Bifrost 76, spécial J.R.R. Tolkien
Cela faisait un certain temps que je n’avais pas acheté un numéro de Bifrost. Mais je ne pouvais pas rater l’arrivée d’un spécial Tolkien, doté d’une somptueuse couverture illustrée par le fameux John Howe.
Passons rapidement sur le traditionnel cahier critique (livres et revues) qui permet de noter quelques lectures intéressantes, moins nombreuses que d’habitude tout de même (j’en possède déjà certaines il est vrai). Donc à retenir : « La fille-flûte » de Paolo Bacigalupi, « L’éducation de Stony Mayhall » de Daryl Gregory ou bien encore « Les résidents » de Maurice G. Dantec.
Traditionnel également, l’entretien avec un libraire, ici Charles Trécourt de la librairie Trollune à Lyon. Au rayon interview, nous avons également droit à Mathias Echenay pour les dix ans des éditions « La Volte ».
En fin de numéro, le bon Professeur Lehoucq, accompagné pour l’occasion de Frédéric Landragin, s’intéresse à la possibilité du dialogue homme-machine. L’occasion de voir que c’est une chose bien plus compliquée qu’on ne le pense, et que le dialogue naturel n’est pas pour demain… Il est sympa le Professseur Lehoucq, mais il a quand même la fâcheuse tendance à doucher nos rêves les plus fous, non ?^^
Au rayon des nouvelles présentes au sommaire de ce numéro 76, la première, « Le récit du changelin » de Michael Swanwick, nous raconte sur un ton mélancolique et nostalgique (l’atmosphère du récit est son gros point fort) le récit d’un jeune garçon qui a quitté son village pour suivre les mystérieux elfes qui le traversaient avant de quitter définitivement le pays, vers l’ouest. Un départ lourd de conséquences, car quitter ses racines ne se fait pas aussi simplement. Un récit sur le regret donc, joliment écrit, avec ce qu’il faut de magie pour entretenir une belle atmosphère de fantasy. Un joli hommage à Tolkien.
Xavier Mauméjean nous offre quant à lui une courte nouvelle, difficilement classable, sur des éléments étrangement communs entre Freud et Tolkien, à quelques années d’écart. Fascinant, érudit, je ne sais tout de même pas dire ce qu’il restera de cette nouvelle dans quelques jours/semaines…
Et enfin, Thomas Day nous donne du Thomas Day ! La plus longue nouvelle de ce numéro nous propose un récit de fantasy âpre, rugueuse. Pas de combats, de batailles rangées et autre facilités fantasyesques, mais un atmosphère sombre, lourde, et des personnages intéressants qui sentent le stupre et la sueur. J’avoue que certains passages un peu trash ne me paraissent pas forcément nécessaires, mais au-delà de ce seul récit, j’avoue être réellement attiré par cet univers que l’auteur semble avoir développé à travers d’autres récits que j’espère voir publiés bientôt.
Et enfin, le gros dossier de ce numéro consacré au célèbre philologue d’Oxford. On commence avec un article biographique écrit par Isabelle Pantin, forcément succinct en si peu de pages mais clair, avant que Jean-Philippe Jaworski ne s’attarde en profondeur sur « Le seigneur des anneaux ». Un article très pointu (mais pouvait-il en être autrement avec Jaworski ?) sur les raisons du succès de l’oeuvre. Passionnant. Francis Valery s’intéresse quant à lui à l’histoire éditoriale du roman en France, avant que l’article suivant (par Damien Bador) ne se penche sur l’un des éléments les plus remarquables de l’oeuvre de Tolkien : les langues. Là aussi un article intéressant mais qui demande il me semble une certaine connaissance de l’oeuvre pour l’apprécier pleinement. Enfin, Bertrand Bonnet nous guide dans la série de livres qui s’adressent avant tout aux exégètes de l’oeuvre de Tolkien, « La formation de la Terre du Milieu ». Intéressant mais ces livres ne s’adressent pas à moi. Et pour clore ce vaste dossier, un épais guide de lecture qui me conforte dans l’idée d’acheter un jour la biographie de Tolkien, écrite par Humphrey Carpenter ainsi que les « Lettres », sélectionnées par le même Carpenter.
Alors bien sûr, s’agissant de J.R.R. Tolkien, on peut se demander à qui s’adresse ce dossier. Avec un nombre impressionnant de livres analysant l’auteur et son oeuvre à leur disposition, les spécialistes ne trouveront sans doute pas ici de grandes révélations (encore que l’article de Jaworski mérite vraiment le coup d’œil). Quant aux simples amateurs, ce numéro leur permettra de se pencher d’un peu plus près sur ce monstre de la fantasy, avant éventuellement d’aller plus loin avec les nombreux ouvrages présentés ici. C’est sans doute ce qu’il pouvait faire de mieux avec moins de soixante pages à sa disposition.
