Le chevalier errant – L’épée lige, de George R.R. Martin
Quatrième de couverture :
Qu’il joute ou qu’il guerroie, le chevalier errant n’a d’autres attaches que celles de son coeur, d’autre code que celui de l’honneur. Il loue ses services aux nobles causes et prend la défense des opprimés. Une ligne de conduite qu’a toujours suivie Ser Arlan de Pennytree, et qu’il s’est efforcé d’inculquer à son écuyer, Dunk. Mais la rencontre de ce dernier avec un garçon étrange, qui se fait appeler L’Oeuf, le futur Aegon Targaryen, changera à jamais son destin.
Un an plus tard, Dunk et L’Oeuf, désormais son écuyer, s’engagent au service de Ser Eustace Osgris, un petit seigneur acculé à la défaite par la Veuve Rouge, sa voisine et rivale.
A long time ago…
Deux nouvelles sont au menu de ce volume que l’éditeur a choisi d’appeler « Préludes au Trône de fer », l’une d’une centaine de pages, l’autre d’un peu plus encore. Deux nouvelles conséquentes donc (mais pouvait-il en être autrement dans cet univers où l’auteur ne semble pas savoir faire court ? ^^), mais qui ne reposent pas sur du vent. Situées une centaine d’années avant les événements contés dans la saga principale, elles permettent de découvrir le continent de Westeros sous un nouveau jour.
Le premier récit, « Le chevalier errant » nous narre la rencontre entre Dunk, un chevalier errant donc, et l’Oeuf (traduction littérale de Egg, mais la francisation perd totalement l’aspect phonétique de la VO puisque Egg est le diminutif phonétique du jeune Aegon, petit-fils du roi Daeron II Targaryen au moment du récit. La traduction y perd donc, mais sans doute était-il difficile de faire autrement, sachant que l’Oeuf désigne aussi le jeune homme physiquement, celui-ci se rasant la tête afin de ne pas être reconnu).
Sur fond de chevalerie, puisque le récit prend pour cadre un tournoi organisé par Lord Sorbier en l’honneur de sa fille, le récit est un prétexte à nous présenter deux personnages atypiques et qui deviendront récurrents (George R.R. Martin semble avoir prévu une douzaine de récits les mettant en scène). Atypiques car, en dépit de l’illustre ascendance de l’Oeuf, leurs modestes aventures les met plutôt en contact du bas-peuple. Dunk n’a rien d’un illustre chevalier, à tel point qu’il a bien du mal à se faire engager dans le tournoi. Le point de vue n’est donc pas du tout le même que dans la saga principale qui nous fait plutôt fréquenter la noblesse. « Le chevalier errant » a également pour lui de nous montrer un Royaume des Sept Couronnes en paix et prospère, là encore loin de l’ambiance dangereuse que nous connaissons avec la saga. Et bien sûr une belle galerie de personnages : pour qui accorde de l’importance au background de la saga, découvrir ici une floppée de Targaryen, ça fait son petit effet.
En dehors de ça, le récit reste des plus classiques, ignorant totalement l’aspect fantasy pour devenir une pure nouvelle historique (si on fait abstraction du monde imaginaire bien sûr). Efficace dans sa narration, toujours prenant, c’est une lecture très agréable pour les amateurs d’historique.
La deuxième nouvelle, « L’épée lige » prend place deux ans plus tard. L’Oeuf est officiellement devenu l’écuyer de Dunk, et les deux héros se sont mis au service de Ser Eustace Osgris, et se retrouvent dans une situation précaire lorsque la puissante voisine de celui-ci semble avoir fait dévier la rivière pour son propre bénéfice. Comment Dunk et l’Oeuf se sortiront dignement et sans trop d’effusion de sang (surtout qu’il pourrait bien s’agir du leur) de cet imbroglio, c’est tout l’enjeu du récit qui, plus encore que dans « Le chevalier errant », nous place au niveau des gens de basse extraction. Entre un seigneur qui ne garde de cet état guère plus qu’un titre honorifique et une armée réduite à quelques paysans à peine capables de manier autre chose qu’une fourche, bienvenue dans le Westeros profond !
C’est pourtant l’occasion pour l’auteur de creuser encore un peu plus l’histoire de son univers (en insistant tout particulièrement sur la rébellion des Feunoyr contre les Targaryen) au fil d’un récit plus malin qu’il n’y paraît et surtout là encore très bien mené. Quelques surprises jalonnent un récit teinté de nostalgie, et si l’issue est plus ou moins prévisible, le récit n’en demeure pas moins d’une lecture tout à fait agréable.
