Mad Max Fury Road, de George Miller
30 ans ! Cela fait 30 ans que la série « Mad Max » avait délaissé le grand écran (et tout autre média d’ailleurs, à peu de choses près). La voir revenir au cinéma était un peu inespéré, une idée qui trainait depuis une dizaine d’années, entre rumeurs, annonces, désistements, revirements de situation, etc… Mais George Miller n’a jamais lâché le morceau, et il a finit par convaincre les studios Warner de lui octroyer un budget conséquent (150 millions de dollars) pour enfin donner cette suite tant attendue à la série.
Je dis suite, mais ce n’est pas tout à fait le cas, ou si c’est bel et bien une suite, elle ne nécessite en tout cas aucunement d’avoir vu les films précédents, tout au plus le spectateur novice manquera-t-il quelques références qui tiennent plus du clin d’oeil qu’autre chose (mais qui font évidemment plaisir aux fans). Et pour cette suite, reboot ou un peu des deux, George Miller a donc mis les petits plats dans les grands, en revenant à ce qui est la quintessence de la saga « Mad Max », à savoir le post-apocalyptique, le désert, les gangs, les grosses cylindrées, les courses-poursuites, bref, tout ce qu’avait mis en place la fameux « Mad Max 2 : le défi ». En poussant à fond, on pourrait même trouver que l’équilibre entre référence au deuxième épisode et redite pure et simple est assez précaire.
Mais quand bien même, car on est ici devant un film survitaminé, une réappropriation de l’imagerie et du maigre scénario du deuxième opus boostés au nitrométhane, une gigantesque course-poursuite pleine de bruit et de fureur (oui le film porte bien son nom) qui fait dresser les poils, un truc de furieux qui donne ENVIE DE PARLER TRÈS TRÈS FORT TELLEMENT C’EST BEAU, JOUISSIF, ET QU’ON PREND SON PIED DEVANT CE TRUC QUI MET À GENOUX LA PLUPART DES FILMS D’ACTION PARUS CES DERNIÈRES ANNÉES !!!
Hum, reprenons nos esprits, et revenons au scénario. Comme je le disais plus haut, c’est une gigantesque et dantesque course-poursuite, entrecoupée de quelques moments de calme. Comment ça, ce n’est pas un scénario ça ? Il faudra pourtant vous en contenter, le reste n’a guère d’importance. Bon, ok, un grand méchant despote dégénéré nommé Immortan Joe (on retrouve là, comme dans de nombreux autres ennemis des héros, toute l’outrance voire le grotesque de George Miller, tel ce Bullet Farmer qui se sert de ses dents, qui ne sont rien d’autres que des balles, pour recharger ses armes, etc…) se jette avec ses troupes à la poursuite de l’un de ses bras droits, l’Imperator Furiosa (fantastique Charlize Theron qui rejoint instantanément au panthéon des grandes héroïnes de SF au cinéma la célèbre Ellen Ripley) qui a emmené avec elle les femelles reproductrices de Joe pour les libérer en rejoignant une terre mythique. Et Max dans tout ça ? Comme dans le deuxième film pour ceux qui s’occupent de la raffinerie, sa rencontre avec Furiosa est purement fortuite, et l’alliance sera certes de circonstance, mais c’est l’humain qui est toujours au fond de Max (via son passé qui le hante) qui le poussera à prendre parti.
Ce n’est d’ailleurs pas si surprenant, au regard de cette intrigue, que le véritable héros du film soit Furiosa et non pas Max, presque repoussé au rang de second rôle (élément accentué par son profil de taiseux, pour qui les dialogues se font rares). Il faut dire que si Tom Hardy, nouveau venu en remplacement de Mel Gibson (dont le charisme manque un peu il faut bien le dire), tient le rang correctement, il est totalement éclipsé par la grande prestation de Charlize Theron, bien loin de la blonde qui aime l’or… Toute en rage contenue, elle campe un personnage déterminé, habité par le seul but qu’elle s’est fixée, un personnage féminin enfin libéré de toute tension sexuelle avec son acolyte masculin. Le duo Furiosa/Max fonctionne d’ailleurs à merveille, tel deux personnes venant se prêter main forte sans autre arrière-pensée. Et ça, ça fait du bien.
Au-delà (non, pas du dôme du tonnerre !^^) de ses personnages, ce qui fait la grande force de ce « Mad Max Fury Road », ce sont bien entendu ces stupéfiantes courses-poursuites, longues, toujours lisibles et bigrement inventives, en plus de bénéficier là aussi de toute la folie créatrice et un peu barrée de George Miller (le camion sono, tel un orchestre accompagnant les troupes, fait d’énormes tambours à l’arrière et d’un guitariste un peu fou à l’avant !). Avec un montage nerveux, lisible, des cascades ahurissantes, une musique de Junkie XL au diapason, on en reste scotché à son siège. De l’adrénaline à l’état pur !
