Un cantique pour Leibowitz, de Walter M. Miller Jr.
Quatrième de couverture :
Dans le désert de l’Utah, parmi les vestiges d’une civilisation disparue, frère Francis de l’ordre albertien de Leibowitz a fait une miraculeuse découverte : d’inestimables reliques du martyr Isaac Leibowitz lui-même, qui jadis avait organisé la sauvegarde des dernières miettes du savoir balayé par le Grand Déluge de Flammes.
C’est une lueur d’espoir en cet âge de ténèbres et d’ignorance, le signe tant attendu d’une nouvelle Renaissance. Mais l’humanité a-t-elle tiré les leçons d’un cataclysme qui l’a laissée exsangue, défigurée par le feu nucléaire ? Saura-t-elle enfin se préserver des apprentis sorciers ? Car l’Histoire, bientôt, menace de se répéter…
Entre « Le nom de la rose » d’Umberto Eco et « Docteur Folamour » de Stanley Kubrick, une chronique rageuse et sarcastique de la folie humaine.
Éternel recommencement…
« Un cantique pour Leibowitz » est composé de trois partie distinctes. Toutes situées géographiquement au même endroit, c’est à dire dans ou à proximité immédiate de l’abbaye de Saint Leibowitz, elles sont une vaste vision d’un avenir de l’humanité. Un avenir bien sombre puisque la première partie n’est rien de moins qu’un récit post-apocalyptique, de nombreuses années après que le feu nucléaire se soit abattu sur la Terre. Nous y faisons la connaissance de Frère Francis, un jeune novice en pleine période d’isolement dans le désert, passage obligé avant de prononcer ses vœux. Le hasard en fera le découvrir de reliques ayant appartenu à Saint Leibowitz lui-même.
Étonnant récit que cette première partie, loin d’être aussi pessimiste que le post-apo qui abreuve nos étals d’aujourd’hui. Elle nous permet également de situer le contexte général, et de faire connaissance avec ce Saint Leibowitz, scientifique qui a décidé de sauver ce qui pouvait encore l’être avant la destruction totale de toutes données et avancées de la science. Les moines de l’abbaye poursuivent donc ce travail depuis des siècles en gardant précieusement ces nombreux ouvrages oubliés que plus personne ne sait interpréter.
Puis le récit fait un vaste saut dans le temps (600 ans en avant) pour s’intéresser à une société renaissante, une société dans laquelle la science revit de façon balbutiante, l’abbaye de Leibowitz devenant donc un centre d’intérêt non négligeable. De belles réflexions dans cette partie, sur l’accès à la science, le souvenir, des réflexions politiques également sur la folie sans cesse renaissante elle aussi, les convoitises des leaders de ce monde, etc…
Puis la dernière partie (à nouveau 600 ans plus tard) nous propose un monde revenu au même niveau technologique qu’avant la cataclysme de notre époque. Et avec également les mêmes problèmes. Je n’insiste pas sur ces deux dernières parties pour ne pas spoiler, mais ce sont elles qui sont le plus porteuses de réflexions très intéressantes et encore étonnamment d’actualité (notamment un conversation entre deux personnes sur l’euthanasie). Très intelligent tout ça, mais un défaut vient assombrir le tableau : la narration n’est pas à la hauteur. Il n’y pas vraiment d’histoire autre que les réflexions générales sur le devenir de l’humanité (ce n’est tout de même pas rien, c’est vrai), l’aspect ouvertement très religieux peut gêner, et le rythme a tendance à se ralentir. L’ennui finit donc peu à peu par s’installer.
Ainsi, le récit ne tient pas toutes ses promesses. Peut-être faut-il plus le voir comme les réflexions d’un auteur sur les agissements et le manque de discernement de l’humanité face aux dangers d’une science sans conscience (réminiscences de la Guerre Froide certainement, le roman ayant été écrit en 1959), une sorte d’essai ou de conte philosophique incontestablement très intelligent et posant des questionnements très profonds, mais aux qualités narratives assez bancales. En demi-teinte donc, car sans doute pris par le mauvais bout…
Lire aussi les avis de Isil, Nebal, Lou de Libellus, Brize, Sylvain Bonnet.
Et en lecture commune au sein du Cercle d’Atuan : Baroona, Vert, Euphemia, Nathalie.
Critique rédigée dans le cadre du challenge « Morwenna’s list » de Cornwall.
Effectivement, si le fond peut avoir des qualités (même si certaines choses sont discutables, mais soit), il y a vraiment un problème de forme pour le faire passer. Dommage.
Ouaip, dommage parce que le fond est vraiment très intéressant.
Je me souviens avoir eu un ressenti similaire en le lisant. L’idée était sympa, mais l’exécution m’avait laissé sur la faim. En fait, la troisième partie, celle qui s’éloignait le plus du post-apo, m’avait carrément déçue.
À noter qu’il y a une partie d’un épisode de Babylon 5 (« Deconstruction of Falling Stars », si mes souvenirs sont bons) qui s’inspire franchement de ce bouquin.
J’ai du mal à déterminer quelle partie est la moins bonne selon moi… C’est un tout en fait.
Pour Babylon 5, je ne savais pas, merci de l’info (j’adore cette série mais j’étais jeune alors…^^).
J’ai l’impression d’être la seule à avoir apprécié la narration. Peut-être parce que j’ai lu beaucoup de « littérature blanche » ? Je comprends tes réticences, même si je ne les partage pas 🙂
Possible que le fait de lire de la blanche joue oui. Dans la SFFF, l’habitude est à quelque chose de plus « cash » même si les exceptions sont nombreuses, et que je n’ai rien contre les récits intelligents hein ! 😉
En tout cas, tous les goûts sont dans la nature, et c’est toujours intéressant de partager ses points de vue. 😉
J’avais ADORÉ ce bouquin quand je l’avais lu la première fois – et j’ai dû le relire. Pour me faire un avis, il faudrait que je m’y remette, si je trouve le temps.
Les lecteurs qui l’ont adoré sont nombreux, et son statut de chef d’oeuvre parle pour lui.
C’est plutôt moi l’exception pour le coup…
Il faudrait que je le découvre un jour, je ne l’ai jamais lu…
Un classique parmi les classiques. 😉