Alors, faut-il lire ce petit volume annexe au « Trône de fer » ? Tout dépend de votre fan-attitude vis à vis de la saga. Si vous voulez tout savoir, tout lire sur cet univers, la réponse est évidemment oui, tant il apporte un réel éclairage sur cet univers complexe. Si cela vous est égal mais que vous appréciez la saga, sachez que ces deux nouvelles sont tout à fait dignes d’intérêt, même si vous n’êtes pas féru de background. Quant aux autres, si ces récits sont tout à fait intéressants par eux-mêmes (notamment pour ceux qui apprécient les récits purement médiévaux, sans artifices « fantasyesques »), il me semble tout de même évident que pour en tirer la substantifique moelle, mieux vaut avoir quelques connaissances de l’univers développé par George R.R. Martin…
Lire aussi les avis de Vert, Xapur, Davalian, Polars addict, Chez Lionel, Anthony, Eumène de Cardie.
J’ai lu ces deux nouvelles dans le cadre d’une lecture commune sur Le Cercle d’Atuan, c’était Arutha qui l’avait proposée d’ailleurs 🙂 Afin de nous mettre le pied à l’étrier sur Le Trône de fer. Cela a fonctionné puisque je lis la saga – doucement, certes. Je me souviens avoir bien aimé à l’époque. Ceci dit, si je ne me trompe pas, ces deux nouvelles constituent le premier volet d’une trilogie, dont l’œuf de Dragon en est le deuxième.
Pour le nombre de nouvelles, rien n’est encore fermement défini, mais une chose est sûre : ce sera plus que trois. Sur le site de la Garde de nuit, il est indiqué entre six et douze récits. Vu l’écart de temps assez faible entre les nouvelles et le fait que cette série est censée aller jusqu’à la mort des protagonistes, j’aurais plutôt tendance à parier sur douze…
Et comme d’habitude avec Martin, il faut juste ne pas être trop pressé…
Merci de la mise à jour, je m’étais arrêtée à trois cycles de trilogies (donc 9 ensembles de nouvelles (car L’épée lige et Le chevalier errant compteraient pour un ensemble)) 🙂
Et dire que j’ai lu ce livre complètement déconnecté du Trône de fer, c’est la faute du Cercle, j’ai plus qu’à relire 😀
Maintenant que tu es à jour, les récits n’en auront que plus de saveur ! 😉
Et pour ceux qui ont aimé cette lecture, je conseille d’enchaîner avec L’Oeuf de Dragon, qui en est la suite directe même si je l’ai trouvé moins bon.
Je pense que ce sera ma prochaine lecture dans cet univers, avant le tome 5.
J’ai lu la première novella il y a bien longtemps, dans l’anthologie Légendes. C’est ce texte qui m’a poussé à me lancer dans la saga et quelques mois plus tard j’avais dévoré les deux premiers romans et je passais à l’anglais pour pouvoir lire le troisième.
La deuxième novella attend toujours. J’ai mis dans mes trucs à lire pour cette année l’antho Legends II. Après ça, il n’y aura plus qu’à rattraper les trois autres anthos (Warriors, Dangerous Women et Rogues) dans lesquelles trainent d’autres novellas du Trône de Fer et je serais à jour. Peut-être d’ici 2020, au rythme où j’avance. :p
Du coup le fait d’attendre les traductions n’est pas si handicapant vu le temps que met Martin à écrire ! 😆
Ah je m’étais posée la question de lire ou pas …. du coup je ne sais plus bien, lol, bon cela attendra je pense, je m’achèterai probablement à l’occas pour avoir le plaisir de lire du George Martin mais pas de suite.
Si tu aimes « Le Trône de fer », tu n’as pas de raisons de te priver !
Et puis Martin sait vraiment bien mener ses histoires, donc ça reste de toutes façons une lecture fort agréable. 🙂
J’hésite à me lancer dans ce cycle. Verra-t-on la fin un jour avec GRR MARTIN !? Mais j’ai vu la série les 4 saisons d’affilée et ça me démange de commencer le Trône de fer. ^^
Si ça peut te motiver, je préfère largement les bouquins à la série, mais c’est sans doute parce que j’aime beaucoup la fibre « historique » qui parcourt les romans, avec ses règles de chevalerie, ses trahisons, ses complots pour les successions, ses innombrables personnages, etc…
Tout y est plus détaillé, et plus facile à suivre finalement (de nombreux passages sur le passé de Westeros sont rapidement survolés dans la série, et plus détaillés dans les romans. Si tu aimes les univers denses et touffus, tu vas être servi !).
Ceci dit, la série reste une très bonne adaptation.
Quant à voir la fin de la saga, je l’espère sincèrement. Déjà que ça m’embêterait franchement de la voir en série TV avant les romans…
Merci de prendre de ton temps pour me répondre et pour ces précisions également. 😉
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