La pierre des étoiles, de Roger Zelazny
Quatrième de couverture :
Où se trouve la Pierre des Étoiles ? Cet étrange objet a été offert par des extra-terrestres en échange des joyaux de la couronne d’Angleterre. Or il a disparu et tout le monde est convaincu que Fred, un vieil étudiant qui a des talents d’équilibriste, sait où il est.
Alors commence pour le jeune homme une étonnante histoire car humains et extra-terrestres rivalisent d’ingéniosité pour tenter d’arracher de son subconscient les renseignements désirés.
Une merveilleux conte fantastique dont l’action se déroule selon la logique de Lewis Carroll, avec des personnages délicieusement farfelus et des animaux qui parlent. On philosophe constamment dans cette histoire, mais avec infiniment de sérieux dans la loufoquerie, et beaucoup de bon sens dans le délire.
Un bel exemple de MacGuffin
Ah le MacGuffin, ce truc qui n’est là que pour faire avancer l’intrigue, peu importe ce qu’il est réellement ! La pierre des étoiles, l’élément déclencheur des aventures et des déboires de Fred Cassidy est en effet un bel exemple de ce procédé narratif. Car au départ, tout ce que l’on sait, c’est que la pierre des étoiles a disparu, et que pas mal de monde est à sa recherche. Et comme la dernière personne a l’avoir vu est Fred Cassidy, ce dernier attire tous les regards, ce qui va lui en faire voir de toutes les couleurs !
Mais n’allez pas croire que ce MacGuffin n’a pas de substance, puisque Roger Zelazny nous donne quelques infos assez floues : la pierre des étoiles est un objet de grande valeur, qui a été au coeur d’un échange entre l’humanité et une confédération de civilisations extraterrestres. Les joyaux de la Couronne Britannique d’un côté, la pierre des étoiles de l’autre. C’est à peu près tout, en tout cas dans un premier temps.
A partir de là, Zelazny laisse libre cours à son imagination pour nous offrir un roman assez débridé, plein d’actions et de rebondissements, le tout sur un ton très léger et plein d’humour. Extraterrestres déguisés en animaux, télépathe en forme de fleur en pot, agent du gouvernement, oncle cryogénisé, on peut dire que l’écrivain s’est fait plaisir ! Mais Zelazny y ajoute du style, comme souvent avec l’auteur américain. C’est drôle certes (et l’auteur a déjà prouvé qu’il savait manier l’humour avec brio), mais pas seulement. C’est très référencé (Lewis Carroll et « Alice au pays des merveilles » en tête, comme l’indique la page Wikipedia américaine du roman), et l’on s’amusera à y dénicher clins d’oeil et autres allusions dissimulés ici ou là.
Et puis, au milieu de tout ce chaos qui semble n’avoir ni queue ni tête (si ce n’est que la pierre des étoiles a disparu et qu’il faut la retrouver, et que Fred Cassidy va de mauvaises surprises en déconvenues, entre quelques rencontres ou aventures surprenantes), mais qui malgré tout reste très rythmé et très lisible, finissent par arriver quelques explications pour s’y retrouver un peu. Et le MacGuffin n’en est plus vraiment un puisqu’il obtient un vrai rôle important dans l’intrigue, rôle que je ne dévoilerai bien sûr pas.
Avec une construction intéressante (basée sur des flashforwards récurrents, procédé utilisé malheureusement un peu trop systématique, ce qui lui fait perdre un peu de son impact), et un certain effort stylistique (voire un effort certain), ce roman offre donc son lot d’aventures funs et déjantées, dans une écriture très agréable. Pour autant, difficile de ne pas noter un manque de fond sous la forme un peu clinquante. « La pierre des étoiles » se lit très bien certes, mais il reste un roman tout à fait mineur par rapport à d’autres oeuvres au fond nettement plus ambitieux de Zelazny. Un bon moment de lecture, agréable et vite lu, oui. Mais sans doute aussi vite oublié.
Chronique écrite dans le cadre du challenge « Morwenna’s list » de Cornwall.
Un livre moyen permet toujours de bien redonner le crédit que mérite les plus grands écrits d’un auteur. ^^
Cela dit, je ne dis pas que je ne le lirai pas, un petit livre d’aventure sans prétention passe toujours bien entre deux oeuvres exigeantes et celui-ci a tendance à me tenter. ^^
Oui ça remet en perspective pas mal de choses. Zelazny n’était pas un surhomme, il a aussi fait des choses moyennes, comme tout le monde.
Ce petit roman m’a fait passer un bon moment, c’est déjà ça, mais c’est sûr qu’il reste bien loin de « Seigneur de lumière » pour n’en citer qu’un…