Les Cours du Chaos, de Roger Zelazny
Quatrième de couverture :
Et la licorne blanche viendra sceller provisoirement le destin des neuf Princes d’Ambre.
Un long chemin, physique et mental
A la fin du tome précédent (attention, gros spoiler !!), on apprend donc que le roi Oberon a trompé tout son monde en utilisant ses pouvoirs de métamorphe pour se faire passer pour Ganelon. Il en expliquera ici ses raisons, ce qui ne fera pas de lui un héros sans reproche puisqu’il n’aura pas fait tout cela sans victimes… Il va tout de même tenter de réparer la Marelle, et par là même, Ambre dans son entièreté, ce qui ne se fera pas sans risque, alors que Benedict est envoyé vers les Cours du Chaos pour contrer les armées qui se massent là-bas. Quant à Corwin, le roi lui réserve une quête bien particulière…
Et c’est ainsi le début d’une quête personnelle pour notre héros, qui devra traverser les ombres pour rejoindre son destin. L’occasion pour l’auteur d’en appeler à l’une de ses passions : les références mythologiques, utilisées de manière détournées. L’arbre Ygg (référence à Yggdrasil bien sûr), l’oiseau Hugi (référence évidente à Hugin) entre autres. Un récit qui surprend, assez long, qui prend son temps, alors qu’on pensait atteindre ici le climax du cycle. Plein d’humour aussi alors que Corwin rencontrera d’étranges créatures qui semblent tout droit sorties de légendes irlandaises, ou bien discutera philosophie avec ce fameux Hugi qui tentera de le décourager.
Et puis tout de même, Ambre est menacé, l’apocalypse rôde, et le romancier ne manque pas d’insister sur cette atmosphère de fin du monde, avec ces paysages dévorés par une tempête qui avance. On sent le monde sur le fil du rasoir, alors que les personnages doivent prendre leurs responsabilités. On a à nouveau droit à d’étonnantes révélations, le retour de personnages que l’on croyait perdus, et d’une certaine manière une conclusion provisoire à l’intrigue principale de ce cycle.
Ce roman, qui a le défaut d’être à mon avis le moins bon des cinq tomes, clôt donc le cycle de Corwin, mais ne solutionne pas toutes les questions soulevées au fil des romans. Il se permet même d’en ajouter de nouvelles, suite aux actions menées dans ce volume-ci ! Mais après tout, il reste encore les cinq livres du cycle de Merlin ! Et entre univers complexe aux vastes possibilités, des personnages plus profonds qu’on aurait pu le penser de prime abord, aux relations pour le moins compliquées (c’est le moins que l’on puisse dire !), y compris au niveau généalogique, on peut dire que cette saga mérite bien son statut d’oeuvre culte du genre fantasy. Je n’ai pourtant pas pour habitude de lire des séries de romans de cette manière, mais le fait d’avoir avalé les cinq tomes à la suite indique bien ce que je peux penser du cycle.
Je tiens à ajouter un mot sur les superbes illustrations de Florence Magnin qui ornent les volumes de la collection « Présence du futur » chez Denoël. Des illustrations très connues, à juste titre tant elles représentent de belle manière cet univers. S’il y a une collection à privilégier, c’est bien celle-là ! Voilà qui donne envie de se procurer le volume « L’univers d’Ambre » qui détaille l’univers, volume abondamment illustré par la même illustratrice. Ou bien, mais là je caresse un doux rêve, mettre la main sur le fameux tarot d’Ambre qui s’arrache maintenant à prix d’or…
Et côté choses qui fâchent, les traductions. Quatre traducteurs différents pour cinq volumes, c’est quand même problématique pour la cohérence du tout. Florilège des problèmes rencontrés : la cité sous-marine reflet d’Ambre qui s’appelle tout d’abord Rebma (ce qui à l’envers nous donne Amber, donc le nom de la cité en VO) avant de devenir dans les tomes suivants Erbma (Ambre à l’envers en français, plus logique), ou bien Julian qui devient subitement Julien dans le tome 5 (pourtant traduit par Bruno Martin qui avait aussi traduit le tome 3 dans lequel Julian s’appelle bien Julian…), mais aussi la forêt d’Arden qui dans le tome 4 devient… les Ardennes. Cohérence, cohérence…
Je râle, mais cela n’entache guère les grandes qualités de ce cycle que je suis heureux d’avoir enfin découvert. Je marque ici une pause, pour éviter l’overdose, mais le cycle de Merlin passera bien évidemment lui aussi à la moulinette. 😉
Lire aussi les avis de Eumène de Cardie, ClashDoherty, Craklou, Iani, Tenseki, Julien, Yan Fanel et Vert (pour la saga complète).
Roger, c’est le Bien.
Ce n’est pas moi qui vais dire le contraire ! 😉
Tu as encore quelques belles heures d’aventures devant toi avec Merlin…
Et après on n’a plus qu’à faire une pétition pour une nouvelle traduction avec les illustrations de Florence Magnin (d’ailleurs moi aussi j’ai failli acheter son tarot mais finalement je l’ai trouvé en PDF je sais plus où, ça permet de se régaler les yeux à défaut de pouvoir manipuler les cartes ^^)
Oh oui, je pense pouvoir me faire bien plaisir avec les aventures de Merlin.
Pour la traduction, je l’avais déjà signalé je ne sais plus où, mais c’est mort (en tout cas à court ou moyen terme)… Pas rentable en ce moment Zelazny… 🙁
Et pour le tarot, je l’ai aussi en PDF, mais avoir les cartes en main, ce serait autre chose !
Tiens, c’est marrant je n’avais pas remarqué les incohérences de traduction… Il y avait tellement de nouveaux termes qu’entre Rebma et Erbma, je n’avais pas tilté, et pour Julian, je ne suis pas arrivée à un point où il est cité dans le tome 5.
Par contre, où j’en suis, je trouve que ça s’amolit. Ce qui fait le point fort de cette série ce sont les relations entre les différents enfants d’Obéron, et on n’en a pas pendant presque la moitié du roman (et, qui sait, jusqu’à la fin ?), je trouve ça dommage. Corwin seul est un Corwin un peu ennuyeux !
Concernant les incohérences de traduction, je n’ai relevé ici que les plus frappantes selon moi, mais il y en a encore quelques autres. C’est bien dommage de ne pas avoir une vraie belle traduction harmonisée à la hauteur de ce cycle…
Et pour la dynamique de ce tome en particulier, c’est vrai qu’elle est en dessous de celle des autres tomes. Ça a son charme, la quête de Corwin est une quête qu’il ne peut accomplir que seul, et ça casse un peu le rythme pour lui apporter un peu de diversité, mais le but n’est pas pleinement atteint. Ce volume est je pense, comme je l’indique dans ma critique, le moins bon des cinq premiers.
Je découvre votre site et ai bien apprécié vos billets sur le cycle de Corwin. Aaaah que de (bons) souvenirs. À quand le cycle de Merlin ? Et puis n’oubliez pas les nouvelles si vous les trouvez…
Voilà un commentaire qui fait très plaisir, merci ! 😉
Je compte bien lire le cycle de Merlin un jour, mais je ne sais pas dire quand. Sans doute que si je commençais la lecture du premier volume de ce cycle les autres suivraient rapidement, mais j’ai trop de choses sur le feu pour m’y mettre tout de suite.
Mais un jour oui, d’autant que Roger Zelazny est un de mes auteurs favoris… 😉