Toute l’atmosphère du film bénéficie d’une somptueuse photographie, dans des tons ocres accentuant la sécheresse du désert, alors que les scènes de nuit utilisent la technique de la nuit américaine, là encore en donnant au film un vrai cachet, beau (certaines images sont époustouflantes, telles la tempête de sable) et irréaliste, tel le futur improbable (on l’espère !) qu’il nous dépeint. Avec un univers pas si creux qu’on pourrait le penser, décrit par petites touches (néologismes, mythologie, etc…), on obtient un film qu’il ne faudrait pas prendre pour ce qu’il n’est pas (oui il y a des incohérences, non le scénariste n’est pas venu aux réunions, etc…), mais qui pourtant est marquant, que dis-je, frappant à plus d’un titre. George Miller donne là une belle leçon de cinéma à un paquet de blockbusters pourtant mieux dotés, mais qui trop souvent tournent à vide.
Je ne vous ferai pas l’affront de revenir sur la ridicule polémique sur le film. En fait si. Oui « Mad Max Fury Road » offre une place centrale aux femmes, oui Furiosa est au moins l’égale de Max, non il n’y a pas de tension sexuelle entre eux, non Furiosa ne vit pas pour plaire à Max, oui les jeunes femmes du film tentent de devenir autre chose que des objets sexuels, de se libérer de la tyrannie d’un homme. Mais tout ça, au fond, c’est un peu normal, non ? Au fond « Mad Max Fury Road », sous ses allures de gros blockbuster qui tâche, gonflé à la testostérone, ne serait-il pas une parabole sur l’égalité des sexes ?
Quoiqu’il en soit, ce long-métrage pourrait bien marquer son époque, comme l’avait fait « Mad Max 2 : le défi » avant lui, et ce ne serait que justice car il donne une vraie leçon de cinéma tout en pointant du doigt la frilosité de l’industrie cinématographique sur certains points sociétaux. Venant d’un blockbuster, ça peut paraître étonnant, et pourtant…
Ca y est je l’ai vue, et super critique !
Je pense que je ne prendrais même pas le temps d’en faire une, parce que je ne trouverais rien de plus à ajouter, alors je vais éviter le paraphrase inutile.
Toute cette polémique sur le féminisme est révoltante, même si le message est clair.
Un passage m’a particulièrement marqué : quand une des reproductrices essaye de retourner avec Joe et qu’une deuxième la suit en criant « Nous ne somme pas des objets ! » ou quelque chose comme ça. A ce moment là, je me suis dis « Merci George Miller ! ».
Merci ! 😉
Ce Mad Max, malgré l’âge de la franchise, est résolument moderne (c’est sans doute cette modernité qui gêne les plus récalcitrants). Ça fait bien plaisir. 🙂
Ce film est une merveille du cinéma d’action. Une intensité folle. Un montage de dingue. Une bande son géniale (sauf la partie dans la tempête, c’était un peu trop pompeux). C’est fou à quel point Miller arrive à poser un univers riche et marquant sans aucune exposition artificielle et bavarde.
« un personnage féminin enfin libéré de toute tension sexuelle avec son acolyte masculin. Le duo Furiosa/Max fonctionne d’ailleurs à merveille, tel deux personnes venant se prêter mais forte sans autre arrière-pensée. Et ça, ça fait du bien. »
Totalement ! Hier, inspiré par Fury Road, j’ai fait une soirée rattrapage de gros films de SF avec Edge of Tomorrow et Interstellar, et même si ces font des efforts, la comparaison fait mal. Des acolytes féminins pleurnichards et/ou sexualisés, un grand besoin de beaucoup parler pour expliquer au spectateur ce qui se passe …
Ah oui, si on regarde derrière nous (et sans doute aussi devant nous pendant encore un bon moment), ce Mad Max fout une claque de modernité à un paquet de films ! 😀
Et comme il leur donne aussi une leçon de cinéma d’action, certains réalisateurs risquent de déprimer.^^
Le contrat est plus que rempli, ça valait le coup d’attendre aussi longtemps surtout après le plantage du 3. Excellent tant dans le propos, la réalisation que le rythme frénétique annonçé.
Pas mieux !
