Le prestige, de Christopher Priest
Quatrième de couverture :
Alfred Borden et Rupert Angier, deux prestidigitateurs hors du commun, s’affrontent dans un duel sans merci.
Trois générations plus tard, au cours d’une enquête sur une secte, le journaliste Andrew Wesley fait la connaissance de Kate Angier. Elle lui révèle qu’il s’appelle en fait Andrew Borden, et qu’une guerre oppose leurs deux familles depuis la fin du XIXe siècle. Quand Andrew découvre le rôle exact joué par le scientifique Tesla dans toute cette affaire, sa vie en est bouleversée à jamais…
Êtes-vous bien attentif ?
Christopher Priest est un prestidigitateur. Il me l’a déjà prouvé en me mystifiant avec « Le monde inverti » et en me retournant le cerveau avec « La séparation ». Il le prouve ici à nouveau en plongeant le lecteur dans un univers rarement abordé dans la littérature : celui de la magie. Pas la magie « boule de feu » de la fantasy, celle de la prestidigitation, celle des acteurs qui sont plus manipulateurs que magiciens.
Et en mettant en scène une rivalité entre deux magiciens de la fin du XIXème/début du XXème siècle, l’auteur nous offre un bel exemple de guerre larvée entre deux personnes qui se détestent à cause de petits riens, de malentendus, parfois dramatiques. Mais avant cette immersion, Priest nous présente Andrew Wesley, jeune journaliste censé se renseigner sur un histoire de secte. Il va vite se rendre compte qu’il a été manipulé par une femme, Katherine Angier, qui souhaitait le rencontrer, lui l’enfant adopté, issu biologiquement de la famille Borden, pour tenter de comprendre l’origine de la rivalité de leur ancêtre, Rupert Angier pour elle, Alfred Borden pour lui.
Et c’est à partir de là que Christopher Priest commence à tisser sa toile. En présentant les journaux intimes de ces deux illustres magiciens, celui d’Alfred Borden d’abord, puis celui de Rupert Angier, l’auteur va multiplier les fausses pistes, à travers les interprétations personnelles des deux magiciens ou bien leur partialité parfois teintée de mauvaise foi. Les deux hommes, consumés par une ambition dévorante, et prêts à tout pour doubler leur rival, vont ainsi déployer des trésors d’imagination. C’est une véritable plongée dans un monde qui nous est pour une grande part inconnue, mais qui ne manque pas d’exercer une certaine fascination. Qui n’a jamais rêvé de connaître les « trucs » des magiciens ? Et bien des « trucs », on va en découvrir quelques uns, et c’est en tentant de comprendre le numéro qui a rendu Alfred Borden célèbre que tout va basculer pour Rupert Angier.
Mais j’en ai déjà bien trop dit ! Car il faut avant tout se laisser mener par le récit de Priest, superbement documenté et tout aussi bien écrit (je l’ai déjà dit mais j’aime les récits épistolaires, on n’en est pas bien loin ici avec les journaux intimes). Et comme d’habitude, l’écrivain anglais sait distiller des informations tout en laissant des zones d’ombre, qu’il incombera au lecteur de combler avec tous les indices laissés ici ou là. Les thématiques chères à l’auteur sont bien là, notamment sur la perception de la réalité, car chez les magiciens tout n’est qu’illusion… Je ne souhaite pas vraiment en dire plus, « Le prestige » est un roman qui se doit d’être découvert sans trop en savoir à l’avance. Sachez simplement que j’ai lu ce roman de 500 pages (en version poche) en deux jours, ce qui est très rare chez moi, lecteur plutôt lent. C’est un signe qui ne trompe pas. Christopher Priest et moi, c’est donc toujours une affaire qui roule.
Lire aussi les avis de Nebal, Nicolas, Christine Bini, Aline, Culture-SF.
Tu as oublié de préciser que le livre a été adapté avec réussite au cinéma par Christopher Nolan. Même si Priest semble avoir des raisons légitimes de se plaindre de l’adaptation et de la façon dont les producteurs l’ont traité: http://www.cafardcosmique.com/Interview-de-Christopher-PRIEST-du
En fait j’ai regardé le film dans la foulée de ma lecture, et je vais en parler brièvement cette semaine, mais tu fais bien de le préciser ici. 😉
Mais en effet le roman est bien adapté, avec des changements nécessaires pour sa transposition au cinéma.
Par contre, je n’ai pas compris pourquoi avoir abandonné cette fin perturbante et marquante du roman de Priest… Mais « Le Prestige » est le seul Nolan pour lequel j’ai de l’admiration.
J’avais bien aimé le film et je n’ai pas lu le livre mais comme tout le monde parle de la différence de fin, je suis assez curieux. Sauf que je n’ai jamais vraiment accroché à Priest et du coup, j’hésite à investir pour savoir comment ça se terminait « à l’origine ».
C’est très personnel ça, car les deux oeuvres se ressemblent beaucoup finalement. A toi de voir si tu es ok pour te plonger dans 500 pages dont tu connais déjà pratiquement tout de l’intrigue.
Reste une narration radicalement différente basée sur des journaux intimes, avec mensonges et dissimulation de la vérité, et une fin au ton (et au contenu) très éloigné de celle du film.
Pour ma part, j’ai toujours préféré lire les romans avant les adaptations cinéma. L’inverse est un peu plus compliqué pour moi…
@Cachou : C’est vrai, dans ma volonté de ne rien dévoiler, je n’ai pas parlé de cette fin assez étonnante, proche d’un récit d’horreur dans le ton, et qui tranche avec le reste du roman. Mais du coup, ça ne la rend que plus forte.
Ceci dit, c’est peut-être justement cette rupture de ton et ce phénomène pas totalement expliqué qui a gêné Nolan, lui qui aime bien tout faire comprendre au spectateur…
J’avais adoré le film, je ne savais même pas que c’était un roman à l’origine, mais de ce que j’ai lu de l’interview que Li-An a partagée, ça n’a rien d’étonnant qu’il n’y ait pas eu beaucoup de bruit là dessus.
Je l’ajoute à mes envies 🙂
Oui en effet, le studio semble avoir voulu « taire » le fait qu’il y avait un roman avant le film…
Bonne lecture ! 😉
Moi je suis passée à côté du roman, mais je l’ai lu après le film qui m’a énormément marqué (et qui n’est pas du tout construit pareil), ça n’a pas aidé…
Super chouette ce bouquin !
C’est vrai qu’il est très bien documenté et écrit… j’ai aimé que les parties se croisent ainsi. (maiiiis mon préféré resté La séparation)
Peut-être mon préféré de Priest, et même le film est excellent malgré les « adaptations » <3
Oui, le film et le roman sont tous les deux très bons.
J’aurais bien du mal à donner le roman de Priest que je préfère, ils m’ont tous marqué (je n’en ai lu que trois pour le moment…), que ce soit « La séparation », « Le prestige » ou « Le monde inverti »… 😉
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