J’avoue que je suis bien plus curieux des prochains Bifrost consacrés à Le Guin et Rémy.
Saluons quand même l’exploit d’avoir tenu 75 numéros avant de s’attaquer à Tolkien ! 😀
C’est le problème de Tolkien, dur de ne pas faire de redite, dur de ne pas être trop spécialisé. S’il n’a rien d’exceptionnel, je ne craquerai donc pas. ^^
Rien d’exceptionnel non, mais quelques passages intéressants tout de même (l’article de Jaworski, la biographie succincte mais intéressante et bien rédigée, et bien sûr le guide de lecture).
Mais si tu connais déjà bien Tolkien, pas sûr que tu y découvres grand chose.
Han han tu me convaincs de l’acheter en fait. Je l’ai vu en librairie mais je ne l’ai pas pris, pensant justement que je n’y trouverais pas grand-chose de nouveau (et le temps de lecture étant ce qu’il est, forcément, il faut « prioritiser »….) Mais ça semble intéressant. Je le prendrai s’il est toujours là lors de mon prochain passage.
Tu dépends de ta connaissance préalable de l’auteur. Si tu connais Tolkien sur le bout des doigts, il existent des ouvrages qui vont bien plus loin que ce Bifrost (le dictionnaire Tolkien par exemple). Mais la revue n’a pas pour prétention de concurrencer ces ouvrages.
En revanche, pour un bon aperçu de l’auteur et de son oeuvre, tout en entrant parfois dans des détails de belle manière, ça reste intéressant.
Ou si tu es du genre complétiste, alors là l’achat s’impose bien sûr ! 😉
Acheté, lu et apprécié. Le dossier Tolkien était vraiment bien. Ça m’a donné envie de reprendre en main L’Histoire de la Terre du Milieu. Et les critiques m’ont donné envie de lire plein de choses.
Ils sont durs avec mes confrères traducteurs en revanche… 🙁
J’oubliais: je n’ai pas du tout aimé les nouvelles. Je n’ai rien compris à la première, aussitôt oublié la deuxième et seulement apprécié la troisième, qui ne me marquera cependant pas. 🙁 Je me suis sentie un peu à l’ouest du coup, vu que les présentations des textes et des auteurs sont dithyrambiques!
Si ça donne des idées de lecture, c’est que la revue a atteint son objectif.
Je n’ai pas fait attention, il y a des remarques désobligeantes sur les traducteurs ?
Pour les nouvelles, celle de Swanwick vaut pour son ambiance, celle de Mauméjean est trop courte pour marquer, et celle de Day vaut plus plus pour la fenêtre ouverte sur un monde plus complexe que pour son récit lui-même. Pas de nouvelle ouvertement marquante ici.
Pas forcément désobligeants, mais tendant vers le « durs »… Plusieurs critiques et quelque chose du genre « Et le traducteur n’a pas été viré ? » à un moment donné. Ça me fait toujours mal au cœur pour les confrères qui, s’il arrive qu’ils se plantent réellement, se font aussi parfois épingler pour une erreur sur un livre de 200 pages ou plus, ce qui est quand même super honorable quand on y pense… Mais bon c’est un vaste débat et je crois que je préfère les gens qui ont conscience de la traduction et la critiquent à ceux qui ne se rendent même pas compte que le livre n’a pas été rédigé directement dans leur langue !!
En revanche, il me semble qu’ils ont dit du bien de la nouvelle traduction du Seigneur des Anneaux. 🙂
C’est aussi un peu le « ton » de Bifrost, ça tacle sévère par moment !
Pas lu la nouvelle traduction du « Seigneur des anneaux », je vais attendre la parution d’une intégrale (donc pas pour tout de suite).
J’ai moi-même toujours tendance à oublier de dire un mot sur la traduction. Mais je me dis aussi que si j’oublie d’en parler c’est qu’il y a peu de choses à en dire, et donc qu’il n’y a pas lieu de râler. Le boulot a donc été bien fait. Mais c’est vrai qu’un petit mot gentil pour le souligner, ce serait pas mal aussi.
Je pense quand même en parler prochainement sur « Le trône de fer », il y aurait beaucoup à dire sur la traduction de Jean Sola (je fais partie de ceux qui la trouvent très bonne).
Ha ça m’intéressera! Je sais qu’elle est critiquée mais pas vraiment pourquoi, donc ce sera bien de savoir ce qu’en pensent de bien ceux qui l’apprécient.
Bon je crois que je l’emprunterais à quelque part pour lire l’article de Jaworski ^^
Bonne idée, c’est un article qui vaut le coup d’oeil.
Ton avis donne envie en tout cas ^^ Peut être qu’un jour j’aurai l’occas de lire l’article de Jaworsky.
Il y a une bonne âme juste en-dessous… 😉
Bon je crois que je vais envoyer l’article de Jaworski à quelques personnes moi XD
Il y en a deux au-dessus que ça intéresse ! 😆
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