Continent perdu, de Norman Spinrad

Posted on 8 août 2014
C’est à la médiathèque que j’ai emprunté  ce « Continent perdu » de Norman Spinrad, un auteur qui m’avait convaincu (« Jack Barron et l’éternité ») mais aussi sacrément déçu (« Le temps du rêve »). La collection des « Dyschroniques » étant censée ramener à la vie des textes marquants, il y a de l’espoir pour que ce soit le Spinrad des grands jours qui ait écrit cette novella.

 

Quatrième de couverture :

En 1970, Norman Spinrad imagine un voyage dans les abîmes de la civilisation américaine défunte.

 

Gloire et décadence des USA

Continent perdu - SpinradParu initialement en 1970 (un an après les galipettes d’Armstrong sur la Lune), ce texte nous montre la déchéance des Etats-Unis. Après l’âge d’or de l’espace, le pays s’est effondré sur lui-même suite à ce qui sera appelé « la Grande Panique », sans qu’on en sache plus sur ce point. Le fait est que la popultion s’est raréfiée, déplacée, et que le pays, soumis à une pollution atmosphérique restreignant drastiquement l’espérance de vie et nécessitant le port constant de masques et de filtres, n’est plus que l’ombre de lui-même. Le continent dominant est maintenant l’Afrique. Dominant mais malgré tout pas aussi développé que les Etats-Unis de l’âge d’or de l’espace. Ce qui n’empêche pas les Africains de venir faire du tourisme dans ces Etats-Unis dévastés, et y voir de visu les vestiges de cette ex-grande civilisation.

Ce texte nous propose deux points de vue. Le premier, celui d’un homme africain, professeur d’histoire et qui voit enfin, à travers une excursion, la possibilité de voir réellement son sujet d’étude : les Etats-Unis. Le deuxième, celui du pilote qui va gérer l’excursion du groupe d’Africains vers un New-York dévasté, et qui va jusqu’à proposer la rencontre avec les « métroglodytes », ces descendants des Américains qui, au lieu de fuir durant la Grande Panique, se sont hermétiquement réfugiés dans le métro. Il n’est pas très fier de son métier (un brin raciste, il juge dégradant le fait de voir tous ces touristes noirs « admirer » les restes de la grande puissance américaine, une thématique qui fait écho, le racisme en plus, au superbe texte de Mike Resnick, « Les 43 dynasties d’Antarès ») , qu’il ne fait que pour s’assurer des jours meilleurs quand il aura économisé assez d’argent pour aller vivre en Amazonie.

Cette excursion ne va pas se passer comme prévu à cause d’un membre du groupe, Michael Lumumba, un amérafricain, c’est à dire descendant des afroaméricains qui se sont fait expulsés vers l’Afrique durant l’âge d’or de l’espace. Ouvertement raciste, il profite de cette excursion pour se moquer, railler voire humilier les « p’tits blancs » et à travers eux le pilote américain. Un antagonisme qui ne cessa de prendre de l’importance, jusqu’au basculement… que j’ai trouvé vraiment trop rapide sur la fin !

Néanmoins, entretemps, Norman Spinrad nous aura offert une « belle » virée dans ce New-York post-apocalyptique, avec quelques scènes d’anthologie (la présentation du dôme Fuller, concept inventé par l’architecte du même nom). Les métroglodytes sont quant à eux un pur produit des récits post-apocalytpiques. Malgré une fin un brin mystique et un retournement final bien trop rapide et pas forcément crédible, je retiens de ce texte quelques belles scènes, dignes d’un vrai récit d’aventures, et des thématiques engagées et clairement posées : racisme, écologie, pollution, tourisme malsain, chute d’une société insouciante, etc… Pas sans défaut donc, mais rythmé et engagé, sur à peine plus de cent pages. Du bon Spinrad en somme !

 

Lire aussi les avis de Nébal, Lune, Carnets de sel, Chiwi, Nomic, Solaris, le Salon littéraire.

 

  
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