Royaume de vent et de colères, de Jean-Laurent Del Socorro
Quatrième de couverture :
La pièce peut commencer.
L’étonnante République de Marseille
J’aime quand les romans me font faire quelques recherches historiques. C’est le cas avec ce « Royaume de vent et de colères » qui s’intéresse de très près à un épisode méconnu de l’histoire de France, celui de la République de Marseille, sous le règne d’Henri IV converti depuis peu au christianisme. Jean-Laurent Del Socorro, à travers ce roman court et palpitant, nous présente ainsi quelques personnages fictifs plongés dans la tourmente des guerres de religion, et mêlés à des personnages tout ce qu’il y a de plus historique (Charles de Casaulx, Pierre de Libertat, la Comtesse de Sault, etc…). Les libertés prises avec les faits historiques, pour le bien du récit, sont légères, et l’auteur parvient même à y ajouter une pointe de fantasy avec les artbonniers, ces pratiquants d’un art magique addictif jusqu’à l’excès, mais qui peut tout de même se révéler particulièrement dangereux, l’occasion pour le romancier de proposer une réflexion sur la fameuse question « la fin justifie-t-elle les moyens ? ».
Mais ce n’est pas le seul point fort du récit, centré avant tout sur ses personnages. De Axelle, cette ancienne mercenaire devenue tenancière d’une auberge un peu à contrecœur, à Armand et Roland, un maître artbonnier et son disciple, deux amants fuyant une confrérie qui a perdu son humanité, en passant par Victoire, dirigeant la guilde des savonniers (ni plus ni moins qu’une confrérie d’assassins), ou bien Gabriel, chevalier en quête de rédemption, sans oublier quelques seconds rôles tout aussi réussis, on a là une belle galerie de protagonistes donnant toute sa saveur au roman. Car Jean-Laurent Del Socorro a su développer ses personnages de belle manière.
Le roman est en effet divisé en trois parties distinctes. La première les place à la veille des événements scellant le sort de la république de Marseille. Une introduction qui met tout de suite dans le ton. Narrativement très cinématographique, cette partie se présente comme un long plan-séquence s’attardant à chaque chapitre sur un personnage avant qu’un autre entre en scène en fin de chapitre et que le chapitre suivant s’y intéresse à son tour, et ainsi de suite. C’est extrêmement fluide, mené de main de maître, un vrai tour de force d’écriture ! La deuxième partie s’intéresse au passé des personnages, et ce qui a fait qu’ils se retrouvent tous dans la ville de Marseille en ce jour extraordinaire. Une partie déstabilisante au début, car étant totalement plongé dans la première partie, il y a comme une sentiment de frustration qui surgit, avant à nouveau que l’intérêt revienne (très rapidement d’ailleurs). On abandonne ici le plan-séquence pour une narration éclatée s’étalant sur un temps plus ou moins long en fonction des personnages. C’est cette partie qui leur donne toute leur complexité. Enfin, la dernière partie est là pour résoudre l’intrigue, en reprenant tous les fils tissés depuis le début. Toute cette construction du roman participe grandement à sa richesse, c’est limpide et parfaitement mené.
On sent bien que l’auteur a voulu ce roman comme relativement court. Mais du coup, il a manqué un peu d’espace pour pouvoir y insérer tout ce qu’il aurait voulu dire, comme il le dit lui-même dans l’interview lisible en fin de volume. Ce n’est pas par hasard si le personnage de Gabin n’est développé qu’à travers une nouvelle indépendante, que l’on trouve à la suite du roman (un excellent récit d’ailleurs !).
Mais c’est un tout petit bémol qui ne pèse que bien peu à côté du souffle qui traverse le roman (au propre comme au figuré, le mistral jouant lui aussi sa partition), toujours maintenu sous tension, que les chapitres courts (très courts, parfois presque trop, on ne s’appesantit jamais sur aucune situation) ne font qu’accentuer. Proposant son lot de réflexions sur la famille, l’amour, la rédemption, les choix et leurs conséquences, « Royaume de vent et de colères » se révèle être un roman court mais puissant, un roman qu’on n’avait pas vu venir mais qui a toutes les qualités pour marquer durablement le lectorat en conciliant au mieux petite et grande histoire, fiction et réalité historique.
