Le prestige, de Christopher Priest

Posted on 8 juin 2015
Christopher Priest est un romancier que j’apprécie même si je n’ai lu que peu de ses romans. Mais pour autant, deux lectures, deux claques (« La séparation » et « le monde inverti »). Il était donc temps que je poursuive ma découverte de ce Philip K. Dick moderne. Pas de surprise, Cette troisième lecture m’a mis une troisième claque.

 

Quatrième de couverture :

Alfred Borden et Rupert Angier, deux prestidigitateurs hors du commun, s’affrontent dans un duel sans merci.
Trois générations plus tard, au cours d’une enquête sur une secte, le journaliste Andrew Wesley fait la connaissance de Kate Angier. Elle lui révèle qu’il s’appelle en fait Andrew Borden, et qu’une guerre oppose leurs deux familles depuis la fin du XIXe siècle. Quand Andrew découvre le rôle exact joué par le scientifique Tesla dans toute cette affaire, sa vie en est bouleversée à jamais…

 

Êtes-vous bien attentif ?

Le prestige - PriestChristopher Priest est un prestidigitateur. Il me l’a déjà prouvé en me mystifiant avec « Le monde inverti » et en me retournant le cerveau avec « La séparation ». Il le prouve ici à nouveau en plongeant le lecteur dans un univers rarement abordé dans la littérature : celui de la magie. Pas la magie « boule de feu » de la fantasy, celle de la prestidigitation, celle des acteurs qui sont plus manipulateurs que magiciens.

Et en mettant en scène une rivalité entre deux magiciens de la fin du XIXème/début du XXème siècle, l’auteur nous offre un bel exemple de guerre larvée entre deux personnes qui se détestent à cause de petits riens, de malentendus, parfois dramatiques. Mais avant cette immersion, Priest nous présente Andrew Wesley, jeune journaliste censé se renseigner sur un histoire de secte. Il va vite se rendre compte qu’il a été manipulé par une femme, Katherine Angier, qui souhaitait le rencontrer, lui l’enfant adopté, issu biologiquement de la famille Borden, pour tenter de comprendre l’origine de la rivalité de leur ancêtre, Rupert Angier pour elle, Alfred Borden pour lui.

Et c’est à partir de là que Christopher Priest commence à tisser sa toile. En présentant les journaux intimes de ces deux illustres magiciens, celui d’Alfred Borden d’abord, puis celui de Rupert Angier, l’auteur va multiplier les fausses pistes, à travers les interprétations personnelles des deux magiciens ou bien leur partialité parfois teintée de mauvaise foi. Les deux hommes, consumés par une ambition dévorante, et prêts à tout pour doubler leur rival, vont ainsi déployer des trésors d’imagination. C’est une véritable plongée dans un monde qui nous est pour une grande part inconnue, mais qui ne manque pas d’exercer une certaine fascination. Qui n’a jamais rêvé de connaître les « trucs » des magiciens ? Et bien des « trucs », on va en découvrir quelques uns, et c’est en tentant de comprendre le numéro qui a rendu Alfred Borden célèbre que tout va basculer pour Rupert Angier.

Mais j’en ai déjà bien trop dit ! Car il faut avant tout se laisser mener par le récit de Priest, superbement documenté et tout aussi bien écrit (je l’ai déjà dit mais j’aime les récits épistolaires, on n’en est pas bien loin ici avec les journaux intimes). Et comme d’habitude, l’écrivain anglais sait distiller des informations tout en laissant des zones d’ombre, qu’il incombera au lecteur de combler avec tous les indices laissés ici ou là. Les thématiques chères à l’auteur sont bien là, notamment sur la perception de la réalité, car chez les magiciens tout n’est qu’illusion… Je ne souhaite pas vraiment en dire plus, « Le prestige » est un roman qui se doit d’être découvert sans trop en savoir à l’avance. Sachez simplement que j’ai lu ce roman de 500 pages (en version poche) en deux jours, ce qui est très rare chez moi, lecteur plutôt lent. C’est un signe qui ne trompe pas. Christopher Priest et moi, c’est donc toujours une affaire qui roule.

 

Lire aussi les avis de Nebal, NicolasChristine Bini, Aline, Culture-SF.

 

  
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