, parfois lourds de démonstrations appuyées et couverts d’une musique zimmérienne qui, malgré toutes ses qualités, tourne parfois un peu en rond. Ici c’est plus subtil, même si une nouvelle fois le cinéaste prend le parti d’expliquer beaucoup de choses, laissant de côté les parts d’ombre volontairement distillées par Priest. Pour moi qui aime les fins ouvertes, c’est un petit point négatif. Pour le reste, l’histoire se tient parfaitement, est bien menée (même si la narration est bien plus classique que dans le roman, plus réussi à ce niveau-là, mais c’est une chose qui ne pouvait être transcrite telle quelle à l’écran), les acteurs font le job. C’est de la belle ouvrage, à classer dans les très bons films de Nolan.
A noter la discorde entre le romancier et la production du film, je vous renvoie à un interview de l’auteur sur ce sujet : http://www.cafardcosmique.com/Interview-de-Christopher-PRIEST-du
Et aussi à une excellente synthèse sur le blog de Nicolas (mieux vaut tout de même avoir vu le film et lu le livre avant de lire cet article) : http://armurerie-de-tchekhov.com/2013/08/22/priest8/
J’attendais beaucoup de ce film, alléché par une bande-annonce qui promettait un Arnold Schwarzenegger différent de ce qu’il a l’habitude de jouer au cinéma. Il est en effet ici dans la peau d’un père aimant qui se trouve désemparé par la contamination de sa fille par un virus qui transforme ses victimes en zombies, un phénomène irréversible et à l’issue fatale… « Maggie » n’est donc pas un film de zombies, c’est un film sur l’amour d’un père envers sa fille, sur la perte des êtres chers. Ce n’est pas un film d’action, c’est un film qui prend son temps, situé à la hauteur d’homme, décrivant des moments intimes, des moments que l’on sait être les derniers.
Sauf qu’il faut bien avouer qu’il ne se passe pas grand chose. Et que le réalisateur, Henry Hobson, qui réalise là son premier film (il a auparavant réalisé, entre autres, la scène d’ouverture du jeu vidéo « The last of us » qui partage beaucoup de choses avec le film dont il est question ici) n’évite pas non plus certains clichés un peu éculés (les premiers émois adolescents par exemple). Pour autant, malgré une relative lenteur, je ne me suis pas ennuyé une seconde, pris par ce récit dramatique et par un Schwarzenegger qui, sans prétendre à un Oscar, tient tout à fait correctement son rôle de père désarmé face à ce qui arrive à sa fille, de parent désemparé par le fait qu’il lui survivra.
Pas un chef d’oeuvre, non, mais un film qui se tient tout au long de ses 90 minutes.
Voilà un série qui était attendue par un grand nombre de fans de super-héros. Et pour cause, puisqu’il s’agit de la première série de Netflix sur ce créneau, série qui en plus s’inscrit pleinement dans le Marvel Cinematic Universe. Oubliez tout de suite le piètre film de 2003, cette série est d’une toute autre trempe.
Sombre, réaliste, la série se situe certes dans la continuité des films (elle y est rattachée à travers deux ou trois allusions au début, mais n’y reviendra plus par la suite, comme si elle voulait vivre sa propre vie, sans s’embarrasser d’une « mythologie » pas toujours facile à porter), mais elle n’a pourtant pas le même ton. On est loin d’un Iron-Man à l’humour cynique, d’un Thor asgardien ou d’un Captain America à la bannière étoilé. Ici, on est à Hell’s Kitchen, ici on fait attention où on marche, ici la pègre règne en maître. Se déroulant majoritairement de nuit, la série se veut d’ailleurs nettement plus violente que les films Marvel : les coups portent, les blessures font mal.
Autre avantage de la série : 13 épisodes, de quoi largement développer un personnage complexe ainsi qu’une histoire prenant son temps sans jamais ennuyer. La série présente ici les débuts de Matt Murdock en Daredevil (et un grand bravo au passage à Charlie Cox qui convient tout à fait à ce rôle, malgré les réserves que l’on pouvait avoir de prime abord), avocat le jour, justicier la nuit, un peu à l’image des premiers combats de Spider-Man avec son costume fait de bric et de broc. Ce n’est pas pour autant que l’adversaire n’est pas à la hauteur, bien au contraire. Wilson Fisk/Le Caïd, superbement incarné par un Vincent d’Onofrio au monstrueux charisme, est tout à fait déterminé à mener son plan à son terme, tout en montrant (du moins à celle qui a conquis son coeur, et au téléspectateur) une part d’humanité qui densifie joliment ce personnage qu’on aimerait revoir dans l’avenir.