Lire aussi les avis de Lhisbei, Gromovar, Lune, Baroona, Dionysos, Boudicca, Blackwolf, Strega, Joyeux Drille, l’ours inculte, Sandrine.
Sur la Pàl, je vais sans doute le lire. Mais j’avoue que je n’ai que peu d’attirance pour le thème et plus en plus de mal à sortir des romans de fantasy de ma Pàl. C’est vraiment les avis de la blogo qui me vont dire que je ne devrais sans doute pas passer à coté.
Le coté dynamique et court devrait m’aider à le sortir. Merci pour ta chronique qui m’éclaire encore davantage.
L’aspect fantasy reste au second plan, c’est plus historique que fantasy.
Après, si le thème ne te tente pas, ce n’est peut-être pas la peine de se forcer (le meilleur moyen de planter sa lecture à mon avis) même si les avis sont enthousiastes. On ne peut pas tout aimer !
Par contre, oui c’est court (200 pages) et très dynamique.
On est habitué à des formats plus longs, c’est vrai, mais je trouve du coup que ce n’est qu’encore plus remarquable que Jean-Laurent Del Socorro ait su donner du souffle à son histoire et de la chair à ses personnages en aussi peu de pages. Oui, j’aurais bien aimé en savoir plus, mais une part de mystère n’est pas malvenue…
Ce n’est en tout cas pas moi qui vais me plaindre d’un roman plus court que les pavés qu’on nous sert bien souvent ! 😀
Et c’est vrai qu’il faut souligner la performance de l’auteur qui nous donne des personnages très consistants en peu de pages. Tout le monde ne peut pas en dire autant !
Et paf, un convaincu de plus !
Vraiment un excellent roman, pour de très nombreuses raisons. Autant de choses en si peu de pages, c’est vraiment incroyable.
Exactement. C’est de la belle ouvrage. 🙂
One more 🙂
On ne l’avait pas vu venir, mais il envoie du lourd ! Contente que tu aies apprécié en tout cas.
C’est ça, il est arrivé sans trop faire de bruit, mais la plupart (tous ?) des lecteurs sont convaincus, et le bouche-à-oreille fait donc son office.
Espérons que le succès commercial du roman soit inversement proportionnel à sa taille ! 😉
Je te rejoins dans ton avis, un excellent roman qui mérite d’être découvert.
Nous sommes d’accord. 😉
Bientôt dans ma PàL (surtout qu’il est en méga-promo en ce moment ^^)
C’était déjà une bonne affaire, mais à 3€ avec la promo, c’est carrément cadeau !
J’étais tenté de le prendre, avec la promo je n’ai pas hésité^^
Immanquable !
Je passe en coup de vent car on me l’a offert pour mon anni et je ne l’ai pas encore lu mais ce que j’ai lu de ton avis me donne déjà une impression bien favorable. En plus c’est effectivement une période qui n’est pas vraiment couverte par cette littérature et j’ai hâte de voir ce qu’il en a été fait.
Haha, en coup de vent, bien vu !^^
Les avis sont globalement très positifs, si cette période et les récits historiques t’attirent, pas de raisons que tu sois déçue. 😉
[…] Lune, Lorhkan, Cédric, Lhisbei, […]
[…] (Le Bibliocosme), Gilthanas (Elbakin), Gromovar (Quoi de Neuf sur ma Pile ?), Lhisbei (RSF Blog), Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres), Nicolas Winter (Just a Word), Sandrine Brugot Maillard (Mes Imaginaires), Sia (Encres & […]
[…] (Le Bibliocosme), Gilthanas (Elbakin), Gromovar (Quoi de Neuf sur ma Pile ?), Lhisbei (RSF Blog), Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres), Nicolas Winter (Just a Word), Oriane (La Pile à Lire), Sandrine Brugot Maillard (Mes […]
[…] : Gromovar – Lhisbei – Bibliocosme 1– Bibliocosme 2 – Blackwolf – Lorhkan – Sia – […]
[…] recommande chaudement! Célindanaé Autres avis: Boudicca, BlackWolf, Dionysos, Elbakin, Lhisbei, Lorhkan, Joyeux drille, Xapur, Aelinel, L’ours inculte, Petitetrolle, […]
[…] Lorhkan et les mauvais genres […]