Northlanders, tome 2, le livre islandais, de Brian Wood
Après le coup de coeur du tome 1, je ne pouvais bien sûr pas en rester là, j’ai donc couru me procurer le tome 2 de la série « Northlanders » créée par Brian Wood. Déception : il est plus petit, seulement 310 pages au lieu des 480 du volume précédent. Mais la qualité reste bel et bien présente.
Ce volume est donc centré, comme son nom l’indique, et toujours comme dans le tome 1 de manière chronologique (entre 760 et 1260 après JC), sur l’Islande. L’Islande au sens large il faut bien l’avouer, puisque le premier récit ne fait que la frôler avant de se diriger vers le Groenland, le deuxième se déroulant aux îles Féroé.
Au total, on trouve donc quatre récits, les deux premiers étant relativement « anecdotiques » (remarquez les guillemets, ils sont surtout très courts, mais pas moins dignes d’intérêt). On a donc « Sur aucune carte » qui fait mêle folie et tragédie sur fond de voyage qui ne se passe pas comme prévu. Et au bout du compte : le Groenland. C’est un voyage aussi psychologique que physique que nous propose là Brian Wood, un voyage joliment mis en image par Fiona Staples, plus connue chez nous pour la série « Saga ».
« Sven l’immortel » nous permet de retrouver Sven, que nous avions connu lorsqu’il tentait de récupérer son domaine aux îles Orcades dans le tome précédent. Ici tranquillement installé aux îles Féroé (façon de parler, les îles Féroé ne sont pas de tout repos !) où il coule des jours heureux avec sa femme et ses deux enfants, son passé va finir par revenir le hanter avec de jeunes soldats bien décidés à ramener sa tête et à se faire une réputation en tuant Sven le Revenant. Une histoire sympathique qui montre un Sven vieux et affaibli mais qui, lorsqu’il s’agit de défendre sa famille, va retrouver ses forces d’antan. Avec comme dans le tome 1 Davide Gianfelice au dessin, pas de rupture de style pour le personnage de Sven.
Le troisième récit, « La jeune fille dans la glace », nous montre un vieil homme qui découvre une jeune fille sous la glace d’un lac gelée. Décidé à comprendre ce qu’il lui est arrivé, il la ramène chez lui. Mais l’époque est troublée (1240 après JC, l’âge des Sturlungar comme mentionné dans la narration, il est d’ailleurs fait mention du chef Sturla, on peut donc en déduire une petite erreur de date puisque ce dernier est censé être mort 1238… Ces éléments n’en démontrent pas moins le côté historique de cette série), et sa maison se trouve sur une potentielle zone d’affrontements entre clans rivaux. Pourra-t-il trouver les renseignements qu’il cherche ? Comme le premier récit, celui fait dans le tragique, il n’était pas facile de vivre en paix en Islande au temps des vikings… C’est Becky Cloonan qui officie aux dessins, et joue beaucoup avec les gris et les blancs pour mettre en scène une Islande hivernale qui donne froid rien qu’à la lecture.
Et enfin, LE gros morceau de ce volume, « La trilogie islandaise ». Composée de trois histoires elles-mêmes composées de trois numéros, cette trilogie s’intéresse à la famille Hauksson à travers les âges, de 871 à 1260 après JC. Débutant donc par la colonisation de l’Islande avec Val Hauker et son fils Ulf Hauksson, se poursuivant avec le personnage intraitable de Brida Hauksson et son frère Mar durant la christianisation, puis se clôturant avec Godar et son fils Oskar Hauksson qui n’a pas le même point de vue que son père sur la façon dont la famille doit agir durant l’âge des Sturlungar, période qui mènera à la fin de l’indépendance de l’Islande (qu’elle ne retrouvera que presque sept siècles plus tard, c’est donc un événement fondamental pour l’histoire du pays). Grandeur et décadence de la famille Hauksson donc, en lutte constante (et ce à bien des égards : commerce, guerres, etc…) avec leurs ennemis de toujours, les Belgarsson, le tout agrémenté de conquêtes et de trahisons, entre influence de l’église chrétienne et recul des anciennes croyances, déstabilisation du pays par les rois norvégiens jusqu’à la perte de l’indépendance, avec toujours cette volonté de coller à la réalité historique. Le lecteur a ainsi devant les yeux une mise en images du fonctionnement de la société islandaise de l’époque : tribunaux, Althing (le plus vieux parlement du monde !), etc…
À travers cette grande saga familiale et ces récits toujours prenants, c’est donc toute une partie de l’histoire de l’Islande qui se déroule devant nos yeux, en insistant tout particulièrement sur les événements les plus importants. Un joli tour de force de la part de Brian Wood, assisté de Paul Azaceta, Declan Shalvey et Danijel Zezelj pour les dessins (chacun a sa partie).
Comme pour le tome 1, les couvertures de tous ces numéros sont intégralement présentes, et toujours l’oeuvre de Massimo Carnevale. Et elles sont toujours aussi magnifiques.
« Northlanders » confirme donc ses grandes qualités avec ce deuxième volume. On tient là une série tout à fait passionnante sur un peuple méconnu, trop souvent victime de clichés que les recherches et l’archéologie ont pourtant mis à bas. Certes, tout n’est pas parfait, il y a quelques approximations, mais c’est une série d’une rare ampleur et avec une vraie volonté de coller à l’Histoire. Je n’ai qu’une hâte : me procurer la troisième et dernière intégrale, « Le livre européen », qui s’intéressera notamment à la Russie et au siège de Paris entre 885 et 887. Tout un programme !
Puisque tu insistes comme ça… je vais me sentir obligée de terminer ma lecture de cette série ^^ tu m’as rassuré sur la suite, il ne me reste plus qu’à me la procurer ! 🙂
Oui tu peux y aller sans souci.
Ça se sent que j’aime cette série ? 😆
Légèrement…. 😉
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