C’est vrai, les scènes d’action sont belles, le guitariste au lance-flammes WTF m’a fait rire, et le personnage de Charlize Theron est intéressant, mais pour ma part, je n’ai pas adhéré du tout 🙂
Je trouve que trop de grotesque tue le grotesque. Au-delà de ça, c’est surtout l’émotion de la trilogie originale qui m’a manqué, ainsi qu’un protagoniste principal aussi charismatique que Mel Gibson. C’est vrai que les premiers films étaient complètement barrés, mais je trouve qu’il y avait des passages poignants. Dans Fury Road, l’histoire de Max est expédié en 5 minutes via une voix off bien lourdingue, et des flashbacks fugaces… Du coup, impossible pour moi de s’attacher à ce personnage extrêmement passif qui se retrouve ligoté dans une posture SM au capot d’une voiture en moins de temps qu’il ne faut pour le dire !
J’ai trouvé les dialogues tellement tellement ridicules que j’ai plusieurs fois éclaté de rire lors de scènes « tristes », sans parler d’Immortan Joe et de ses vilains…
Tu comparais ce film avec les blockbusters habituels, mais pour ma part j’en veux terriblement à George Miller d’avoir justement cédé à cette mode du spectaculaire. Au final, on se retrouve devant un film vide qui raconte l’histoire d’un aller-retour, dénué de scènes marquantes. Je frissonne encore en repensant à la scène de la scie et de la grenade dans le premier Mad Max, et je me souviens très bien de la révélation incroyable à la fin du second volet, quand SPOIL :
on découvre que le camion transporte non pas de l’eau mais du sable…
FIN DU SPOIL
Là, pour moi, ce n’est qu’un spectacle aseptisé qui sacrifie la cohérence sur l’autel du grand spectacle. Le film a beau marché commercialement parlant, on est à des années lumières de la trilogie originale, subversive à souhait…
Mel Gibson for ever ! 🙂
C’est un fait que Miller a toujours été un peu borderline avec l’outrance, le grotesque. C’est aussi ce qui fait l’identité de la saga.
Mais ce Fury Road reste du bon côté de la ligne jaune je trouve, au contraire de Mad Max 2 dans lequel les gangs sont (volontairement) ridicules. Mais c’est peut-être l’effet du temps qui passe, l’esthétique SM-punk-gay, ça ne vieillit pas très bien !^^
Ce Fury Road est très porté sur l’action, c’est une évidence, mais j’y ai trouvé ce que j’attendais, je n’ai d’ailleurs pas été plus choqué que ça par les dialogues (d’ailleurs peu nombreux, ça évite de parler pour ne rien dire). Les scènes époustouflantes sont bien là, et je ne crois pas qu’on puisse dire que ce film est aseptisé car il n’est pas moins violent que les autres. Il y a quand même une scène de « naissance » qui pourrait en déranger plus d’un…
Mais je te l’accorde, le Mel Gibson des années 80 n’a pas été égalé par Tom Hardy… 😉
C’est peut-être moi qui deviens vieux aussi ^^
Mais non mais non, tu te fais du mal là ! 😀
Des fois, il faut voir la vérité en face 😀
ENVIE DE PARLER TRÈS TRÈS FORT TELLEMENT C’EST BEAU, JOUISSIF, ET QU’ON PREND SON PIED DEVANT CE TRUC QUI MET À GENOUS LA PLUPART DES FILMS D’ACTION PARUS CES DERNIÈRES ANNÉES !!!
EXACTEMENT !!!
VOILA !
Et tiens, ça me permet de voir une vilaine faute, avec hiboux, choux, etc… !! 😀
Tu noteras ma discrétion 😉
Tu es un grand seigneur. 🙂
C’est mon premier Mad Max donc je peux pas juger en regard des autres, mais j’ai trouvé ça plutôt sympa (et j’ai bien apprécié d’avoir des vrais personnages féminins aussi !)
Bienvenue au club ! 😉
Mon premier pour moi aussi. Bien aimé mais pas hyper emballée non plus, le moins bon m’a laissée un peu sceptique mais c’est long à expliquer. En fait j’ai trouvé que c’est un film à voir mais ça ne m’a pas fait vibrer plus que ça. Charlize Theron est vraiment top et c’est le principal, mais Tom Hardy m’a semblé un peu perdu dans son rôle.
Tu peux expliquer, j’ai tout mon temps ! 😀
Sinon, fais un article sur ton blog. 😉
En tout cas, même si tu n’es pas emballée, tu as quand même passé un bon moment, c’est déjà ça.
Excellente critique mon cher Lorhkan, et je me vois contraint, une fois encore, de lâcher mon habituel « TOUT PAREIL » ! ^^
YEAH, COOL ! 😀
Je l’ai revu hier 😀 C’est toujours aussi bien. Donc on peut rajouter à ses qualités : se laisse revoir sans lassitude.
Une qualité de plus !
Ce film en est pétri.
[…] Miller, vous avez fichtrement bien dépensé votre budget. Lire les avis de Xapur, Tigger Lilly, Lorhkan, A.C. de […]