Zapping cinéma et séries TV, épisode 15

Quand on y regarde d’un peu plus près, Netflix regorge de séries méconnues mais qui ne manquent pas d’attraits. La preuve avec « Rectify » et « Enquêtes codées », tandis que dans le même temps la saison 2 de « Orphan Black » déçoit. Donc oui, pour ce zapping, on oublie le cinéma pour se concentrer sur les séries (mais n’est-ce pas là que se sont réfugiés les scénaristes délaissés par Hollywood ?^^).

 

Orphan Black - saison 2Orphan Black, saison 2, de John Fawcett et Graeme Manson

J’avais été très séduit par la première saison, en notant toutefois une inquiétante tendance à faire dans le toujours plus, à vouloir absolument des rebondissements dans tous les sens, à faire que l’action ne cesse jamais, le syndrôme « Alias » quoi, avec le risque de virer un grand n’importe quoi. Et malheureusement cette seconde saison semble clairement prendre cette direction, au point que mon enthousiasme du départ en a été sérieusement douché. De l’action à gogo, des rebondissements en veux-tu en voilà, ça part dans tous les sens, les quelques réponses que l’on pourrait souhaiter se font attendre bien trop longtemps pour finir par faire pschiiiit, des arcs narratifs sans grand intérêt, bref, ça tourne en rond. Ca tourne vite, certes, très vite, sans doute trop vite donc, mais en rond. Regarderai-je la troisième saison ? Peut-être, pour voir si on tend vers un début de conclusion, mais si la série ne change pas de cap, je n’irai sans doute pas au bout.

Notons tout de même la toujours excellente prestation de Tatiana Maslany, omniprésente à l’écran dans la peau de plusieurs personnages différents. Dommage que le reste du casting n’endosse que des rôles à peine caractérisés, juste là pour faire avancer l’intrigue (ou semer le trouble encore un peu plus…).

 

Rectify - saison 1Rectify, saison 1, de Ray McKinnon

La bonne surprise. L’histoire d’un condamné, Daniel Holden, qui a passé vingt ans dans le couloir de la mort, et qui a finalement été libéré puisque innocenté par des analyses ADN. Reste à se réinsérer dans une société (et dans une famille) qu’il ne connait plus tout à fait, alors qu’un certain nombre d’habitants de sa petite ville reste persuadé de sa culpabilité.

Pas de chichi avec cette série, qui se déroule sur un rythme lent, voire très lent par moment (sans doute un peu trop). Réinsertion, reconstruction, repli sur soi, cellule familiale, foi, les thèmes abordés sont nombreux, complexes et bien mis en scène, laissant l’esbroufe au placard pour plus de réalisme. L’acteur jouant le rôle de Daniel Holden, Aden Young, est assez saisissant, sans que je puisse dire si je suis totalement convaincu par sa prestation, oscillant entre un charisme en berne et un rôle qui semble lui aller comme un gant. Curieux ressenti je l’admets, mais c’est sans doute la marque d’un casting réussi puisqu’il arrive à entretenir comme un doute, un trouble diffus. Six épisodes seulement pour cette première saison qui pose un contexte très intéressant dont on se doute qu’on n’a fait qu’effleurer les plus sombres recoins. Il reste encore beaucoup de choses à dire, et les deuxièmes (dix épisodes) et troisièmes saisons (six épisodes) seront là pour ça.

 

The Bletchley Circle - saison 1Enquêtes codées, saison 1, de Guy Burt

Cette série se déroule dans les années 50 et met en scène quatre femmes qui ont travaillé pendant la guerre à Bletchley Park dans le décodage des messages secrets nazis, sous la direction d’Alan Turing (décidément à la mode en ce moment). Revenues à la vie civile (et ayant interdiction de parler de leurs activités durant le conflit), elles vont se regrouper pour mettre leurs compétences hors normes au service de la traque d’un tueur en série. Mais la police n’étant pas des plus réceptive, elles vont devoir mener l’enquête de leur côté.

Il y a indéniablement un côté Sherlock Holmes dans cette série dont la première saison ne comporte que trois épisodes pour clore cette enquête, un Sherlock Holmes qui aurait abandonné son sens de la déduction pour une finesse d’analyse toute mathématique. Ces femmes ont en effet des prédispositions hors du commun (mémoire, analyse, etc…), du coup leur enquête semble parfois avancer de manière pas toujours très réaliste, sentiment renforcé par l’utilisation de certains termes obscurs non expliqués pour enfumer le spectateur (l’analyse vectorielle des indices…). La magie de l’enquêteur surdoué sans doute… Mais la série possède pourtant un certain charme, en montrant ces femmes fortes à une époque qui ne les valorisait pas vraiment. Elle savent qu’elles ont des compétences, et sont pourtant plus ou moins forcées de se ranger à leur petite vie tranquille. Cet aspect social, malheureusement juste effleuré mais bien présent lui donne une saveur indéniable. La photographie est également une réussite, avec ces couleurs volontairement fades, en souvenir des photos de l’époque.

Pour le reste, on a là une série (« The Bletchley Circle » en VO) sur une enquête policière qui n’est pas policière, efficace, bien menée, avec des actrices au niveau, de bonnes idées (le début du profilage) et ne cédant pas aux rebondissements outranciers. Une série sympathique donc, renouvelée pour une deuxième saison de quatre épisodes (pour deux affaires distinctes). À noter que cette première saison a été diffusée sur France 3 fin 2014, et la deuxième à cheval sur fin 2014-début 2015. Comme quoi, parfois, la TV française passe de bonnes choses…

 

  
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