Dotée d’un générique parfaitement réussi, très bien filmée (ce plan-séquence du deuxième épisode…), la série réalise un quasi sans faute. Quasi car il y a quand même un ratage : le dixième épisode, qui aurait dû être un paroxysme émotionnel pour deux personnages, mais qui ne parvient jamais à atteindre le niveau qu’il aurait dû. Dommage, car c’était un élément fondamental de l’histoire de Daredevil. Un petit point noir qui ne doit pas vous empêcher de vous précipiter sur cette série qui, à l’aune d’un « Avengers » spectaculaire mais sans autre substance que celle qui soutient la saga toute entière, nous montre une nouvelle fois que c’est vraiment à la télé que ça se passe.
Dans le film de Nolan, j’adore la manière dont les indics sont disséminés. J’ai fait un cours sur cela avec des ados, pour expliquer le principe des indices et du retournement de situation, c’est très intéressant à observer, tout se tient (mais justement, on voit à ça le côté hyper-maniaque du réalisateur qui, ici, est bien dosé mais qui devient vite « trop » dans d’autres films…).
La construction est très travaillée et très subtile, c’est vraiment bien mené de bout en bout.
Après, on ressent déjà clairement le côté « tout doit être expliqué » de Nolan, mais sans le jusqu’au-boutisme de certains de ses films plus tardifs.
Ah, sacré Daredevil. Où comment le héros le plus ringard jusque là est devenu l’un des tous meilleurs de Marvel (et je ne dis pas « le meilleur » juste parce que je n’ai pas tout vu). La bonne surprise inattendue de 2015 ! \o/
Le plus ringard ? J’avoue que j’avais un faible dès le départ pour ce héros moi… C’est peut-être que je suis ringard remarque ! 😀
Je ne sais pas si « ringard » est le mot le plus adapté, mais il était conspué cinématographiquement et n’apparaît pas comme le super-héros le plus sexy de base (« bonjour, je suis aveugle et je fais des arts martiaux » ^^). Mais je fais peut-être erreur. ^^
C’est sûr que le film n’avait pas aidé à mettre Daredevil dans la case des héros qu’on avait envie de revoir (en tout cas pas de cette manière)…
Après, « je suis aveugle et je fais des arts martiaux », c’est pas forcément pire que « je suis un scientifique mais quand je m’énerve je deviens énorme et tout vert » ou alors « j’ai été piqué par une araignée radioactive, du coup je peux maintenant m’accrocher aux murs et aux plafonds »… Mais bon, les super-héros hein !… 😀
Il faudrait que je vois Le prestige de Nolan, tiens 🙂 Ahah « ma fin est meilleure » dit-il (et je n’en doute déjà pas). Je viens tout juste de commencer Daredevil ; on me l’a conseillé car très bonne et plaisant même aux personnes pas super fan des super-héros (ça peut arriver) mais que c’était un peu violent.
Pour la fin du « Prestige », ça va sans doute être une affaire de goût, mais celle de Nolan est clairement fermée, tandis que celle de Priest est beaucoup plus ouverte.
En tout cas elles sont très différentes.
Hm je voulais voir Maggie mais je l’ai loupé. Il ne passe déjà plus chez moi. J’ai aussi loupé le film avec Al Pacino. Je ne connais pas bien ces acteurs mais je trouvais intéressant de les voir dans des rôles plus humains et posés que ceux qui les ont rendus célèbres…
Le film avec Al Pacino, je l’ai vu mentionné dans un magazine ciné, mais pas en salle, en tout cas pas près de chez moi…
Schwarzie est intéressante, ça change de le voir dans un rôle plus humain. C’est un peu (toutes proportions gardées) comme le Copland de Stallone.
Quand on voit Le Prestige sans connaitre le livre, l’effet de surprise est vraiment impressionnant. Et Daredevil c’est vraiment très très bien (faut que je fasse ma chronique d’ailleurs !)